Disclaimers: Les personnages ne m'appartiennent pas. Ils sont la propriété de Stephen Ambrose, Steven Spielberg et Tom Hanks.

Je ne prétends aucunement raconter la vie des personnes réelles citées dans la série et toute situation n'est que pure fiction.


Cauchemar.

« Seigneur, faites qu'il y ait quelqu'un qui me console et que je console, qui me comprenne et que je comprenne, qui m'aime et que j'aime de tout mon cœur. De tout mon cœur. »


Bastogne. Tout était partit de là. De cette ville maudite. Combien d'hommes avaient-ils perdu là-bas? Une dizaine? Une centaine? Peut-importait le nombre, la douleur était la même.

Ils avaient perdus des hommes, certes, mais surtout des frères. Julian, Hoobler, Muck, Penkala...

Les nuits, suite à tout cela, étaient devenu encore plus courte, voire même blanches, et peuplées de cauchemars.

Doc Roe faisait partit de ceux qui en souffraient le plus. Et même s'il ne le laissait pas forcément paraître, la mort de Renée l'affectait plus qu'il n'aurait pu le croire.

Chaque nuit, son visage venait le hanter. Il hurlait de peur, de douleur, tremblait ou se débattait et parfois même, pleurait. Tout cela à cause d'un simple cauchemar, qui résultait du surplus d'horreur qu'il voyait chaque jour.

Cette nuit-là, dans le pensionnat à Rachamps, fut la pire de toute pour le jeune médecin. Il avait su, rien qu'en franchissant le pas de la porte, que la nuit dans se couvent ferait ressurgir des souvenirs douloureux. Mais jamais il n'aurait cru que ce serait si douloureux.

Il avait choisi de s'isoler cette nuit-là, afin de pouvoir pleurer son amour perdu sans être vu.

Et alors qu'il sombrait petit à petit dans les bras de Morphée, totalement épuisé par les marches effectuaient et les pleurs, les cauchemars revinrent l'assaillir.

Il se mit alors à hurler, à trembler et à pleurer, devant le spectacle macabre qui s'offrait à lui.

Il se retrouvait spectateur de la mort de la jeune infirmière, totalement incapable de bouger, totalement impuissant. Et ça le bouffait de l'intérieur! Il voulait pouvoir la sauver, lui offrir la chance de vivre, panser chacune de ses blessures, protéger sa chair innocente, mais il n'en était rien.

Renée tombait sous le feu ennemi, et lui, Eugene Roe, médecin, la regardait mourir sans rien faire. Sans bouger. Sans pouvoir la consoler ou l'apaiser.

Alors il hurla une nouvelle fois. De douleur. Il hurla le prénom de la jeune infirmière qu'il aurait aimé chérir, et soudain, violement secoué par la vue de se corps si fragile déchiré par l'ennemi, il se réveilla.

Il se réveilla le visage inondé de larmes et les cheveux trempé de sueur. Son corps entier tremblait, pris de spasme, reflétant sa peur.

C'est alors qu'il réalisa l'ampleur qu'avait dû prendre ses hurlements. Tandis que ses yeux se réhabituaient petit à petit à la lueur des bougies, Eugene réussi à déterminer les traits des visages fatigués et inquiet de ses frères d'armes. Une grande partie d'entre eux se trouvaient là, dans l'embrasure de la porte, à le regarder perdre pied. Il les avait réveillés.

Son regard perdu, brûlé par les larmes, vint alors se poser sur l'assemblé. Combien étaient-ils à en être arrivés à hurler toutes les nuits à cause de cauchemars? Etait-il le seul?

D'une voix brisé par les cris, le médecin s'excusa auprès de tous, tout en laissant son regard divaguait vers la flamme de l'une des bougies.

Quelques-uns de ses camarades eurent la force de lui répondre que ce n'était rien, les autres se contentèrent de retourner à leurs couchettes, n'en pensant pas moins. Seul le Capitaine Speirs resta dans l'embrasure, sans quitter du regard, le jeune homme.

Lui qui depuis le début de la guerre, s'était forgé une réputation d'homme froid et « sans-cœur », se foutait ce soir-là, de ce que pourrait penser ses hommes en le voyant auprès de Roe.

Parce qu'il ne pouvait pas laisser ce gamin, seul, et sans personne pour le réconforter et le consoler. Rien qu'à le voir comme ça, totalement déboussolé, le visage rougie par les larmes, et les mains tremblantes, lui brisait le cœur.

Le Capitaine s'approcha alors de lui et s'assit en tailleurs, s'adossant contre l'un des piliers en pierre. Il posa son casque sur le sol frais, puis sans un mot, passa son bras autours des épaules du jeune médecin, l'attirant contre son torse.

Eugene n'opposa aucune résistance. Au fond de lui, il remerciait Speirs pour ce qu'il faisait, car il avait besoin de quelqu'un pour l'épauler, plus que jamais. Alors il s'abandonna, laissant les larmes l'envahir à nouveau.

Les perles salées vinrent s'écrasaient sur le treilli de son supérieur, tandis que ses mains se mettaient à trembler de plus en plus.

Il était en train de lâcher prise, de perdre pied, de sombrer. Et il le laissait faire. Alors en prenant sur lui-même, Eugene murmura dans un souffle saccadé:

_Ce n'était qu'une innocente...

Ce à quoi, Speirs lui répondit:

_Je sais, Doc. Je sais.

Au lieu de lui servir un discours tout préparé, lui rappelant que toutes les personnes mortes au front ou en ville étaient des personnes innocentes, qui se trouvait au mauvais endroit, au mauvais moment, et qui tout comme Renée, n'avaient pas mérité cela.

Et toute la nuit, Eugene resta blottit dans les bras du Capitaine Speirs, s'abandonnant au pleur et vacillant de temps à autre, entre le sommeil et la dure réalité.