Un martèlement constant. Un tambourinement continu. Une pulsation puissante. Une douleur forte, infatigable. Impossible à arrêter. On ne peut que la temporiser, parfois la diminuer. Mais elle ne part jamais. Alors quand elle survint, lancinante et subitement, il fallait attendre qu'elle parte. Attendre que le corps ne supporte plus le choc et ne lâche. Attendre qu'elle veuille partir. Attendre. Attendre la prochaine crise.
Une nouvelle crise. Elle vient, elle part, elle reste. Rien ne la fait partir, à part le temps. Le temps qui la fait s'en aller et revenir. Le temps d'une pulsation, d'une respiration, d'un pas, d'une vie. Il avait tout tenté pour la faire diminuer. Prendre les médicaments de sa grand-mère était l'une des plus efficaces. Pour un temps. Elle avait une limite, et devenait même inefficace. Alors quand elle venait, il n'avait pas d'autres choix que de s'allonger confortablement dans son lit, et de gentiment attendre d'éventuellement s'endormir. Il mettait son casque, fermait les yeux, et se laissait, autant que permis, nager dans les rythmes électro. La douleur continuait de se faire sentir, et parfois même cognait à ses tempes en symbiose avec la chanson. Mais il restait comme cela, imperméable au monde extérieur, concentré sur les notes dans ses oreilles. Une sorte d'ancre pour son esprit. Ne pas se focaliser sur le mal. Mais cette fois-là était plus violente que les autres. Elle surpassait le son de son casque, dépassait son mantra, le faisait mettre mentalement un genou à terre.
Il allait plier, rompre, sous la force de l'assaut, quand il était apparu. Toujours présent quand il le fallait, il l'épaulait cette fois encore. Le simple fait de le savoir là faisait refluer la douleur. Il gardait les yeux clos, ne parvenant pas à ne serait-ce que les entrouvrir, mais le savait, le sentait là. Une douce chaleur se répandit au creux de son cou, en même temps qu'une douce fourrure se mit à le chatouiller à cet endroit.
« Aoba. »
Même avec le casque sur les oreilles et la musique à fond, la voix grave et profonde avait trouvé écho en lui. Il déplaça une main crispée par la douleur vers l'être à ses côté, passant ses doigts dans les poils soyeux. C'était chaleureux. La main suivit ainsi que la deuxième, saisissant par la même occasion l'animal. Il le rapprocha de son torse, l'y collant avec force et désespoir. Ren s'y blottit, rendant toute cette force qu'il recevait, la communiquant à ce cœur fébrile. Son oreille tout contre sa poitrine entendait les battements rapides et irréguliers. Sachant qu'il ne pouvait agir physiquement au mal de son maître, il le rassurait déjà de sa présence. Se faufilant jusqu'au visage entouré de cheveux bleus, il posa son museau tout contre sa joue et la lécha avec attention et douceur.
« Tout va bien se passer. Calmes-toi. »
Il savait qu'il l'entendait, et qu'il suivrait ce qu'il disait. Une persuasion extérieure avait plus d'effets parfois que l'auto persuasion. Et à ce moment là, Aoba avait besoin d'une présence rassurante à ses côtés.
Ses mains resserraient leurs emprises sur son corps robotique, le blottissant un peu plus dans on cou. Il s'y pelota tout en continuant de rassurer son maître et ami, notant les améliorations au cours du temps. Son souffle ralentissait, devenait plus profond.
Ses doigts relâchaient leur emprise et se détendaient.
Son cœur retrouvait un poult régulier.
Il commençait à s'endormir.
Et avant qu'il ne tombe dans les bras de Morphée, il chuchota quelques mots à Ren.
« Merci, mon ange gardien…
Je serais toujours là pour toi, Aoba. »
Il s'endormit ainsi, l'animal contre son cou et l'esprit tranquille. Comme si rien ne s'était passé.
