Neige nocturne
Disclaimer : les lieux et personnages sont la propriété de Sir Tolkien, seule la situation est de mon cru :)
Petit OS sans vraiment d'action, une idée au passage au milieu d'un cours de latin ;; Ca me fait plus penser à un tableau esquissé qu'à une fic, en fait. Mais, bon... :) Alea jacta est, comme disait l'autre.
-o-o-o-o-
Dans le silence de la grande salle assombrie et déserte s'élevèrent soudain quelques notes : un jeune homme aux cheveux sombres se tenait devant l'âtre où dansaient encore de chaudes flammes mordorées. Assis à terre, une harpe entre les jambes, il faisait distraitement courir ses doigts sur les cordes de l'instrument, sans pour autant en jouer réellement. Il prit un instant pour replacer ses cheveux derrière ses épaules, se gratter la tête, se mordiller les ongles, et recommença à caresser sa harpe sans même la regarder.
L'elfe s'ennuyait profondément. Après la fête qui avait eu lieu jusque tard dans la soirée, tous les convives avaient peu à peu quitté la salle pour s'en aller dormir ou, pour les moins fatigués, prendre l'air sous les arbres de Fondcombe. Mais lui était resté là à se morfondre, éternel insomniaque, attendant l'aube avec impatience pour oser enfin aller réveiller son frère et partir à la chasse. Les cuisines commençaient déjà à manquer de viande, surtout après le festin d'hiver qui venait d'avoir lieu.
La harpe avait cessé de chanter quand de petits pas claquèrent sur les marches de pierre : une petite fille en robe de nuit descendait consciencieusement l'escalier glacé, une main appuyée à la paroi froide, l'autre serrant une petite peluche de chiffon dont elle suçotait un bras. Les yeux baissés, elle posait un pied après l'autre sur chaque marche, avec une concentration visible qui fit sourire le musicien. Parvenue au bas de l'escalier, elle releva la tête et ses yeux brillants se fixèrent avec un éclair de joie sur le visage de l'elfe assis devant les flammes. Elle trottina vers lui, heureuse de trouver en lui un visage connu, bien qu'elle se sentît un peu confuse d'être encore levée à une heure si tardive.
- Que fais-tu là, petite fille ? fit le jeune homme en se levant.
L'enfant resta silencieuse mais, parvenue à lui, s'agrippa à son vêtement et posa la tête contre ses jambes avec un sourire ravi. L'elfe lui ébouriffa tendrement les cheveux, puis il s'aperçut qu'elle tremblait.
- Mais dis-moi, chipie, tu devrais être dans ton lit, je te croyais malade !
La petite en effet était brûlante de fièvre, mais ne le lâcha pas pour autant et marmonna dans sa peluche :
- Toi t'es jamais dans ton lit quand les autres dorment. Même Elladan il dort main'nant. Et papa aussi.
- Ah, tu as vu papa dormir ?
- Ui. S'est endormi sur la table dans la bib'iothèque.
- Petite Arwen, tu vas faire ta curieuse dans les couloirs au lieu de dormir ? Ce n'est pas sage.
L'enfant releva la tête avec une moue boudeuse :
- Mais je m'ennuie !
Elrohir se baissa à sa hauteur et la prit dans ses bras. La petite elfe s'y lova avec bonheur, la tête sur l'épaule de son frère. Il sourit :
- Tu veux qu'on aille voir la neige ensemble ?
La petite tête remua sous les cheveux noirs et son visage se tourna vers lui :
- « C'est quoi ?
- Oh, tu n'en as jamais vu !? Alors je vais te montrer ! »
Il s'en fut alors vers la grande porte et quitta sa demeure, l'enfant dans les bras.
C'est ainsi qu'Arwen, petite princesse des elfes de Fondcombe, découvrit sa forêt endormie par l'hiver et blanchie de neige, le coeur battant d'avoir bravé l'interdit de son père pour s'en aller se promener en pleine nuit avec la complicité d'un grand frère.
