Avant toutes choses, je tiens à préciser que cette fiction n'est pas de moi.
Son excellente auteure est Wildweasel, que je remercie infiniment de nous offrir de telles merveilles !
Quant à moi, je ne suis que la traductrice...
J'espère en tous cas que cela vous plaira !
Bonne lecture !
ATTENTION : certains passages violents du premier chapitre sont déconseillés aux plus jeunes !
STAY WITH ME...
Chapitre 1 - Dans mes heures les plus sombres…
20 décembre…
Il cligna des yeux. Les lignes du dossier posé devant lui se confondaient en une masse grise et floue. Fatigué, il se pinça le haut du nez pour essayer de repousser le sommeil qui pesait lourdement sur ses paupières. Cette journée avait été trop longue en fait, la semaine entière avait été oppressante. Mais l'affaire était classée désormais. Grâce à l'excellent travail de son équipe, Henry et ses acolytes ne seraient plus jamais une menace pour la ville. Il restait bien quelques membres du groupe à identifier, mais les plus dangereux avaient été arrêtés et c'était le plus important.
Il poussa un soupir fatigué en se laissant retomber contre le dossier de sa chaise, ferma les yeux pour une minute. Peut-être serait-il capable de recharger ses batteries s'il autorisait à son corps ne serait-ce qu'un quart d'heure de repos… Il sentit les muscles tendus de ses épaules commencer à se détendre lentement tandis qu'il laissait ses pensées vagabonder bien loin de son bureau. Laissant la tension dans sa nuque s'apaiser et son esprit céder peu à peu à l'épuisement, il n'entendit pas les talons discrets entrer dans son bureau, la porte se refermer derrière elle, quoiqu'un léger sourire se dessinât sur les lèvres de l'expert à la douce odeur de son parfum qu'il aurait reconnu entre mille.
« Qu'y a-t-il Stella ? » marmonna-t-il, les yeux toujours clos.
Sans avoir besoin de la regarder, il pouvait sentir les lèvres de la jeune femme se courber en un sourire. Elle était probablement sur le point de lui dire quelque chose comme « Rentrez chez vous Mac » ou « Je vous l'avais bien dit »… Il garda les yeux fermés et attendit. Quoiqu'il eût dit, elle n'aurait pas changé d'avis… En dix ans d'amitié, il savait mieux que quiconque qu'il était inutile d'espérer la faire changer d'avis lorsque cela n'avait pas trait au boulot.
Elle regardait sa silhouette endormie, nichée dans cette chaise, les yeux clos, sa chemise bleu foncé légèrement entrouverte, juste assez pour révéler le t-shirt noir qu'il portait en-dessous, ses manches retroussées jusqu'aux coudes… Tout était réuni pour laisser son cœur manquer un battement. Il semble si fatigué, pensa-t-elle dans un froncement de sourcils.
« Vous savez, nous… » commença Stella, accentuant le nous. « Nous… les gens normaux, nous utilisons un lit pour ce genre d'activités » lâcha-t-elle, à moitié amusée de regarder son patron et meilleur ami ainsi étendu dans sa chaise pour trouver le sommeil, espérant malgré tout réussir à le traîner hors de son bureau pour qu'il puisse profiter tranquillement chez lui d'un repos bien mérité. Elle était certes heureuse qu'il ait enfin songé à prendre quelque temps pour se reposer, particulièrement après la semaine passée, mais son bureau n'était assurément pas le meilleur endroit.
« Je suis au courant, merci… » répliqua-t-il dans un soupir fatigué, avant de poursuivre sur un ton plus joueur. « Mais je connais d'autres activités qui conviennent parfaitement à ce genre de meubles également… »
Il ouvrit les yeux précipitamment, réalisant qu'il venait de traduire ses pensées à voix haute. Les lèvres de Stella s'étirèrent en un large sourire tandis qu'elle l'observait, peu certaine d'avoir bien entendu ce qu'il venait de dire mais décidant de jouer le jeu.
« Oh… Alors, si vous savez comment cela fonctionne, je suis d'avis que vous devriez rentrer vous reposer ! Cet autre genre d'activités nécessite d'avoir repris quelques forces » le taquina-t-elle en souriant.
Quoi ? pensa-t-elle en le voyant se raidir quelque peu dans sa chaise et son visage s'empourprer. Est-ce qu'elle venait bien de flirter avec lui, à l'instant ? Ses propres joues rosirent tandis qu'elle tentait de dissimuler le sourire qui se dessinait sur ses lèvres, des pensées peu catholiques lui venant à l'esprit cependant qu'elle songeait à ce qu'il pourrait se passer… Stella Bonasera ! A quoi joues-tu avec ton ami ? se réprimanda-t-elle elle-même.
« Euh, je… Est-ce que vous étiez venue pour quelque chose en particulier ? » articula-t-il nerveusement, le visage empreint d'une expression abasourdie.
Il tenta de faire abstraction des sentiments que le flirt de Stella venait de déchaîner dans son esprit tandis que des images de sa partenaire envahissaient ses pensées. Il ravala silencieusement sa nervosité et reprit un air plus sérieux, repoussant ces idées qui ne promettaient rien de bon pour une amitié de longue date comme celle qui le liait à elle. Certaines choses n'arriveront jamais, se sermonna-t-il, et Stella en fait partie. Elle était si pleine de vie, et il pouvait se montrer tellement taciturne parfois… Ils n'avaient rien en commun tous les deux sinon leur amour de la justice. Oh… Mais il n'y a pas besoin de plus, parfois… lui soufflèrent ses pensées. Non ! Tais-toi ! Ca ne marcherait jamais de toute façon… Comme il venait tout juste de rejeter cette idée, ses yeux rencontrèrent les étonnantes émeraudes qui brillaient dans ceux de son amie. Quoique… Il soupira. Arrête ça maintenant Mac ! Merde, je suis vraiment trop crevé…
« Donc ?... » lui demanda-t-il, lui offrant un nouveau sourire fatigué tandis qu'il se redressait dans sa chaise. « Vous étiez venue pour… ? »
Elle se racla la gorge en voyant son expression redevenir sérieuse et se mordit la lèvre inférieure devant la confusion qui avait réapparu dans le bleu étincelant de ses yeux. Elle se demanda un instant s'il avait idée de la manière dont ses yeux pouvaient passer en un instant d'un bleu sombre et sérieux à un vert espiègle… et l'effet que cela produisait chez elle ! Elle inspira lentement, s'apprêtant à affronter une fois de plus son incroyable entêtement…
« Je ne sais pas si vous l'avez remarqué » commença-t-elle, « mais il est déjà 21h largement passées, l'enquête est bouclée et tout le monde, à part vous, a quitté le labo il a deux heures de ça… Il n'y a plus personne, Mac, que faites-vous encore ici ? » Son ton était doux mais laissait bien comprendre qu'elle ne partirait pas sans une réponse satisfaisante.
Il soupira. D'une certaine manière, il avait su, dès la minute où elle était entrée, qu'elle n'était pas venue pour parler boulot. Il lui était reconnaissant de veiller sur lui, mais il y avait des fois, comme ce soir-là, où cela le rendait grincheux, et il se demanda pourquoi elle s'était sentie obligée de le faire. Si elle se trouvait devant lui à présent, cela signifiait qu'il avait dû, d'une manière ou d'une autre, avoir un moment de faiblesse durant la journée, sans quoi elle ne serait pas venue, et cette seule idée suffisait à l'énerver. Il se remémora rapidement les évènements des heures passées et ce qu'il avait pu dire, songeant qu'il avait sans doute abaissé sa garde à un moment où elle se trouvait dans les parages, et que c'était ce qui l'avait conduite dans ce bureau. Il soupira à nouveau en se levant et se retourna vers la fenêtre derrière lui. Une nuit noire s'était installée de l'autre côté de la vitre, seulement troublée par les lumières clignotantes de la ville.
« Mac… » Sa douce voix brisa soudain le silence du bureau, le tirant de ses pensées. « Vous n'avez rien fait qui m'ait inquiétée… » dit-elle comme si elle avait pu lire ses pensées, ses yeux fixant le léger reflet du visage de son ami sur le verre sombre.
Il se retourna lentement et leurs regards se croisèrent, le bleu océan rencontrant l'émeraude. « C'est simplement qu'après cette semaine… et vous connaissant… disons que je me doutais de l'effet que ça vous ferait. » Elle inclina la tête sur le côté, essayant de le faire réagir, les yeux étincelants.
« Dix ans d'entraînement, c'est vrai… » grimaça-t-il, arborant son charmant sourire. Il soupira en posant ses mains sur ses hanches, d'un air las. « A quoi bon essayer encore ? »
Un large sourire s'étala sur le visage de son amie en réponse au sien. « A vrai dire, je n'en ai toujours pas la moindre idée. Mais puisque, pour une fois, vous semblez d'humeur à m'écouter, pourquoi ne rentreriez-vous pas chez vous et ne vous accorderiez-vous pas une bonne nuit de sommeil ? C'est d'accord ? Je suis d'astreinte donc, si jamais il arrive quoi que ce soit, je protégerai la ville pendant que vous dormirez, Batman. »
Il rit doucement devant sa référence. « C'est bon, c'est bon Robin… » répliqua-t-il en insistant sur le nom. « Vous surveillerez le fort pour moi, n'est-ce pas ? »
Il marcha jusqu'à la porte et attrapa veste et manteau. Dehors, la neige avait recommencé à tomber vivement et la semaine de Noël s'annonçait recouverte d'un épais manteau de flocons blancs. Tandis qu'il enfilait son manteau, il se tourna vers elle.
« Vous rentrez chez vous aussi ! » s'enquit-il dans un sourire.
Elle sourit en retour. « Ne vous inquiétez pas pour moi, je ne suis pas comme mon patron » le taquina-t-elle avec un clin d'œil. « Je sais, moi, quand il est temps de rentrer à la maison. Par ailleurs, j'ai des cadeaux de Noël à empaqueter et étiqueter. »
Il grogna d'un air faussement offensé avant de se retourner vers le couloir.
« Bonne nuit Stell'. »
« Bonne nuit Mac, on se voit demain matin… » lui dit-elle en lui donnant une petite tape sur le bras.
Il s'attarda quelques secondes à son contact, incapable de détacher son regard fatigué de ses yeux émeraude, tandis qu'une foule de pensées se bousculaient dans son esprit. Espoir. Peur. Amour. Ils se confondirent tous en un seul. Sa bouche était sèche et son cœur battait la chamade lorsqu'il finit par acquiescer doucement avant d'appeler l'ascenseur. Quand les portes se refermèrent derrière lui, les battements affolés se calmèrent, bientôt remplacés par de la peine.
Quelques minutes plus tard, il quittait le bâtiment et hélait un taxi. Il était trop épuisé pour conduire et le taxi le conduirait suffisamment rapidement chez lui pour que ses yeux ne se ferment pas avant qu'il ait atteint son appartement. Lorsqu'il s'introduisit à l'arrière de la voiture, se débarrassant des flocons blancs qui recouvraient ses épaules, il se souvint du visage de Stella, de ses joues rougissant. D'étranges pensées étaient alors apparues devant ses yeux, des images d'une vie à laquelle il avait déjà goûté... Tandis qu'il laissait sa tête retomber sur le dossier, il se demanda comment cela serait de l'avoir, elle, chaque jour chez lui, comme il en avait été avec Claire… Il soupira, se rappelant le tragique coup du destin qui l'avait arrachée à lui. Mais le visage de Stella réapparut ensuite devant ses yeux et il se demanda pourquoi ses pensées le conduisaient toujours vers elle ces derniers temps.
Depuis la Grèce, il ne s'était pas passé un jour sans qu'il pensât à elle. C'était comme si quelque chose avait changé dans leur relation, mais il ne parvenait pas à saisir quoi. Il soupira profondément. Il connaissait ce sentiment… La façon dont il avait réussi à la regarder durant toutes ces années avait changé, même s'il avait toujours été conscient des profonds sentiments qu'il éprouvait pour elle depuis qu'il l'avait rencontrée. Avec Claire, sa disparition soudaine et son travail qui le prenait vingt-quatre heures sur vingt-quatre, il avait toujours réussi à les mettre de côté… enfin, jusqu'à maintenant. Il ferma les yeux. En Grèce, il le lui avait dit. Il lui avait laissé entrevoir quelque chose qu'il n'avait pas admis lui-même pendant des années. Il sentit ses épaules crispées commencer à se détendre. Bien qu'il se sentît soulagé, quelque part, de lui avoir parlé, elle n'avait pas exactement répondu à ses sentiments comme il s'y serait attendu. En dépit du fait qu'elle ne l'ait pas rejeté, elle n'avait pas dit un seul mot à ce sujet depuis leur retour, et il se demandait à présent s'il ne l'avait pas blessée.
Il se sourit à lui-même d'un air narquois. Bon, le fait qu'elle vienne encore et toujours le trouver dans son bureau pour le faire rentrer chez lui était une preuve suffisante que leur amitié n'avait pas été altérée, mais d'une certaine manière il ne pouvait pas se défaire de l'idée que quelque chose avait changé. Et ce qui le troublait vraiment, c'était qu'il n'aurait pu dire si les choses avaient évolué en pire ou en mieux. A présent, elle semblait plus prudente avec lui lorsqu'elle lui parlait vie privée. Avait-elle peur qu'il ait ainsi voulu entraîner les choses à un autre niveau, peur de ne pas être prête pour cela ? Il expira lentement en sentant un léger mal de tête le lancer. Au plus profond de lui, il voulait que les choses évoluent et les mener sur la route vers le prochain niveau. Il ne savait simplement pas comment…
Son regard se porta de l'autre côté de la vitre, vers les lumières clignotantes de la rue. La nuit était déjà tombée depuis des heures et, malgré l'épais voile de neige, il pouvait encore distinguer les magasins fermés avec leurs vitrines décorées et les quelques passants s'empressant de rentrer chez eux.
Noël était dans quatre jours et il ne lui avait pas encore parlé de son projet de l'inviter. Il savait qu'elle n'avait rien de prévu pour le réveillon et, même si cela lui déchirait le cœur de savoir que personne n'avait songé à l'inviter, cela lui permettait d'espérer qu'elle accepterait lorsqu'il le lui proposerait, le lendemain. Néanmoins, cela faisait déjà deux jours qu'il essayait de lui parler, remettant cela à plus tard à chaque fois qu'ils avaient une nouvelle scène de crime, se disant que ce n'était pas le bon endroit. Et maintenant que Noël arrivait à grands pas, il ne pouvait pas se permettre de se dérober plus longtemps. Non. Le lendemain, il lui demanderait de se joindre à lui pour Noël, et là il saurait si les choses pourraient progresser entre eux. Oui, demain, se répéta-t-il silencieusement, un léger sourire aux lèvres.
Le taxi se gara au coin de son immeuble. Après qu'il eut payé le chauffeur, il s'en extirpa lentement, ses muscles endoloris le tiraillant à chaque instant, témoins de l'éreintante semaine. La neige gelée craqua sous ses bottines lorsqu'il mit le pied sur le trottoir et ferma la porte. Remontant son col, un petit nuage s'échappa de ses lèvres comme il se dirigeait vers son immeuble.
Passant devant une petite impasse, il s'arrêta en entendant quelqu'un hurler et se tendit quand des pleurs effrayés, angoissés et aux tonalités féminines se firent entendre. Suivant son instinct, il se précipita dans l'allée sombre tout en posant ses mains sur la bosse rassurante qui se formait sous son manteau. Ses doigts gantés trouvèrent rapidement la crosse de son arme mais il la maintint dans son holster. Probablement un junky en train de menacer une pauvre vieille femme…
Mais, comme il s'approchait, l'allée demeurait plongée dans le noir, comme si les éclairages répartis sur la longueur de l'impasse avaient été éteints. Son cœur commença à battre un peu plus vite. Il y a quelque chose qui cloche… ne cessait-il de se répéter.
« NYPD ! » cria-t-il en allumant sa lampe de poche, perçant l'obscurité devant lui et révélant des traces de pas dans la neige immaculée. « Montrez-vous ! »
De faibles sanglots lui répondirent cependant qu'il faisait encore quelques pas, la neige gelée crissant sous ses pieds comme l'obscurité achevait de l'envelopper. Il tira son arme de son holster et la pointa vers l'avant, tenant à la fois son pistolet et la lampe de poche d'une main ferme devant lui. Il pouvait à présent entendre son cœur battre derrière ses tempes. En tant qu'ancien Marine, ayant été confronté à de dangereuses situations, il avait toujours été capable de laisser ses craintes de côté, et aujourd'hui n'échapperait pas à la règle.
« Montrez-vous ! » commanda-t-il encore. « Montrez-vous ou je tire ! » De la colère perçait dans sa voix comme il bluffait.
Il n'avait pas l'intention de tirer dans l'obscurité la plus totale, mais il comptait sur le fait que l'autre ne connaitrait pas les procédures de police et qu'il se rendrait à sa menace. Devant lui, il entendit comme une bagarre et du métal raclant le sol gelé. Merde, le gars était en train de courir, pensa-t-il avant de se mettre à courir lui aussi, définitivement plongé dans le noir le plus complet de l'impasse. Les rayons de sa lampe parcoururent les alentours comme il entendait la respiration saccadée de l'autre, non loin de lui, mais il s'arrêta. Où a-t-il pu passer ? Ses yeux scrutèrent l'obscurité comme le silence avait une fois de plus envahi l'allée.
Quelque chose ne va pas…, lui cria son instinct lorsqu'il se retourna sur lui-même. Il pouvait voir les faibles lueurs de la rue principale. Il avait couru si vite dans l'impasse qu'il ne s'était pas rendu compte s'être autant éloigné de la route et de sa lumière rassurante. Dans sa tête sonnaient comme des avertissements mais il était flic, et si quelqu'un avait besoin de son aide, il ne pouvait se dérober à son devoir pour se raccrocher à la sécurité. Son souffle court s'échappa de ses lèvres en un nuage tandis qu'il balayait le lieu sombre et silencieux de sa lampe, les doigts crispés sur la crosse de son arme.
« NYPD ! Montrez-vous ! » cria-t-il encore une fois.
C'est alors qu'il vit un homme surgir de derrière une benne à ordures, dans le faisceau de sa lampe, les mains en avant, une peur évidente peinte sur son visage. Cependant que Mac observait l'homme qui se tenait devant lui, aucune arme en mains, une étroite veste usée et un vieux pantalon vert en guise de vêtements, il abaissa lentement son arme, les traits de son propre visage se détendant à la vue de l'homme sans défense.
« NYPD, qui êtes-vous ? » demanda-t-il, mais l'homme demeura silencieux, un regard étrange au visage. « Je ne vous veux aucun mal, » ajouta-t-il plus doucement comme il faisait un pas en direction de l'homme.
« Ouais je sais, » rétorqua sèchement l'homme, l'expression de peur disparaissant instantanément de son visage. « Mais moi, si ! » poursuivit-il avec un large sourire narquois, portant son regard par-delà l'épaule de Mac.
Les yeux de Mac s'élargirent comme il réalisait soudain que le gars n'était pas seul, et il se tourna pour regarder derrière lui. Avant de pouvoir voir ce qui arrivait, il fut projeté au sol par un coup brutal assené avec quelque chose de dur sur le côté droit de son visage. Il perdit son arme et sa lampe dans la chute et les entendit rouler dans la neige loin de lui sans qu'il puisse rien y faire. Un liquide brûlant coula du côté droit de sa tête jusque dans son cou cependant qu'il gisait face contre terre, crachant du sang. Il cligna lorsque du sang se glissa dans son œil droit tandis qu'il prenait appui sur ses mains pour se redresser. Mais un coup douloureux dans le dos l'en empêcha et il s'enfonça à nouveau dans la neige froide. Il s'efforçait de se redresser à nouveau lorsqu'on le tapa à coups de bottes, le frappant encore et encore.
Il se retourna sur le côté pour se protéger mais certains coups parvinrent à l'atteindre à la tête malgré tout et il abaissa sa défense, se retrouvant allongé sur le sol enneigé. Il cligna des yeux comme il essayait de s'asseoir et de parer les coups. Il réussit bien à se saisir de quelques bottes et à mettre à terre certains de ses assaillants, mais cela n'empêchait pas les coups de venir, de toutes les directions. Sa vue était brouillée et il était difficile de voir, à travers la lumière vacillante dirigée en plein sur son visage, combien étaient ses agresseurs et où ils se trouvaient. Plusieurs fois, il tenta de se mettre sur ses jambes, et, chaque fois, des coups violents dans le dos ou aux genoux le firent s'écrouler. La tête lui tournait, il haletait. Il sentit la neige glaciale sous son genou comme un autre coup douloureux le frappait en plein estomac, lui brisant quelques côtes au passage. Il tomba en avant, les mains sur l'estomac, luttant désespérément pour rester conscient.
Les coups continuèrent de pleuvoir sur son corps vidé et, après ce qui lui sembla une éternité, ils cessèrent avant que des mains brutales ne l'empoignent et le mettent sur le dos. Il gisait immobile dans la neige, haletant, son sang s'échappant de ses entailles, au-dessus des yeux, sur ses joues, ses lèvres. Silencieusement, de gros flocons caressèrent son visage enflé et sanguinolent comme ils tombaient gracieusement du ciel noir au-dessus de lui.
Il admirait cette grâce en silence lorsque ses yeux se fermèrent, la douleur irradiant tout son corps. Il avait du mal à respirer maintenant que le sang avait envahi sa bouche et sa gorge. Convulsant à chaque respiration, il sentait ce goût amer dans sa bouche. Quant à la douleur sourde dans sa tête, elle était le signe d'une commotion cérébrale. Il cracha du sang mélangé à sa salive, sentit la bile monter.
« Qui… que… voulez-vous ? » réussit-il à articuler dans un souffle, incapable de bouger.
Il entendit le premier des hommes ricaner avant que son cœur n'échappe un battement comme l'autre donnait ses instructions à ses acolytes. « Ôtez-lui son manteau et sa veste, il n'en a plus besoin de toute façon. »
La peur s'empara de Mac lorsqu'il sentit des paires de mains le soulever de terre et le mettre à plat ventre. Ils lui retirèrent brutalement son manteau, sa veste, lui enlevant ses gants également. Son corps se contracta douloureusement comme un des hommes l'immobilisait, ses genoux pesant sur son dos, lui tirant les bras vers l'arrière, lui faisant échapper un gémissement. Ils allaient le ligoter, lui rendant toute tentative de s'échapper impossible. Usant des derniers ressauts de l'adrénaline qui coulaient dans ses veines, il se dégagea violemment de leur emprise. Mais trop vite. Ses bottes glissèrent sur le sol glacé, le laissant au milieu de ses agresseurs. Comme il luttait pour les empêcher de le mettre à terre une fois de plus, il sentit ses forces l'abandonner rapidement. Sa vision floue ne lui permettait pas de placer ses coups et il eut bientôt perdu toute son énergie à cogner dans le vide, avant qu'un épouvantable coup porté à la gauche de sa tête ne mette fin à son combat désespéré, le laissant immobile sur le sol enneigé, haletant pour un peu d'air.
Maintenant dévêtu de son manteau et de sa veste, Mac sentit la morsure mauvaise du froid glacial sur sa chair lorsque des genoux s'abattirent une fois de plus sur son dos, enfonçant un peu plus ses côtes brisées. Il essaya de respirer mais ses poumons s'étaient vidés à la minute même où l'on avait tiré ses bras avec force vers l'arrière une paire d'anneaux métalliques tintèrent avant qu'il sente ses propres menottes se refermer sur ses poignets. Du sang coulait depuis son nez, sur ses yeux, brouillant sa vision. Avec les battements forts martelant dans son crâne, tout lui semblait sombre et lointain. Même la neige froide qui lui écorchait la joue n'était plus si froide… Il entendit le même gars que précédemment aboyer des ordres et se retrouva traîné sur les genoux.
Il laissa échapper un grognement lorsque sa tête fut violemment tirée vers l'arrière comme une main dure et froide empoignait une mèche de ses cheveux bruns. On lui mit une vive lumière dans les yeux, révélant son visage battu et meurtri. Il cligna plusieurs fois des yeux, tentant d'éclaircir sa vision de la lumière aveuglante cependant que du sang les obscurcissait.
Un visage apparut devant lui. Il sentait l'odeur fétide de l'homme, il pouvait distinguer la forme de sa tête, ses cheveux bouclés se découpant dans la lumière derrière lui. Mac avala la bile qui l'empêchait de respirer.
« Il semblerait que vous fassiez moins le malin maintenant, détective, » ricana l'homme devant lui.
Mac cligna comme le sang se mettait à goutter un peu plus devant ses yeux. Il lui était difficile de respirer, les battements de son cœur mettaient sa poitrine en feu, et il savait qu'il ne resterait plus conscient très longtemps.
« Qui… êtes… vous ? » articula-t-il difficilement entre ses lèvres enflées, entaillées, le souffle trop court pour lui donner suffisamment d'air.
« Vous n'avez pas besoin de savoir, vous êtes mort de toute façon, » siffla l'homme, de la fierté dans la voix, comme il se retournait vers quelqu'un d'autre et s'emparait de quelque chose que Mac ne put voir.
L'homme abattit alors une batte en acier sur le visage de Mac et regarda, satisfait, la tête du détective s'affaisser mollement sur sa poitrine, son sang s'épanchant librement sur la neige d'un blanc pur à côté de son corps. Il fit un signe de tête à l'un de ses hommes et le gars qui se trouvait derrière Mac l'empoigna à nouveau par les cheveux, sales et humides de sang, tirant violemment sa tête vers l'arrière.
Le cœur de Mac martelait lourdement derrière ses temps lorsqu'il se sentit une fois de plus tiré en arrière. S'ils le frappaient encore comme ça, il ne pensait pas avoir assez de force pour rester conscient. Mais il n'eut pas même le temps de rassembler ses esprits qu'un second coup le frappait violemment aux côtes, lui arrachant une douleur insoutenable à la poitrine. Ses agresseurs l'ayant lâché, il se retourna cependant que de violentes secousses parcouraient tout son ventre jusqu'à son estomac. Comme au ralenti, il se vit cracher le faible contenu de son estomac dans la neige, la couche blanche tachée par son sang. Sa face rougie, brûlante, retomba sur la neige froide et gelée lorsque son corps brisé heurta le sol.
Une mince étincelle d'énergie rebelle parcourut ses veines. S'il devait mourir, il était hors de question qu'il les laisse s'amuser aussi facilement. Lorsqu'une autre paire de mains l'attrapa par les bras pour le remettre à genoux, il poussa sur ses jambes et sur ses pieds, envoyant sa tête vers l'arrière. Dans un craquement satisfaisant, il sentit sa tête heurter le nez de l'homme qui se trouvait derrière lui. L'homme cria sous la douleur et lâcha Mac. Sans attendre, ne voulant pas risquer de perdre l'avantage de la surprise, Mac lança son corps vers l'avant, sur celui qui dirigeait. Son épaule droite rencontra douloureusement l'estomac de l'autre, lui coupant le souffle par la même occasion. Ils tombèrent au sol, Mac au-dessus de l'homme. Il glissa ses jambes autour du cou de son adversaire et verrouilla sa nuque dans une position mortelle. L'homme étouffait sous l'emprise toujours plus serrée de Mac. Il essaya de lui donner un coup de poing mais il était trop loin. Il ne put atteindre que les jambes de l'expert.
Son souffle était court, sa vision se troublait, Mac savait qu'il n'avait plus beaucoup de temps. Il resserra donc encore sa prise. S'il pouvait faire en sorte que le gars s'évanouisse, il n'aurait plus à s'occuper que des deux autres. Mais il n'eut pas le temps de réaliser son plan, qu'un autre coup le frappait à la tête par derrière. Assommé, il sentit son corps s'écrouler immobile dans la neige. Ses yeux se fermèrent. Les battements dans sa tête étaient si forts, comme des tambours derrière ses tempes… Sa tête était sur le point d'exploser sous la douleur criante. Le bruit était si fort qu'il n'avait aucune idée de ce qui se passait autour de lui.
Libéré de l'emprise du détective, l'homme toussa et se remit sur pieds. Il tituba un peu lorsque son pied glissa sur la neige. Se frottant la nuque d'une main, il attrapa la batte de baseball que lui tendait l'un des autres et, bien que Mac ait été étendu, immobile dans la neige, il frappa le détective au niveau des côtes sans ménager ses forces. Pour s'assurer que le coup avait brisé les os en-dessous de la chemise bleue, maintenant tâchée de cramoisi, il frappa encore, grognant de rage, et fut finalement satisfait lorsque Mac gémit dans un râle d'agonie. Le silence s'installa dans l'allée obscure comme le leader jetait un regard malfaisant à ses hommes de main, silence que seul venait troubler le faible murmure du souffle court et irrégulier de Mac.
« Tu pensais vraiment que tu pourrais venir établir tes règles sur notre terrain sans en payer le prix, Taylor ? Eh bien tu avais tort ! » grogna le leader avec colère, attrapant la chevelure courte et brune de Mac à pleines mains, soulevant sa face afin de pouvoir voir ses yeux enflés. « Vous les flics, vous avez besoin d'un peu d'aide pour comprendre qui est le maître dans ces rues ! Et je vais envoyer un message à tes petits copains. » Il sourit méchamment. « Tu seras mon messager ! » Il lança brutalement la tête de Mac contre le sol enneigé.
« Les gars, » appela-t-il. Il leur désigna le corps démantelé de Mac. « Mettez-le debout ! »
Mac sentit son corps soulevé, deux bras solides le prenant sous les épaules et s'efforçant de le remettre sur ses pieds. Ses jambes, incapables de supporter son poids, se dérobèrent sous lui à l'instant même où ils le lâchèrent, sa tête retombant mollement sur son torse.
Comme il luttait contre la souffrance, ses pensées allèrent vers Stella et ce qu'il avait voulu lui demander le lendemain. Mais, lorsque l'homme qui lui faisait face sortit un couteau de sa poche, il réalisa tristement qu'il n'y aurait pas de lendemain pour lui… Il aurait dû lui demander il y a bien longtemps. Il n'aurait pas dû attendre. Mais maintenant il était trop tard. Il se battit pour garder les yeux ouverts, se courbant faiblement entre les mains de ses tortionnaires.
« Tenez-le ! » ordonna l'homme tandis qu'il approchait le couteau de la gorge de Mac. Il ricana. « Peur de la mort, Taylor ? »
Mac essaya de se libérer de l'emprise des hommes derrière lui, mais ils le tenaient trop fermement et ses jambes se pliaient sous lui, glissant sans but sur la neige humide. Son corps se tendit et il tituba lorsqu'il vit le couteau déchirer le tissu de sa chemise foncée, puis faire de même avec son sous-vêtement. Le vent froid, glacial, souffla sur son torse nu et son corps, incontrôlable, fut secoué de convulsions cependant que la douleur le brûlait, se propageait dans tout son corps meurtri.
Un sourire mauvais affiché sur son visage, l'homme enfonça la lame dans la peau du détective. Mac pensa d'abord que ce gars allait le tuer, mais la lame ne pénétra que dans les premières couches de sa peau, juste au-dessus de son foie, et l'homme commença à tracer des lettres dans sa chair, faisant croître la rage de Mac à chaque nouvelle incision.
Il avait été tellement stupide de venir dans cette allée. Il n'y avait eu aucun indice apparent qu'il s'agissait d'un piège, mais Mac se maudissait de s'être laissé prendre aussi facilement malgré tout. Mais, par-dessus tout, il s'en voulait de ne pas avoir parlé à Stella. Une autre entaille, plus profonde cette fois, traversant plus de chair. Une douleur vive irradia tout son corps cependant que l'homme grondait après les autres pour qu'ils resserrent leur prise sur Mac, qui était en train de glisser entre leurs mains.
Mac expira avec peine, sa tête pendant sans forces sur son torse, son cœur battant furieusement derrière ses tempes. Des gouttes de sang rouge vif roulèrent le long de son buste, venant s'échouer sur la ceinture de son pantalon. Un pan de sa chemise fut brutalement rabattu sur son torse par le vent froid et le tissu déchiré resta collé contre sa peau blessée, le sang trempant le tissu.
Le leader se recula d'un pas et regarda son travail d'un air satisfait. Le détective s'affaissait lourdement entre les deux autres. Du sang coulait librement des deux côtés de son visage, roulant le long de son cou, souillant son col de larges taches cramoisies, et son torse portait fièrement le message, écrit en lettres de sang toutes fraîches… L'homme sourit avant de froncer les sourcils, songeur.
« Hum… Que suis-je en train d'oublier ? » réfléchit-il tout haut.
L'un de ses hommes le regarda avec un sourire amusé. « Je ne vois pas la ponctuation boss ! » constata-il en ricanant.
Son boss rit sèchement. « Tu as raison. Que ferais-je sans vous, les gars ? »
Les hommes rirent stupidement derrière Mac lorsque leur boss s'avança plus près de lui, son visage à quelques centimètres de la tête baissée du détective. L'homme renforça sa poigne autour du manche trempé, sanguinolent de son couteau. D'un mouvement de tête à l'un de ses acolytes, la tête de Mac fut une fois de plus violemment rejetée vers l'arrière.
« Allez Taylor, ne joue pas au mort ! » grogna le boss en giflant la joue meurtrie de Mac. « Allez, réveille-toi ! Ne gâche pas tout en crevant ! »
Les paupières de Mac se soulevèrent avec hésitation et ses yeux bleu-vert croisèrent le vide noir de ceux de l'homme en face de lui. Il tressaillit en sentant la sueur froide goutter dans son cou, se mêlant à son sang chaud. Il essaya de répondre quelque chose de bien senti, mais il était trop épuisé… Au lieu de cela, il inspira un peu d'air froid avant de cracher au visage de l'autre.
« Bien ! » le nargua le boss. « Je vois que tu as encore les tripes pour me provoquer. » Il jeta un regard à ses hommes tout en ricanant à la figure du détective, puis il s'approcha pour être suffisamment près de l'oreille de Mac. « Maintenant, souviens-toi de transmettre à tes copains qu'ils n'ont pas intérêt de venir encore foutre la merde chez nous, » siffla-t-il avant de se reculer et de jeter sa main vers l'avant.
Le couteau vint se planter dans le flanc droit de l'expert. La morsure froide de la chair torturée par la lame envahit le corps de Mac en un instant et il sentit le couteau élargir la plaie avant de s'enfoncer plus profondément dans son ventre. Du sang remonta par sa gorge jusqu'à sa bouche comme son estomac le brûlait. Le boss retira le couteau du corps tremblant.
Les deux hommes qui se tenaient derrière Mac le lâchèrent et il s'effondra sur le sol enneigé dans un bruit sourd. Les battements de son cœur résonnaient douloureusement à ses oreilles comme il regardait la neige blanche se souiller rapidement d'une petite mare cramoisie. Sa vision se brouilla et il comprit que, cette fois, il n'avait plus aucune force en réserve. Avec une dernière pensée pour sa partenaire, le regret qu'elle ne sache jamais les sentiments qu'il avait réellement éprouvés pour elle, il regarda désespérément son sang s'échapper de son corps cependant que des tâches noires obscurcissaient sa vision. Les faibles battements de son cœur étaient la seule chose qu'il entendait encore, comme si le monde autour de lui avait cessé d'exister, et sa vie abandonnait rapidement son corps engourdi cependant que l'obscurité l'envahissait.
C'est avec un sourire fatigué mais heureux sur les lèvres que Stella sortit de l'ascenseur et traversa le hall principal du bâtiment du labo de la criminelle. Elle avait laissé sa voiture à la maison ce matin-là et elle savait d'ores et déjà qu'elle aurait à prendre un taxi pour rentrer chez elle le soir venu. D'ailleurs, en cet instant, la perspective de se laisser tomber sur le siège à l'arrière du taxi qui la ramènerait était plus attrayante que quoi que ce soit d'autre. Pourtant, elle connaissait quelque chose qui la tenterait plus encore… Une étincelle de joie dans le cœur, elle laissa son esprit vagabonder jusqu'à la conversation qu'elle avait eu avec Mac un peu plus tôt et, comme toujours, son visage s'illumina à la pensée de ce charmant sourire qu'il n'avait, elle en était persuadée, que pour elle. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle ne pouvait pas s'empêcher de penser à son coéquipier depuis qu'ils étaient rentrés de Grèce.
Elle savait que Mac était quelqu'un de très discret quant à sa vie privée, mais ce qu'il lui avait dit là-bas, ça avait été comme s'il lui ouvrait une porte qu'elle n'aurait jamais espéré voir s'ouvrir. Elle se mordit la lèvre inférieure cependant qu'un sourire s'esquissait sur son visage. Mince ! Cet homme avait réussi à la faire rougir en seulement quelques mots et maintenant elle n'avait plus la tête qu'à s'imaginer ce qui pourrait advenir par la suite s'il était sérieux.
Elle secoua la tête, tentant de retrouver son sérieux. Non. Il y avait peu de chances que Mac veuille donner suite à cette histoire. Elle soupira, son sourire s'effaçant à ses tristes pensées. Mais il réapparut précipitamment lorsqu'elle songea au cadeau qu'elle lui avait déjà acheté et qu'elle devait encore emballer avant de lui donner le soir de Noël. Enfin, si je peux me débrouiller pour le voir à ce moment… Il adorerait sûrement ! Elle espérait que ce soit le cas… Elle fronça les sourcils. Non, il aimera. Elle avait pris sa décision. Et peut-être lui donnerait-il un indice…
Comme elle passait devant le gardien et qu'elle se dirigeait vers la porte principale, elle s'arrêta brusquement en entendant des pneus crisser. Des cris s'élevèrent depuis la rue, au-dehors, et elle était sur le point de se précipiter à l'extérieur, son arme en main, lorsque l'on jeta quelque chose de lourd à travers la baie vitrée. Le verre se brisa et le paquet roula jusqu'au sol carrelé, s'écrasant au milieu des chaises, heurtant la table de bois qui se trouvait au milieu. Le lourd plateau qui était posé sur la table retomba sur le paquet dans un bruit sourd.
Stella se rua à l'extérieur, juste à temps pour voir l'arrière d'un van noir, tournant au coin de la rue. Tandis qu'elle retournait vers le bâtiment, elle remarqua une traînée de gouttes sombres sur le trottoir, se poursuivant de l'autre côté de la vitre cassée. Elle suivit les traces. Des morceaux de verre s'écrasèrent sous ses talons comme elle enjambait la fenêtre brisée. Elle rangea son arme dans son holster et se dirigea rapidement vers la table cassée. Elle avait remarqué une paire de bottes noires en-dessous.
S'efforçant de calmer son cœur, dont les battements résonnaient affolés à ses oreilles, elle jeta un coup d'œil au garde qui s'était figé. Un civil, nota-t-elle tandis qu'elle s'accroupissait près de la table et soulevait le plateau de bois.
Son cœur cessa de battre dans sa poitrine à la seconde où elle vit le visage de l'homme étendu, mutilé, devant elle. Elle regarda le bain de sang qui se formait déjà sous son corps. Oh mon Dieu, Mac ! Les mains liées dans le dos, son corps gisait terriblement immobile au milieu du verre brisé, sa tête retombant mollement sur son flanc.
Stella tomba sur les genoux, totalement effondrée, et ses yeux se fixèrent avec horreur sur le sang qui s'échappait rapidement de son corps meurtri. « Appelez une ambulance ! Un officier à terre ! » cria-t-elle désespérément tout en pressant ses mains sur l'estomac de Mac pour tenter de stopper l'hémorragie.
« Mac ! Oh, non ! Vous restez avec moi, okay ? »
Comme elle n'obtenait pas de réponse de son partenaire blessé, elle l'appela, cria, de plus en plus fort, se moquant éperdument de savoir si les autres pouvaient entendre sa peur, dissimulée derrière chacun de ses mots.
« Allez Mac, restez avec moi ! » cria-t-elle encore d'une voix rauque, essayant désespérément, entre ses larmes, d'obtenir une réponse. Mais les yeux de son partenaire restaient désespérément clos cependant que toujours plus de sang suintait entre ses doigts. La peur lui nouant l'estomac, elle le gifla au visage d'une main ensanglantée. « Vous n'oserez pas mourir comme ça devant moi, Mac ! Restez avec moi, je vous en prie ! Restez avec moi Mac… »
TBC...
