Bonjours à vous, je suis ravie de commencer cette fiction 'test'. N'ayant jamais écrit de Crossover j'ai décidé de 'suivre' le scénario d'origine du Seigneur des anneaux, il y aura donc, ici et là, quelques emprunts dialogues; comme les personnages qui ne m'appartiennent pas. J'espère, tout de même, que le contenue restera plausible et qu'il saura vous divertir.

Une dernière chose ! Pour les besoins de cette 'test-fic' Lucy sera plus âgée, dans les 26/28 ans. Essayez de vous l'imaginer comme t-elle.

Enjoy reading

Poukie-scrapbook.

°oOo°

1 : L'appel

Il y a certains matins où la brume nous joue des tours. Silencieuse elle se cache, s'étire et glisse entre les monts tel un chat paresseux qui bat des paupières. L'air se charges, vous respirez à plein poumons. En un instant le paysage se transforme, noyant vos repères sous une couche d'humidité. Il s'illumine, se brouille. On ne distingue alors que de lointains rayons de lumières, qui, entourés de leurs mystères, vous invite à les rejoindre.

Ce matin-là, le fog avait jeté son dévolu sur la forêt d'Owlwood, dernière demeure du Grand Lion. Nul n'ignorait que les bois abritait encore son esprit, et certainement pas le brouillard. Étant lui-même une de ses créations, il avait pour ce terrain une étrange affection, enfin, autant qu'un nuage de vapeur pouvait en ressentir. Il adorait se faufiler entre les arbres, s'attardant sur leurs chants, odes mélancoliques de l'ancien temps. S'ils se lamentaient sur leurs sorts, le vent détournait ses pas de velours, mais si leurs litanies étaient joyeuses, alors, avec douceur, il caressait leurs feuilles et s'installait pour la journée. Ce dont il ne se doutait pas, c'est qu'en recouvrant la sylve de son manteau de brume, il égarait ses visiteurs.

- Tu vois quelque chose ? Demanda Peter.

- Rien du tout.

De la cime de son arbre, Lucy scrutait l'horizon, s'interrogeant sur le chemin à emprunter. Peine perdue, elle ne reconnaissait plus son environnement, un comble lorsqu'on y passait ses journées.

Des mois durant elle avait sillonné le domaine des chênes, taquinant les dryades, explorant les grottes, les arbres creux. Elle s'était enfoncé si profondément dans la forêt qu'elle avait même fini par trouver la Mère, la tanière d'Aslan où l'odeur de la magie ne s'étiolait jamais. Ça l'avait pénétré, ouvrant une porte sur son discernement. Elle se mit à écouter, à interpréter, à comprendre. Un processus lent, laborieux, qui paya, la forêt l'accepta, l'emplissant d'orgueil.

Peu à peu l'attraction qu'elle éprouvait pour les lubies des bois entacha le reste de son monde, et, n'y trouvant plus la satisfaction d'antan, la reine délaissa son peuple, ses devoirs, relayant les rênes du pays a sa fratrie. Ce détachement quant à son royaume ne reflétait qu'un égoïsme grandissant, libérateur, qu'elle ne pouvait réfréner.

Si sa conscience la chargea tout d'abord de culpabilité, l'allégresse lui fit vite oublier comme on oubliait sa légende, celle de la Reine Lucy La Vaillante.

Elle était en phase de devenir sauvage et il ne restait que sa famille pour lui rappeler qu'ils étaient encore liés. Soucieux, ils s'évertuaient à la maintenir occupé en lui soumettant de petites requêtes. Une fois on lui demandait de cueillir une plante rare, une autre de trouver quantité de perles pour un sautoir. La mission du jour était d'ordre gastronomique, elle devait s'occuper de la pièce principale du banquet d'anniversaire du petit Gabriel, dernier enfant de Susan et Caspian un chevreuil ou un cerf aurait convenu, et Peter, à qui une bonne partie de chasse ne résistait pas, avait insisté pour l'accompagner.

Bien qu'elle l'adorât, l'exubérante présence de son aîné avait de quoi agacer. Habitué a tout régenté, il devenait insupportable lorsque le contrôle des évènements lui échappait. Cela englobait aussi le climat. Il reportait sa frustration sur sa pauvre soeur, l'entravant, par son comportement dans ses recherches. C'est alors qu'elle repéra un éclat de couleur blanche à travers la grisaille.

- Une lumière ! Indiqua t'elle.

- C'est Cair Paravel ?

- Non … répondit-elle après observation, c'est trop faible.

Intriguée la jeune reine se déplaça, changeant de branche pour se rapprocher du phénomène. Elle plissa ses yeux pour en distinguer les contours et cru voir la lueur tressauter. Ce supposant fatiguée, elle frotta ses pupilles avant d'y reporter son attention. Elle ne put retenir un glapissement de surprise quand elle l'aperçu à nouveau, grossissant a vue d'oeil.

- Qu'est ce qui se passe là-haut ? Lui demanda son frère qui commençait à s'inquiéter.

- Peter ce n'est pas normal, elle … bouge. Répondit Lucy d'une voix un peu trop admirative.

- Elle bouge ?

Ne lui donnant pas plus d'explication, elle concentra sa curiosité sur le point lumineux qui se rapprochait à vive allure. Sous l'impulsion, elle tendit la main comme pour s'en saisir et quand elle fit mine d'enfermer la lumière dans sa paume, le brouillard scintilla. C'était magique.

Elle murmura une première fois.

- C'est Aslan.

- Quoi ?

- C'est Aslan ! Lui répéta t-elle avec conviction.

Aussitôt elle posa pied-à-terre.

- Ici Peter ! suivons là !

Le roi tenta bien de modéré l'enthousiasme de sa cadette, mais l'effrontée n'en avait cure. 'Réfléchie avant de t'engager' aurait-il avancé, ce à quoi elle aurait répliqué qu'elle avait toujours été la plus perspective des deux. Et ainsi de suite sans parvenir à un accord, elle s'en passa.

La brume était saisissante, tellement claire dans son illusion qu'elle ne semblait pas avoir de fin. Au début Lucy se focalisa sur le bruit de la course de son frère, puis petit à petit la cadence lui parut machinale, monotone et finalement n'y porta plus intérêt.

Elle se sentait en confiance, exultait, ce savant sur le point de vivre ce qu'on appelait communément une aventure. L'anticipation provoqua un frisson d'excitation qui se propagea le long de sa colonne vertébrale. Elle se sentit flotter, insaisissable à la manière du brouillard. Durant son parcours, elle ne quitta pas la lumière des yeux, jamais. La lueur avait beau devenir plus vive à chaque instant, elle ne s'en détourna pas, pas même lorsqu'elle fut aveuglante. Un flash. L'absence. Ce fut ce qui la fit cligner des yeux.

L'éclair déclencha un signal, aussitôt le brouillard se dissipa et paru la forêt. Une forêt différente, sombre, sous tension, comme si elle s'apprêtait à se défendre. Prenant les devants, la reine colla son front contre un tronc et lui chuchota tendrement qu'ils n'avaient pas à s'inquiété, qu'elle les protégerait de sa vie s'il le fallait. Les arbres se détendirent sous ses paroles, et leurs murmures lui répondirent, l'intimant à la prudence. Elle ne comprit pas, il y a des lustres que personne n'était venu s'attaquer aux habitants d'Owlwood. Qui s'en prenait aux arbres s'exposait au courroux d'Aslan. La Sorcière Blanche, elle-même, n'avait osé.

C'était mauvais.

Lorsqu'elle voulue faire part de ses appréhensions à son frère et tourna la tête, elle ne vit personne. Elle regarda à gauche, à droite, mais ne vit personne.

- Peter ? L'appela t-elle incertaine.

Elle fit plusieurs tentatives dépourvues de succès. Bientôt ses appels se firent paniqués, elle revient sur ses pas, criant, pleurant presque le prénom de son aîné. Elle ne le trouva point. Ce ne fut pas faute de chercher. Le poids de son inquiétude lui fit passer les deux jours et deux nuits suivantes éveillés, à traquer la moindre trace pouvant s'apparenter à Peter ou peut être était-ce un jour et deux nuits, impossible à savoir, le soleil ne transparaissait pas en ses lieux.

Elle parcourut plusieurs milles avant d'atteindre la lisière de la forêt. La chaleur de la lumière eut un drôle d'effet sur ses sensations, ce fut comme si elle reprenait contact avec la réalité. Ses besoins profonds se manifestèrent, la faim, la soif, et plus présent encore l'épuisement. Ses jambes tremblèrent avant de s'effondrer. C'était trop d'émotion d'un coup. Malheureusement elle ne fut pas au bout de ses surprises, devant elle, les vastes chemins verdoyant menant à Cair Paravel avaient été remplacés par des landes à l'herbe jaunie, sèche comme de la paille.

Ou était-elle ?

Elle n'eut guère le loisir de s'interroger, des bruits de sabots vinrent percuter ses pensées, frappant ses sens aussi durement que l'aurait fait un fouet. Se souvenant de la mise en garde de la forêt, elle dissimula sa présence. Accroupie dans l'ombre, elle regarda les cavaliers passer, ils étaient une trentaine de capes vertes coiffée de heaumes à crêtes noire. Ils transportaient avec eux le scintillement des lances et boucliers, qui lancés à pleine vitesse ressemblait a une nuée d'étoiles filantes.

Aussi étrange que cela puisse paraître cette vision lui mit du baume au cœur. À l'image du métal éclairé se transposa celle, fugace, de la lueur dans le brouillard. Lucy ferma les yeux, il y a longtemps qu'elle ne croyait plus aux coïncidences. Son intuition la guidait vers ses soldats, c'est donc vers ses soldats qu'elle irait. C'est ainsi que, péniblement, elle entreprit de poursuivre leurs traînées de lumière.

oOOo

Les chevaux faisaient beaucoup d'arrêts, de détours à travers la lande, Lucy avait failli les perdre à plusieurs reprises. En se reposant sur son expérience, cela ne pouvait signifier que deux choses, soit, ils voulaient brouiller les pistes, soit, ils cherchaient un ennemi. Ne voulant prendre le risque de se faire repérer, elle les suivit à distance jusqu'à ce que le soleil décline.

Là, les hommes s'installèrent à l'abri des rochers. Lucy en profita pour se rapprocher. Elle se cala dans un sillon de la pierre assez important pour la camoufler et observa les habitudes du camp.

Autour du foyer principal s'installait ce qu'elle nommait les puissants, généraux et seconds. Ils étaient cinq. Un chiffre important pour la petite troupe dont ils disposaient. Par déduction, elle comprit qu'un haut dignitaire les accompagnait, sûrement un sang bleu. Son choix se porta tout naturellement sur un homme blond aux longs cheveux frisés. Il avait quelque chose de Peter dans son allure, une sorte de prestance, d'assurance qui ne s'obtenait que par la victoire des armes. Puis elle se ravisa, lui préférant un garçon de la moitié de son age qui ne pouvait entrer dans le cercle du pouvoir sans influence.

Un sourire lui échappa. Cela lui rappelait de vieux souvenirs, Peter, Edmund, Caspian et Elle conduisant l'ost au combat tandis que Susan commandait leurs archers. De glorieux souvenirs, l'aventure avant l'ennui.

Et Peter ! Grand Roi de Narnia ! Où était-il passé ? Ça l'angoissait, elle espérait seulement qu'il ne fut pas en mauvaise posture.

Soudain elle sursauta, l'homme blond avait planté ses yeux méfiants dans sa direction. On aurait dit un aigle guettant sa proie. Elle rabattit alors le bout de sa capuche pour cacher son visage et il finit par détourner le regard. Ouf, elle l'avait échappé belle ! Les étrangers n'avaient jamais eu le monopole de l'amitié. Si on avait le moindre soupçon a votre égard, vous pouviez être sûr de finir aux arrêts. Cela ne devait pas être différent dans ce pays et Lucy voulait s'épargner toutes complications.

À la suite de cela, le sommeil l'emporta, ce furent de petits cailloux dégringolant du haut de la falaise qui la réveillèrent. Intriguée, elle considéra l'escarpement de rochers qui découpait le ciel de manière irrégulière de drôle de silhouettes s'en réchappait, ne ressemblant à rien de ce qu'elle avait connu. Examinant un peu mieux elle vit qu'ils lançaient des cordages, l'une d'entre elles se figea non loin de sa crevasse et elle vit cette chose hideuse passer près d'elle.

La créature avait des oreilles pointues, des dents proéminentes et un visage tellement déformé qu'on l'aurait cru passé à l'acide. Quant à l'odeur … elle n'avait jamais rien senti d'aussi écœurant, de la putréfaction ambiante. La créature approchait, elle était maintenant pratiquement à sa hauteur, sans le vouloir Lucy croisa la lueur qui habitait ses yeux rouges. Ce n'était qu'animosité, perfidie.

Son cœur se mit à battre, elle se plaqua contre la paroi elle avait peur. Quoi que soit cet être, c'était maléfique, et ça se dirigeait tout droit vers le campement.

Maîtrisant ses émotions, la reine empoigna sa dague, précieuse alliée de sa survie. Elle la serra tellement fort que ses jointures blanchirent et quand son courage fut suffisant, elle la planta dans la gorge de la créature. Pour l'être ce fut une surprise. Il ne se défendit pas, regardant son sang vert s'échapper avant de relâcher la corde.

Lucy s'élança pour la rattraper, tirant sur ses muscles pour la hisser dans sa cachette. Ça ne devait surtout pas tomber ! Si c'était le cas, cela signaliserait sa position, et l'éventualité d'une horde de ses choses à ses trousses lui plaisait moyennement. Une fois remontée, elle récupéra son casque et prit sa place sur la corde. Dans sa hâte, elle la lâcha à deux mètres du sol la réception fut douloureuse, mais elle ne s'attarda pas, entamant un marathon vers le campement.

- Cavaliers ! cria t-elle pendant sa course. Cavaliers des intrus approchent ! Prenez vos armes !

L'écho sur la falaise projeta sa voix vers l'avant. Sans attendre les hommes sortirent de leurs tentes, habiller ou non, épée a la main. Ils commencèrent à se grouper et Lucy suivit le mouvement abandonnant le casque ennemi à ses pieds. Personne ne paru s'étonner de sa présence, le fourmillement du camp était trop intense pour qu'on ne la remarque. Ils réussirent à former les deux premières lignes avant que le combat n'éclate.

Parmi les cavaliers, Lucy se lança, dissimulant sa silhouette derrière la carrure d'un homme et frappa, tranchant la gorge du premier être puant qui passa a sa porté. Il mourut. Un deuxième fit son apparition, brandissant son épée. La lame l'effleura à peine, et utilisant son esquive pour se projeter, lui creva un œil. Son cri fut déchirant, il ferma l'œil épargné. Une regrettable erreur. Il mourut sa dague planter dans la carotide.

Les combats s'enchaînaient, les adversaires étaient si nombreux qu'elle n'avait qu'à tendre sa lame pour en toucher. Haletante et fatiguée, la reine ne pue répliquer quand on lui asséna un coup au niveau de l'épaule. Elle fut déséquilibrée et tomba sur le dos.

La créature, vicieuse, en profita pour lui poser un pied sur l'abdomen, s'assurant une prise qui la maintiendrait au sol. Elle fit alors racler le tranchant de ses poignards, et Lucy, que toute notion apaisante avait quittée, planta sa dague là ou elle le pouvait, dans ses orteils. Le pied fut retiré en un instant, emportant sa lame avec lui. Ses pensées étaient confuses, mais comme un animal traqué sentait le danger. 'Trouve une arme !' lui hurleraient ses instincts.

Mais déjà l'adversaire revenait à la charge, une rage toute nouvelle dirigée vers sa personne. Ses ongles grattèrent désespérément la terre, elle roula sur le côté manquant de peu le coup sec qui causerait sa perte. Puis elle remarqua le feu à sa portée son bras se tendit, attrapa un morceau de bois crépitant et le retourna contre son agresseur. Il s'écroula, inconscient, enflammé. Avec une certaine fascination, Lucy observa l'avancé des flammes, rongeant ses vêtements, dévorant sa chair. Elle se surprit à en tirer satisfaction. De dominée elle devenait dominante, ce n'était que justice. Forte de ce constat, elle récupéra sa dague et se remit à attaquer.

Elle ne sue combien de ses choses elle envoya au diable, mais elle continua jusqu'à ce que résonne les hourras victorieux. Sous le coup de l'euphorie, elle se mit à rire, à danser comme la gamine qu'elle n'était plus depuis des années. Les soldats la regardèrent les yeux ronds se demandant ce qu'une femme pouvait fabriquer sur un champ de bataille.

- Toi ! La désigna un soldat. Qui es-tu ? Que fais-tu ici ?

Stupidement elle se mit à paniquer, elle était à découvert. Elle se souvient d'Edmund accusé de traîtrise à cause de sa crédulité, de Mr Tumulus jeté en prison, des Telmarins envers les Narniens et toute l'appréhension qu'elle n'avait pas ressentit au cours du combat remonta à la surface. Ce ne fut pas la chose à faire, mais elle fuit.

Bien entendu elle fut vite rattrapée, les soldats comme un seul homme l'empoignèrent et la traînèrent jusqu'à la tente de leur commandant. C'était l'homme aux yeux d'aigles.

Lucy se dégagea, s'arrachant à la prise du soldat qui l'accompagnait. Elle redressa alors son port, se parant de toute sa fierté, et comme elle l'avait maintes fois observée sur le visage de Susan, darda l'homme de son regard le plus réprobateur. Le commandant n'y fit guère attention, l'examinant de haut en bas, s'attardant sur le sang vert qui recouvrait ses mains.

- Tu as participé à la bataille. Dit-il en fronçant les sourcils.

Ce n'était pas une question et elle s'abstient de tout commentaire.

- Que faisais-tu là ? Ce n'est pas un endroit pour une femme.

- Pas plus que pour n'importe qui, répliqua t-elle avec humeur, les rochers grouillaient de ses … choses. Qu'est-ce que c'était ?

- Des satanés Orques du Mordor ! Cracha t-il en s'emportant. Fâché, il envoya valser le pichet d'eau à ses côtés, puis semblant se rappeler de sa présence la regarda avec colère. Ça n'explique pas ce que tu faisais là, ni pourquoi tu nous espionnais !

La confrontation s'annonçait rude, toute cette suspicion n'arrangeait pas ses affaires. En son for intérieur Lucy était terrifiée, elle savait que la vérité nue ne pouvait que lui nuire, et d'ailleurs qui la croirait ? Elle s'imaginait déjà expliquant que ce monde lui était inconnu, et qu'en les voyant passer, elle avait eu l'intime conviction qu'ils transportaient avec eux une sorte de magie. C'était ridicule. D'un autre côté, un mensonge était tout aussi risqué. Elle devait trouver quelque chose de plausible dans ce pays et n'y entendait rien. Que faire ?

Agacé par le silence qui suivit sa réflexion, le commandant s'avança et la secoua avec force. Sans doute espérait-il lui délier la langue, mais il n'obtient qu'un regard vif et farouche.

- Éomer ! Laisse là ! Ordonna t-on avant qu'il ne recommence à l'interroger.

- Elle nous cache des choses. Protesta le dit Éomer récalcitrant.

- Elle a sonné l'alarme.

Une vague d'exclamations étonnées s'éleva au sein de la tente, Éomer lui-même semblait pris au dépourvu.

Lucy jeta un coup d'œil par-dessus son épaule, son allié était le jeune garçon qu'elle avait aperçu durant la veillée. De près, il semblait plus vieux qu'elle ne l'avait présumé. Une musculature naissante, un visage carré, des joues pleines, plus un enfant mais pas encore un homme. Il créait un contraste saisissant avec le reste de la troupe, qui pourvut de leurs armures semblait inébranlable. Lucy se demanda si au commencement de leur règne, sa famille avaient donné ce genre d'impression et retient un sourire ; Probablement.

Utilisant le protocole, le garçon s'inclina et la remercia au nom des Cavaliers du Rohan, il se présenta comme étant Théodred, fils de Théoden, XVIIe Roi du Rohan et offrit de partager son repas. Ce qu'elle s'empressa d'accepter.

Lucy devait reconnaître que le garçon l'amusait beaucoup, il était subtil, vif d'esprit et utilisait son charme enfantin à bon escient. Entre deux moues adorables, il l'interrogeait, l'air de rien, sur son parcours malheureusement pour lui, la reine était trop habituée aux usages de la cour pour se laisser influencer. Elle joua tout de même avec lui, offrant quelques informations, par-ci, par-là. Elle ne parla pas de Peter, trop incertaine quant à sa position d'invité, mais lui raconta les avoirs aperçus de la forêt où elle campait.

- Fangorn ? Vous étiez à Fangorn ? Demanda t-il impressionné.

Elle acquiesça, ne comprenant pas l'engouement général pour cette nouvelle, ni la soudaine notoriété qu'elle lui apportait. Presque aussitôt, un homme vint se poster à ses côtés, lui fourrant une pinte de bière entre les doigts pour l'inciter à parler. 'Une histoire contre une histoire' clamait–il. Après cela elle passa relativement une bonne soirée, elle appréciait les habitudes un peu rustres des cavaliers, leur franc-parler.

Bien que ça ne l'enchante guère, elle fut entraînée dans un combat improvisé. Elle dû affronter un adversaire de trois fois son poids et c'est sous le regard attentif d'Éomer qu'elle le renversa, figeant sa dague au creux de son aisselle. Une incision et c'était la fin. Elle avait été d'une précision mortelle.

Réprimant un glapissement nerveux l'homme se rendit, honteux d'avoir perdu contre une femme. Lucy qui connaissait la fierté des soldats lui tendit un bras en demandant d'une voix forte s'il n'avait pas abusé de boisson. L'amitié fut instantanée. Elle passa le reste de sa soirée avec son nouveau camarade, qui reconnaissant de lui avoir offert une échappatoire la renseigna sur ce qu'il pouvait.

Elle apprit que le pays, la Terre du Milieu, était sous tension, qu'une guerre se préparait à l'Est. Primus, puisque c'était son nom, lui chuchota que les Orques étaient chaque jour plus nombreux et que le Roi n'était pas en état de défendre les lignes du Rohan. D'une voix enflammée, il déclara que Théodred représentait l'avenir de leur peuple et dès qu'il l'eut énoncé, l'homme regretta ses paroles. Il s'agita, comme prit en faute. Lucy le rassura d'une main sur l'épaule, il n'y avait aucun mal à choisir son guide. Il hocha la tête.

La reine laissa alors son regard dérivé sur le jeune prince, il tombait presque sous l'effet de l'alcool. Un sourire attendrit fleuri sur le bord de ses lèvres, si jeune et déjà tant d'obligations. Lucy savait mieux que quiconque ce qu'il en résultait, être l'espoir d'une nation c'était devenir un symbole. La perte de sa liberté en tant qu'individu. Une vie sous la pression, la crainte de faire une erreur que d'autres devraient payer. Le pouvoir c'était l'enfer et elle au moins avait pu s'en décharger.

Le matin suivant, tandis qu'elle empaquetait des provisions pour son départ, Théodred vint la trouver, lui proposant un marché. Au vu de ses aptitudes au combat, il lui offrait un poste chez les Rohirrims, et cela seulement si elle lui jurait loyauté. Bien qu'elle se doutât que ce ne fut pas sa seule motivation, un petit rire lui échappa. On lui demandait à elle, Lucy la Vaillante, Reine de Narnia, de jurer fidélité à un prince sans poils au menton ! C'était … cocasse. Mais lorsqu'elle vit le soleil se placer à l'arrière du garçon, éclairant sa tête, elle su ce qu'Aslan lui demandait. Elle jura.