Bonjour bonjour ! Me voici de retour plus tôt que prévu avec ma nouvelle fiction que j'avais promis à la fin de la traduction de A Break in the Clouds. La couverture est un dessin de qjxj (qui est certes inspiré du poster de White Collar mais qui représente assez bien la fic), et que vous pouvez retrouver ici : qjxj . deviantart art / White-Collar-AU-320495822.

Les titres des chapitres sont tous des titres de chanson qui correspondent à l'histoire, dont vous retrouverez les informations dans la note de fin ! Je vous conseille bien sûr de lire avec les chansons (mais vous faîtes ce que vous voulez).

Je ne donne pas les pairings, déjà parce qu'il y en a beaucoup trop, ils apparaîtrons au fur et à mesure, et ne me haïssez pas si j'ai associé deux personnages que vous détestez ensemble.

Rating : M

Genre : Romance, Drama, Angst, Hurt/Comfort, Friendship, Fluff

Warnings : Présence de lemons, plus ou moins explicites, prise de substances illicites, personnages OOC, langage vulgaire, tabagisme, alcool...

Résumé : Blaine Anderson avait tout simplement tenté d'oublier son ex-petit ami cette nuit-là. Pourtant, ces yeux bleus l'envoutaient. Ce garçon le détruisait, mais Blaine s'accrochait à lui, encore et encore.

Disclaimer : Comme d'habitude, rien ne m'appartient, mis à part mes mots et cette petite idée pas si originale que ça, je le conçois.


Chapitre 1
You Spin Me Round (Like A Record)

« Well I...I set my sights on you
(and no one else will do)
And I, I've got to have my way now, baby
(and no one else will do)
And I, I've got to have my way now, baby
All I know is that to me
You look like you're havin' fun
Open up your lovin' arms
Watch out, here I come »


La forte musique faisait vibrer l'intérieur de son corps, son cœur battant au rythme rapide de la chanson bien trop puissante pour la santé de ses oreilles. Assis au bar du Satellite, Blaine Anderson, verre de gin fizz en main, scannait de ses yeux la foule compacte qui s'agitait sur la piste de danse. Pour un vendredi soir, le bar était beaucoup moins remplis que ce qu'il avait originalement pensé, non pas qu'il s'en plaignait. Peut-être arriverait-il à trouver un homme attirant pour se changer les idées et prendre du bon temps sans pour autant se faire sauter dessus par des dizaines d'hommes en chaleur en même temps.

Blaine n'était pas un habitué des bars gays, il ne l'avait jamais été. Ce n'était pas comme s'il avait eu l'embarras du choix dans sa petite ville d'origine, Westerville, Ohio. Lorsqu'il était arrivé à New York il y a quatre ans, diplôme de Yale en droit en poche, rien n'avait changé. Il avait ouvert son cabinet d'avocat, s'était plongé dans son travail, et une fois sa situation bien établie, il s'était enfin décidé à découvrir le monde de la nuit gay. Ses anciens camarades de promotion l'avaient bien entraîné dans des boîtes de nuit pendant ses années universitaires, mais devoir sans cesse repousser des filles lui avait quelque peu détruit l'attrait des bars. Il ne s'était jamais vraiment amusé. Sous la peur de finir avec une fille dans son lit, Blaine ne s'était jamais autorisé à boire en boîte, connaissant l'effet qu'avait l'alcool sur lui. Ses anciennes fêtes entre amis l'avaient presque fait croire qu'il était bi après avoir embrassé une fille suite à un jeu de la bouteille particulièrement bien arrosé.

Cela faisait deux ans que Blaine n'était pas retourné dans un bar gay. A vrai dire, il n'en avait pas vraiment eu besoin et son ex-petit ami, qui avait rompu avec lui il n'y a même pas deux mois après cinq ans de relation, n'était pas du genre à se saouler dans les bars. C'était finalement Tina, sa meilleure amie et accessoirement son assistante personnelle, qui avait forcé Blaine à s'autoriser à s'amuser pour une fois et à prendre du bon temps, après l'avoir vu broyer du noir dans son coin et se plaindre à multiple reprises sur sa soudaine solitude. Sans oublier que cela faisait des semaines que Blaine n'avait pas couché avec quelqu'un et, il avait presque honte de se l'avouer, les plaisirs solitaires ne le satisfaisaient plus. Alors, Blaine s'était retrouvé au Satellite, l'un des bars gays les plus branchés de New York, à scruter la foule dansante, cherchant entre les gogo-danseurs et les drag-queens quelqu'un avec qui passer la soirée.

Ses yeux se posèrent sur un jeune homme qui dansait dans le cercle extérieur de la foule, entouré d'hommes qu'il devinait bien plus âgés que lui, de là où il était. L'homme semblait dans son élément, agitant ses hanches – et quelles hanches ! –, pressant ses fesses contre l'entrejambe d'un autre, les yeux clos et la tête rejetée en arrière. Au bout de quelques minutes, il tourna sur lui-même, ouvrant les yeux, et son regard se posa sur Blaine, qui le fixait toujours. Aussitôt, un sourire se dessina sur ses lèvres et Blaine le vit chuchoter quelque chose à l'oreille de l'un des types qui dansait avec lui. Les deux hommes le regardèrent, puis l'inconnu s'approcha de lui et s'assit sur le tabouret à côté de lui.

– Salut, toi, dit-il en penchant son visage sur le sien pour que Blaine puisse l'entendre par-dessus la musique.

Le voyant mieux une fois en dehors des spots lumineux multicolores et son visage beaucoup plus proche de lui, Blaine remarqua que le type qui venait de l'approcher n'était pas un homme. Ce n'était qu'un garçon. Un garçon aux yeux aussi bleu que des saphirs, assombris par l'obscurité du club, et des cheveux châtains parfaitement coiffés en hauteur par une fine couche de laque. Le garçon l'étudia rapidement du regard, puis son sourire s'agrandit. Il croisa les jambes et demanda un Cosmopolitan au barman. Blaine le regarda, légèrement intrigué. Ce garçon ne devait pas avoir plus de dix-neuf ans. Ils laissaient vraiment entrer n'importe qui dans les bars gays, maintenant. Non pas qu'il ne s'en doutait pas, mais il aurait espéré que le videur ait refusé l'entrée à quelqu'un qui ne faisait visiblement pas vingt-et-un ans, compte tenu de la « bonne » réputation du Satellite. Le garçon récupéra son cocktail et se tourna vers Blaine, plongeant son regard dans le sien.

– Quand on est poli, on répond « salut » en retour, généralement, remarqua-t-il en scrutant Blaine, arquant un sourcil quand celui-ci ne le salua pas. Bah, je suppose que je devrais avoir l'habitude de couper le souffle de chaque mec que j'aborde, ajouta-t-il en haussant les épaules.

Blaine le dévisagea d'un air interloqué. Ce garçon était magnifique, et il était plus qu'évident qu'il savait quel effet il faisait aux autres.

– Ok, je recommence, et cette fois je veux une réponse, dit-il finalement d'un ton sec quand Blaine ne dit toujours rien, et il se pencha vers lui. Salut, toi.

– Je… salut, balbutia Blaine, fixant les yeux du garçon.

– Je préfère ça, répondit-il en arborant un nouveau sourire, et il but une gorgée de son cocktail. Avant qu'on ne fasse plus ample connaissance, toi et moi, je veux savoir si tu as moins de trente ans.

– Pardon ?

– Je ne baise pas avec des trentenaires et plus. Trop vieux, expliqua le garçon avec un autre haussement d'épaules. Alors ? Tu as quel âge ?

Il fallut plusieurs grosses secondes à Blaine pour reconnecter son cerveau après avoir entendu les propos de jeune garçon, et vu son sourire amusé, il avait sûrement dû ouvrir et fermer sa bouche à répétition comme un poisson hors de l'eau. Absolument ridicule.

– Vingt-six ans. Et toi, tu n'es pas un peu jeune pour être ici ? Tu as, quoi, maximum dix-neuf ans ? accusa Blaine en portant son verre à ses lèvres et en avalant une gorgée de son gin fizz.

– Tu préfères les plus vieux que toi ? Comme c'est ennuyant, bébé, rétorqua le garçon sans pour autant perdre son sourire.

Les lèvres légèrement entrouvertes de surprise face à ce garçon à peine sorti de l'adolescence, Blaine le fixa pendant plusieurs secondes avant de détourner le regard vers la piste de danse, regardant sans voir les hommes agitant leurs corps plus ou moins n'importe comment.

– Plus sérieusement, ça te perturberait de coucher avec quelqu'un de mon âge ? Parce que moi, ça me ferait bien chier de passer à côté de quelqu'un d'aussi sexy que toi.

Blaine reposa son regard sur lui et l'observa porter son verre à ses lèvres, vidant son contenu. Le garçon le fixa sous ses longs cils, attendant clairement une réponse.

– Pas vraiment, non, répondit Blaine en haussant les épaules. Je me demandais juste comment tu as pu entrer. Les videurs sont sérieux ici, non ?

– Oh, bébé, je t'assure qu'une fausse carte d'identité et un jean moulant te font passer sans problème, même ici. Ce n'est pas comme si personne ne me connaissait, après tout.

Les yeux de Blaine se baissèrent sur le corps du garçon et sa respiration se bloqua dans sa gorge en voyant ses jambes, qui semblaient s'étirer à l'infini, couvertes du jean le plus moulant que Blaine ait jamais vu. C'était une sorte de seconde peau, et Blaine ne manqua pas de remarquer que le vêtement – probablement en cuir – épousait parfaitement chacune des formes du garçon. Particulièrement son entrejambe. Blaine se racla la gorge, rougissant comme un adolescent, et releva le regard pour voir le garçon sourire d'un air lubrique. Merde, comment un gamin comme lui pouvait être aussi… aussi… Il n'arrivait même pas à trouver un mot qui convenait à ce que ce garçon lui faisait ressentir. Sexy et bandant n'étaient même pas suffisant.

– Pour rassurer ta conscience, j'ai vingt ans, finit par dire le garçon après avoir vidé son verre d'un trait. Je ne suis pas si loin de la légalité. Puis, s'ils tenaient vraiment à empêcher des mineurs de rentrer, ils le feraient. Je peux avoir un autre Cosmo ? lança-t-il à l'adresse du barman. Et un tequila sunrise pour lui. On dirait que tu as besoin d'un peu de couleur dans ta vie, bébé, ajouta-t-il en se tournant vers Blaine.

Il fit glisser le verre remplis de liquide orange et jaune devant Blaine, puis prit le sien rouge et joua avec la décoration. Blaine le remercia vaguement. Le garçon n'avait pas vraiment tort.

– C'est la première fois que je te vois ici, et je t'assure que j'en connais du monde. Alors… J'aimerais connaître ton petit nom, bébé. J'aurais peut-être à le crier si tu es à la hauteur.

Blaine éloigna son verre de sa bouche et fixa le garçon. Celui-ci semblait fermement convaincu que Blaine allait finir la nuit avec lui. Intéressant. Peut-être n'avait-il pas tout à fait tort, à nouveau. Blaine était clairement attiré par le jeune garçon, et il était venu pour s'envoyer en l'air avec quelqu'un, n'est-ce pas ?

– Me sous-estime pas. Blaine. Et toi ?

– Oh, je n'en doute pas une seconde, bébé. Kurt.

Kurt. Ça lui allait bien.

Kurt finit à la va-vite son verre et se leva, attrapant le bras de Blaine.

– Finis ton verre et viens danser avec moi !

Blaine s'exécuta et le suivit, ou plutôt, il se laissa entraîné sur la piste de danse, l'esprit trop embrumé par l'alcool pour refuser – et il n'avait pas vraiment envie de refuser. Perdus au milieu de la foule en sueur, au pied du podium où un gogo-danseur récoltait des billets dans son slip, Kurt passa ses bras autour des épaules de Blaine et l'attira contre lui, frottant leurs corps l'un contre l'autre. Blaine posa ses mains sur les hanches du jeune homme, suivant ses mouvements. Il pouvait sentir les mains de Kurt glisser dans son dos, traçant de ses doigts des formes abstraites ou frôlant parfois sa nuque, et des frissons parcoururent sa colonne vertébrale. Kurt savait parfaitement comment charmer ses « proies », et il en était plus que conscient. La musique techno n'était pas le genre de musique sur laquelle Blaine avait l'habitude de danser, mais il se laissa porter par le battement de la chanson qui faisait vibrer son corps. Les spots multicolores et le flash des projecteurs aveuglaient Blaine, qui ferma un instant les yeux pour effacer les points blancs qui obstruaient sa vision.

Il sentit soudain une pression dans son cou, et découvrit en rouvrant les yeux, sans vraiment être surpris, les lèvres de Kurt collées contre sa peau. Lorsque le jeune garçon commença à promener sa bouche sur son cou, Blaine frissonna en sentant la fraicheur laissée par sa salive, contrastant avec la chaleur écrasante du club. Il pouvait sentir avec précision le raclement des dents de Kurt contre son épiderme, la chaleur et l'humidité de sa langue qui léchait sa peau, et les vibrations de sa bouche quand il émettait quelques gémissements appréciateurs. Bordel. Personne ne l'avait jamais embrassé comme ça. Blaine ne pouvait même pas imaginer ce que cela ferait de sentir les lèvres de Kurt sur les siennes.

Comme s'il avait lu dans ses pensées, le châtain prit son visage entre ses mains et posa doucement ses lèvres sur celles entrouvertes de Blaine. Instinctivement, Blaine resserra son étreinte et gémit dans le baiser, offrant un meilleur accès à la langue de Kurt dans sa bouche. Ouai. Il n'aurait jamais pu imaginer ce que cela ferait de se faire embrasser par une bouche aussi experte que celle de Kurt. Ses lèvres avaient le goût du Cosmopolitan, et c'était absolument délicieux. Sa langue… Oh mon Dieu, sa langue. Blaine voulait la lui arracher. Elle s'enroulait paresseusement autour de la sienne, caressait chaque recoin de sa bouche. Où ce gamin avait-il appris à embrasser comme ça, sérieusement ?

Blaine sentit les mains de Kurt quitter ses épaules pour glisser sur son torse et se faufiler sous sa chemise, et il laissa échapper une exclamation surprise dans le baiser. Il sentit Kurt sourire contre ses lèvres, et ses mains caressèrent du bout des doigts son ventre et la naissance de ses pectoraux, raclant de ses ongles sans griffer sa peau. Blaine gémit à nouveau et se surprit à vouloir rattraper les lèvres de Kurt quand celui-ci rompit le baiser après avoir suçoter sa lèvre inférieure. Mais très vite, sa bouche se rattacha à son cou, et la cuisse de Kurt s'immisça entre ses jambes et se frotta contre la bosse douloureuse qui s'y formait. Blaine retint non sans mal un grognement et rejeta la tête en arrière, offrant plus d'espace à Kurt pour dévorer son cou. Cependant, celui-ci sembla se lasser de ne faire que l'embrasser et approcha sa bouche de son oreille.

– Qu'est-ce que tu préfères, bébé ? Toilettes, backrooms, ou chez toi ? chuchota-t-il d'une voix chaude.

Les backrooms ? Blaine n'avait aucune envie de se retrouver au milieu de gars occupés à leurs propres affaires pendant que lui vaquait aux siennes. Encore moins de se cacher dans une cabine de toilette tandis que des types se droguaient autour de lui.

Blaine écarta gentiment Kurt et prit sa main, l'entraînant au bar pour un dernier verre. Il couchait rarement avec des inconnus, alors autant le faire complètement ivre pour ne pas se dégonfler au dernier moment.

– Chez moi, dit-il finalement en donnant un verre de Long Island Iced Tea à Kurt, portant le sien à sa bouche après avoir trinqué.

Kurt but cul sec le cocktail et, après un regard intimant à Blaine de se dépêcher de finir son verre, il attrapa la main du bouclé et l'entraîna vers la sortie du club, grimpant avec lui dans le premier taxi qui s'engouffra dans la nuit New Yorkaise.

Après avoir cherché la bonne clé et le bon trou de la serrure de sa porte d'entrée pendant plus de cinq minutes – il fallait dire qu'avoir Kurt accrocher à lui et mimant des coups de reins contre ses fesses, sans compter son taux d'alcoolémie bien trop élevé pour son bien, n'aidait pas vraiment –, Blaine réussit à ouvrir le panneau de bois et s'engouffra dans l'entrée de son appartement, légèrement titubant, Kurt à sa suite. Dès que la porte fut refermée soigneusement, Blaine se tourna vers le jeune garçon qui s'était adossé contre un mur et mordait sa lèvre inférieure d'une façon suggestive. Le bouclé l'entraîna dans sa chambre après qu'ils se soient débarrassés de leurs chaussures, et ils tombèrent tous les deux sur le lit dans un désordre de bras et de jambes. Kurt s'assit à califourchon sur Blaine et ses mains ne perdirent pas une seconde pour commencer à déboutonner sa chemise et à glisser sur son torse chaud, traçant chaque contour de ses muscles. Blaine se laissa aller contre les caresses du garçon et ferma l'accès à sa conscience dans son cerveau, juste le temps d'apprécier d'être touché de cette manière.


Assis sur les marches du bâtiment où se déroulait la séance photo dans laquelle il figurait, Kurt Hummel tira sur sa cigarette à moitié consumée, soufflant la fumée par le nez tandis que Sebastian, son meilleur ami et collègue, s'asseyait à côté de lui. Son ami sortit son paquet de Chesterfield Red et en prit une. Par habitude, Kurt passa son briquet au jeune homme, qui alluma sa cigarette et la porta à ses lèvres. Les deux garçons restèrent plusieurs minutes dans un silence confortable, fumant leurs cigarettes, avant que Sebastian ne le brise.

– T'es parti bien tôt du Satellite, hier soir, dit-il d'une voix traînante. Dois-je en conclure que le mec que t'as repéré et que tu m'as montré était à ton goût ?

– T'as pas idée. L'un de mes meilleurs coups, Seb, répondit Kurt avec un sourire satisfait. T'aurais vu son appart… Il doit bien gagner sa vie. Une pièce de choix.

– Oublie pas nos règles, Hummel. On baise jamais deux fois la même personne.

– C'était pas mon intention. C'est trop lassant, et on le sait aussi bien l'un que l'autre.

Kurt tira à nouveau sa cigarette et regarda sans voir les voitures passant dans la rue. Il souffla la fumée et posa sa main contre son front, fronçant les sourcils.

– Fait chier. Mon Doliprane de ce matin était pas assez fort, j'ai l'impression que ma tête va exploser. Et c'est pas comme si les flashs du photographe m'aidaient à perdre mon mal de tête.

– T'as encore trop bu, je te l'avais dit. Tu ne m'écoutes jamais.

– J'me passerais bien de tes sermons, Smythe, rétorqua Kurt en jetant son mégot de cigarette sur le trottoir. File moi une clope, j'en ai plus.

Sebastian lui passa son paquet et le briquet. Kurt en sortit plusieurs et les transféra dans son propre paquet et en alluma une. Sebastian ne fumait pas la même marque que lui, mais tant pis, il avait besoin de sa dose de nicotine jusqu'à ce soir. Il rachèterait les siennes dès qu'il terminerait son travail.

– Et alors, il s'appelle comment, ton super coup ? Que je tente ma chance s'il se pointe à nouveau, demanda Sebastian en s'allongeant contre les marches.

– Blaine, répondit Kurt en haussant les épaules, regardant l'extrémité rougie et fumante de sa cigarette.

– Qui est Blaine ? lança une voix féminine derrière eux.

Kurt leva les yeux vers Santana qui s'assit à côté de lui et étendit ses jambes sur les marches, rajustant les plis de sa robe courte.

– Le mec que s'est tapé Kurt hier soir, dit nonchalamment Sebastian en lançant sa cigarette consumée sur le trottoir.

– Vous êtes allés dans un bar sachant qu'on travaillait le lendemain ? Vous êtes timbrés, railla Santana en sortant son paquet de son soutien-gorge – et Kurt se demanda combien d'objets elle pouvait ranger là-dedans. J'suis étonnée que vous soyez pas mort dans votre lit. Surtout toi, Kurt. Depuis quand tu tiens le surplus d'alcool ?

– Oh, je peux t'assurer que je suis mort, soupira Kurt en faisant tomber la cendre sur le sol. J'ai passé la nuit à baiser, non pas que je m'en plaigne. Heureusement que son matelas était confortable.

– Ne me dis pas que Porcelaine a tiré son coup et pas toi, Sebastian, parce que je n'avalerais pas ça, dit Santana en allumant une cigarette.

– Oh non, rassure-toi. J'ai eu le droit à une merveilleuse pipe dans les backrooms. Sept minutes au paradis pour Sebastian Smythe !

– J'ai pas besoin des détails, merci.

– C'est vrai que tu préfères les minous, toi… Tu perds, tu sais ? Il n'y a rien de meilleur qu'une bonne queue. Je suis sûr que ce mec a aimé la mienne, hier soir.

– Je t'emmerde, Smythe. Tu préfères la brutalité des hommes, tant mieux pour toi. J'aime la douceur féminine. Maintenant, fous-moi la paix avec ta vie sexuelle si passionnante.

– Quoi, la tienne est tellement plate que tu es jalouse ? Les doigts de ta douce Brittany ne te suffisent plus et tu n'oses pas aller voir ailleurs parce que tu ne veux pas la tromper ? Comme c'est adorable. Ou alors, comme toutes les lesbiennes tu as été obligée d'acheter un gode parce qu'on sait tous que personne ne peut se passer d'une bite, vraie ou fausse.

Santana manqua de renverser Kurt et de le brûler avec sa cigarette en se jetant sur Sebastian, criant des insultes en espagnol.

– Vos gueules ! hurla Kurt en les séparant. J'ai un putain de mal de tête, c'est trop dur à comprendre pour vous ?

Il se leva et ramassa son paquet de cigarettes, le fourrant dans sa poche, et lissa les plis du t-shirt qu'il portait entre les séances photos. Face à lui, Sebastian et Santana continuaient de se foudroyer du regard, mais Kurt savait pertinemment que les deux finiraient par se réconcilier et s'envoyer des blagues salaces à la fin de la journée.

La porte d'entrée du bâtiment s'ouvrit et une femme en tailleur, perchée sur des talons vertigineux, jeta un regard désapprouvant aux trois jeunes adultes, se raclant la gorge.

– La pause est finie, vous trois, aboya-t-elle. Remontez-vous changer, on a encore beaucoup de travail.

Avec des soupirs peu gracieux, les trois jeunes gens se levèrent, jetèrent leurs mégots de cigarette sur le sol et repartirent poser.


Des klaxons de voiture. Des pneus qui crissaient. La sirène d'une voiture de police lancée à toute vitesse dans les rues de Manhattan. Le fourmillement de la Grosse Pomme réveilla Blaine bien plus tôt qu'il ne l'aurait voulu, et le bouclé laissa échapper un grognement étouffé en se retournant violemment dans ses draps pour cacher ses yeux du soleil qui s'infiltrait par la fenêtre. Un gémissement de douleur lui échappa quand il effectua un mouvement trop brusque et que son corps endolori lui cria d'être plus doux avec lui. Blaine ne comprit pas sur le coup pourquoi il se sentait aussi courbaturé, ni pourquoi il était complètement nu, les draps enroulé autour de sa taille, ou encore pourquoi sa chambre exhalait l'odeur du sexe et du tabac froid. Et merde, il avait l'impression que quelqu'un lui frappait le cerveau avec un marteau.

Blaine enfouit son visage dans l'oreiller qui traînait sur le côté droit du lit et inspira ce qui normalement aurait dû être l'odeur habituelle de sa taie d'oreiller. Sauf que là, sa taie d'oreiller sentait une vague odeur de cigarette à la menthe et d'eau de Cologne qui n'était pas la sienne. Une succession d'images surgit alors dans son esprit, floues et percées comme si elles avaient été rongées aux mites : deux yeux bleus comme des saphirs, une langue goûtant chaque parcelle de sa peau, des ongles raclant sa peau et laissant des marques dans son dos, des coups de reins plus forts que les précédents… Ses souvenirs de la nuit précédente frappèrent alors Blaine comme un train lancé à pleine vitesse. Blaine avait ramené un parfait inconnu chez lui, un garçon à peine sortis de l'adolescence, un garçon qui l'avait fait se retourner ventre contre son matelas et qui avait fait surgir des étoiles devant ses yeux. Blaine n'avait vraiment pas l'habitude de ramener des étrangers chez lui pour s'envoyer en l'air avec eux, et pourtant, une partie de son esprit, bien cachée au fond de sa tête, se félicita d'avoir suivi le conseil de Tina. Tina avait toujours les meilleures idées. Tina avait toujours raison, de toute façon.

Mais quelque chose manquait dans le tableau, et Blaine savait très bien ce que c'était. Kurt n'était pas là. Kurt était parti avant qu'il ne se réveille. Blaine savait qu'il avait dormi à côté de lui, car le matelas était chaud du côté droit du lit et son oreiller exhalait son odeur. Une partie de lui essayait de le convaincre que c'était normal, qu'après ce genre de situation, la personne partait toujours avant que l'autre ne se réveille, mais l'autre partie de lui regrettait de ne pas pouvoir voir Kurt se réveiller avec lui, ne serait-ce que pour lui demander s'il avait apprécié la soirée ou pourquoi pas échanger leurs numéros.

Au fond de lui-même, Blaine savait que les chances qu'il ne revoit Kurt étaient infimes. Que pouvait-il attendre de ce garçon, de toute façon ? Kurt n'avait que vingt ans. C'était encore un adolescent, pour lui. Et visiblement, c'était un adolescent qui changeait de partenaire comme de chemise, et qui sautait sur tout ce qui bouge. C'était commun de trouver des hommes comme lui dans des bars gays. Des hommes qui ne couchaient que pour le sexe, pour se saouler un bon coup et oublier la vie monotone qu'ils vivaient le jour. Ou leur solitude, comme pour Blaine. Et puis, pourquoi s'occupait-il autant de Kurt ? Le jeune garçon avait tiré son coup, Blaine aussi, tout le monde était content. Point barre.

Blaine détacha son visage de l'oreiller, intoxiqué par l'odeur du tabac mentholé, et regarda l'heure sur son horloge digitale – 11h43 –, avant de s'extirper du lit avec une grimace de douleur, cherchant son boxer dans les draps et sur le sol, avant de le trouver accroché à l'abat-jour de sa lampe de chevet, ne cherchant même pas à savoir comment il avait atterri là. Un peu plus couvert, il se frotta le visage dans ses mains et tituba jusqu'à la salle de bain, fouillant dans sa pharmacie pour du Doliprane, ou n'importe quel médicament qui pouvait ressembler de près ou de loin à du paracétamol. N'importe quoi pouvant arrêter les coups de marteau.

Une bonne douche, et tout irait mieux dans sa tête.


Note culturelle : Le Satellite n'existe pas. Chesterfield est une marque de cigarettes. Les backrooms sont des salles sombres dans les bars gays où il possible d'avoir des relations sexuelles en restant habillé. Hm... Pas la peine de vous dire que l'abus d'alcool et le tabac est dangereux pour la santé ? N'imitez pas Kurt et Blaine. Surtout Kurt.

Chanson du chapitre : You Spin Me Round (Like A Record) - Dead or Alive
Pour info, LoveGame est une chanson de Lady Gaga.

Note personnelle : Bien, voici pour ce premier chapitre qui, je l'espère, vous a plu ! Je suis une grande fan du Blina, du Kurtbastian et du Kurtana, donc voilà. M'en voulez pas pour le Kurtbastian (même s'ils ne sont qu'amis). Pour cette fic, je tiendrais le même rythme que pour ABITC, un chapitre par semaine, MAJ tous les jeudis ! :)

Petite info supplémentaire qui n'a rien à voir : Suite à quelques demandes et à des avis sur Twitter, j'ai écris une sorte "d'épilogue" à mon OS Driving Me Insane(schizo!Blaine). Donc, pour ceux que ça intéresse, je posterai cette "suite" dans quelques jours.

Mizu.