Dans l'ombre de la nuit

Eragon courait. Le souffle court. La respiration haletante. Il courait depuis bien des heures. Ne s'arrêtant pas. Ne détournant jamais le regard du sol. Il avançait. Sans but précis.

Cela faisait bientôt une journée que le jeune dragonnier s'éloignait d'Ellesmèra. Toujours plus. Toujours plus vite. Il sentait que Saphira essayait de le contacter, mais il ne la laisserait pas entrer. Il ne laisserait personne entrer. Son esprit resterait clos. Et son coeur étouffait par tous les sentiments, qui ne cessaient de l'assaillir. Les souvenirs frais, remontant à la surface.

" - Je me dois d'y aller, Eragon ! Hurla Arya comme pour surpasser les cris de son fort intérieur.

- Tu te dois d'y aller ? Répéta Eragon avec lenteur. Je suis conscient de tes devoirs Arya. Mais, je suis en mesure de te dire que cette bataille sera ta dernière.

- Sur quoi te bases-tu ? Un mauvais rêve ? ! Rétorqua-t-elle avec colère.

- Pas un mauvais rêve. Un rêve prémonitoire. Pas un mauvais rêve, lâcha-t-il dans un murmure... "

Cela n'aurait pas dû arriver. Pourquoi ne l'avait-elle pas écouté pour une fois ? Pourquoi les elfes avaient-ils se maudit sens du devoir ? Et cet exil de souffrance, à cause d'un seul homme. Un seul. Qui, à l'heure actuelle, était mort. Il n'avait rien mérité d'autre. Il lui avait enlevé son oncle, son frère, son maître. Et Elle. Celle qu'il aimait. Celle qui avait accepté de l'épouser après la Bataille Finale.

"- Arya, je t'en supplie, n'y va pas ! Lâcha mollement le jeune dragonnier.

Cela était une tentative inutile, il le savait.

Elle attrapa son visage entre ses mains, et l'embrassa. Un baisé passionné, long, tendre. Un dernier baisé. Arya allait à sa mort, et, elle aussi, elle le savait. Ce baisé d'adieu était tout ce qu'elle pouvait lui offrir à présent. "

Et il courait toujours. Il ne parvenait pas à pleurer. Pourquoi ne parvenait-il pas à verser ces larmes qu'il ne demandait qu'à laisser couler ? Il avait besoin de quelqu'un. Il devait s'arrêter de courir. Il avait besoin de soutien, pas d'isolement.

Il s'arrêta, et prit appuie sur un arbre afin de rester debout.

" Saphira ! " Appela-t-il.

Les battements d'ailes de la dragonne ne tardèrent pas à se faire entendre. Ainsi que sa voix.

" Je suis là, Eragon. " Dit-elle avec douceur.

Elle se posa dans la plaine à quelques pas de la position d'Eragon, qui la rejoignit avec rapidité. Se blottissant contre elle, il lui dit :

" Je suis désolé, je n'aurais pas dû te refuser l'accès à mon esprit ! "

" Tu avais des raisons valables, je ne t'en veux pas ! " Répondit-elle toujours avec douceur.

Eragon s'accrocha au cou de sa dragonne. Le serrant avec force. A présent, il réprimait ses larmes, il ne voulait pas pleurer devant elle.

Mais Saphira ne semblait attendre que ces larmes. Cela lui ferait du bien. Il faut savoir pleurer.

" Tu as le droit de pleurer, tu sais ! " Lui dit-elle sans parvenir à garder sa propre tristesse.

A ces mots, le jeune dragonnier fondit en larme, avec pour seules images dans son esprit, leur dernier baisé et sa fiancé consumée par les flammes de mort de Galbatorix.