Les Maîtres-sorciers
Prologue
L'allée des Embrumes était sinistre.
De tout temps elle avait été sinistre, de part son aspect bien sûr, la crasse incrustée sur les antiques pavés, les murs décrépits couverts de vieille mousse malodorante, les échoppes poussiéreuses et mal tenues visiblement orientées vers un commerce illicite… Qui de plus est, il faisait nuit, une nuit sans lune, une nuit humide et froide, une nuit comme la Tamise seule sait en faire don au vieux Londres, à la fin de l'automne.
L'allée des Embrumes était sinistre.
Les nappes d'un brouillard gris et froid qui flottaient à trois pieds du sol auraient pu faire penser qu'un détraqueur ou deux étaient passés par là, emplissant cette venelle de leurs miasmes fétides… pour ne pas dire putride. Il n'en était rien : l'allée des Embrumes était fétide par elle-même, sans avoir besoin d'un coup de pouce. D'autre part, les détraqueurs évitaient l'allée des Embrumes. Pourtant ils auraient pu s'y plaire, mais non : ils l'évitaient... Etonnant non ?
L'allée des Embrumes était sinistre.
Un chat noir provenant du Chemin de Traverse venait de faire son apparition. En fait, il était là depuis en bout de temps, mais il était passé inaperçu. Un chat noir dans une venelle sinistre et noire, ça passe inaperçu. Sa tête carrée et imposante semblait plus volumineuse que celle d'un chat ordinaire, mais ça n'était pas important, surtout dans une ruelle aussi sinistre que l'allée des Embrumes. Peut-être s'agissait-il d'un chat mutant, un de ces chats hybrides que le ministère de la magie a tant de mal à réguler… Peut-être ne s'agissait-il pas d'un chat du tout, mais de quelque chose ayant l'apparence d'un chat. Quoi qu'il en soit, chat ou pas chat, l'animal avançait tranquillement, frôlant de son épaule droite les vieilles mousses malodorantes des murs au crépi décrépit. Un quelconque observateur eût éprouvé bien du mal à apercevoir le chat noir, qui peut-être n'était pas un chat, dans la sombre venelle plongée dans la nuit ; il eût éprouvé bien du mal cet observateur, à moins qu'il ne soit lui-même un chat, ou un loup-garou, ou un vampire, ou un ronflak cornu… Mais là n'est pas le propos compte tenu du fait qu'il n'y avait pas d'observateur, ce qui explique pourquoi personne, humain ou animal, ne vit le supposé félin disparaître dans l'intense obscurité, une obscurité plus intense que celle dans laquelle baignait l'allée des Embrumes, s'il est possible, d'une porte cochère.
L'allée des Embrumes était vide… et sinistre.
Elle était vide depuis que le… chat… avait disparu. Sinistre, elle l'avait été de tout temps, même en plein jour.
Un bruit de grelot se fit entendre, incongru dans le silence pesant et ouaté, si incongru que le sinistre de l'allée des Embrumes en eut hurlé d'indignation. Une souris portant un grelot fixé à un collier rouge - vraiment ce récit de vient de plus en plus ridicule - donc une souris portant un grelot fixé à un collier rouge venait de faire son apparition. Le rongeur, qui de prime abord était bien une souris (règne animal, embranchement des vertébrés, classe des mammifères, ordre des rongeurs, famille des muridés, genre mus, espèce musculus), provenant du Chemin de Traverse, prit le même chemin que le chat, qui n'en était peut-être pas un, faisant tinter effrontément son grelot, et disparut par la même porte cochère. Une pauvre souris aux tendances suicidaires sans doute, car pour suivre un gros chat noir, affublée d'un grelot tintinnabulant histoire qu'il ne la loupe pas, il faut nécessairement avoir envie d'être croquée… Quoique, si le chat en question n'est effectivement pas un chat…
L'allée des Embrumes était encore plus vide… et bien plus sinistre.
Un trait noir fendit soudainement l'air et quelque chose, comme une grosse chauve-souris noire et hideuse (mais je n'en jurerai pas, il faisait trop noir), atterrit devant la porte cochère pour se précipiter à l'intérieur.
L'allée des Embrumes était certes sinistre, mais étrangement fréquentée pour une heure aussi tardive, surtout au niveau de cette porte cochère. Et ne demandez pas ce qu'était cette chose noire ayant atterri, je n'en sais pas plus que vous. Oserai-je vous faire une confidence ? Et bien… voyez-vous… je ne suis pas très rassuré ; mais enfin, que m'a-t-il pris de faire une description de l'allée des Embrumes à une heure pareille, dans la nuit, le fétide… l'horreur ! Maman, j'ai peur ! Quelle idée aussi d'écrire un truc pareil… S'il vous plaît, restez avec moi, je serai d'avantage rassuré… Il ne manquerait plus qu'un vampire fasse son apparition… c'était quoi déjà ce truc noir… ou un loup-garou, ou une goule des enfers, ou un golem à deux têtes, ou un zombi putréfié à ongles pointus, ou un papillon de nuit (ben quoi ? J'ai peur des papillons de nuit)… Voilà ! Maintenant j'ai les chocottes : restez avec moi, par pitié…
Quoi qu'il en soit, vous ne pouvez pas faire autrement que rester avec moi, vous n'avez pas le choix. Mais non, il ne s'agit pas d'une menace, plutôt d'une simple constatation. En effet, si vous tenez à lire la suite… Mais bien entendu si vous ne voulez pas, je ne vous en tiendrai pas rigueur. Après tout vous êtes libre de faire ce que bon vous semble. Mais vous ne saurez rien (quoi 'saurien' : pas de lézard !) de la suite des aventures du chat, de la souris, de la chauve-souris, de Harry Potter… Mais oui, évidemment 'de Harry Potter'. Nous sommes sur un site dédié à Harry Potter que je sache ! D'autre part, j'ai un aveu à vous faire : si je me trouve si tard, par l'esprit, dans cette venelle sinistre qu'est l'allée des Embrumes, c'est bien pour une raison. Je sais que vous l'aviez deviné, donc en fait cet aveu n'en est pas un.
Je suis là, en tant qu'auteur bien entendu, donc en dehors du temps et des événements, oui car l'auteur sait tout de son histoire, le passé, le présent, et surtout le futur… Oui, le futur, toutes les arcanes du texte, et même ce qui ne sera pas écrit, l'auteur est créateur, il accède au divin car sans lui ses personnages ne seraient pas : l'auteur marche sur les voies célestes et tient dans sa main droite le cosmos tout entier… L'auteur est Dieu ! Oups ! Désolé, je crois que je me suis laissé un peu emporter… Revenons à nos moutons, qui sont le chat, la souris et la chose noire en forme de hideuse chauve-souris. L'auteur, c'est-à-dire moi, est là pour vous dire qui participe à une 'réunion' qui se tient derrière la sombre porte cochère. Ca y est, je l'ai dit.
Nota : les personnages créés par J. K. Rowling sont à J. K. Rowling ; seule l'histoire est la propriété de l'auteur. Il faut rendre à César (J. K. Rowling), ce qui est à César et à Dieu (l'auteur) ce qui est à Dieu. L'auteur informe le lecteur qui se sentirait une verve littéraire qu'il lui cède gracieusement ses droits (propriété intellectuelle) sur simple demande. Dieu est bon !
L'allée des Embrumes était bien vide maintenant, sans le chat qui peut-être n'en était pas un, sans la souris avec son joli collier rouge et son grelot, sans la chose volante ressemblant à une grosse chauve-souris noire et hideuse…
L'allée des Embrumes était sinistre.
Je dirai même plus, sinistre était l'allée des Embrumes…
