Notes : Cette fic est la suite de Pour le pire, que vous pouvez trouver sur mon profil
Mourir, cela fait mal. Ca fait un mal de chien. Les ténèbres sont blanches de souffrance, la chair hurle au martyr et c'est une succession de réveils violents comme ces matins où vous paressez au lit malgré les rappels successifs qui vous arrachent à la langueur pour y retomber aussitôt. Sursaut. Chute. Sursaut. Chute. Sursaut. Il n'y a plus de place pour la conscience quand tout crie en vous, noir, blanc, noir, blanc. La douleur arrache à soi, prend à bras le corps et l'adulte est enfant, est animal et l'on n'est rien lorsque tout s'écorche, qu'un point, une étoile filante en pleine combustion. La chute dure un instant et une éternité, la nuit se teinte en bleu et rouge, et les sirènes hurlent et hurlent, sombrer, réveil de feu, le bras qui se consume comme ces baguettes à étincelles, qui crépitent et jaillissent d'un point blanc qui remonte et remonte jusqu'à ce qu'il ne reste rien. Tout s'éteint, tout s'éteint. Ça fait mal, de mourir.
Mais moins que de survivre.
Se réveiller dans une chambre d'hôpital, au milieu des boutons et des écrans, des voyants et des machines, des tubes et des bips, un goût âcre de médicament et de plastique dans la gorge, tremblant de fièvre et de faiblesse. Les couleurs pastelles des murs, cette vaine tentative de masquer l'odeur de l'agonie à coups de désinfectant. Entendre un bruit rauque et sifflant insupportable et découvrir, quand on veut râler sur le connard de voisin, que l'on est seul dans la pièce et qu'il provient de notre gorge enflée. Et au ralenti, engourdi de morphine, lever les doigts vers la douleur qui bat
soulever une main lourde comme du plomb
au niveau du coude, le fourmillement s'étend
et refermer les doigts sur le vide qui pulse.
Il se tétanise. Cherche à droite, à gauche. Il n'y a rien. Il remonte, rencontre une masse étrange, la grosse poupée de compresses qui termine abruptement son membre.
Katsuki Bakugo est allongé sur le dos, les draps repoussés jusqu'au bassin. Sous lui le lit médicalisé baigne de sa sueur - on a changé les draps, mais il reste des traces jaunes de bétadine. La tunique fine comme du papier qui masque son corps, vilaine robe trop courte, est assortie aux maigres rideaux qui pendent aux fenêtres. Il fait nuit, à l'extérieur, rien sinon la façade morne d'une autre aile de l'hôpital, avec des centaines de vitres qui laissent passer la lumière de centaines d'autres chambres. Le jeune homme se cramponne aux bandages comme si en les palpant, il allait y redécouvrir le bras qui a disparu quelque part. Soudain, il écarte la main comme s'il s'était brûlé. Ses doigts se crispent. Une ligne en guise de bouche, yeux écarquillés cerclés d'ombres brunes, joues creuses. Bakugo fixe le plafond. Il ne bouge pas. La main revient à tâtons chercher le moignon. Le presse jusqu'à ce que la douleur le secoue d'un spasme et manque de l'assommer.
C'est réel. Il git là, avec un bras en moins.
Le dos de sa main se plaque contre son front, il grimace, fort. Et celui qui rêvait d'être le plus grand des héros se met à pleurer.
Violet Hill - Coldplay
Je l'avais dis, une suite de "Pour le pire" me trottait dans la tête depuis un moment... Je vais sortir quelques petits chapitres dans les prochaines semaines. J'espère qu'elle vous plaira. Comme pour la précédente, on suivra exclusivement Katsuki.
J'avance difficilement sur "Hors Champ" actuellement, je m'excuse pour le délai depuis le dernier chapitre... J'ai un chapitre de prêt mais je préfère le garder de côté pour prendre un peu d'avance.
Mise à jour prévue le 15 décembre !
