Posté le : 22 Avril 2010


Il arrive dans la vie d'un homme qu'il ait envie de mourir ou de vivre. Pour cela il fait n'importe quoi avec n'importe qui. Se vendre en fait parti. Conjuguez cela au masculin. L'argent mêlé de luxure et les voilà prisonniers de ces...

Sensitives Polaroïd*

Ecrit par Livioute & Dairy's Scribenpenne

Pseudo commun : Baume au Coeur

Chapitre 1

Octobre et les dix flaques d'eau

[Chapitre composé par Dairy's Scribenpenne]

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PLayList : Christina Aguilera – Hurt. Cranberries - Linger. Coldplay – Warning Sign. [Choisie par Dairy's Scribenpenne]

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Il arrive un jour, dans la vie d'un homme, qu'il ai envie de mourir. La non-existence – parfois belliqueuse, il en rêve tandis qu'il abomine cette coexistence pacifique entre son corps et son âme. L'envie de se défenestrer semble bien pâle comparée à celle de se noyer dans une baignoire. Mais il faut vraiment le vouloir afin de lutter contre son organisme. Il faut vraiment désirer que cela soit la fin pour ne pas happer une dernière bouffée d'oxygène.

Alors ce matin là, il s'habilla comme à chaque aurore après avoir bu son café. Il avait prit par la suite un cliché depuis sa fenêtre de la ville encore ensommeillée à l'aide de son polaroïd. Un carré noir sorti de la fente telle la pellicule de sa vie ; plate et uniformément sombre. Puis le flou surgissait du néant et la tâche se propagea jusqu'à faire apparaître la lumière… Le soleil grignotait des mètres à travers le ciel au fil des secondes ; une nouvelle journée qui commence pour le commun des mortels. Mortel, il l'était. Commun, tout autant. Mais il voulait être différent. Ou du moins, sortir du commun dans la photographie. Remplir une galerie d'intéressés. Son record : cinq esthètes dans la même pièce. Dont lui, s'il pouvait encore se considérer comme l'un d'entre eux. Il noua sa cravate après avoir placé son cliché sur son frigidaire en inox. Il serra fort le nœud, laissant une marge de deux centimètres à peine. Et contrairement aux autres matinées, il ne prit pas de petit déjeuner.

Il se faufila jusque dans sa salle d'eau et se fit couler un bain. Il passa sa paume sous le jet d'eau et tout habillé, il plongea à l'intérieur. C'était glacé. Il s'étonna même de sentir encore le froid rouler sur lui. Il s'étonna encore d'éprouver de la sensibilité corporelle. L'eau lui arrivait au cou. Il ne prit pas la peine de l'arrêter. Salle de bain inondée. Inondée d'images qui ne pouvaient pas se laver. De vêtements sales. Et pour s'ôter toutes ces idées noires de la tête, il se mit à fredonner. Sous l'eau. La tête ensevelie, il avait l'impression que la surface se trouvait à un mètre au-dessus. Pourtant il n'avait qu'à lever la main et il aurait pu saisir le robinet. Son costume qu'il avait payé une fortune flottait autour de son corps amaigri. Ses poumons détériorés par la fumée nocive des cigarettes ne pourront pas tenir bien longtemps. Son sang se gelait d'héroïne. Son cœur battait d'extasie. Il arrive un jour, dans la vie d'un homme, qu'il ai envie de se noyer.

Mais il faut vraiment le vouloir, n'est-ce pas ? Pour se laisser sombrer dans les profondeurs abyssales du mal-être. Il faut chérir les tombeaux plus que les vivants. Il faut se sentir mort pour vouloir l'être physiquement. Petit à petit, l'eau entre en nous ; s'insinue légèrement. Douce torture. Lente agonie. Notre instinct nous pousse à vouloir respirer ; notre esprit nous cloue au fond de cette baignoire. On suffoque sous l'eau. Pour abréger cette souffrance, il prit entre ces doigts sa cravate et resserra le nœud au maximum. Il s'étranglait. Et étrangement, il se souvint de ses premières sorties au stade nautique. La piscine. Les premières éclaboussures. Les rires d'enfants. La tête sous l'eau et on découvre cet immense bassin. Puis la lumière du soleil juste au-dessus qui perce par son éclat la masse d'eau. Et on sait alors où se trouve la sortie uniquement grâce à cette luminescence. On sait qu'au-delà de tout ça il y a la vie…

Qu'il faut vraiment le vouloir pour mourir noyé. Il ne respirait même plus, ses yeux se révulsant. Cela sera bientôt fini. Bientôt. Quelques secondes encore et le soleil sera levé et lui, sera mort. Noyade. Se noyer dans le monde vaste et plein de remous. Cette écume de souvenirs. Cette marée de vies. Ce marécage de mensonges. L'eau limpide file dans ses narines. A ses côtés, une bouteille de shampoing tomba et se vida. Il eu de la mousse et le produit lui piqua les yeux comme des larmes. Il en faudrait des milliards afin de remplir cette baignoire. Quelque chose dans l'eau le poussait au suicide. Et un je-ne-sais-quoi dans l'air le retenait sur terre…

Le téléphone sonna. Régulièrement, tel un battement de cœur. Depuis le fond de sa baignoire, il percevait ce son. Cet appel au secours. Il avait envie de mourir en paix et en silence. C'était raté. Il était tiraillé entre son envie d'arrêter le téléphone et celle de mourir. Il avait bu quelques centimètres et son visage était maintenant près de la lumière ; trop près pour retourner dans l'obscurité. Enfin, il reprit une bouffée d'oxygène et le son de l'eau du robinet semblait amplifier tout comme celui du téléphone. Il plaça ses mains des deux côtés de la baignoire et se leva. A présent, l'eau coulait sur le carrelage froid de son loft. Pensait-il aux personnes dans le monde qui n'avait pas d'eau potable ? Songeait-il qu'il effectuait du gaspillage ? Quand on est mort de l'intérieur on ne pense plus. On subit les flots de l'existence. L'eau serpente à travers les dédales du carrelage tel un micro-labyrinthe. Une baie vitrée absorbait toute les photographies du Londres endormi. Il se figea, contemplant ce panoramique qu'hier encore qu'il rêvait aquatique.

Il décrocha :

« - Allô ? Dit-il d'une voix rauque et essoufflée.

- Bonjour… »

Il ne connaissait pas cette voix d'homme. Mais elle semblait plus belle encore que la sienne. Plus belle encore car elle venait de lui sauver la vie. Sa main tremblait, sa voix aussi. Il desserra le nœud de sa cravate et sentit ses yeux le picorer. Il était tellement nul qu'il s'était raté. Raté sa tentative de suicide. Le silence se propagea comme une mer sans horizon avant que son interlocuteur ne reprenne la parole :

« - C'est au sujet de votre annonce dans Liv' Out Magazine. Je… Je suis intéressé par votre offre.

- Ah. Fut la seule chose qu'il arriva à prononcer. »

Un autre silence se fit.

« - Je vais être franc avec vous, c'est la première fois que je fais ce genre de chose mais cela semble bien payé alors je… Pourquoi pas. Je suis blond aux yeux gris et assez grand. Je ne sais pas si ce type de profil vous intéresse. J'ai autrefois fait du mannequinat pour une agence. Je pense que les exigences sont à peu près les mêmes pour ce type de…carrière. En général je parle peu et je suis patient ; c'est tout à votre avantage, non ?

- C'est certain. Murmura le photographe. Ecoutez, je pense que c'est trop tard désormais. J'ai… d'autres projets en tête et celui-là n'en fait pas parti. (Il regarda l'eau de sa salle de bain rejoindre le salon) C'est avec regret que je décline votre offre.

- Attendez ! Je... Je suis prêt à beaucoup de choses pour cet emploi. Je suis prêt à baisser mes honoraires. J'ai vraiment besoin de… (Sa voix se brisa) Ecoutez, je suis motivé et s'il faut pour cela que je gagne moins, je le ferai. Concéda l'homme au bout du fil. Je peux faire cette concession.

- L'argent n'est pas un problème ; c'est plutôt le temps qui me manque. Rétorqua-t-il.

- Nous n'avons qu'à faire un essai. Si cela ne marche pas comme vous le désirez on s'arrêtera là… Proposa l'autre.

- Je peux bien m'accorder un délai de vingt-quatre heures. Venez ce soir chez moi et si je ne suis pas convaincu vous partirez et moi aussi. Enonça celui-ci. Je vis au dernier étage de la tour Monroe au Dock Wellingston. Allée numéro 9.

- Si vous n'avez que vingt-quatre heures devant vous je peux venir tout de suite. Je vis également à Londres. Informa le pseudo blond.

- Si cela ne vous dérange pas, venez. Je vous attends à moins que l'eau vous gêne.

- J'ai toujours trouvé l'eau apaisante. Alors… A bientôt.

- Oui, au revoir. »

Il tremblait encore et l'eau de son costume s'égouttait sur le sol. Machinalement, il retourna dans sa salle de bain et ferma enfin le robinet. Il ôta ses vêtements et commença à passer la serpillère. Il recommencera demain….


Il se passa un peu plus d'une demi-heure avant que quelqu'un ne sonne à sa porte. Ce quelqu'un - par le judas – semblait blond et regardait frénétiquement tout autour de lui. Il ouvrit enfin la porte au nouveau venu. Il était là comme il l'avait promis : grand, blond aux yeux gris. Il le détailla impunément, se demandant s'il valait vraiment le coup qu'il retarde ma tentative de suicide. Sous son regard inquisiteur, il baissa momentanément les yeux puis fit le tour de lui-même et me regarda à nouveau. Le photographe évaluait la marchandise. Il recula finalement et ouvre la porte afin qu'il entre. Il l'entendait presque souffler de soulagement bien qu'il ne puisse se débarrasser de cette anxiété qui lui collait à la peau. A peine avait-il fermé la porte qu'on commença à parler argent.

« - Je vous remettrai dix billets de cent quand on aura fini. Je veux deux heures complètes sans pause. Affirma le photographe.

- C'est la première fois que vous prenez un novice ? Supposa le concerné.

- Oui. Avoua-t-il. En général je demande à des personnes qui savent ce qu'elles font. Hommes ou femmes. Bien que la tendance générale soit plutôt hommes.

- Ca tombe bien dans ce cas. Prononça l'autre d'un ton nerveux. Où…où est-ce que je commence mon travail ?

- J'ai un atelier en haut. C'est assez lumineux. Suivez-moi. »

Il commença à se diriger vers un escalier en colimaçon quand l'inconnu l'interpella :

« - Vous ne m'avez pas dit comment vous vous appelez.

- Harry Potter et vous ?

- Draco… Draco Malefoy.

- Ok. Par-là. »

Harry était pressé d'en finir. Il grimpa les escaliers quatre à quatre et arriva enfin dans une pièce ouverte où toutes les parois étaient faites de verre. Il appuya sur un interrupteur afin de faire glisser les rideaux. Il y avait des étagères sur lesquelles se regroupaient des tas d'albums photos et autres appareils. Au centre, une estrade blanche sur laquelle reposait un matelas assez fin de la même couleur. Harry rangea son réflex dans son étui et contourna la scène du regard. Il ajouta quelques détails et déplaça légèrement le matelas vers la droite comme il aimait le faire quand il mettait ses modèles en scène. Or, cette fois cela allait être différent. Draco Malefoy monta sur l'estrade tandis qu'Harry redescendait les escaliers. Il remonta quelques instants après avec une petite boîte en carton. Cependant, il n'osa pas croiser les yeux gris du jeune homme.

« - Assis-toi j'arrive. Formula le jeune photographe. »

Draco obtempéra. Il s'assit et sorti son téléphone portable de sa poche. Il le plaça non loin, actionna le minuteur. Deux heures. Harry consentit finalement à s'asseoir à ses côtés et fit glisser ses yeux vert sur sa silhouette.

« - Je crois que cela fera l'affaire. Murmura-t-il. Tu n'as pas peur ?

- Peur de quoi ? S'étrangla le blond.

- Que je photographie dans ma tête des images de toi.

- Non, je n'ai pas peur… Je… Hésita-t-il.

- Tu penses à l'argent. Compléta Harry. Je comprends. Moi aussi j'y penserai et puis c'est pour ça que tu es ici, n'est-ce pas ? Pour l'argent. Alors faisons vite mais pas trop. J'en veux pour mon… argent. »

Doucement, il glissa sa main sous sa chemise et se délecta du toucher de sa peau. Elle était douce. Ses doigts trouvèrent le contour de ses pectoraux et Harry se mordit la lèvre inférieure. C'était un si beau cadeau de mort… Il déboutonna sa chemise et imprima sur sa rétine l'image de son torse finement sculpté. Draco haletait mais ce n'était pas de plaisir. Il semblait effrayé plus qu'autre chose.

« - Vous n'avez pas l'habitude que l'on vous touche, n'est-ce pas ?

- Je vous l'ai dit tout à l'heure. Je suis encore un novice. Dit Draco en suivant des yeux l'opération qu'effectuait les doigts de l'homme qui le payait.

- Imaginez qu'il s'agit d'un homme que vous appréciez. Incita Harry.

- Je… C'est la première fois qu'un homme me touche. En général, ce sont des femmes. Enfin, ça a toujours été des femmes. Mais vous payez bien alors… Je peux faire un effort.

- Vous voulez dire que… (Il marqua une pause) Que c'est la première fois que vous vous prostituez pour un homme ? Interrogea le photographe. »

Les yeux de Draco semblaient tristes, voilant une souffrance intérieure. Il détourna son regard et fixa un des rideaux de la pièce.

« - Vous avez mon corps pour deux heures entières Monsieur Potter. Faites-en ce que vous voulez. L'histoire veut que je sois consentant. Vous avez besoin de sexe, j'ai besoin d'argent : l'équation est simple.

- Et que ferez-vous avez mille livres ?

- Il y a beaucoup de choses à faire. Durant notre ébat je n'aurais qu'une exigence : ne m'embrassez pas. Je ne veux pas que…

- Qu'il y ai cette marque d'affection ? J'ai entendu ce refrain beaucoup de fois vous savez.

- Je sais que cela ne me regarde pas mais… Pourquoi entretenir des rapports avec des prostitués ? Je… Vous ne semblez pas repoussant. »

Harry eu une sorte de rire froid.

« - Parce que dans ma famille, on m'a apprit que de coucher avec des hommes cela ne se faisait pas ; ou du moins cela ne se montrait pas. Alors si je schématise le jour je m'affiche au bras d'une femme et la nuit je suis dans les bras d'un homme. Et vous savez quoi ? Je préfère largement la nuit. »

Il fondit sur le cou de son amant prépayé et le mordit afin d'y apposer sa marque. Ses mains continuaient d'entretenir des rapports privilégiés avec son torse. Il sentait son cœur battre fort et vite. Affolé. Il fallait obligeamment être fou pour faire ça. Fou et désespéré. Et quand la main d'Harry effleura sa virilité, il se dit que cela valait bien la peine de ne pas s'être suicidé…

A suivre


Tadam, la fin du chapitre 1 qui est venue sans même qu'on ne le demande ! Depuis un moment on voulait coécrire quelque chose et maintenant voilà qui est fait. x)' C'est vrai que c'est une ambiance un peu sombre que j'ai esquissé ici. Livioute a écrit la suite - plus belle encore. C'est un réel plaisir que d'interagir travers les mots ; de rendre forme à une histoire de base et de faire évoluer les personnages que l'on s'échange au fur et à mesure. =D Deux existences torturées qui se croisent par les fils du destin que Liv' & moi-même s'amusons à tisser. J'espère que vous aussi vous nous suivrez petit à petit... Jusqu'au bout de la bobine. Dairy's Scribenpenne - anciennement Dairy22.

Je trouve que l'univers de Sensitive Polaroïd intrigue dès la première ligne grâce à Dairy. Elle sait parfaitement jouer avec les mots pour nous embarquer dans un monde que l'on croit pouvoir maîtriser et qui finalement, n'est pas celui que l'on pensait connaître... J'admire sa plume et son talent, pour tout ce qu'elle a réussi à me transmettre dans ce chapitre. La première fois que je l'ai lu, je l'ai trouvé troublant, émouvant, bouleversant. C'est bien le mot... Bouleversant. Comment pouvoir écrire quelque chose, après ça ? Livioute.

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Une review pour nous mettre le Baume au Cœur ?