Le Pouvoir de L'Amour

Je croyais que tu me comprendrais. Je croyais que nos buts étaient les mêmes. Pourquoi ais-je donc eu tord ? Pourquoi m'as-tu prouvé que j'avais tout faux… Je croyais que les sentiments que j'avais pour toi expliquaient à eux-seuls que nos esprits ne pouvaient que suivre le même chemin logique. J'ai été si stupide…

Tu sais, Gellert, le contrepoids de cette intelligence que j'ai, c'est ma folle innocence. Cette innocence de croire que tout ne peux qu'aller bien. Que les gens ne peuvent pas me vouloir du mal, me trahir…

Pourtant, tu es parti, alors que j'avais besoin de toi, de ton soutien. Il y a plein de gens autour de moi, mon frère même, mais je me sens seul car tu n'es pas là. Même si en même temps, je ne peux pas te pardonner…. Lever ta baguette contre Abelforth… Notre dispute a alors fait paniquer Arianna…. Qui l'a tuée ? Je l'ignore…. Et culpabilise… Oui, j'ai déjà souhaité leur mort, tu le sais mieux que quiconque… Non pas pour les voir souffrir, mais seulement pour être libre de ma destinée. Pourtant, je ne leur voulais pas de mal…

Je regarde Arianna dans son cercueil, et tout en pleurant cette petite sœur si cruellement traitée par la vie, je ne peux m'empêcher de penser que ma plus grosse chaîne me retenant vient de se briser.

Des amis d'Abelforth, venus de Poudlard, sont près de lui. Malgré Elphias, je suis seul. Malgré son amitié, c'est toi que je veux voir près de moi, m'encourager d'un sourire, m'offrir ton épaule où m'appuyer un instant. Malgré l'endroit où je suis, un sourire fleurit sur mes lèvres alors que je pense à toi.

«Tu as tué Arianna !» entends-je hurler, avant de recevoir un coup en plein visage.

Je laisse mon frère se vider de toute cette rage qui l'habite, sentant la dernière chaine, celle me retenant à lui, se briser à son tour… Plus rien ne m'empêchera de te retrouver…


Cinq ans que je te cherche… Je ne t'ai pas tué, je ne le pourrais jamais, et tu le sais. Lorsque j'entre dans cette prison où tu as été enfermé, je réprime un sourire en te voyant si calme, si arrogant, si fier… si toi.

«Gellert…

-Albus… Je t'inviterais bien à t'asseoir, mais le confort n'est pas au point, ici.»

En haussant les épaules, je m'asseoit à côté de toi sur cette couchette, comme tant de fois sur mon lit il y a des années.

«Tu n'as pas peur de t'asseoir a côté d'un meurtrier ?

-Tu es mon ami.

-Et pour cela, tu me fais confiance ? Même si me garder en vie peut être un danger au «le bien pour tous» ?»

Je ne peux répondre. Une chaleur s'allume dans mon ventre lorsque mon bras frôle le tien. Aussi bien être franc.

«Gellert… Comment peux-tu me poser cette question ? Je t'aime.»

Un éclat de rire me répond.

«Ton amitié, Albus ? Je me suis servi de toi, ne le comprends-tu pas !

-Si c'est vrai, pourquoi ne m'as-tu pas tué, avec la Baguette du Sureau?

-J'ai espéré jusqu'au dernier instant que tu comprennes la raison de mes actes !

-Il ne t'es jamais arrivé de sentir que tu étais dépassé par quelque chose de plus grand que la logique, plus grand que le devoir ?

-C'est pour cela que j'ai agis, Albus.

-Je ne te parle pas de cela…

-De quoi me parles-tu, alors ?

-De l'Amour…

-Qu'est-ce que c'est que ces histoires ?

-L'Amour, Gellert, est ce qui a retenu ma baguette, alors qu'il lui aurait été si facile de mettre fin à ta vie.»

Il ne réagit pas lorsque mes lèvres effleurent les siennes, ni lorsque je me lève pour sortir de sa cellule. Jusqu'à ce que je sois hors de sa vue, je sens son regard sur ma nuque.


«Où est-elle !!!»

Gridelwald serra les dents sans répondre, malgré la volée de sorts qui s'abattaient sur lui. Ne pas trahir Albus. Ne pas penser à lui. Ne pas laisser Voldemort entrer dans son esprit. Ne pas voir le sourire de son ancien ami.

Durant toutes ces années, enfermé seul, il a beaucoup réfléchit, et sait à présent qu'ils avaient tords, lui encore plus qu'Albus car il a agit. Durant plus d'un siècle, le souvenir de son camarade avait été sa seule raison de ne pas devenir fou.

Même si Albus est mort, ne pas le trahir. Même si ce Voldemort veut «purger» le monde des sans souillé. Ne pas trahir Albus. Défendre ses idéaux jusqu'au bout. Pour la mémoire d'Albus. Se battre pour protéger ce monde dans lequel Albus a laissé sa trace. Sa marque. Son histoire. Ses exploits. Car si Voldemort gagne, Albus disparaîtra dans l'oubli. Il ne sera plus qu'un nom parmi tant d'autres.

Gellert Gridelwald ne peut se résoudre à cela. Car Albus a réalisé leur rêve. Il a changé le monde sorcier. Dans le sens inverse de leur projet, mais il l'a changé. Il est devenu un grand sorcier. Et si Voldemort gagne, ce sera comme si jamais Albus n'avait existé…

…Ne pas trahir Albus… Ne pas trahir Albus…

Il sait qu'il va mourir. Rejoindre Albus. Et ils pourront reprendre leurs conversations passionnées. Pour toujours.