Il était assis avec les autres depuis trois jours dans une charrette qui les conduisait, ils ne savaient trop où. Tout ça avait commencé quatre jours plus tôt, lorsqu'un groupe d'hommes à cheval avait dévasté son village. Ils avaient brûlé toutes les maisons et tué tous les hommes, n'épargnant que les femmes, les enfants et certains adolescents trop faibles pour se défendre. Les uns après les autres, ils avaient été embarqués dans des charrettes et expédiés dans des endroits mystérieux. Le jeune homme avait vu tous les autres s'en aller, il faisait partie du dernier groupe à partir. Sa mère était partie dans les premiers transports avec les autres femmes et son frère avait été emmené peu de temps après, avec les jeunes enfants.

Ruminant ces pensées, il sentit que le char se stoppait. Il releva brusquement la tête lorsque la porte s'ouvrit, ne voulant pas perdre une miette d'information.

Qu'est-ce qu'il se passe?

L'homme qui s'était présenté devant la porte fit mine de n'avoir rien entendu et se mit à beugler à une partie des passagers de sortir les uns après les autres dans le plus grand des silences. N'appréciant pas trop de se faire ignorer de la sorte, le jeune homme reposa la question, un peu plus agressif.

-Suit et ne pose pas de questions si tu tiens à la vie...

Ce fut la seule réponse qu'il obtint. Insatisfait, il retourna néanmoins à ses pensées, se promettant de s'échapper dès qu'il serait sortit de là, afin d'aller retrouver sa mère et son frère. Après un moment, toutes les personnes désignées étaient hors de la charrette et la porte se referma. Il entendit le son d'un fouet, puis il sentit le sol se mettre à bouger. Ils se remettaient en route. Le silence commença à peser lourd. Aucune des personnes qui était là ne disait quoi que ce soit. Le jeune garçon, après un long moment, se leva, écœuré du silence, avec l'intention de trouve un moyen de s'échapper de là. Seulement, à peine se redressa-t-il que le véhicule s'arrêta net. Il perdit l'équilibre et tomba au sol à ce moment là, et la chute fut suivit par l'ouverture de la porte. Leur gardien le regarda d'un oeil mauvais après quoi il lui fit de sortir, ainsi qu'à plusieurs autres captifs. Lorsqu'il posa le pied au sol et qu'il regarda le ciel, il fut si ébloui par la lumière du soleil qu'il en fut aveugle durant un moment. Après ce petit instant de faiblesse, il vit apparaître devant lui une ruelle ainsi que des maisons et d'autres routes. Alors qu'il contemplait tout ça, il sentit qu'on attachait quelque chose à son pied. Le temps qu'il réagisse, il était enchaîné avec les autres adolescents et son plan était tombé à l'eau. Il se maudit de son manque de vigilance et se força à suivre le groupe sans faire d'histoire. Un homme prit la tête du rang, intimant aux captifs de le suivra tandis que deux hommes en arrière s'amusaient à montrer leurs fouets et à frapper les gens au hasard. Ils progressèrent ainsi dans les petites rues, pendant vingt minutes, jusqu'à ce qu'ils atteignent une énorme bâtisse en pierre. Ils furent poussés à l'intérieur et on les fit attendre à même le sol froid. Le pseudo-fugitif, lui, continua d'observer les faits et gestes de leur geôlier alors que les autres regardaient fixement le plancher. Il vit qu'un bel homme aux cheveux et aux yeux bruns, le teint pâle, vêtu avec soin, venait à la rencontre de leur gardien. L'un tenait une petite bourse et l'autre un papier et il les vit faire un échange, après quoi le nouvel arrivant se dirigea vers le groupe d'enchaînés. Il s'arrêta devant le premier qu'il toisa longuement, lui posant une ou deux questions et refit la même chose pour chacun d'eux. Enfin, son tour arriva. Il était le dernier de la file, car c'était le premier à être débarqué et il savait très bien que ce noble en avait assez et qu'il ne s'attarderait pas sur lui. Il garda les yeux levés vers lui et attendit qu'on lui adresse la parole, comme les autres. C'est alors qu'il aperçut les jambes de l'homme se plier pour que celui-ci puisse s'accroupir et qu'il vit la main du jeune seigneur se tendre vers lui. Il ne bougea pas d'un pouce et attendit que l'autre lui relève la tête pour mieux voir ses yeux.

Tu es un magnifique spécimen... Que fais-tu ici ave des gens aussi laids? Il fut si surpris qu'il ne sut quoi répondre. Le noble n'en ayant cure, continua sur sa lancée. Ces yeux bleus, ces cheveux blonds, cette bouche sensuelle... Ça m'étonne qu'ils ne t'aient pas envoyé dans un cartier chaud. Ils sont rares les gens comme toi ici!

Le blond n'en revenait tout simplement pas. Il plaisait à cet homme de haut lieu. mais il était aussi désespéré car s'il faisait une trop bonne impression, il serait forcé d'aller avec lui et ce n'était pas ce qu'il voulait. Aussi, lorsque celui-ci lui demanda son nom, il se contenta de baisser les yeux et de garder le silence. Il se garda bien de répondre lorsqu'on lui réitéra la question. Voyant alors que son vis-à-vis se relevait, il crut un instant que son manège avait fonctionné, jusqu'à ce qu'il l'entende poser la question à un geôlier. Bien sûre, il ne le savait pas, mais il ne prit pas le temps de poser la question gentiment. Il lui flanqua un coup de pied dans les côtes et hurla la question. Sous les regards ébahis des autres prisonniers, il ne répondit rien. Le manège reprit une ou deux fois, puis le jeune riche empêcha le gardien de recommencer.

-N'abîmez pas la marchandise voyons! Le blessé se rassit difficilement, car il était tombé sous la force des coups, et attendit qu'on rende le verdict. Il fut exaspéré par la réponse que l'autre donna. C'est lui que je prends!

Le bourreau parut surpris.

-Mais il n'obéit pas et n'en fait qu'à sa tête. En plus, il a les cheveux et les yeux de couleurs étranges! Vous ne préférez pas plutôt en prendre un normal et obéissant?

Le fortuné eut un grand éclat de rire.

-Vous devriez pourtant savoir que je suis riche et que, par ce fait, j'adore me procurer des choses qui sortent de l'ordinaire. Et puis, ceux qui sont obéissants m'ennuient royalement et je me débarrasse bien rapidement d'eux. Donc, celui-ci est à moi et j'aimerais l'avoir maintenant je vous pris!

Il en fut fait ainsi et le vendu se vit obligé de porter une laisse ainsi qu'un collier en cuir avec un gros anneau, le seul habit qu'il portait puisqu'il avait été dépouillé du reste après sa capture. Il se sentait donc humilié et très vulnérable, et il se promit de faire payer ça à son nouveau propriétaire. Il se força donc à suivre son maître, même si son ego en souffrait énormément, pour ne pas rester trop longtemps dans cette position devant autant de monde. Lorsqu'ils sortirent de la bâtisse, il vit qu'un carrosse les attendait devant l'entrée. Quand ils s'en approchèrent, un homme vint leur ouvrir la porte.

Maître Kenji, monsieur...

Ce fut les seules qu'il prononça après quoi il referma derrière eux. Kenji fit asseoir sa nouvelle possession et face de lui après quoi il prit la parole.

Je déteste ce nom... Kenji! Le même que mon père. Lorsque tu seras décidé à me parler, appel-moi Tsukasa d'accord? Il attendit une approbation de l'adolescent qui la lui offrit seulement pour qu'il continue de parler pendant qu'il réfléchissait à un moyen de fuir. Satisfait, Kenji reprit où il en était. Maintenant que tu m'appartiens, tu peux me dire ton nom... de toute façon c'est toi que j'ai choisi quand même.

La réponse fut un marmonnement, car l'autre continuait de se concentrer pour trouver un moyen de sortir. Il tendit le bras pour écarter le rideau à côté de lui, mais le riche s'en saisit, ce qui le ramena subitement à la réalité.

-Je t'en supplie, cesse donc de chercher un moyen d'évasion, sinon je vais m'énerver et je devrai sévir!

Le blond tourna les yeux vers son interlocuteur, le toisa un moment et pouffa avant de lui répondre, la première fois qu'il parlait en sa présence.

-Ah oui? Et que comptez-vous me faire messire?

Le brun, qui tenait toujours le bras du petit effronté, dévida de donner un infime aperçut de ce qu'il pourrait lui faire. Il se pencha au-dessus de lui tout en ramenant le bras de sa chose au-dessus de sa tête et le tira à lui avec la chaîne de son autre main. Lorsque leurs visages furent collés l'un à l'autre, il enchaîna.

-Tu es à moi, je peux donc faire ce que je veux de toi... Je peux être d'une patience et d'une douceur hors du commun... Il lâcha la chaîne pour mettre sa main un peu plus haut que la nuque du plus jeune et jour dans ses cheveux... mais je peux aussi perdre cette patience!

Sur ce, il tira les cheveux dans lesquels il avait entortillé ses doigts jusqu'à ce que l'autre commence à crier.

-Enfin bref, maintenant que tu as compris, dit-il en se rasseyant, je vais te poser cette question une dernière fois, après quoi je perdrai patience... Quel est ton nom?

Il n'avait plus vraiment le choix, alors il s'avoua vaincu. De plus, ce gosse de riche lui avait donné une idée.

-Je ne crois pas vraiment que vous l'apprécierez, mais le voici... Mon nom est le même que le vôtre et je sais que vous ne l'aimez pas. Vous pouvez donc vous débarrasser de moi sans plus attendre!

Son interlocuteur éclata de rire. Lorsque son rire s'atténua, il prit un air pensif avant de répliquer.

-C'est parfait! Enfin, je pourrais choisir le nom de l'un de mes jouets! Après un instant de réflexion, il prit une décision. Tu t'appelleras Riku! Tu as une voix extraordinaire et j'ai eu un jouet de ce nom avec une voix de ce genre...

Avec l'impression de se faire traiter comme un chien pour la première fois[1 depuis qu'il avait été arraché à son village, le blond se refrogna et se remit en mode sourdine. Tsukasa non plus n'avait plus l'air de vouloir prendre la parole. Ils restèrent donc assis, chacun de leur côté, durant un moment, à ne rien dire, l'un fixant l'autre, l'autre regardant par la fenêtre.

Le radical changement de nom de l'adolescent lui posait problème, car son nom était le seul souvenir qu'i lui restait de ses ancêtres, tous décédés de la peste noire et de la malaria lors des années de contamination. C'était son grand-père qui avait trouvé ce nom pour lui et c'était la personne qu'il avait le plus respecté dans tout l'Univers. Le vieillard lui avait tout appris. Il lui avait enseigné l'art du combat, la chasse, comment se retrouver en forêt, les sciences médicinales, la lecture, l'écriture et bien d'autres choses. Peu de gens savaient lire et écrire correctement dans son ancien village, alors ils avaient été, lui et son grand-père, considérés comme des érudits. Celui-ci était mort alors qu'il n'avait que onze ans et ça l'avait beaucoup affecté.

Riku se sentit doucement ramené à la réalité par une ombre le cachait à présent du soleil. Celui-ci plombait sur lui depuis qu'ils étaient montés dans le véhicule. Il feignit de tourner la tête, mais une main se posa sur sa nuque tandis que des lèvres se pressaient sur son artère, l'empêchant de mener son mouvement à terme. Au même moment, il sentit une autre main avait atterrie sur sa cuisse. C'est seulement à cet instant qu'il prit conscience de sa totale nudité et qu'une gêne s'empara de lui. Pris de panique, il repoussa Tsukasa de toutes ses forces et se leva d'un coup, raide comme un manche à balais. L'autre, qui était tombé au fond du carrosse, se releva en tirant sur la chaîne qu'il avait gardée en main depuis tout ce temps, obligeant le blond à se pencher. Il passa un bras autour de son cou et l'amena à lui, le faisant carrément tomber sur son bas-ventre. Il avait un sourire à la fois amusé et pervers, ce qui effrayait quelques peu le mineur. Il passa as main libre sur la joue du jeune effrayé prit la parole.

-Dis-moi, quel âge as-tu? Répondant d'une voix tremblante, l'adolescent révéla qu'il n'avait que quinze ans. Le sourire du brun se fit encore plus pervers. C'est parfait! Je suppose que tu es encore pure, n'est-ce pas? Il n'attendit pas de réponse avant de continuer. Je pourrai t'enseigner tout ce que je sais.

Il tira brusquement sur la laisse et lui enfonça la langue dans la bouche sans que l'autre ne puisse faire un mouvement pour l'en empêcher. Seulement, la victime n'avait pas l'intention de se laisser faire ainsi. Il mit sa main dans les cheveux de son maître pour feindre un accord, puis il lui mordit la langue sans plus de pitié. Il ne mordit pas trop longtemps, pour ne pas avoir la bouche pleine de sang et laissa l'autre mettre fin à cet échange de salive. Le fortuné prit tout de même un peu de temps avant de lâcher la bouche du jeunot et alla lui murmurer à l'oreille, après avoir avalé le sang dans sa bouche.

-Mais de quoi as-tu peur? Tu vas aimer ce que je t'ai préparé, comme tous ceux qu'il y a eut avant toi.

À cette phrase, la personne visée se sentit comme projetée au sol. Après un moment, il se rendit compte que leur véhicule s'était stoppé, lui faisant perdre l'équilibre. Il vit alors le jeune riche se relever à une vitesse surprenante et passer à côté de lui pour aller chercher quelque chose sous la banquette. Il en ressortit des habits un peu grands qu'il balança au blond. Toute trace de désir avait disparut en lui et il était redevenu ce petit prince excentrique.

-Habille-toi vite! Tu dois passer inaperçu dans les habitations de mon père! S'il sait ce que tu es, il te fera tuer sans aucun doute!

Un peu anxieux à l'idée de se faire tuer pour avoir été acheté par un gosse capricieux trop fortuné, Riku se permit tout de même de faire une remarque.

-Vous auriez put me les donner avant!

L'autre lui jeta un regard malicieux avant de sortir et de répondre.

-Oui, mais je n'aurais pas eu le loisir de t'admirer comme je l'ai fait! Après quoi il referma la porte pour le laisser s'habiller.

Se dépêchant d'enfiler les vêtements offerts, Riku se précipita pour sortir par la porte contraire à celle que Tsukasa avait prise. Son élan fut, malheureusement, immédiatement stoppé par une personne qui se tenait devant la porte. Il s'était cogné contre lui et ne voyait pas son visage. Il dut donc se reculer pour rester figé, éblouis. Un homme d'assez grande taille, les yeux sombres et tristes, les cheveux bruns jusqu'aux épaules, une aura de mystère l'entourant. Il portait une cape, servant à se camoufler, qui lui couvrait le nez et la bouche, accentuant son côté intrigant. L'autre, ayant compris ce qui se passait, l'attrapa parle bras et l'amena à lui pour lui immobiliser le haut du corps. Il ferma la porte, descendit de la marche qui les séparait du sol, contourna le char et arriva devant le jeune maître avec le blond qui se débattait entre ses bras. Tsukasa roula des yeux pour signifier qu'il n'était pas surpris et s'adressa au mystérieux jeune homme qui maintenait l'adolescent prisonnier.

Mais que fais-tu avec mon jouet, Hizumi? dit-il d'un air faussement étonné.

Hizumi leva un sourcil, l'air perplexe, avant d'embarquer dans son jeu.

-Je ne savais pas que c'était ton nouveau jouet! Il avait une voix grave et profonde. Il essayait de s'enfuir alors que je montais voir si tu étais encore dans ton carrosse! Son ton faussement affecté n'avait pas échappé au plus jeune, pas plus que celui de son maître.

-Mon dieu, c'est terrible! S'exclama le maître en question. Je ne l'aurais jamais cru capable d'une telle chose!

Son ton exaspérait tellement le blond que celui-ci ne put retenir une réplique.

-Ouais bon! On a compris que tu l'avais placé là! J'ai tenté ma chance, c'est tout... Pas de quoi en faire une histoire!

Le sourire du riche qui était apparut lorsque le nouvellement esclave avait prit la parole s'estompa quelque peu et un regard froid remplaça son regard sensuel pour la première fois.

-Peut-être bien, mais dis-moi, il se rapprocha deux jeunes, le blond ayant cessé de se débattre, crois-tu vraiment que je ne sais pas que tu essaieras de saisir TOUTES les chances que tu auras?

Cette déclaration était tellement vraie qu'il ne sut pas quoi répondre. La peur lui vint qu'il devrait sûrement passer le reste de sa vie en laisse.

-Cesse de me prendre pour un imbécile, s'il te plaît. Son ton était presque suppliant.

Il ne savait pas trop pourquoi, le moins âgé n'arrivait pas à ne pas se sentir coupable face au regard et au ton que prenait son supérieur. Sa dernière phrase lui faisait presque pitié. Il finit par baisser les yeux pour signifier qu'il s'excusait, mais l'autre se contenta de la prendre par le poignet et de le faire escorter pas l'homme qui leur avait ouvert la porte du carrosse, pendant qu'il discuterait avec Hizumi. Après quelques instants de marche, le blond se retourna et constata que les deux hommes embarquaient dans le véhicule, suivit du claquement de leur porte et du départ, un autre cocher ayant déjà pris la relève. À cet instant, il se sentit très désemparé. Il suivit néanmoins l'homme qui le poussait à avancer, exaspéré de le voir faire du sur-place. Il fut ainsi conduit dans ce domaine qui deviendrait son lieu de résidence. Ils traversèrent un magnifique jardin remplie de rosiers et de cerisiers en fleur. Les dalles de pierre étaient placées de manière à donner un motif bien précis qui ne se voyait que lorsque l'on arrivait au centre de la place. Malgré tous ces arrangements magnifiques, le décor n'avait pas l'air équilibré, comme s'il faisait partie d'un univers instable. Le plus contraste était la bâtisse. Elle était faite entièrement de bois, mais il en émanait quelque chose de sombre, alors que le jardin inspirait plutôt une paix indestructible. Le regarder lui faisait un grand bien après toutes les épreuves qu'il avait subit. Il fut malheureusement sortit de sa contemplation par son escorte qui lui ouvrit une porte avec une serrure en or et lui fit signe de pénétrer dans la pièce. Sans rien dire, il disparut derrière la porte qui se referma et la verrouilla. Constatant que le seul meuble de la pièce était un futon du même blanc que les murs, le blond se mit à désespérer. Il pensa un instant aller voir ce qu'il y avait dans la demeure en passant par l'autre porte qu'il y avait dans la pièce, mais s'en dissuada très vite en se rappelant qu'il n'avait même pas réussi à voir l'autre bout des murs de l'immense palace. Riku ne fit donc que s'asseoir en entourant ses jambes de ses bras et pense en attendant le retour de son maître.

À peine la porte fut-elle refermée que le véhicule se mit en mouvement. Les deux jeunes gens avaient laissé le petit en arrière pour discuter tranquillement de son cas.

En tout cas, celui-là va être plus intéressant que les autres... Il commence déjà à me donner du fil à retordre!

L'autre, qui ne trouvait pas que sortir du carrosse en douce et se faire attraper sur-le-champ était quelque chose de dérangeant ou inhabituel pour eux, le regarda très perplexe, se souvenant que d'autres avaient fait pire.

-De quoi tu parles? Dit-il plus fort qu'il ne l'avait voulut.

Tsukasa le contempla un moment, l'air de dire Tu ne comprends vraiment rien toi! avant de lui répondre.

-Il a beau être dans une situation délicate, savoir que c'est moi qui vais contrôler le reste de son existence... il réussit quand même à repousser mes avances! Dit-il en poussant un soupir d'exaspération.

-Quel âge a-t-il, dis-moi?

-Il m'a dit qu'il avait quinze ans...

Durant un moment, Hizumi ne sut plus quoi dire, autant par stupeur que par exaspération. Cet imbécile qui lui servait de meilleur ami exagérait toujours dans tout ce qu'il faisait, mais là il avait agit en sot.

-Tu te rends compte que ce n'est qu'un gosse et qu'il est beaucoup trop jeune pour tes magouilles d'homme en rute? Pourquoi penses-tu qu'il n'obéit pas?

Se faire donner la leçon par cet homme était devenu une habitude pour le prince, mais quand il s'agissait du choix de ses jouets, il ne pouvait s'empêcher de se sentir en colère.

-Il me l'a dit après que je l'ai payé! Je ne pouvais pas savoir! De toute façon, c'était le seul qui avait de la valeur. C'était bien évidemment le plus beau[2!

L'échange se termina ainsi. L'un était trop frustré et l'autre trop désespéré pour continuer de parler. Le carrosse continuait d'avancer sans destination précise, pendant que les deux occupants regardaient à l'extérieur, chacun perdu dans ses pensées. Ils ne se rendaient même plus compte du temps qui passait. C'est seulement lorsque le soleil fut très bas dans le ciel que le jeune excentrique réalisa qu'il avait laissé, seul et sans surveillance pendant plusieurs heures, le blond qui n'hésiterait pas à trouver un moyen de s'échapper un peu plus pratique que ce qu'il avait essayé. Il se leva d'un bond, passa sa tête par l'une des fenêtre et hurla au cocher de faire demi-tour afin de retourner chez lui.

Lorsqu'il entendit la porte s'ouvrir, le nouvellement Riku sursauta. Il s'était assoupit sans s'en apercevoir, mais il aurait bien aimé que tout ce qu'il avait vécut ne se soit avéré qu'un rêve. En voyant Tsukasa dans le cadre de la porte, totalement essoufflé, l'air soulagé, il se rendit compte qu'il n'avait pas du tout rêvé et que cette réalité commençait vraiment à l'effrayer. Son nouveau maître se retourna un moment pour prononcer des paroles inaudibles à une personne qu'il ne voyait pas, puis il se tourna à nouveau et pénétra dans la chambre. Il referma la porte, le prit par le bras, débarra l'autre porte, et lui fit traverser de nombreux corridors. Après un petit moment, ils se retrouvèrent dans une autre pièce, quatre fois plus grande et plus meublée que celle où le blond venait de séjourner. Les murs étaient peints d'une magnifique fresque représentant une montagne d'où coulait une rivière qui traversait une forêt[3. Le nain resta figé un long moment à contempler les détails, jusqu'à ce qu'il sente des mains se poser sur ses épaules. Il se raidit lorsqu'il sentit le souffle de l'autre dans son cou, lorsqu'il sentit ses lèvres lui frôler la gorge.

Tu ne t'es pas enfui? lui murmura-t-il au creux de l'oreille. C'est bien, très bien...

À ces quelques mots, Riku s'arracha de la prise que le brun avait sur lui.

-Je ne suis pas resté ici pour assouvir vous fantasmes, mon seigneur! Je suis là car je ne sais pas où je suis et que je n'ai donc pas le choix de rester là.

Tsukasa s'assit sur le lit, pensif, la tête dans une main, accoudé à la table de chevet, les jambes croisées. Après un moment, il se sépara de ce qui couvrait son torse, ne lui laissant que le bas du corps recouvert. Il se leva pour tirer les draps du lit après quoi il alla éteindre toutes les lampes, excepté celle de la table de nuit. Il ouvrit la porte de la chambre et s'arrêta sur le seuil[4.

-Installe-toi, je ne te ferai rien. Cependant, si tu ne dors pas à mon retour... il prit une pause, comme si ces paroles lui coûtaient, je n'aurai aucune gêne à m'occuper de ton cas. Il fit mine de partir, mais se ravisa au dernier instant. Je laisse la porte déverrouillée, mais n'essaie pas de t'enfuir, car je te retrouverai. Sur ce, il referma la porte.

De nouveau seul, le blond se dirigea vers le lit. Il se dénuda de la même façon que son jeune maître. Il s'assit ensuite sur le lit et ses épaules s'affaissèrent. Une larme perla sur sa joue, puis une autre. S'en suivit un flot qu'il n'arrivait plus à contrôler. Il s'étendit sur le côté et se laissa aller à ces larmes qu'il avait retenues depuis qu'il avait été arraché à sa vie, depuis qu'il avait vu son père mourir, depuis qu'il avait vu le reste de sa famille se faire enlever, depuis qu'il avait été séparé d'eux, depuis qu'il appartenait à cet homme. Il s'endormit après un long moment, trop fatigué pour combattre le sommeil, trop désespéré pour vouloir rester éveillé.

Quelques minutes plus tard, la porte s'ouvrit discrètement sur le brun. Son regard amer se posa immédiatement sur l'adolescent endormit. Lorsqu'il était sortit, Tsukasa avait attendu de l'autre côté pour voir quelle serait la réaction de son protégé. Il fut pris au dépourvu lorsqu'il entendit ses sanglots. Il s'était plutôt attendu à le voir foncer dès que la porte se serait refermée et attendre le bon moment pour s'enfuir. Au lieu de ça, il s'était replié sur lui-même et avait pleuré tout son saoul, comme un enfant abandonné, ce qu'il était. Cela avait enlevé tout courage de toucher son corps cette nuit. Ça lui aurait fait trop de mal. Ainsi, il partit marcher sous le clair de lune durant un petit moment. Il fut, cependant, très rapidement ramené, accablé de chagrin pour ce petit être. Lorsqu'il revint, le jeune esclave pleurait toujours, moins fort par contre. Tsukasa s'assit, adossé au mur, et attendit que les pleurs cessent. Bientôt, le silence s'abattit sur la demeure, ne donnant pas pour autant le courage de se lever au brun. Il attendit un moment, une éternité lui sembla-t-il, puis il ouvrit la porte, lentement, pour voir le blond endormi dans une position fœtale, le visage figé dans une tristesse à peine perceptible. Comme il ne s'était pas couvert, le brun recouvrit Riku des couvertures après quoi il se glissa lui-même dans le lit où il se colla contre son jouet pour le recouvrir de son bras de manière protectrice.

Le lendemain, Tsukasa se réveilla seul dans le lit. Il se redressa brusquement et vit que les vêtements qu'il avait donné à son protégé n'étaient plus là, ainsi que l'arme que lui-même gardait toujours sur sa table de chevet. Il regarda à l'intérieur de celle-ci et constata qu'il était également sortit avec sa bourse. Il sortit de sa chambre bruyamment et il courut jusqu'au cartier des domestiques. Il leur dit d'aller chercher Hizumi, qu'il avait quelque chose à lui confier. Ce ne fut cependant pas la peine car celui-ci entra dans la pièce au moment où son ami en ressortait. À peine vit-il l'expression sur son visage qu'il comprit de quoi il s'agissait.

Tu peux lui faire mal tant que tu le veux, mais ramène-le vivant! La colère lui faisait presque sortir la fumée par les oreilles. Quand j'en aurai fini avec lui, il aura tellement mal qu'il voudra mourir...

Sur ce, son acolyte repartit. Lui bouillait intérieurement. Il se promit dès cet instant de ne plus jamais se laisser attendrir par cet enfant stupide.

OWARI

Commentaire de l'auteur:Je sais que c'est étrange, mais j'adore parler de corruption sexuelle... J'aime écrire sur la pédophilie... Et j'aime bien l'inceste aussi... Pas dans l'acte, mais c'est étrange comme sentiment... C'est pas que j'aime ça, mais ça m'intéresse... Ou plutôt, ça m'intrigue.

[1C'est seulement là que tu le ressens?

[2Bon okay... ça c'était une GROSSE phrase de fangirl...

[3C'est très cliché, pas très original, mais je n'avais pas d'autre idée...

[4De Patrick Sénéchal XD!! Excellent livre soit dit en passant! Je le recommande fortement pour ceux qui aiment les histoires sadiques avec des tripes, des orgies de sang et des intrigues fuckées XD!!