Chapitre 1 : Situation délicate et rencontres absurdes
Nous sommes en hiver. Il fait froid, il vente sans arrêt. Mais je ne sais pas exactement quelle heure il est, j'ai tout-à-fait perdu le compte. Naruto et Lee sont passés tout à l'heure devant ma chambre, enfin un éclair orange et vert ne passe pas inaperçu. Je les ai regardés courir. Sans pouvoir arrêter de les fixer. Je sais, c'est mal. Mais je ne peux m'empêcher d'admirer des hommes qui travaillent jour et nuit afin de réaliser leurs rêves. Parce que moi, je n'en ai toujours pas.
Contrairement à ce que tout le monde pense, je ne l'aime pas. Je n'aime personne, en fait. Du moins d'amour. Je n'ai jamais été amoureuse, je crois. Je n'ai jamais ressenti une telle attirance qui me fasse tout oublier. Malheureusement, j'assiste souvent à ce spectacle uniquement en tant que spectatrice à chaque fois que je croise Naruto et Sakura. Ils sortent ensemble depuis un an bientôt. Depuis la disparition de Sasuke, on pouvait se douter que Sakura allait tomber sous le charme de son meilleur ami comme personne. Ce qu'ils turent pendant un mois, jusqu'à ce qu'on les surprenne à s'embrasser fougueusement à un coin de rue, sans retenue, un peu embués par un très bon saké, de la crue de l'Hokage.
Lorsque je leur ai demandé pourquoi se cacher, ils m'ont répondu que c'était pour ne pas me faire de peine. Quelle blague ! Je les ai rassurés tout de suite, ne voulant pas qu'ils se fassent des fausses idées sur mes sentiments. Je n'éprouve que pour le blond une profonde sympathie et admiration. Je crois qu'ils l'ont enfin compris.
Alors je me dirige tranquillement vers la salle de bains, me préparant à faire ma toilette comme à chaque lever. Devant le miroir, je regarde la jeune femme que je suis devenue ; de grands yeux acres, des cheveux bleutés me descendant aux fesses depuis peu, une frange traversant mon front immaculé de blancheur, comme le reste de ma peau exceptionnellement pâle. J'ai de gros seins, pas autant que Tsunade-sama, mais enfin à la limite de l' toute façon, ma timidité entrave souvent les nouvelles relations que je cherche à créer. J'ai un corps bien fait, proportionné. Mais personne ne m'envie, puisque personne ne me regarde.
Je pousse un léger soupir de désespoir. J'ai vaincu le plus gros de ma timidité, mais je ne peux m'empêcher de rougir à tout bout de champ, ce qui me trahit à coup sûr... enfin, lorsque je ne suis pas en mission. J'ai déjà hâte d'être à demain. J'imagine la petite Haruko me demander des conseils sur ses progrès en clonage, Ichita me sourire gentiment, Ruku m'observer sans dire un mot mais enregistrant tout mes mouvements, le petit Shikaheta qui s'endort toujours, comme son cousin, mon ami. Je suis devenue jônin, mais j'ai préféré m'engager comme sensei à l'Académie Ninja. Cela me permet de respirer et de faire ce que je désire le plus au monde : apprendre à des jeunes de la connaissance essentielle pour pouvoir survivre dans un monde de shinobis et de kunoïchis.
Lorsque je dois m'en aller, j'ai droit à une ou deux crises de larmes de mes élèves attachants. Tenten me remplace dans ces cas-là. Nos talents diffèrent, et cela ne peut être qu'une force pour nos élèves. Quelqu'un cogne à la porte de la salle de bains. Mon reflet disparaît en un rien de temps. J'ouvre, et me retrouve brusquement face-à-face avec mon cousin.
- Tsunade-sama veut te voir, Hinata, lance-t-il dans un demi-sourire à sa façon.
On a beau dire, mais Neji est bien fier de moi ces temps-ci. Je me suis beaucoup améliorée dans presque toutes les sphères d'existence de ma vie. Je suis une femme, je me suis entraînée avec tant d'acharnement ces dernières années que je ne peux décemment plus être traitée de faible. J'ai décuplé ma force afin de bien accomplir ma nouvelle technique des 65 poings du Hakke, et ma rapidité s'est améliorée à un tel point que je suis juste derrière Lee, maintenant. J'ai des poids accrochés aux cuisses en permanence. Mon ancien sensei, Kurenai, vient me rendre visite parfois avec son petit garçon, plus si petit que ça d'ailleurs. Elle m'apprend de nouvelles techniques sans cesse, et dans le temps de quatre ans on ne reconnu plus la pauvre héritière déchue, sans avenir. J'ai grandi, je suis digne de confiance, et ma famille est fière de moi. Je m'entends également à merveille avec Hanabi, celle qui est passée à deux cheveux de prendre ma place dans la famille. À cette époque, ça aurait été bien pris. Mais plus aujourd'hui.
- Vous savez pourquoi, Neji-san ? demandai-je sans bégayer, défaut enrayé la plupart du temps depuis deux ans.
- Elle veut te donner une mission. Il va falloir que tu te dépêches, je crois que c'est urgent.
- Arigato, Neji-san.
Celui-ci incline respectueusement la tête et repart d'où il est venu. Je n'aurai pas eu le temps de prendre ma douche matinale, on dirait. Je vais alors directement vers le bureau situé au centre de Konoha, celui bien haut, accessible uniquement aux ninjas. Je frappe doucement au battant. Une voix particulièrement énervée me répond alors.
- Entre!
Je pousse la porte avec la main, délicatement. Parfois notre chef se met dans des colères noires en se rendant compte qu'elle a perdu beaucoup trop d'argent au jeu, ou qu'il ne lui reste plus de saké. Elle est enfouie derrière des centaines de livres débordant pour certains, de pages jaunies par le temps, et d'autres dont l'encre n'a pas encore séché. Pour être Hokage, il faut assumer une charge de travail colossale et celle-ci déteste en faire. Malheur de malheur. Je vois une des deux couettes blondes gigoter dans tous les sens, posée sur une poitrine à la grosseur irréelle.
- Maître Hokage, dis-je poliment.
- Ah, c'est toi, Hinata, dit-elle en sortant la tête par un trou, faisant par le même geste s'affaler la moitié des documents parterre. J'ai à te parler.
- Oui, je vous écoute.
Elle me regarde posément, son regard incrusté dans le mien, dénué de joie.
- Tu es jônin, pas Anbu. Je sais ce qui va t'en coûter de faire cette mission, mais pour notre bien tu te dois de m'écouter attentivement.
- Oui, Hokage-sama.
- J'aimerais te faire savoir en premier lieu que cela concerne un ennemi longtemps redouté.
- C'est l'Akatsuki, Hokage-sama ? devinai-je.
- Oui, je m'en doutais, tu es au courant. Il se trame quelque chose et je dois absolument envoyer quelqu'un. Tu es devenue quelqu'un d'autre, une excellente kunoïchi, et la meilleure espionne d'infiltration que je connaisse. J'ai entendu dire que les membres de l'Akatsuki comptent s'en prendre à toi, Hinata.
- À moi ? demandai-je d'une petite voix.
- Oui. Comme souvent, ils s'intéressent de près au Byakugan, possédant déjà le Sharingan. Il croient que tu ferais une bonne disciple.
Elle prend une grande inspiration, sentant que ma réaction pourrait être négative.
- J'ai besoin de toi. Que tu deviennes un membre d'entre eux.
- Mais... sauf votre respect... ils ne s'attaqueront pas au village pour m'avoir, ils courent déjà après Naruto, je ne suis qu'une faible proie. À quoi dois-je cette mission ?
- Je te l'ai dit. Konan, Sasori et Orochimaru sont morts. Trois membres de moins. N'oublions pas que Hidan s'est reconstitué avec l'aide d'Itachi et Kisame. Tobi n'est pas encore un membre officiel de l'Akatsuki. Je veux que tu le deviennes avant lui. Cet idiot ne peut que nous apporter des problèmes pires, par son inconscience. Ils te cherchent, je te demande d'aller les retrouver.
- Et qui dit qu'ils ne me disséqueront pas ? demandai-je, vraiment nerveuse à présent.
- S'ils essaient… je te donne carte blanche, affirme Tsunade-sama. J'aimerais que tu restes en vie.
Je prends quelques secondes de réflexion. L'Akastuki, bien sûr, composée de : Itachi, Kisame, Deidera, Hidan, Kakuzu, Zetsu, Pein, éventuellement Tobi… et moi-même, est la plus grosse et célèbre organisation criminelle connue. Au début, basée sur le gain, l'organisation marchait bien. Puis ils ont gagné une puissance incommensurable, dont ils se servent afin de capturer les Bijû et dans presque tous les cas, les Jinchuuriki. Depuis des années, elle n'a pas donnée signe de vie, jusqu'à il y a environ deux mois. Des cadavres ont rougi la rivière du pays de la Neige. L'alerte a été sonnée, et quelques Anbus y ont trouvé la mort. Je n'ai pas le choix. Je ne sais pas au juste les détails, mais je dois accomplir chaque mission qui m'est confiée. Je fais confiance à l'Hokage.
- J'accepte, Hokage-sama.
- Je te laisse le temps de prendre tes affaires et de t'en aller. Tu es officiellement devenue déserteure de rang S, après avoir tué plusieurs jeunes familles sans défense et avoir combattu tes camarades. Personne ne te trahira. Tu as renié ta famille. Je leur expliquerai plus tard. Mais avant, tu dois te battre en duel.
- Me… me battre en duel ?
- Bien sûr, tu ne peux pas aller voir l'Akatsuki fringante de jeunesse sans être un peu combative. Il faut les laisser croire que tu as échappé de peu à la mort. Pour ce faire, j'ai choisi… Maître Kazekage.
- Maître Kazekage ?? Vous voulez… d'accord, soupirai-je.
- Il est en visite ici et a beaucoup tenu à ce que ce soit lui qui fasse cela, fit-elle en prenant congé.
Gaara… depuis des années je ne t'ai pas vu. As-tu changé ? Mes pensées se tournent rapidement vers celui, qui, des années, plus tôt, réussissait à m'offrir un sourire en guise de bienvenue. Depuis son combat avec Naruto, il est devenu un autre homme. J'espère qu'il appréciera ma transformation. En me dirigeant le ventre vide et pas encore lavée vers la salle jouxtant le bureau, les cheveux encore de travers. J'examine la situation dans ma tête, me focussant sur les attaques de sable de Gaara, me disant qu'avec la rapidité acquise j'aurai beaucoup plus de chances de le toucher. J'entre avec un léger signe de tête, les yeux fermés.
Un homme aux cheveux rouges, flamboyants, la peau blanche malgré son pays d'origine, les cernes agrandies depuis le temps, bien plus grand que dans mon souvenir, l'âge lui a fait gagner en prestance et magnificence. Éblouie un court instant, je secoue la tête d'embarrassement et je sens mes joues se rougir. Gaara me regarde lui aussi., de son côté de la salle. Il semble surpris, ne pensant sûrement pas me retrouver en confiance, même les joues rougies. Il devine une meilleure assurance. J'avance vers lui, priant pour que mon bégaiement ne reprenne pas sous l'émotion. Je transmets une vague de sérénité à mes muscles, puisant dans mon calme habituel. L'homme du désert me tend ses bras. Je prends ses mains chaleureuses et les serre avec un petit sourire de contentement.
- Bonjour, Maître Kazekage. Vous avez passé un bon voyage ?
- Hinata, nous avons accompli bien des choses ensemble, pourrais-tu, s'il-te-plaît, oublier cette formule de politesse ?
- D'accord, Gaara-kun. Vous avez insisté pour m'affronter ? Puis-je vous demander pourquoi ?
- Tsunade m'a parlé de ta prochaine infiltration. Je trouve qu'elle est très dangereuse bien qu'indispensable pour ta survie. Je vois que tu as beaucoup évolué. Je tenais… à te revoir une dernière fois. Je n'ai pas pu résister à l'envie de voir tes progrès, toi la toute timide.
Gaara est capable de dire tout cela sans s'épuiser ? Quel changement, en effet ! Je suis réellement impressionnée. Nous n'avons jamais été vraiment proches, à vrai dire. Mais je constate avec joie qu'il s'est ouvert aux autres.
- Si nous commencions, annonce-t-il en lâchant mes mains qui retombent comme mortes.
Je me recule suffisamment, ne voulant pas prendre l'avantage de la proximité, et active mon Byakugan sur-le-champ. C'est ma technique héréditaire dont j'ai appris rapidement à me servir à la fois comme défense et comme arme. Les veines sur le côté de ma tête ressortent de ma peau. Gaara fait bouger son sable autour de lui, préparant sa défense, le corps-à-corps n'étant pas du tout son point fort. Si j'arrive à percer sa défense, ce qui risque d'être difficile même avec mon entraînement, je pourrai l'attaquer du poing souple. Je me mets en position d'Attaque. Comme il est fort sur la défense, mon travail c'est de l'attaquer. Je sais bien qu'il ne me tuera pas avec une mission aussi importante à faire.
Je porte le premier coup, bien évidemment contré au millième de seconde près. J'accélère le rythme à un point tel qu'on ne voit de moi que des mouvements inconséquents, brouillés. Je finis enfin par le toucher, le toucher à un beau gros point de chakra brillant. Le sable me projette une dizaine de mètres plus loin avec fracas. Je roule sur moi-même, essayant de limiter les dégâts. Après quelques secondes de calme sans bouger, je repars à l'assaut. Je dois fermer les 64 points, tout en évitant le 65e, bien sûr. Je réussis cette fois à toucher deux points de chakra. Je me concentre sur les plus gros, puisque ce sont eux les plus importants également.
Son sable m'envoie de nouveau virevolter dans les airs. Inlassablement, je me relève. Au bout de deux heures où j'essaie même les 64 poings du Hakke à une vitesse effarante, j'ai réussi à toucher 60 points. Beaucoup mieux que ce que je m'attendais. Alors que je me relève pour la vingtième fois, mal en point, il me fait un signe d'arrêt.
- C'est terminé. Tu as fermé soixante de mes points de chakra, j'ai vu ce que tu valais. Contre des hommes qui ne possèdent pas de Bijû, tu devrais pouvoir y arriver sans trop de problèmes.
- C'est… c'est fini ?
- Oui. Maintenant, pour toi, c'est l'heure de faire tes bagages et d'aller rejoindre tes nouveaux amis.
Je m'incline respectueusement devant lui.
- Merci pour ce combat, vous n'avez rien perdu de votre force, Gaara-kun.
- Toi, tu as décuplé la tienne, Hinata. Tu es devenue une belle jeune femme désirable et combattante. Je suis heureux de le constater. La petite fille gênée se tient loin derrière nous, maintenant. Tu m'as vraiment impressionné. Je te souhaite bonne chance dans ta mission… ne te laisse pas faire.
- Promis, Gaara-kun. Dites bonjour de ma part à vos frère et sœur.
- D'accord. Hinata ?
- Oui… dis-je faiblement.
Il avance vers moi, je ne bouge tout simplement plus, tétanisée, et de toute façon je suis épuisée. Il dépose très doucement ses lèvres sur les miennes, je respire son odeur corporelle très agréable sous le choc, inspirant tout d'un coup.
- Prends soin de toi, d'accord ? Envoie-moi un message si jamais… il advient que ça s'avère encore pire que prévu.
- Oui, Gaara-kun, lui répondis-je la voix tremblante.
- Allez, dit-il avec un sourire en coin, me poussant vers la sortie.
Je me retrouve dehors en moins de deux minutes, l'émotion me fait avancer comme un robot ultra-rapide. Il m'a embrassée, alors que peu de points communs nous lient… je savais qu'il avait changé, mais à ce point c'est encore incroyable. Je rentre chez moi, me dirigeant vers ma chambre, me préparant à faire ma besace, toujours troublée. Je ne peux pas me permettre d'amener trop de choses, puisque je suis censée partir en fugitive. Je ramasse alors des livres, des sous-vêtements en grand quantité, puisque pour une femme avoir toujours les mêmes c'est inadmissible selon moi, surtout qu'avec eux je me doute qu'on ne doit pas laver notre linge à tous les jours. J'emporte quelques chandails, en enroulant des armes dans ceux-ci, des jupes et des pantalons amples. Je me lave très vite la figure, essuyant des traces de sang qui ont coulé et la crasse, ne me recoiffe pas. Par contre, je me sens beaucoup trop sale et me lave avec une éponge en troisième vitesse. Prête à partir, je me sens presque comme une voleuse. Je ne croise absolument personne, ce que je trouve plus qu'étrange.
Ah oui, il me semble que Tsunade-sama s'occuppait d'eux tandis que je me battais corps et âme. Donc cela explique que personne ne soit là pour m'empêcher de partir. Sur la table, je vois un kunai abandonné par Neji qui a dû s'en servir pour ouvrir quelque chose. C'est que c'est pratique dans la vie de tous les jours, des kunais. Je prends mon bandeau ninja et raye définitivement le digle de Konoha, la peur et la tristesse me dévorant le ventre. Après tout, je suis une ninja renégat qui va rejoindre l'Akatsuki. Je me mets en chemin vers la forêt.
Selon les dernières indications, il se tiennent à quelques heures du village, et je prends les directions que mon Byakugan activé en permanence me dit. Je prends plusieurs pauses, tantôt en pleurant et criant seule au milieu des arbres, tantôt en lisant un des livres que j'ai amené. La nuit tombe, et je me couche seule en prenant appui sur un arbre, un petit feu allumé flanboyant devant moi. Ce feu me fait penser au cinquième Kazekage… je replonge dans mes pensées noires, sachant que je n'arriverait pas au bout de mes peines de sitôt. Je suis une femme ayant tué plusieurs familles… ayant combattu mes amis… plus rien ne me rattache à Konoha, du moins j'essaie de m'en convaincre, car il est vital pour tout le monde que je réussisse le plan. Je me mets de l'eau froide sur le visage, effaçant par le fait même mes émotions. Tout le monde est heureux, peut-être que quelqu'un va s'en faire, mais c'est à moi de jouer. J'aurais aimé dire au revoir à mes amis une dernière fois. Au lieu de cela, je me suis enfuie comme une traîtresse.
Je m'assoupis tranquillement contre le tronc rugueux. J'aurais bien mieux été dans mon lit douillet, avec ma couverture… que je n'ai pas pensé à emmener avec moi dans ce périple. Mon sommeil se traduit en cauchemars de tout genre, les adieux que j'aurais aimé avec Kiba et Shino… ils vont comprendre. Ce sont mes équipiers de toujours, nous nous voyions régulièrement même si leurs missions ne permettent pas de nous voir autant qu'on le voudrait. Kiba est devenu un jeune homme très beau et bien, toujours aussi prévenant envers moi, ne voulant jamais me blesser, et entrant dans une fureur noire lorsque quelqu'un le faisait. Quand à Shino,toujours autant silencieux et tempérament caché sous son haut col, il était devenu un puissant ninja meurtrier. Probablement que ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne devienne ANBU. Quand aux petits de ma classe… cela me déchire littéralement le cœur. C'est ma vocation, et je dois maintenant la renier…
Je me réveille dans un lieu inconnu, qui n'est sûrement pas celui dans lequel je me suis endormie de fatigue. Je regarde furtivement autour de moi, réactivant mon Byakugan.
- Vous vous êtes enfin réveillée, hn, dit une voix derrière moi, dont j'avais perçu le chakra avant même qu'il commence à parler.
Je ne connais pas du tout de vue les membres de l'Akatsuki, mais je sais parfaitement comment ils sont habillés, par contre. Et celui-ci en est un, manifestement, son manteau noir comme la nuit parsemé de nuages rouges sombres entourés d'un fine ligne blanche virevoltant dans le vent. Il porte une grosse bague à son index droit. Il porte une queue de cheval blonde sur le dessus de la tête, une grosse frange lui arrivant dans l'œil. De ses yeux azur, il me fixe avec un demi-sourire. Il pense sans doute que je ne le vois pas.
- Puis-je savoir ce qui vous fait sourire ainsi ? Pourquoi suis-je ici ? lui demandai-je durement.
Son sourire s'efface à la seconde même où je le mentionne. Je vois un autre chakra, très étrange, se profiler à 155 degrés, ainsi qu'un petit rire qui ne vient pas de l'homme derrière moi.
- Deidara-sempai ! Deidera-sempai ! Regardez, j'ai trouvé un petit lapin, dit le chakra bizarre.
Je me retourne pour voir mes ravisseurs. Le ton de voix du deuxième homme me surprend, très enfantin. Il tient dans ses mains une toute petite chose encore vivante, un bébé lapin d'à peine quelques semaines. À voir l'air furieux de son compagnon, je me retiens de rire. Je ne dois pas, je suis une meurtrière… L'homme mystérieux porte un masque orange en forme de spirale avec un unique trou qui ne me laisse rien voir, mais qui doit lui permettre de voir, lui. La robe d'Akatsuki toute sale de boue, il sautille de joie.
- Tobi ! J'ai faim !! Je ne peux pas manger cet échantillon ! Occupes-toi de notre invitée, je vais aller chercher à manger. Elle doit avoir fait une longue marche jusqu'ici, il faut qu'elle se rassasie. Espèce d'incapable !! crie-t-il.
Le dénommé Tobi se laisse presque tomber parterre en position assise, son masque tourné vers moi. Je désactive le Byakugan, j'ai trouvé ce que je cherchais. Deidara s'enfonce dans la forêt, tout seul. Mais Tobi ne peut rester en place, vraisemblablement. Ses membres tressautent d'énergie. Il se relève et gambade joyeusement jusqu'à moi.
- C'est quoi ton nom, dis, Deidara-sempai ne voulait pas qu'on te tue, moi c'est Tobi, débite-il d'une traite.
- Hyûga Hinata, dis-je en essayant de ne pas pouffer.
Oui, je sais, je ne dois vraiment pas rire, mais celui-ci semble en effet totalement inconscient. Je regarde la bague à son doigt. Finalement, il est entré dans l'organisation… l'Hokage est un peu en retard dans les nouvelles. Ils acceptent vraiment n'importe qui ! Celui-ci, malgré sa fluctuation de chakra anormale, dégage une impression de bonheur et de joie toute enfantine.
- Oh oh !! Il doit te connaître, Deidara-sempai, il a parlé de toi avec Itachi-sempai et Kisame-sempai.
- Quand ça, Tobi, dis-je en sachant que ce n'était pas discret du tout mais celui-ci ne s'en aperçoit pas et me répond avec ferveur.
- Oh, avant de partir de chez nous.
- Ils veulent me tuer, Tobi ? demandai-je tout en ne voulant pas connaître la réponse.
- Non, non, on te cherche depuis longtemps, Hinata-san !! s'exclame-t-il.
Ici, l'utilisation familière me fait sourire.
- Tu sais, on dirait presque un de mes élèves… commentai-je tout haut.
- Tu as des élèves, Hinata-san !! Tu en as beaucoup ?
- Presque vingt… je les ai laissés là-bas, dis-je d'une voix beaucoup plus dure que je ne me connaissait pas.
- C'est tout un hasard de vous trouver ici, Hyûga Hinata, reprend la voix de Deidara.
- Je me suis enfuie de mon village. J'en ai eu assez que personne ne me remarque… et la colère s'est emparée de moi.
- Vous avez quelques blessures, mais rien de grave. J'ai entendu dire que vous saviez les bases de medic-nin. Vous ne vous êtes pas soignée ?
Je réfléchis à toute vitesse.
- Je n'ai pas eu le temps, tout le village est en alerte et mes anciens amis me courent après.
- Vous saviez qu'on vous recherchait, affirme Deidara, à ma grande surprise.
- J'ai envie de donner un autre tournant à ma vie, et vous pouvez m'y aider.
- Nous allons vous ramener jusqu'à la base et on décidera ce qu'on fait de vous… une technique héréditaire comme la vôtre… la précieuse héritière des Hyûga… nous sommes chanceux de vous avoir trouvé. Nous avons dû combattre un homme et son chien, pour vous emmener.
Kiba ! Oh non ! Ils ne l'ont pas tué, j'espère ! Et dire que je n'ai pas eu le temps de lui dire quoi que ce soit… Aucune émotion, Hinata, ce n'est vraiment pas le temps de faiblir, tu réussis bien jusqu'à présent.
- Le gros chien m'a fait peur, Deidara-sempai, une chance qu'il soit parti ! dit Tobi en tremblant encore des mains.
- Dommage, j'aurais bien aimé exprimer mon art. Il ne m'en a pas laissé le temps, répond l'autre en dépeçant la prise du matin et l'embrochant sur une branche solide. Tobi, j'ai besoin de toi, crache un peu de feu là-dessus.
Il lui donne la branche, je ne peux m'empêcher de fixer le masque. Mais Tobi se retourne, dos à nous, pour l'enlever et cracher une boule de feu qui englobe toute la viande… ainsi qu'une partie de sa manche. Son masque retombe sur son visage lorsqu'il lâche la prise.
- Deidara-sempai ! Deidara-sempaiiiiiiiiiiii !!! Je brûle !! DEIDARA-SEMPAI !!! hurle-t-il en courant comme un déchaîné.
C'est le temps de faire mon premier mouvement pour leur attirer la sympathie. Je me mets à courir après lui et le plaque durement contre le sol, étouffant avec de la terre le manteau dont la manche droite n'est que lambeaux. Ça sent la chair brûlée. Une fois tout danger écarté, j'ôte la terre et attrape mon sac. Je sors la trousse de secours et désinfecte son bras en entier. Je passe mes mains au-dessus du membre, faisant planer une lumière verte, reformant les cellules de la peau.
- Tobi, ne bouge pas, je dois refaire ta peau, dis-je avec un grand sérieux.
Plusieurs minutes plus tard et plus de la moitié de mon chakra envolé, Tobi se remet à sautiller partout.
- Deidara-sempai, vous avez vu, vous avez vu ! La gentille Hinata-san m'a guéri ! Regardez !
L'artiste examine rapidement son bras, s'assurant que tout est en ordre.
- On vous ramène tout de suite à la base, de toute façon c'est grillé. On lève le camp. Tobi, ramasse nos affaires.
- Vous n'avez pas à lui parler ainsi ! m'insurgeai-je.
Aucune réponse de sa part.
- Où sont mes affaires ? demandai-je.
- Tobi les a, Hinata-san ! Tobi va les garder avec lui, promis juré craché ! dit-il en vacillant, ne voyant rien devant lui.
- Je vais les reprendre, tu as assez des tiennes, dis-je doucement en lui reprenant le fouillis des bras, qui lui cache la vue.
Je remets tout dans le sac, et nous nous remettons en route, tous les trois côte-à-côte, sans compter les nombreuses escapades de Tobi derrière les arbres en criant toutes sortes de drôleries. Je laisse un sourire flotter sur mes lèvres, ne me cachant plus de l'amusement que je ressens. Deidara ne s'en fait pas du tout, il semble plutôt exaspéré de son compagnon. J'avoue, pour un membre de la plus puissante organisation criminelle du monde des ninjas, celui-ci n'est pas sérieux. Au bout de quelques heures sans pause, nous arrivons enfin à une paroi de roche tout-à-fait ordinaire. Les deux membres passent au-travers, mais je me cogne durement à la roche. Deidara refait le chemin inverse, me tend une main que je prends avec joie, mais je sens des lèvres l'embrasser. Mais pourtant, son visage se tient bien en face de moi, pourtant. Je relève un peu la main, pas trop rassurée, pour me rendre compte qu'il a une bouche sur la main ! Sans commentaire aucun, nous passons ensemble sous la roche.
- J'avais oublié, depuis le temps, qu'il n'y a que les membres qui peuvent passer la paroi, sinon il faut que l'étranger soit accompagné, m'explique-t-il.
Ne me lâchant pas la main, il m'entraîne dans un dédale de couloirs à peine éclairés. Je sens sa bouche dans ma main qui m'embrasse sans cesse, ce n'est pas la plus belle sensation que j'ai vécu. Il s'en rend bien compte, passe un bras derrière mon dos et me donne une légère poussée pour que je me retrouve à sa hauteur.
- Ça aussi je l'oublie, mais je ne tiens jamais la main de qui que ce soit alors…
- On a pas le droit à l'affection, ici ? demandai-je.
- Ce n'est pas la question, essayez de trouver une femme potable en tant que membre d'Akatsuki… soit elles se sauvent, soit ce sont des folles qui adorent les tueurs en série pour leur popularité. Je trouve ça dégueulasse. J'aime tuer, mais elles ne savent pas ce que c'est.
Si seulement je pensais trouver un Akatsukien avec un raisonnement potable, dans l'ensemble du possible, je suis impressionnée.
- Je dois dire que ça tient la route.
- Vous avez laissé votre petit-ami aussi, là-bas ?
- Je n'en ai jamais eu, avouai-je sincèrement. Personne ne s'intéresse à moi.
- Nous, oui ! Allez, viens, je vous présente à tout le monde, dit-il en me poussant de nouveau, cette fois-ci dans une pièce circulaire.
Tous les membres y sont rassemblés. Je les compte. Huit, comme prévu. Un homme avec de nombreux percings prend la parole.
- Tu as fait vite, Deidara. Pour une fois. Hyûga Hinata, bienvenue aux quartiers de l'Akatsuki. Nous avons entendu parler de vos prouesses jusqu'ici. Battre le Kazekage, un de vos anciens amis, et tuer tous ces gens ! Bravo. Ayant été avertis de votre venue par votre accompagnateur, à l'avance, nous avons pris une décision finale, et je crois, Deidara et Tobi, que vous serez d'accord, dit-il d'une voix exceptionnellement froide.
- Nous voulons vous garder ici avec nous. Que vous deveniez un membre, annonce le frère de Sasuke, d'un ton qui n'a rien à envier à son chef.
Pas besoin de dire que Tobi pousse de petits cris de joie en criant : « Hinata-san ! Hinata-san ! Tu vas rester ! Deidara-sempai !», et que son sempai arbore un large sourire, tout en ignorant superbement son subordonné. Pas besoin de réfléchir. Je suis venue ici pour cela.
- J'accepte.
- Nous nous en doutions. Ta robe et la bague de Konan t'attendent dans ta nouvelle chambre. Deidara t'y emmènera. Je dois faire les présentations, affirme Pein.
Kisame : à moitié requin et se balade avec une énorme épée recouverte de bandages. Itachi : frère de Sasuke, c'est tout, même caractère froid. Hidan : il prie sans cesse, a des cheveux argent et pourtant ne doit pas dépasser les vingt-cinq ans, me jette un sourire convaincu. Kakuzu : ne dit rien, me regarde fixement, fait juste peur. Zetsu : raffole de la chair humaine, est à demi-plante et ne semble pas humain. Pein : se présente lui-même, le chef incontesté, de plus pas joyeux du tout, roux comme c'est pas possible, il me rappelle Gaara dans le temps où il n'avait pas changé, Tobi : homme à la personnalité d'enfant très sympathique mais énervant à la longue. Deidara : définitivement le mieux à ma connaissance.
Une fois toutes les instructions terminées, le sculpteur me fait découvrir les principaux lieux du repaire, et finalement ma chambre, qui comporte un lit, un bureau, ce qu'il y a d'essentiel.
- Euh… Deidara-san… vous ne m'avez pas montré de salle de bains.
- Tut tut tut, allez, Hinata, fini les vouvoiements et les –san ! Tu es un membre de l'Akatsuki, hn. Plus de ça, on doit se rapprocher, dit-il en effet en s'approchant de moi. Tu as une toilette ici. Pour la douche… euh en fait on a une seule. Tu veux la voir ?
- Oui, s'il-v…te-plaît, Deidara-kun. Je veux en prendre une, et ensuite dormir.
- Heu… pourquoi ce n'est pas Pein qui s'en est mêlé ? murmure-t-il. J'ai une question à te demander, et évite de t'effaroucher si possible, mais… tu as prévu beaucoup de vêtements de rechange ? Parce que ici, on a seulement des vêtements d'homme et les affaires de Konan ont brûlé alors… dit-il plus fort, atrocement gêné.
- Je pense que ça va être beau, ne t'inquiète pas.
- Heu… T-Tobi a échappé quelques trucs dans la forêt et j'ai pensé que tu voudrais les ravoir, avoue-t-il en me tendant des chandails et des culottes, les yeux fermés. Je n'ai pas regardé, je te jure, je n'ai fait que les ramasser !
Il a l'air coupable, mais bon. Je ne m'effarouche pas puisqu'il est trop tard, mais mon visage prend une couleur rouge rapidement.
- Finalement, je pense que je vais dormir, fis-je en m'écroulant sur le lit.
- Bonne nuit alors, à demain, hn.
- Bonne nuit, Deidera-kun, dis-je déjà à moitié endormie.
Et c'est ainsi que je m'endors pour la première fois dans une chambre, la mienne, du repaire de l'Akatsuki, en toute sérénité, étrangement.
