Disclaimer : Les personnages et l'univers d'HP appartiennent à JKR.
Big Bang Baby
1
Un intrus dans le corps
Un rayon de soleil transperça l'obscurité et il cligna des paupières tandis qu'une brise fraîche caressa son visage, tellement légère qu'il en poussa un soupir de contentement. Il se sentait merveilleusement bien et n'avait aucune envie de sortir de cet état de bien-être. Il était mort et reposait enfin en paix. Il avait accompli la tâche pour laquelle il avait sacrifié sa vie et avait laissé Potter accomplir le reste.
Il avait rempli sa mission et suivi les ordres d'Albus. Il avait été un bon petit soldat. Il bougea légèrement et se mit sur le côté. Il plissa les paupières et ouvrit délicatement ses yeux qu'il porta sur la pièce dans laquelle il se trouvait.
Son regard onyx se posa sur un petit lit d'une place aux draps immaculés. Il porta son regard un peu plus loin et vit une rangée de lits tous semblables les uns des autres. Il se redressa brusquement et ressentit un léger vertige. Il gémit faiblement et se rallongea sur son lit. Il était épuisé et sentait à peine ses jambes.
— Severus, quel plaisir de vous voir enfin de retour parmi nous !
Il reconnut cette voix et cet endroit. Il était à l'infirmerie. Il avait envie de pleurer tellement il était contrarié par la tournure des évènements. Il aurait dû mourir. Il en était sûr et certain. Sa vie aurait dû se terminer le 2 mai 1998 dans la Cabane Hurlante. Il s'en était assuré. Il n'avait pris aucun anti-venin contre la morsure de Nagini.
Il essaya de parler mais aucun son ne sortit de sa bouche et sa gorge était bien trop sèche qu'un son ne puisse en sortir. Pomfresh s'approcha de son lit et lui tendit un verre d'eau. Il avala plusieurs gorgées d'eau fraîche et remit le verre à moitié vide à l'infirmière.
— Pourquoi suis-je toujours en vie ? questionna-t-il, la voix rauque.
— Moi aussi je suis heureuse de vous revoir, Severus, lança-t-elle narquoise.
— Qui m'a sauvé ? À qui dois-je ma survie ? Donnez-moi le nom de cette personne qui a osé troubler ma mort et j'irai la…
— Et qu'irez-vous faire ? demanda une voix familière d'un ton sec et froid. Vous assassinerez cette personne pour avoir sauvé votre vie ? Au lieu de vouloir tuer cette personne, vous devriez plutôt la remercier.
— Je te le laisse, Minnie, dit Pomfresh. Je reviens dans peu de temps. Je dois contacter Harris de Ste Mangouste pour qu'il ausculte notre ami ainsi que Harry qui a demandé à être prévenu lorsqu'il se réveillerait.
Minerva acquiesça et tira une chaise jusqu'au lit du maître des potions puis elle s'assit dessus, dardant son regard de jade sur l'homme acariâtre.
Severus constata que la vieille femme avait pris bien plus de rides que la dernière fois où il l'avait vu et qu'elle semblait épuisée, comme si elle portait le fardeau du monde sur ses épaules. Elle était lasse et avait des cernes tout autour des yeux.
— Comment vous sentez-vous ? demanda-t-elle.
— J'aurai pourtant parié que vous auriez été heureuse de me savoir mort, dit Severus sarcastique.
Minerva soupira de lassitude et prit la main du maître des potions dans la sienne. Severus aurait bien voulu retirer sa main de celle de son ancien professeur de métamorphose mais étrangement il était aussi fort qu'un nouveau-né et peinait à rester conscient. Il était si fatigué qu'il pourrait se rendormir en quelques secondes.
— Je suis sincèrement désolée, Severus. Je vous ai mal jugé et je m'en veux pour tout le mal que j'ai pu vous causer. Je n'aurai jamais dû vous juger si promptement et j'aurai mieux fait de faire confiance à Albus, s'excusa Minerva sincèrement dévastée.
— Je vous prie de bien vouloir me rendre ma main et de ne point verser vos larmes sur mon corps !
Minerva ne s'offusqua guère du ton avec lequel il venait de s'adresser à elle. Elle était habituée au caractère du maître des potions et se réjouissait de le voir râler car cela voulait dire qu'il était en vie, qu'il était de nouveau parmi eux.
Elle s'était inquiétée pour lui et avait passé toutes les nuits à veiller sur lui à l'infirmerie avec Pomfresh. Après la bataille contre Voldemort, Harry était venu la voir pour lui raconter les exploits qu'avaient accompli Severus pour l'ordre et le camp de la lumière, tout ce qu'il avait fait pour le survivant, pour le maintenir en vie et lui permettre de gagner le combat contre le mage noir.
Harry avait affirmé que Severus n'était pas un traitre mais plutôt un héros et qu'il méritait le respect de tous, du monde sorcier et Minerva n'avait pu que verser des larmes. Elle s'était trompée sur le compte de son ancien élève et avait toujours pensé qu'Albus faisait une erreur en faisant confiance à l'ancien mangemort mais c'était elle qui n'avait pas assez confiance en Severus. Elle l'avait jugé sans véritablement le connaître et elle en était sincèrement navrée.
Quand il fallut rassembler tous les cadavres dans le hall, elle et Hagrid allèrent dans la cabane hurlante pour récupérer le corps du maître des potions. Elle avait chancelé à l'entrée de la demeure abandonnée et fut soutenue par le demi-géant jusqu'à l'endroit où gisait le corps de Severus.
Minerva avait cru s'évanouir de soulagement lorsqu'elle avait constaté que le maître des potions respirait encore bien que son état était plus qu'alarmant. Hagrid porta Severus jusqu'à l'infirmerie et Poppy aidée de quelques médicomages reconnus de Ste Mangouste firent tout leur possible pour sauver la vie du maître des potions.
Au bout d'une semaine d'état critique, Severus passa au stade de coma. Il était tombé dans le coma tout simplement alors que sa blessure avait été guérie assez miraculeusement car le poison qui coulait dans ses veines n'avait pas eu le temps d'atteindre le cœur et l'hémorragie s'était brusquement arrêtée comme par magie.
Les médicomages avaient simplement dit que le maître des potions ne se réveillerait que s'il en avait envie, que sa sortie du coma ne dépendait tout simplement plus que de lui. Alors, Minerva suppliait chaque nuit Severus de se réveiller et de revenir parmi eux. Chaque nuit, elle tirait une chaise et s'asseyait près du lit dans lequel dormait le maître des potions. Elle attendait son retour et pleurait quelque fois lorsqu'elle avait les nerfs à fleur de peau.
Elle avait attendu son réveil depuis pratiquement trois mois et pendant ces trois longs mois, elle avait dû jongler entre ses nouvelles fonctions et la reconstruction de l'école qui avait été grandement détruite par la guerre. Elle devait faire son deuil d'Albus et celui de ses élèves qui avaient péri dans la bataille tout en pleurant Remus, celui qu'elle avait toujours considéré comme un de ses fils.
Remus. Elle s'était effondrée en larmes le jour de l'enterrement de l'ancien maraudeur. Elle venait de perdre une fois encore un de ses fils. Il y avait d'abord eu James puis Sirius et maintenant, ça avait été Remus. Son doux et gentil Remus.
Elle avait presque tout perdu dans cette guerre et Severus était une chance pour elle de racheter ses fautes et de réparer les bêtises qu'elle avait commises car elle en avait fait et que son indifférence avait beaucoup fait de mal à Severus et aujourd'hui, elle en avait pleinement conscience. Sans Albus pour lui tendre la main, Severus ne s'en serait pas sorti et ils n'auraient certainement pas gagné cette guerre.
Elle lui devait beaucoup. Le monde sorcier avait une dette envers lui.
Severus s'assit confortablement dans son lit et regarda la vieille sorcière d'un œil torve. Il n'aimait pas la proximité qu'il y avait entre lui et McGonagall. Elle fut son enseignante à une époque et sa collègue à une autre mais jamais ils ne furent si proches l'un de l'autre. C'était gênant tout en étant troublant.
— Depuis combien de temps suis-je ici ? questionna-t-il la voix toujours rocailleuse.
— Trois mois, répondit Minerva en essuyant la larme qui perlait au coin de son œil.
Severus eut les yeux ronds quelques secondes avant de reprendre un visage neutre dénué d'émotions. Cela faisait trois mois qu'il se trouvait à l'hôpital. Trois mois. Il se passa une main sur le visage et s'enfonça dans son oreiller. Il était soudainement épuisé.
— Quel jour sommes-nous ?
— Le trois août.
Severus hocha la tête et resta silencieux se perdant dans ses pensées. Il avait malheureusement survécu. Un schéma auquel il ne s'était pas attendu et auquel il n'aurait jamais dû être confronté. Vivant. Que ferait-il de sa vie ? Il ne méritait pas de vivre. Il devait terminer de payer ses dettes en mourant. C'était ainsi que cela aurait dû se passer alors pourquoi ? Il était sûr de n'avoir pris aucun contrepoison pour la morsure de Nagini et personne au monde ne pouvait concocter un anti-venin à part lui-même. Il était le seul maître des potions à pouvoir réaliser un tel exploit.
Alors qui ? À qui devait-il son enfer ?
— Qui m'a sauvé la vie ?
— Ne pouvez-vous donc pas vous estimer d'être en vie ? répliqua Minerva dépitée.
— Je ne voulais pas être sauvé ! Je voulais mourir ! s'énerva Severus. Je n'ai rien demandé à personne !
— Sachez que je ne regrette pas de vous savoir en vie. Je suis plutôt heureuse de voir que vous allez mieux. Je suis ravie de vous savoir de retour parmi nous, dit Minerva d'un ton posé.
Severus écarquilla les yeux, surpris par la sincérité troublante qu'il lisait dans le regard de la vieille femme. Minerva sourit tristement et posa sa main sur celle du maître des potions.
— Si cette personne ne t'avait pas sauvé, j'aurai donné ma vie pour la tienne, Severus.
Severus ne l'avouerait peut-être jamais à haute voix mais il était touché par les paroles de McGonagall. C'était la première fois que la vieille femme se montrait aussi touchante envers lui. La première fois qu'elle lui démontrait un peu d'affection, un peu d'amour. Il pourrait presque croire qu'elle l'aimait un tout petit peu. Qu'il avait enfin pu gagner le respect de Minerva, à défaut de son amitié.
Minerva versa quelques larmes et ne cacha pas son état à l'homme allongé dans des draps de lins. Elle plongea ses yeux de jade dans les prunelles sombres de Severus.
— Je ne compte pas te laisser partir avant moi. J'ai déjà perdu trois de mes garçons, je ne perdrais pas le dernier. Je te garderai en vie quoi qu'il en coûte et j'essaierai de rattraper le temps perdu, de rattraper mes erreurs. Tu n'es plus seul désormais. Je suis là, déclara-t-elle la voix enrouée.
Severus ne sut quoi dire, tellement il était bouleversé par les paroles de Minerva.
— Veuillez m'épargner votre poufsoufflerie, croassa-t-il. Je n'ai besoin de personne.
— Dans votre état, une présence maternelle serait la bienvenue, intervint une voix profonde.
Minerva et Severus se tournèrent vers le jeune homme qui venait d'entrer dans l'infirmerie en compagnie de Pomfresh. C'était un homme d'une vingtaine d'années aux cheveux blonds cendrés et aux yeux d'un bleu particulier. Ses iris semblèrent hésiter entre deux teintes : le diamant et le saphir. Il était assez grand de taille et dépassait Pomfresh de deux têtes. Il était vêtu simplement d'un pantalon et d'une chemise ainsi que d'une blouse blanche.
Le blond s'approcha avec un grand sourire et fit un baisemain à Minerva.
— Comment allez-vous, ma directrice préférée ? demanda-t-il souriant.
— Bien, monsieur Harris, répondit Minerva avec un petit sourire bienveillant. Et vous ?
— Je respire un peu mieux depuis trois jours. Je peux vous dire que le pire est loin derrière nous désormais. Du moins, je l'espère.
Minerva hocha la tête et le jeune médicomage se tourna vers Severus qui le regardait d'un air dédaigneux.
— À ce que je constate, vous avez changé de métier, fit Severus d'un ton rogue.
— Vous aviez raison professeur, je n'étais pas fait pour briser des sortilèges, rit Harris en se grattant la tête. J'ai laissé ce métier à Bill et me suis converti à la médicomagie. J'ai obtenu mon diplôme un mois avant la bataille et cela a pu servir à sauver des vies.
— La mienne en l'occurrence, cracha le maître des potions, haineux.
Harris perdit brusquement son sourire et se tourna vers Pomfresh qui se tenait à ses côtés.
— Monsieur Harris n'est en rien responsable de votre survie, Severus, dit Minerva. Il n'a fait que veiller à ce que votre santé ne soit pas aussi critique que l'état dans lequel on vous a trouvé et de plus il n'a pas été le seul à vous maintenir en vie.
Le maître des potions jeta un regard suspicieux au blond qui rougit d'embarras sous l'inquisition de son ancien professeur de potions. Même après toutes ces années, il était toujours intimidé par l'homme qui fut autrefois son enseignant.
— Je…je…avant tout, je tenais à vous remercier professeur Snape.
— Je ne suis plus votre professeur depuis longtemps, monsieur Harris, lui rappela sèchement Severus.
— Oui, en effet, ricana nerveusement le blond.
Minerva roula des yeux tandis que Pomfresh foudroya son patient du regard.
— Nous savons tous que vous êtes un héros et que sans vous, nous n'aurions pas pu gagner cette bataille contre le seigneur des ténèbres. Je tenais en tout cas à vous remercier pour votre bravoure qui a permis à des milliers de vies d'être encore en vie aujourd'hui à l'heure que je vous parle, dit Harris.
— Je ne suis pas un héros ! protesta Severus.
— Pour notre population, vous l'êtes, professeur.
Severus émit un petit bruit qui ressemblait à grognement exaspéré qui fit sourire Minerva et Pomfresh. Elles avaient retrouvé leur Severus, toujours aussi grognon et de mauvaise foi.
Le médicomage sortit sa baguette magique et s'assit sur le bord du lit du maître des potions. Minerva s'écarta pour laisser le blond faire son travail.
— Comment vous sentez-vous, professeur ? interrogea-t-il.
— Je ne suis plus votre professeur, monsieur Harris.
— Je le sais mais je n'ai aucune idée de comment je devrais m'adresser à vous, avoua-t-il.
— Severus devrait suffire, dit le brun.
— Vous m'autorisez à vous appeler par votre prénom ?! s'exclama Harris ahuri.
— Êtes-vous devenu idiot après votre sortie de Poudlard ?
Le médicomage secoua la tête et termina d'ausculter son ancien professeur dans le silence, abasourdi par le fait qu'il avait l'autorisation du maître des potions de le nommer, Severus. Bill ne le croirait certainement pas lorsqu'il le lui dirait.
— Tout va bien, dit Harris en rangeant sa baguette magique dans sa poche. Il devra simplement veiller à consommer suffisamment de glucides et s'hydrater assez souvent dans la journée. C'est important dans son état.
— J'y veillerai, assura Minerva.
— Pouvez-vous arrêter de parler de moi comme si je n'étais pas là ? grogna Severus.
— L'alcool et les sodas trop sucrés sont à bannir, tout comme la consommation de boissons caféinées est à limiter, poursuivit le médicomage tout en l'ignorant.
— De quoi parlez-vous ? s'énerva le maître des potions.
Harris se retourna vers l'homme avec un large sourire.
— C'est une bonne nouvelle, pro…Severus ! Je suis ravi pour vous.
— À propos de ?
— Bah…votre grossesse, répondit Harris perplexe.
— Quoi ?
— Vous êtes enceint, profe…Severus.
— Quoi ? beugla Severus.
Harris se tourna vers McGonagall et Pomfresh, cherchant le soutien des deux femmes car il sentait que la situation commençait à déraper.
— Tu es enceint, Severus, lui annonça calmement Minerva.
— Si c'est une blague, je ne la trouve pas drôle, siffla Severus.
— Ce n'est pas une blague, Severus. Vous êtes enceint. De trois mois pour être précis, reprit Harris.
— C'est l'enfant que vous portez dans votre ventre qui a permis votre survie, ajouta Pomfresh. La magie instinctive de votre enfant vous a sauvé la vie, Severus.
Severus était choqué. Non, ce n'était pas le mot. Il était complètement abasourdi, effaré, interloqué. Que dire, il était hébété. Il était enceint ?! Comment ?
Il devint subitement verdâtre, le cœur au bord des lèvres avec une grande envie de vomir. Il pencha à peine la tête, qu'une petite bassine fut conjurée in-extrémis devant lui pour qu'il puisse y vomir. Salazar ! C'était affreux. Il était enceint.
— Severus, tout va bien ? lui demanda Minerva inquiète.
— Comment pourrais-je aller après ça ?! s'égosilla le maître des potions. Je suis enceint ! Comment pouvez-vous me poser la question alors que j'apprends que je suis enceint !
— Severus, vous feriez mieux de vous calmer. Dans votre état, ce…
— Fermez-la ! coupa-t-il d'un ton cinglant le médicomage.
Severus fulminait de rage et c'était peu dire. Il était enceint. C'était quelque chose d'absolument horrible. Il ne pouvait pas. Il ne devait pas. Pourquoi sa vie prenait-elle toujours un chemin qu'il n'avait pas décidé ? Pourquoi tous ses plans devaient-ils être toujours gâchés par la faute de tierce personne ?
— Sais-tu qui serait le père ? le questionna Pomfresh.
Elle n'avait pu résister. Cela faisait trois mois qu'elle attendait le réveil du maître des potions pour enfin avoir une réponse.
Avec Pomona, elles avaient essayé de deviner qui pouvait être le second parent de l'enfant de leur collègue mais elles n'avaient rien trouvé de bien concluant. Elles avaient toujours cru que le maître des potions était célibataire et qu'il était amoureux de Lily. Jamais, elles n'auraient pu imaginer qu'il pouvait être homosexuel.
D'ailleurs, lorsqu'Harry avait fait son récit concernant la véritable position du maître des potions dans la guerre, il avait assuré que l'homme l'avait fait en partie en mémoire de Lily.
Pomfresh commençait à y perdre son fourchelang dans cette histoire. Comment un homme hétéro et fou amoureux de sa meilleure amie aurait-il pu tomber enceint ?
— Severus, fit Minerva d'une voix douce et encourageante.
Le maître des potions secoua la tête, la gorge nouée. Il se sentait horriblement mal. Ce n'était pas censé se dérouler ainsi. C'était une erreur. Une simple erreur et il se retrouvait enceint. Il avait commis une grossière erreur et le voilà enceint.
Il repoussa les draps qui recouvrait son corps et se leva pour quitter le lit mais à peine mit-il un pied sur le sol froid de l'infirmerie qu'il tangua dangereusement vers l'avant et faillit se retrouver face contre sol s'il n'y avait pas eu Harris pour le rattraper.
— Vous êtes encore faible, Severus. Vous n'avez pas quitté ce lit depuis des mois et il vous faudra du temps avant de pouvoir déambuler dans le château comme auparavant, dit Harris.
— Laissez-moi, exigea le maître des potions.
— Severus.
— Laissez-moi ! hurla-t-il d'une voix rauque.
Minerva fit signe à Pomfresh et Harris de quitter la salle. Il valait mieux laisser le maître des potions tout seul pour l'instant. Il venait d'apprendre qu'il était enceint et il allait devoir désormais vivre avec cela. Lorsqu'ils furent à l'entrée de l'infirmerie, ils virent Harry à l'embrasure de la porte, son regard émeraude fixé sur l'homme qui s'était recroquevillé sur son lit, le corps secoué de tremblements.
— Il a besoin d'être seul, Harry, dit Pomfresh.
— Je dois lui parler, rétorqua Harry.
— Harry, vous…
— Poppy, allons-y, intervint Minerva.
— Mais Minnie…
— Ils ont besoin de parler tous les deux, l'interrompit à nouveau McGonagall.
Les prunelles de Pomfresh semblèrent s'illuminer un bref instant et Minerva répondit par un hochement de tête à la question muette de sa collègue. Pomfresh n'insista pas et quitta l'infirmerie tout comme Harris et Minerva, laissant un peu d'intimité à Severus et à Harry.
Harry déglutit avec difficulté et amorça un pas après l'autre. Il aurait voulu prendre la poudre d'escampette, il le pouvait mais malheureusement pour lui, il était un foutu gryffondor. Un foutu lion qui ne reculait jamais devant un obstacle. Pourtant, aujourd'hui, il aurait souhaité ne pas être un gryffondor. Pour une fois, il aurait voulu être un lâche et s'en aller d'ici mais fuir le problème ne servirait à rien car il ne ferait simplement que retarder la confrontation.
Il se racla la gorge et s'assit sur la chaise qu'avait occupé Minerva avant lui. Il passa une main dans sa chevelure en bataille. C'était un tic nerveux.
— Professeur ?
— Je veux être seul, Potter, lança froidement Snape sans relever la tête vers son ancien élève.
— Croyez-moi que j'aurai bien aimé m'en aller mais je ne peux pas.
— Personne ne vous retient ici, Potter. Je n'ai pas envie de vous voir. Surtout pas maintenant, persiffla le maître des potions.
— J'ai tout entendu, commença Harry hésitant sur la démarche à suivre.
— Comme si c'était une première, railla Severus.
Harry contracta sa mâchoire et serra ses poings sur ses cuisses, la tête baissée. Pourquoi restait-il au juste ? Oui, à cause de son foutu courage de gryffondor. Courage, il en doutait fortement. C'était plutôt de l'inconscience.
— Il est de moi, n'est-ce pas ? osa-t-il demander.
— Me prenez-vous donc pour une putain, Potter ? s'énerva Severus.
Harry leva les mains et les secoua pour faire comprendre à l'homme qu'il ne cherchait nullement la guerre.
— Je…je ne voulais pas vous vexer… pardon… pardonnez-moi, s'excusa-t-il. C'est juste que…je viens d'entendre cela et je…j'ai…merde !
Il était confus dans ses paroles et c'était le bordel dans sa tête. Il était dans un tel merdier qu'il ne savait comment il allait s'en sortir. La guerre avait pris fin et la paix était revenue dans le monde sorcier depuis quelques mois.
Ce n'était pas le bonheur mais il était enfin en paix. Il se sentait serein et apaisé. Il comptait intégrer le bureau des Aurors avec Ron en septembre. Ils avaient été accepté en tant qu'Auror tout comme Neville puisqu'ils étaient des héros de guerre. Ils n'auraient pas besoin de reprendre leur septième année à Poudlard, ce qui avait grandement soulagé son meilleur ami.
Hermione, Ginny et Luna avaient décidé de reprendre leurs études et d'obtenir leur ASPIC. De plus, il reprenait tout doucement sa relation amoureuse avec Ginny. Ils avaient convenu d'acheter un petit appartement sur le chemin de traverse. Ginny le rejoindrait lors de ses vacances et lui, il irait souvent la voir à Pré-au-Lard lors des sorties.
Sa vie repartait lentement mais sûrement et voilà que tout s'effondrait en quelques secondes comme un château de cartes.
— Que faisons-nous ? finit-il par demander d'un ton las.
— Je ne vous ai rien demandé, Potter. Ce n'était qu'une erreur et vous n'êtes en rien responsable de ce qui est arrivé cette nuit-là.
— Tout comme vous, ergota Harry.
— Qu'importe.
Severus balaya son intervention d'un geste de la main.
— Vous êtes encore jeune, Potter. Vous avez toute la vie devant vous alors vivez-la. Je saurai me débrouiller tout seul, dit Severus.
— Qu'entendez-vous par vous débrouiller tout seul ? demanda Harry dubitatif.
— Vous m'avez parfaitement compris, Potter, répondit sèchement Severus.
— Il n'est pas question que je vous laisse vous débrouiller tout seul ! Hors de question !
— Saint-Potter, toujours prompt à défendre la veuve et l'orphelin, ricana le maître des potions.
— Il n'est pas question de veuve ou d'orphelin, ici. Il s'agit de mon enfant, Snape ! Et je ne vous abandonnerai sous aucun prétexte, est-ce bien clair ? Nous avons eu des relations difficiles mais maintenant avec ce qui nous arrive, je pense qu'il serait temps d'enterrer la hache de guerre pour le bien-être de notre fils.
— Notre ? Qui vous a dit que c'était votre enfant ? répliqua Severus d'un ton goguenard.
Harry fut décontenancé par la question de son ancien professeur. Il cligna des yeux, confus.
— Mais…vous…mais…
Harry dévisage le maître des potions et secoua brusquement la tête. L'homme voulait le faire douter, le faire partir mais cela ne fonctionnerait pas avec lui. Il savait désormais à peu près comment fonctionnait le maître des potions et ne se ferait pas avoir par cette chauve-souris des cachots.
— Ça ne marchera pas avec moi, Snape, grogna-t-il furieux. Je viens d'apprendre que j'allais être papa et pour tout vous dire, je ne sais pas comment prendre cette nouvelle.
— Vous auriez certainement sauté de joie si c'était la cadette Weasley qui vous avait annoncé qu'elle était enceinte de vous, n'est-ce pas ?
— Peut-être, peut-être pas, répondit sincèrement Harry. Je ne sais pas comment j'aurai réagi face à une telle nouvelle. Je veux dire…c'est…c'est trop tôt. Je viens à peine de livrer une bataille, je dois me reconstruire et je ne sais pas où j'en suis véritablement de ma carrière professionnelle. J'aimerai prendre le temps de découvrir le monde avant de devenir parent.
— Alors allez découvrir ce monde et laissez-moi tranquille !
— Mais ce n'est pas pour autant que je fuirai mes responsabilités, rajouta Harry. Cet enfant, nous l'avons conçu à deux alors j'assumerai les conséquences avec vous.
— Vous ne savez pas dans quoi vous vous embarquez, Potter, lança Severus avec un rictus dédaigneux. Avez-vous seulement pensé à la Weasley lorsqu'elle apprendra que j'attends un enfant de vous ?
Harry blêmit soudainement et ouvrit les yeux en grands lorsqu'il se rendit compte qu'en effet, il n'y avait pas pensé.
— Comment prendra-t-elle le fait que le bâtard graisseux, la chauve-souris des cachots soit enceint de vous ? Comment pensez-vous que le monde sorcier réagira à cette nouvelle ? continua Severus carnassier.
— Assez ! cria Harry irrité. Ma relation de couple avec Ginny n'a rien à faire dans notre conversation.
— Mais ça tout à y voir, Potter ! éructa le maître des potions. Je suis enceint de vous et de surcroît, je suis un homme !
— Et alors ?
— Mais vous faîtes exprès ou quoi ? s'énerva Severus.
— Expliquez-vous au lieu de tourner autour du chaudron !
— Tout homme enceint âgé de 16 ans et plus, devra se marier au père de leur enfant avant le quatrième mois de grossesse. Toute personne enfreignant cette loi est condamnable d'une peine de prison à vie ou d'un baiser du Détraqueur. C'est la loi, Potter. Si vous reconnaissez être le père de cet enfant, vous devriez m'épouser. Dans le cas contraire, vous irez en prison, expliqua Severus.
— Quoi ? s'écria Harry stupéfait.
