Titre : Back (« Dos » en français, mais c'était plus joli en anglais…)
Disclaimer : Toute l'œuvre Harry Potter sur laquelle je me base est la propriété de J.K. Rowling.
Musique : Euh bah finalement pas grand-chose pour ce premier chapitre… A la limite, pour le chant du tournechant (vous comprendrez vite de quoi il s'agit, vous en faites pas ^^), j'avoue que j'avais le thème d'Hedwige dans sa version la plus lente, au début de la bande-annonce d'Harry Potter et les Reliques de la mort, partie II. Pas très original.
Note : Alors tout d'abord, bonjour à tous. Que dire à part que je me sens quand même super intimidée de poster pour la toute première fois le fruit de mon travail sur un fandom aussi vaste que celui d'Harry Potter ? Eh oui, il s'agit de la première histoire HP que mes petites mimines malhabiles ont entamée. Non, non, je ne vais pas m'éterniser cent ans sur le sujet, pas de panique. N'empêche que ça fait quand même quelque chose quoi u.u
Bref ! Comme tous les auteurs, j'ai mes petites manies à moi dans les histoires que j'écris et pour ne perdre personne, j'ai mis une petite note à côté de tout ce que je jugeais nécessaire d'expliquer. Les références renvoient à la toute fin de la page (sous la note de fin). Enfin, juste un dernier petit truc, pour ceux que ça intéresse, on m'a fait découvrir il y a peu une image de l'artiste japonaise Aoshiki et il se trouve que j'ai grave accroché à l'une de ses illustration pour une excellente raison : elle collait parfaitement à l'image que je me faisais d'Harry. Si vous voulez la voir, le lien se trouve sur mon profil, vous verrez, elle a vraiment beaucoup de talent ^^
Allez, maintenant c'est la bonne, je vous fiche la paix. Bonne lecture !
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Chapitre Ier
Jafar Felius[1] renâcla bruyamment et tourna une nouvelle page de la Gazette du Sorcier dans un froissement nerveux. Installé derrière le comptoir de sa boutique sur une vieille chaise en bois, il s'était résigné à lire ce torchon avec sa tasse de thé. Et il le regrettait déjà.
Dire que ce journal débilitant et sa rédactrice peroxydée exaspéraient le vieux commerçant était un bien faible mot. Jafar n'avait, de toute façon, jamais été homme à s'intéresser à l'actualité. Jusqu'ici, il la suivait en filigranes grâce aux rares clients qui venaient s'approvisionner dans ses rayons et cela lui suffisait. Sa solitude était un choix, l'insignifiance de son existence dans la société lui convenait. Il était un homme discret avant tout, pas un mauvais bougre et il tenait à cette réserve parce qu'elle était aussi celle qui l'avait préservé.
Pendant des années, son officine n'en avait été qu'une parmi d'autres dans l'allée des embrumes. Son enseigne s'était longtemps perdue entre toutes les autres, éclipsée par des noms plus connus comme Barjow et Beurk, et sa clientèle ne se résumait jusque là qu'à quelques fidèles chalands.
Mais la guerre avait changé tout cela. Voldemort n'avait jamais pris la peine de baisser les yeux sur sa misérable existence et son armée s'était organisée sans lui, faisant de l'herboristerie Felius le seul commerce de l'allée des embrumes jugé « neutre ». De plus, son minuscule magasin, terré bien à l'abri entre la petite librairie Tombson et la grande enseigne de l'armurerie magique Farley, était l'un des rares à avoir survécu à la destruction de la rue commerçante, ravagée par les nombreux combats qui s'y étaient déroulés entre l'Armée de Dumbledore et les partisans du Lord.
Les lueurs vertes des torches enchantées qui encadraient l'entrée surnageaient encore dans ce paysage chaotique comme deux spectres fragiles. En réalité, il était le seul herboriste sur plusieurs kilomètres à tenir encore debout. De fait, sa clientèle, si elle ne comptait plus toutes les têtes qu'il avait pu connaître par le passé – celles-ci ayant mystérieusement disparu depuis la chute de Voldemort –, s'était largement agrandie et il accueillait depuis lors de nombreux sorciers qu'il n'aurait jamais cru voir un jour dans l'allée des embrumes. Felius avait même dû déblayer seul le pavé qui menait à son magasin sur ordre de la justice. De la nouvelle justice.
Un reniflement amer lui échappa et il referma le journal qu'il reposa sur la console, près de la porte de l'arrière-boutique. Il s'y engouffrait, sa tasse à la main, quand la clochette à l'entrée tintinnabula. Il se retourna et fronça ses épais sourcils broussailleux, avisant avec sa circonspection habituelle la silhouette qui rabattait la capuche trempée de sa robe sur ses épaules.
« Miss Granger.
-Bonjour, Monsieur Felius. »
Au sourire fatigué qu'elle lui offrit, il ne prêta pas la moindre attention et disparut dans l'arrière-boutique, laissant sa cliente seule au milieu des étagères surchargées de flacons et de bouquets divers. Habituée à l'austérité du vieux commerçant, Hermione ne s'offensa pas, promenant son regard le long des étalages qui, s'ils ne ressemblaient au premier abord qu'à une accumulation désordonnée de pots et de bagatelles en tous genres, étaient en réalité un agencement minutieux de chaque plante, chaque flacon, chaque parchemin. Un bazar organisé que l'œil avisé de la jeune femme avait tout de suite deviné grâce, entre autre, au tournechant posé près de la vieille mandragore, sur le comptoir. La grande clochette blanche du tournechant ressemblait à s'y méprendre au dispositif d'amplification des vieux gramophones moldus et la musique que distillait son pistil jaune dans l'atmosphère rappelait à Hermione les notes délicates d'une boîte à musique. Son chant sibyllin apaisait sa teigne de voisine et assurait la tranquillité de la boutique.
Elle ne chantait pas tout le temps et la jeune femme avait spécialement choisi un jour de pluie pour se rendre dans l'herboristerie. Il s'agissait de l'unique moment où elle pouvait être sûre de l'entendre chanter puisque le martèlement incessant des gouttes contre la vitre avait tendance à énerver la vieille mandragore.
Un soupir lui échappa et elle se posa sur le bord d'un rayon, les yeux clos. Qui aurait cru qu'une pareille bicoque, nichée dans la rue la plus sinistre de tout Londres, pouvait renfermer pareil trésor…
Un mince sourire étirait ses lèvres roses lorsque Felius revint de l'arrière-boutique en nouant la ceinture de son tablier dans son dos. Il haussa un sourcil mais ne fit aucun commentaire. Elle tenta de lui sourire à nouveau mais il l'ignora ostensiblement et reprit sa place derrière son comptoir.
« Que puis-je pour vous ? »
Sa froide politesse n'avait plus le moindre effet sur la jeune fille depuis longtemps, aussi promena-t-elle tranquillement son regard sur les étagères qui recouvraient le mur derrière Felius avant de lui accorder une réponse :
« Quelques fleurs d'armoise suffiront. »
Il renâcla mais consentit à se retourner. Hermione sourit sous cape.
« Pour combien de fioles ?
- Sept. »
S'armant d'une écumoire en cuivre, il la plongea dans un aquarium sur lequel luisait doucement dans la pénombre ambiante le mot « armétise », gravé sur une petite plaquette dorée. Entre les parois de verre macéraient les fleurs jaunes de l'armoise, dans une eau trouble et grasse. Pourtant, sorties de l'eau, les fleurs semblaient parfaitement sèches, aussi fraiches que si on venait de les couper.
Jafar récupéra sa baguette, rangée dans la poche avant de son tablier, et d'un geste du poignet, invoqua un sachet de papier brun dans lequel il glissa les gros boutons jaunes. Ses longs doigts décharnés en plièrent le bord et il se retourna pour tendre le sachet à sa cliente, appuyé d'une main sur son comptoir. La mélodie émolliente du tournechant n'avait pas cessé pourtant Felius semblait toujours aussi rigide.
« Merci. » Hermione récupéra le sac et sortit quelques mornilles d'un petit porte-monnaie rouge. Elle lui en donna douze et il lui rendit huit noises. [2]
Il lui accorda enfin un geste sec de la tête et alors qu'elle allait partir, ralentissant son pas pour profiter encore un peu du chant de la fleur blanche, son regard accrocha un détail qui la fit ciller. Avec un sourire goguenard, elle se tourna à nouveau vers Felius.
« Vous lisez la Gazette du Sorcier ? Vous ? »
Sa remarque fit mouche et il lui sembla même qu'une brève rougeur avait un instant fait revivre la peau terne des pommettes osseuses de Felius. Celui-ci se gratta nerveusement la gorge et fit mine de retourner à son travail.
« Ça ne m'appartient pas.
- Un client l'a oubliée ?
- Non. Ma nouvelle assistante l'a oubliée. »
Pour le coup, Hermione haussa franchement les sourcils, surprise.
« Vous avez engagé une assistante ?
- Puisque je vous le dis. » Grogna l'herboriste en rinçant son écumoire.
- Oh.
- Bien, si je ne peux plus rien pour vous, je vous prierai de sortir. Votre présence perturbe les lentines. »
Hermione tourna la tête vers l'une des étagères où, dressées sur quelques pauvres centimètres, une multitude de petites pousses vertes, plantées dans de petits pots remplis de coton comme le faisaient les jeunes moldus pour les lentilles, semblait l'observer avec curiosité malgré l'absence évidente d'organe optique. Elle mordilla sa lèvre inférieure mais se résigna avec un soupir.
« Bien. Au revoir monsieur Felius. »
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« La situation devient ingérable ! C'est l'anarchie dans tout le Londres sorcier et le Ministère ne fait rien ! »
Le silence éloquent qui accueillit ses vociférations fit monter d'un cran la colère de Ginevra Weasley. Ses mains plaquées sur la table convulsèrent et elle serra les dents de toutes ses forces, écumant littéralement de rage. Avec son opulente crinière rousse et son visage crispé par la colère, elle était flamboyante. Toute la table sursauta comme un seul homme lorsque son poing s'écrasa avec fureur sur le bois.
« C'est tout ce que ça vous fait ? »
Assis à quelques mètres d'elle, son frère Ron soupira en massant l'arrête de son nez.
« Ginny, on sait tous que la situation va de mal en pire mais que veux-tu qu'on y fasse ?
- Ce qu'on a à faire ! Si le Ministère s'entête à fermer les yeux sur ce bordel, il va falloir aller les secouer nous-mêmes et leur mettre le nez dans toute cette merde jusqu'à ce qu'ils se décident à réagir ! » Elle s'époumonait en tapant la table d'un index long et blanc à chaque parole.
Le bleu de ses yeux avait rarement autant rutilé sous les lignes minces et rouges de ses sourcils. Elle était magnifique, animée par cette fureur ardente, aussi Harry préférait-il se concentrer sur les expressions de son joli visage plutôt que sur ses paroles, la déshabillant du coin de l'œil alors qu'un sourire oblique étirait discrètement ses lèvres. Assis à ses côtés, Remus retint un soupir navré.
« Je suis d'accord avec toi Ginny, » Tempéra Neville d'une voix douce. « …mais tu connais l'avis des gens. Beaucoup ne considèrent pas ce qui arrive comme… une anarchie. » Son air contrit ne calma pas la colère de sa camarade, bien au contraire.
- Bien sûr qu'ils ne considèrent pas ça comme de l'anarchie puisque l'anarchie, c'est eux ! » La jeune femme pointait rageusement la porte de la main, désignant par ce geste l'ensemble des sorciers anglais qui se trouvait pourtant à des kilomètres du Terrier où toute l'assemblée s'était établie depuis le début de l'après-midi. « Et ils n'ont aucune excuse, ils savent ce qu'ils font ! » Son ton était implacable. Tellement que Neville en creusa les épaules. « Ils ne sont pas aveuglés par leur rancœur, ils se mettent volontairement ces foutues œillères et ils sont entrain de devenir aussi pourris que tous les mangemorts qu'ils traquent sans relâche-
- Ginny !
- Quoi ? » Elle tourna la tête si vite vers Ron qu'elle manqua de s'en déboiter une vertèbre. « Ce n'est pas la peine de te voiler la face, Ronald. » Le ton de sa voix changeait peu à peu, se chargeant de venin, tout autant que son rictus grimaçant. « Tout ce qu'ils sont entrain de faire n'est ni plus ni moins que ce qu'ont fait ceux qu'ils éliminent, durant la guerre.
- Ce n'est pas comparable. » Gronda son frère.
- Pas comparable ? Pourquoi ? Parce qu'ils leur rendent la monnaie de leur pièce, peut-être ? » Elle ricana d'un air dégoûté. « Ils massacrent la moitié de la population parce qu'elle était dans le mauvais camp sans même leur laisser le bénéfice du doute. Pire, ils s'en prennent à certains sorciers sur de simples suppositions ! Et tout ça au nom d'une justice sauvage ! Œil pour œil, dent pour dent, c'est ça que tu veux, Ron ? » Elle allongea le cou vers lui et asséna impitoyablement : « C'est ce monde-là que tu veux pour tes enfants ? »
Son frère fixa son regard dans le sien sans ciller, pourtant il ne trouvait rien à répondre. Elle avait raison. Terriblement raison.
« La guerre a été dure pour tout le monde. J'ai perdu Fred, moi aussi. Mais si le combat n'est pas terminé, alors soit, je continuerai à lutter. Parce que ça, ce n'est pas la paix que j'avais espérée. »
Ses prunelles vacillèrent, comme celles de Ron, et un silence pesant s'installa dans la cuisine du Terrier. Néanmoins, Ginny n'en avait pas terminé, aussi son regard glissa-t-il sur le côté, vers la silhouette courbée sur la table qui regardait ses propres doigts jouer avec la flamme d'une bougie.
« Mais ce qui me désole vraiment, c'est de voir que celui qui devrait s'insurger le plus n'en a plus rien à faire. »
Le sourire d'Harry s'évapora instantanément. L'atmosphère se fit lourde, plombée comme jamais par une tension presque palpable. Chacun se taisait, retenait sa respiration. Sauf Ginny qui respirait fort, encore bouillonnante, et Harry dont les narines frémirent dangereusement. Ses maxillaires proéminaient sur ses joues minces et à ses côtés, Remus se tenait aux aguets, prêt à interagir en cas de besoin. Tous les regards s'étaient posés sur la cible du reproche à peine voilé de la jeune Weasley, dans l'expectative d'une réaction qui calmerait enfin l'ambiance électrique.
Même les torches semblèrent chanceler. Pourtant Ginny n'était pas prête de retirer ce qu'elle venait de dire. Au contraire, elle n'attendait qu'une chose, qu'Harry attaque pour éclater à nouveau.
Les premiers gestes du jeune homme alertèrent toute l'assemblée, lorsqu'il posa ses mains sur le bord de la table pour faire glisser sa chaise en arrière et se relever, lentement. Sa frange noire cachait son visage de moitié, éployant sur sa peau blanche un reflet sombre et vert.
« Pour qui est-ce que tu te prends ? » Harry fronça les sourcils, frémissant de colère. « C'est moi qui ai sauvé ta pauvre vie et toutes celles de ces connards en risquant la mienne. Maintenant, ça me concerne plus, ils en font ce qu'ils veulent. J'ai fait ma part. »
Il sifflait presque les derniers mots, à quelques centimètres tout juste de la jeune femme qui le foudroyait du regard.
« Ça ne te concerne plus ? » Murmura-t-elle, si bas que le reste de la salle aurait pu ne pas l'entendre. Elle plissa les yeux et pencha la tête sur le côté. « Alors tire-toi.
- J'allais le faire. » Harry lui avait répondu sur le même ton et ils se fixèrent encore un long moment en chiens de faïence avant que le jeune homme ne dépasse Ginny pour quitter la pièce.
Dans le couloir, il ignora délibérément Hermione qui ôtait son manteau et grimpa directement les marches qui menaient à l'étage en les avalant quatre par quatre. Inquiète, la jeune femme le regarda disparaitre et s'avança prudemment jusqu'à la cuisine où elle rencontra le dos contracté de Ginny. Le regard plein de questions qu'elle lança à Ron n'eut pour toute réponse qu'un soupir fatigué et énervé.
A son tour, Ginny quitta la pièce à pas lourds, se dirigeant vers la sortie malgré la pluie qui s'acharnait sur les environs. Le reste des sorciers présents ne tarda pas non plus à déserter les lieux, pressé de fuir l'air vicié qui persistait même après le départ des deux belligérants. Lorsqu'elle fut enfin seule avec Ron, Hermione s'approcha de lui et récupéra la main qu'il avait posée sur l'encadrement de la fenêtre, surveillant la silhouette de sa sœur qui s'éloignait dans le paysage gris et sale, offerte au déluge et à l'orage.
Avec douceur, elle le fit se tourner vers elle, jusqu'à ce qu'ils puissent se faire face et chercha son regard. Elle le trouva et malgré sa dureté apparente – celle qu'il avait tristement acquise pendant la guerre –, elle sut qu'il était touché, blessé de voir sa famille voler en éclats. Une fois de plus.
Sans poser de question, elle dégagea ses yeux de la mèche rougeoyante qui couvrait son front, caressa sa tempe, et se hissa sur la pointe des pieds pour l'embrasser tendrement, enlaçant ses larges épaules de ses bras minces mais protecteurs. Il mit du temps à lui rendre son étreinte mais se laissa faire quand elle l'emmena à l'étage, dans l'intimité sécurisante de sa chambre.
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Quand Remus poussa la trappe du grenier du Terrier, ce fut pour découvrir la silhouette assise à même le sol d'Harry. Courbé en avant, il observait le ciel gris et ses balayures menaçantes qui engloutissaient peu à peu l'horizon. Sa silhouette noire, encapuchonnée dans le large sweat qu'il portait, se confondait presque avec la pénombre ambiante et seul le profil livide de son nez et de sa pommette se dessinait clairement, reflétant la lumière blafarde qui filtrait péniblement à travers les nuages. Quelques reflets, entre le bleu et le vert, s'éparpillaient sur sa lourde frange noire. En réalité, ses cheveux émaciaient son visage, à tel point qu'il faisait bien plus jeune qu'il ne l'était en réalité. Et c'était douloureux à voir, à observer pour Remus, parce que jamais il n'aurait cru ni souhaité voir un jour tant d'indifférence sur un visage d'enfant.
Tous ses rêves avaient été rongés par l'ambition d'un homme malade et ses espoirs s'étaient éteints en même temps que son ultime objectif parce que le monde avait déjà réussi à le décevoir en dix-neuf petites années de vie. Et il ne cessait de le décevoir un peu plus chaque jour.
Tout ça pour rien.
Remus lui-même y pensait souvent. Tellement de sacrifices pour voir que le monde sorcier continuait finalement de se déchirer comme une feuille de papier, avec ou sans Voldemort. C'était décevant.
Fermant un instant les yeux pour vider son esprit de toutes ses humeurs noires, il quitta l'échelle et s'efforça de sourire lorsqu'Harry tourna lentement la tête vers lui, par-dessus son épaule. Ses yeux étaient immenses. Et immensément vides.
« Tu ne crois pas qu'il y a des endroits plus accessibles et moins inconfortables dans le Terrier ? » Fit le pauvre homme, forcé d'avancer plié en deux tant le plafond était bas.
-Justement. » Harry se détourna pour reprendre son observation silencieuse. « Je pensais que personne ne monterait jusqu'ici. »
Sa remarque eut au moins le mérite de toucher le loup-garou qui pinça ses lèvres minces et blanches.
« Excuse-moi. » Les épaules d'Harry s'affaissèrent et il soupira. « Je voulais pas dire ça.
- C'est rien, ne t'en fais pas. »
Péniblement, Remus parvint à trouver sa place près d'Harry et de la lucarne par laquelle il observait le paysage terne. Le coude posé sur son genou, la main pendant dans le vide, Lupin hésita de longues secondes, cherchant des mots qui n'avaient jamais été aussi durs à trouver, eux qui venaient si naturellement lorsqu'il s'adressait à Harry. En désespoir de cause, il se mit à rire, fatigué. Il lut le trouble que causait sa réaction dans le vert glauque des yeux d'Harry et il s'en excusa en secouant mollement la tête.
« Je suis désolé. Je me disais juste que je commençais à me faire vieux. »
Son explication ne sembla pas éclaircir Harry qui se contenta de hausser les épaules. Pourtant, il semblait à Remus un peu moins rigide. Avec un mince sourire aux lèvres, il se hissa sur le sol poussiéreux jusqu'à pouvoir s'adosser contre le mur, à côté de la lucarne, prenant soin de ne pas gêner la contemplation pensive du jeune garçon qui ne regardait pourtant plus les nuages depuis longtemps. En réalité, il semblait presque s'amuser des efforts de Remus pour s'adapter à cet environnement si inhospitalier pour sa grande carcasse adulte.
Dire qu'il passait la nuit en forêt une fois par mois.
Remus mit quelques secondes à intercepter son air goguenard et le questionna du regard, retrouvant à son tour un sourire un peu plus franc.
« Effectivement, tu te fais vieux. »
Pour toute réponse, Lupin ricana en grattant nerveusement son bouc, gêné. Un silence confortable s'installa et Harry en profita pour nouer ses mains sur sa nuque et se renverser en arrière, les yeux clos.
« Tu sais Harry, tu as mérité de te reposer. »
Le corps entier du jeune homme se crispa et il fronça les sourcils. Il fermait toujours les yeux.
« Ce que tu as fait, tu l'as fait avec un courage exceptionnel. »
Il serra les dents.
« …peu de gens peuvent se vanter d'en avoir eu autant. »
Un ricanement amer lui répondit et Harry le cloua de ses grands yeux sombres, étendu dans la poussière.
« Tout le monde n'est pas du même avis que toi, visiblement. »
Et à nouveau, il se mura dans le silence en se retournant sur le flanc pour tourner le dos à son ancien professeur, la tête posée sur son bras replié. Remus l'observa d'un air désolé avant de se redresser.
« Tu peux considérer ton combat comme terminé, Harry. Mais Ginny a raison lorsqu'elle dit que la paix n'est toujours pas revenue… »
Debout près de l'adolescent, il attendit de lui un signe mais fut chagriné de constater qu'il n'obtiendrait rien, pas même un regard. Il ferma douloureusement les yeux et inclina la tête. Harry ne bougea pas en l'entendant partir, pourtant ses épaules s'affaissèrent et son front s'échoua lâchement sur les lattes du vieux parquet quand le silence revint napper le grenier.
A suivre...
Chapitre terminé. Vous l'aurez remarqué mais j'ai rajouté pas mal de choses qui n'existent pas à la base dans l'univers de J.K. Rowling. Je conçois que ce que je raconte n'est pas toujours clair alors si vous avez besoin d'un renseignement, d'un éclaircissement, la petite case juste en bas est à votre disposition. Si tout est suffisamment clair, vous pouvez aussi me laisser votre avis auquel je répondrai également avec plaisir.
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[1] : Première évidence, j'ai un humour tout pourri… Jafar Felius est basé sur le mot « Farfelu ». Oui, je sais, c'est pas forcément évident… Et non, il ne porte ni turban noir, ni barbichette, ni même de canne à tête de serpent.
[2] : 11 Mornilles et 21 Noises (puisque 1 Mornille = 29 noises) sont équivalentes à, environ, 5 euros.
