Hey !
Voici une fanfic qui retranscrit les aventures de mon personnage actuel dans Skyrim, une enfant Haute-Elfe. Avant tout, je dois vous avertir que ma connaissance de l'univers Elder Scroll est très limitée, il y aura donc très certainement des incohérences et je m'en excuse. Je tente pourtant de me renseigner un maximum avant d'écrire mes textes tout en essayant de les faire coller à mon histoire. J'espère tout de même que ça vous plaira.
Pour ceux qui ne le sauraient pas:
Altmer - Haut-Elfe
Bosmer - Elfe des Bois
Dunmer - Elfe noir
Bonne lecture !
Le début d'un truc magique - Faut bien commencer quelque part
Trois semaines s'étaient écoulées depuis l'événement. La carriole avait quitté l'ambassade des Thalmors au petit matin et avait prit la direction de l'Ouest en destination de Fortdhiver. Le temps n'était pas idéal pour une « promenade » improvisée : le ciel couvert du Nord menaçait d'éclater à tout moment en une violente tempête, quelle soit de pluie ou de neige et le Justiciar Thanar avait pour ordre de ne faire aucune halte. Ses supérieurs étaient convaincus qu'une journée était largement suffisante pour faire un aller-retour de la capitale de Bordeciel jusqu'à l'Académie des Mages, d'ailleurs personne ne devait consacrer plus de temps à une affaire si peu importante.
Le Haut-Elfe soupira en se réajustant sur sa banquette, ses petits yeux plissés d'ennui se concentrant quelques instant sur 'l'affaire peu importante' en question. L'après-midi débutait enfin et pourtant la jeune Altmer assise en face de lui n'avait pas cessé de fixer le paysage défilant par la fenêtre depuis sa montée dans la carriole. Thanar, qui l'avait pourtant connue bruyante, agitée et agaçante, s'étonnait de voir que cette enfant en face de lui était à présent calme, le regard vide, avec sur le visage une expression de total abandon au désespoir qui avait dû l'envahir depuis l'« incident ». Non qu'il s'en inquiétait, au contraire : il était content d'être bientôt débarrassé de cette plaie inutile qui ne faisait que ralentir les projets de ses confrères Thalmor. Mais cela avait un côté intéressant de voir les changements radicaux de comportement de la jeune fille suite au traumatisme.
Physiquement, elle n'avait pas changé : du haut de ses 12 ans, elle ressemblait déjà à une vraie petite femme de haut rang. Sa peau dorée était très propre et ses longs cheveux blonds, bien coiffés en un chignon relâché, retombaient gracieusement sur ses fines épaules. Le noir autour de ses yeux en amande faisait ressortir ses pupilles jaunes perçantes et des boucles d'oreilles de même couleur pendaient à ses oreilles pointues. Et si les membres du Thalmor responsables d'elle n'avaient pas jeté toutes ses affaires, elle aurait sûrement porté une belle robe colorée, lui allant comme un gants et complétant à merveille le reste de sa tenue. A la place, on l'avait forcée à porter ce qu'ils appelaient une 'robe de mage', un vulgaire bout de tissu d'un bleu passé, virant maintenant sur le gris , troué à certains endroits et attaché par une banale ceinture de cuir, usée et inconfortable. Grâce à son affinité avec la magie, la jeune Altmer se rendit vite compte que la robe en question n'était même pas enchantée. Une preuve de plus que les Thalmor désiraient uniquement se débarrasser d'elle et rapidement...
« - Nous arrivons, Monsieur. - Annonça le cocher. »
Les ruines de Fordhiver apparurent aux fenêtres et la carriole continua son chemin jusqu'à l'entrée de l'Académie des Mages. Les gens qu'ils croisèrent, pour la plupart, se contentèrent de tourner le regard : tous savaient qu'il ne valait mieux pas se mêler des affaires des Thalmor, même si pour beaucoup ces Elfes n'étaient que des étrangers qui n'avaient rien à faire en Bordeciel. Thanar sortit en premier, observant les alentours d'un air menaçant, persuadant ainsi les rares curieux à passer leur chemin.
« - Tu peux venir, Jirah. »
La jeune elfe obéit en silence. Malgré le fait qu'elle n'avait jamais vraiment quitté l'ambassade, à peine une ou deux fois pour visiter Solitude, elle ne prit pas le temps de regarder les alentours, le plaisir de découvrir un lieu inconnu n'était tout simplement pas présent et sa tristesse prenait le pas sur le reste. De toute manière, la tempête s'était finalement décidée à s'installer et de lourds flocons de neige commencèrent subitement à voler dans un vent glacial. Thanar se couvrit d'avantage avant d'ordonner à la jeune mage qui se tenait à l'entrée du pont de les conduire rapidement à l'intérieur. Celle-ci s'exécuta sans un mot et, après les avoir fait passé le pont grandement endommagé, conduisit Thanar et Jirah jusqu'à la Salle des Éléments.
La porte du hall s'ouvrit sur deux personnes, vraisemblablement en pleine dispute qui diminua rapidement au silence à la vue des nouveaux arrivants. Le premier était un Haut-Elfe, sans nul doute du Thalmor à en croire la robe qu'il portait et à l'air tout aussi hautain qu'ornait son visage. La deuxième était une femme Brétonne vêtue comme une mage et au visage marqué par la méfiance et la contrariété, probablement des sentiments plutôt dirigé vers son interlocuteur que quiconque d'autre.
Thanar prit aussitôt la parole.
« - Mirabelle Ervine, je présume ? Voici votre nouvelle disciple. Veillez vous en occuper, je vous prit. »
Le Thalmor avança d'un pas assuré vers son confrère, sans prendre le temps de regarder la Brétonne à qui il s'adressait ou même Jirah qu'il laissa en arrière, et tous deux s'éloignèrent dans un coin plus tranquille de la Salle des Éléments. La femme les regarda s'éloigner en pestant intérieurement et se retourna finalement pour faire face à la jeune Altmer.
« - Tu dois être Jirah. - Dit-elle sur un ton pressé, se forçant à refouler son agacement. - J'ai entendu parler de tes talents, il paraît que tu es très douée pour une si petite fille. Tu aura le temps de faire tes preuves ici.
- Merci, madame. - Répondit poliment la Altmer.
- Bien. Suis-moi, je vais te montrer ta chambre et te donner une meilleure tenue. »
Toutes deux retournèrent dans la cour, qu'elles se précipitèrent de traverser pour échapper le plus possible à la tempête qui tombait encore. Elles rejoignirent le Pavillon de L'accomplissement, qui, selon les dires de Mirabelle, servait de logement aux apprentis. Il se situait à gauche de l'entrée après le pont, tandis de le Pavillon de la Prestance, à droite, contenait les logements destinés aux plus expérimentés. Les Pavillons, construits comme des tours, possédaient deux étages avec cinq ou six chambres à chacun d'eux. Celle de Jirah se trouvait directement sur la droite à l'entrée du premier étage, c'est là que Mirabelle la conduisit en premier.
« - Ceci est désormais ta chambre. Tu pourra t'y reposer, faire tes expériences, entraîner ta magie... Bref, fais comme chez toi mais sois-en également responsable. Si tu causes le moindre problème, tu en payera les conséquences. Il en est de même pour tous tes camarades : n'hésites pas à signaler le moindre problème. Par contre, évites de les déranger s'ils sont occupés, chacun son intimité. Est-ce bien clair ?
- Oui, madame.
La Brétonne ouvrit une des armoires présentes dans la chambre de Jirah. Elle en sortit une robe ressemblant à celle que la jeune Altmer portait déjà mais en bien meilleur état : elle était d'un bleu océan bordée de gris et illustrant le symbole de la magie de Destruction sur le torse. Une vague lumière bleue semblait s'en dégager, Jirah devina immédiatement que cette robe était enchantée. Mirabelle sortit également une paire de pantalons du même bleu, une ceinture de cuire décorée et possédant une petite sacoche et une capuche grise décorée de fourrure blanche. Le tout semblait ne jamais avoir été utilisée ou presque.
« - Voila qui devrait être à ta taille... Ce n'est pas si souvent que nous accueillons des enfants ici. Cette robe n'est pas très puissante mais elle apportera un soutient non négligeable à une novice comme toi. Quand tu la portera, tes sorts de destruction te demanderont un peu moins de ta réserve magique et tu pourra donc les lancer plus longtemps. Elle t'aidera également à régénéré ta magie... on m'a dit que tu avais des problèmes de ce côté-là ? »
Jirah resta silencieuse, visiblement cherchant ses mots mais la Brétonne ne lui laissa pas le temps de les trouver.
« Peut importe. Ici, tu t'améliorera. Bien, passons à la suite. A l'étage se trouve une table d'alchimie, tu peux t'en servir autant que tu le souhaites. Quoi d'autre... ? Les cours se passent généralement dans la Salle des Éléments, la première salle que tu as visitée. C'est en tout cas là que les élèves se réunissent en début de cours, tous les jours... à 7h. N'oublies pas de porter ta nouvelle tenue, elle est ... Ah, il y a aussi une bibliothèque, qu'on appelle l'Arcaneum, accessible également par le hall de la Salle des Éléments... et les quartiers de l'Archimage se trouvent également à cet endroit mais tu ne dois le déranger sous aucun prétexte ! Heum... Voila, c'est à peu près tout. N'hésites pas à te balader et faire connaissance avec les autres, ils sauront sûrement t'aider si tu as des questions. Bien, maintenant, si tu veux bien m'excuser, j'ai à faire. »
- Ou-oui, madame, mais... »
Mirabelle, qui avait déjà tourné les talents et s'apprêtait à quitter le Pavillon, s'arrêta dans sa précipitation pour écouter la jeune fille.
« - Oui ? - S'impatienta la Brétonne devant l'hésitation de Jirah.
- Et bien... Où puis-je manger ? Et heu... me laver, peut-être ?
- Ah, oui... - Mirabelle soupira. »
C'est vrai que pour les autres membres de l'Académie, des détails comme 'manger' ou 'se laver' étaient loin d'être un soucis. Mais pour une gamine venue tout droit de l'Ambassade des Thalmor, qui devait sûrement avoir passé sa vie dans le confort, chouchoutée par des serviteurs au petit soin pour ses moindre caprices, l'affaire était tout autre... Cette petit saurait-elle au moins différencier ce qui se mange de ce qui ne se mange pas ? Mirabelle retint un rire jaune à cette pensée.
« - Eh bien... L'Académie fait quelques réserves de nourriture à l'étage des deux Pavillons de logement, mais c'est surtout pour les envies de casse-dalle entre deux expériences. Rien qui ne pourrait rassasié un homme à long terme... Non, en fait, chacun ici se débrouille pour se fournir sa propre nourriture. Certains cuisines eux-même directement mais la plupart se réapprovisionnent de temps en temps à l'auberge locale. C'est la même chose en ce qui concerne l'hygiène : l'auberge possède une salle de bain. Sinon, si tu ne crains pas le froid, la rivière est une bonne solution.
Cette dernière idée était évidemment du pur suicide, l'eau dans le Nord étant à une température idéale pour geler en quelques secondes, mais Mirabelle s'autorisa un sourire en voyant l'expression d'incertitude et d'hésitation que Jirah afficha puis quitta finalement le Pavillon sans un mot de plus.
La jeune se retrouva enfin seule. Seule, dans ce Pavillon froid, peu éclairé et vibrant d'un silence de mort. Elle fit quelques pas lents pour se retrouver de nouveau dans sa chambre et s'assit sur son nouveau lit. Son regard se posa sur les quelques vêtements que Mirabelle avait déposé sur une commode en face d'elle. C'est vrai, elle devrait sûrement se changer et se débarrasser de la vieille robe qu'elle portait... Après tout, c'est sans le moindre doute ici qu'elle passerait les prochaines années, enfermée par ses lourds murs de pierres, dans ces pièces mal éclairées et sans même une porte à sa chambre... Elle devrait certainement côtoyer des gens de races étrangères, qu'elle ne voyait avant que de loin, tous des mordus de magie aux objectifs barbants : la richesse, le pouvoir, la gloire...
Jirah serra les dents et se laissa tomber sur le côté, faisant dos à l'entrée de sa chambre. Elle agrippa un oreiller, le serrant fort contre elle, et mordit dedans à pleine dents, tentant vainement de retenir ses larmes. La jeune Elfe garda cette position, ses lèvres lâchèrent un gémissement de douleur, pourtant faible, mais qui résonna jusqu'à l'étage. Elle se redressa aussitôt, priant intérieurement que personne ne l'eût entendu. C'est à cet instant que la porte d'entrée du Pavillon s'ouvrit et que des bruits de pas se firent entendre. Alors que Jirah essuyait ses larmes d'une main encore tremblante, elle vit la mage de tout à l'heure, celle qui se tenait à l'entrée du pont et qui les avait conduit à l'intérieur, se présenter devant elle. C'était une Altmer elle aussi, aux cheveux courts, bruns et attachés en arrière en deux courtes couettes hautes. Elle portait dans ses mains un bâton et une petite sacoche de voyage visiblement abîmée.
« - Tenez. Il paraît que vous avez oublié ça... C'est le type qui vous a emmené ici qui me les a confiés en partant. »
La Haute-Elfe plus âgée déposa le tout sur le lit, à côté de Jirah qui l'a remercia.
« - Je m'appelle Faralda. - Continua-t-elle. - Mais ne vous faîtes pas d'idée. On est peut-être de la même race mais je ne tolère pas le Thalmor. Je ne veux pas d'ennuis, alors on va se contenter de s'ignorer, c'est bien clair ? »
La dite Faralda n'attendit même pas de réponse et quitta le Pavillon, laissant Jirah de nouveau seule. Cette dernière observa ce qu'on lui avait apporté : le Bâton de Rayonnement que sa mère lui avait offert il y a quelques années et qui ne lui avait jamais vraiment servit... Sa puissance était encore quasiment intacte. Dans la sacoche se trouvait un savon, un peigne, des ficelles, une bourse contenant un peu moins de 200 Septims et une lettre. La jeune fille ouvrit cette dernière...
« Lettre adressée à Jirah Linarrïl :
Je vous présente mes sincères condoléances pour le décès de votre mère, Arkence.
L'ambassade n'étant pas dans la mesure de vous apporter l'éducation que vos parents auraient espéré, et avec l'autorisation et les encouragements de votre père, j'ai personnellement prit la décision de laisser à l'Académie des Mages de Fortdhiver le soin de s'occuper de votre personne jusqu'à votre seizième anniversaire. A ce moment-là, votre présence sera de nouveau tolérée à notre Ambassade où vous serez officiellement considérer comme un membre du Domaine Aldmeri.
D'ici là, l'Académie des Mages de Fortdhiver saura vous apporter une éducation convenable et vous apportera les connaissances nécessaires en magie pour vous permettre de devenir, je l'espère, aussi talentueuse que vos parents. Nous garderons un œil sur vous et espérons voir vos progrès rapidement. Faîtes ce qu'il faut.
Bien à vous,
Elenwen
Ambassadrice du Thalmor »
Mensonges. Jirah savait parfaitement lire entre les lignes de cette lettres. Le Thalmor voulait se débarrasser d'elle pour deux raisons, dont la première et principale était le fait que sa présence à l'ambassade poussait les rumeurs sur sa mère à empirer : c'était une traîtresse qui avait fuit ses responsabilités comme elle avait fuit Solitude et qui avait trouvé la mort aux mains des Sombrages en tentant de quitter Bordeciel. La jeune Altmer n'étant plus là-bas, cette affaire pouvait être étouffée convenablement. Mais elle pouvait être au courant de choses délicates que les Thalmor ne voulaient pas voir se rependre... C'est pourquoi ils 'gardaient un œil sur elle'...
La deuxième raison de sa présence ici, c'était indéniablement que Jirah était un poids pour le Thalmor. Pas uniquement parce que c'était une enfant, mais surtout parce que c'était une incapable. Elle était la fille de deux grands magiciens qui avaient eût bien des occasions de prouver leurs talents, on aurait pu donc s'attendre à ce que la jeune fille ait des prédispositions dans le domaine de la magie. Et c'était en parti le cas : Jirah possédait une réserve de magie supérieure à la plupart des autres mages et ceux depuis sa plus tendre enfance. De plus, elle apprenait les sorts à une vitesse incroyable, ce qui était assez prodigieux pour son âge. Mais tous ces atouts étaient rapidement cachés par l'ombre d'un grand défaut : Sa magie mettait beaucoup trop de temps à se régénérer, il lui fallait au moins le double de temps pour récupérer que toute autre personne prédisposée à la magie. Un mage pouvant lancer des sorts plus longtemps ne servait pas à grand chose si, une fois sa réserve magique épuisée, il se retrouvait sans défense...
C'est pourquoi Jirah avait apprit à manier l'épée. Non qu'elle est déjà eu à s'en servir, mais ses bases au combat était comme une roue de secours, qui pourrait peut-être lui sauver la vie un jour. Malgré cela, que ce soit avec une arme ou avec la magie, la jeune Elfe manquait d'expérience et d'assurance. Le Thalmor espérait certainement que ses années à l'Académie changeraient cela.
L'estomac de Jirah cria soudainement famine. Il était vrai qu'elle n'avait rien mangé depuis son départ de l'ambassade... Elle s'empressa de faire une boule avec la lettre et la terra au fond de la sacoche, comme elle aurait voulu terrer les mots que la dite lettre contenait bien au fond d'elle-même, afin de ne plus y penser. La jeune Elfe renifla un bon coup, s'essuya les joues une nouvelle fois, juste au cas où une larme lui aurait échappé la première fois, et reprit un air distant et désintéressé.
Ses pas la conduire à l'étage. Elle y vit un Elfe des Bois endormi sur son lit ainsi qu'une autre Altmer aux cheveux blonds, qui lisait tranquillement dans sa chambre. Jirah les ignora pour le moment. Elle vit la table d'alchimie de l'autre côté de la salle circulaire et trouva le garde mangé ainsi qu'une table juste sur sa gauche. Elle s'intéressa d'abord à celui-ci. En ouvrant le garde-mangé, elle pu confirmer les dires de Mirabelle, la nourriture stockée ici ne lui suffirait pas à survivre très longtemps : Quelques pains, du fromage et des bouteilles d'alcool que Jirah ne saurait reconnaître vu qu'elle n'en avait jamais bu. En regardant de plus près, elle s'aperçut qu'une partie du stock commençait même à pourrir...
La jeune Altmer n'avait donc pas le choix... Elle referma le garde-mangé, redescendit dans sa chambre et se changea rapidement, enfilant sa nouvelle robe de mage enchanté, son pantalon et sa capuche. Dans son armoire, elle trouva également un petit châle de couleur grise dont elle entoura ses épaules. Une fois prête à affronter le froid, Jirah quitta le Pavillon et traversa le pont en sens inverse en direction de Fortdhiver.
La tempête s'était rapidement calmée mais la neige tombait toujours lourdement sur l'ancienne capitale de Bordeciel. La plupart des maisons en ruines suscitèrent enfin de l'intérêt aux yeux de Jirah qui commençait à s'inquiéter pour sa sécurité dans cette ville, malgré la présence des gardes. Elle ignora donc les deux personnes se disputant dans la rue et se dirigea directement vers l'auberge : Le Foyer Gelé. En entrant, la jeune fille s'épousseta les épaules pleines de neige, retira sa capuche et alla directement vers le comptoir. L'auberge était certes plus chaleureuse que les hautes tours de l'Académie, mais Jirah ne voulait guère passer trop de temps à côtoyer les gens de cette ville, en particulier les ivrognes.
Malheureusement, l'aubergiste était en pleine conversation avec un Haut-Elfe vêtu comme un mage. Peut-être en était-il un ? Après tout, il parlait d'expériences qui pourraient éventuellement gêner les clients. D'ailleurs, celui-ci se sentant observé, il se tourna vers Jirah d'un air irrité et dit à son interlocuteur :
« - Regardez-moi ça. On dirait que l'Académie les prend de plus en plus jeunes. C'est sans aucun doute l'un de leurs nouveaux membres...
- Moi, tant que ça me fait de nouveaux clients... - Répondit l'aubergiste.
- Humpf. »
Le mage s'en retourna dans sa chambre et Jirah, qui était restée silencieuse, put enfin discuter avec l'aubergiste.
« - Bonjour. - Dit-elle poliment.
- Salut, ma p'tite ! Ne fait pas attention à Nelacar, il a une dent contre l'Académie... Pour ma part, tous ses membres sont les bienvenus dans mon auberge ! Que te faut-il ?
- Je voudrais... - Jirah se rendit compte qu'elle ne savait pas vraiment comment demander de la nourriture dans une auberge. Elle eu soudainement la sensation d'être comme une mendiante et cela lui déplut fortement. - Je voudrais heu... à manger ?
- Bien sûr ! Tu voudrais faire un stock pour la semaine ou juste pour ce soir ? On a l'air loin de tout ici mais détrompes-toi ! J'ai de tout dans mon échoppe, ah ah ! Je te conseille la soupe de chien. La viande est un peu dur, mais elle tient bien au corps. C'est utile avec ce froid. »
Jirah prit sans retenu un air totalement dégoûté, ce qui rendit l'aubergiste perplexe. En l'observant plus attentivement, il remarqua le maquillage et les bijoux qu'elle portaient puis leva les yeux au ciel.
« - Je vois... Heum... Nous faisons de très bons steaks de horqueurs sinon...
- Vous faites la même chose avec des heu... Animaux plus... normaux ?
- Heu... - L'homme écarquilla les yeux. - Tu veux dire... Comme du bœuf ?
- Oui ! Oui, c'est parfait ! - S'exclama la jeune elfe.
- Bien. Je te met des pommes de terre au four avec ça, tu devrais aimer. »
L'aubergiste prépara le repas rapidement tandis que Jirah attendait debout, pressée de quitter cet endroit, puis il lui emballa le tout dans du papier et lui demanda son payement.
« - Voila ! Je suppose que je te reverrais demain ?
- Oui. Merci, monsieur.
- Appelles-moi Dagur, ma p'tite. Allez, bon courage ! »
Jirah attrapa son paquet et ne se fit pas prier pour quitter l'auberge, lançant un rapide 'au revoir' à Dagur. Elle ne perdit pas plus de temps pour se réfugier une fois de plus dans sa chambre, où elle s'installa à une petite table pour prendre son repas, juste après avoir déniché des couverts à l'étage. La viande et les pommes de terre avaient eu le temps de refroidir, mais de toute façon le tout n'était pas à son goût : ça manquait de cuisson et d'assaisonnement. Au final, la jeune Altmer y toucha à peine et remballa le reste dans le papier pour ensuite le fourrer dans un sac de toile, espérant trouver un moyen de réchauffer le tout plus tard.
Durant une longue paire d'heures, Jirah ne quitta pas son lit. Ses pensées allaient vers sa mère froidement tuée quelques semaines plus tôt et vers ces satanés Nordiques, ces Sombrages. Mais elle haïssait aussi les Thalmor qui l'avaient abandonnée dans cette maudite Académie et les mages qu'elle avaient rencontré aujourd'hui, qui la regardaient de haut et se moquaient d'elle. Elle haïssait également cet aubergiste ainsi que tous les habitants de cette piteuse ville. En fait, à cet instant, elle haïssait Bordeciel et la totalité des gens qui s'y trouvaient. Puis, toute cette haine se tourna vers une seule et même personne : sa mère, elle qui avait osé s'enticher de cet homme, ce Nordique. Si Arkence n'avait pas trahit le Thalmor, si elle n'avait pas tenté de fuir avec lui... Jirah ne serait pas là, entre ces murs froids et sombres, mais dans sa chambre, entourée de ses magnifiques poupées, portant une belle robe de qualité, emmitouflée dans son grand lit confortable...
Oui, celle qui était véritablement responsable de sa condition, la seule vraie coupable était sa mère, Arkence. Le Thalmor espérait voir Jirah devenir comme sa mère ? Eh bien, cela n'arriverait pas. Jirah se jura de devenir meilleure qu'elle, de faire disparaître le souvenir de sa traîtresse de mère des mémoires. A partir de maintenant, Arkence n'était plus sa mère. Et lorsque qu'elle aurait atteint ses seize ans, la jeune Elfe retournerait enfin dans son ambassade bien aimée.
Ayant réussi à se remotiver, Jirah décida de visiter l'Académie. Le soir commençait à se coucher, elle y croiserait sûrement moins de monde. Quand elle quitta le Pavillon, la neige avait censé de tomber. Elle put enfin admirer la statue qui se dressait au centre de la cour, mais ignorait totalement de qui il s'agissait et, pour être honnête, s'en fichait éperdument.
Elle se dirigea dans la Salle des Éléments, qui n'était d'ailleurs pas aussi impressionnante qu'elle n'en avait l'air aux premiers abords : grande, circulaire, un énorme puits de lumière en son centre (le même que ceux des Pavillons mais en beaucoup plus grand), des symboles rappelant les différentes écoles de magie gravés sur le sol... En réalité, il n'y avait qu'un seul endroit qui attirait Jirah : la bibliothèque. Non qu'elle aimait lire, elle avait pourtant apprit mais préférait que les autres lisent pour elle. Non, elle voulait juste voir l'étendu des étagères de livres que pouvait bien contenir cette Académie. Était-elle plus grande que celle qu'ils avaient à l'Ambassade ? Sûrement pas.
Jirah se retrouva devant une porte fermée. Ce devait être les quartiers de l'Archimage et l'Arcaneum devait se trouver en face. Elle ouvrit donc cette porte-ci et monta les quelques marches en colimaçon pour arriver dans une sorte de hall avant une salle elle aussi circulaire, contenant des étagères gigantesques à chaque bout de murs. La jeune Altmer retenu son étonnement et son admiration. Elle se dirigea au centre de la pièce tout en observant les alentours, sans se rendre compte qu'elle n'était pas seule.
« - Ça veut quelque chose ? - La voix était grave et mécontente, résonnant lourdement sur les parois.
Jirah sursauta et se tourna vers le comptoir de l'autre côté de la pièce. Elle y vit un vieil orque aux cheveux et à la barbe blancs, habillé comme un mage et à l'air féroce. C'est la première fois qu'elle en voyant un. Celui-ci plissa les yeux, ne supportant d'être observé de la sorte et grogna d'impatience.
« - Heu non, je... - Hésita Jirah, visiblement intimidée. - Je, hum... Je regarde juste.
- Ça regarde hein ? Avec les yeux, j'espère. C'est pas une salle de jeux pour les mômes, ici. T'as intérêt à rien abîmé, sinon t'aura affaire à moi, c'est bien compris ?
La jeune Elfe acquiesça rapidement de la tête et s'éloigna dans un coin plus tranquille de la bibliothèque, suivit par le regard de l'orque en colère. Elle y trouva un elfe noir assit sur l'une des chaises, qui lisait un gros livre. Comme il ne lui accorda ne serait-ce qu'un regard, Jirah prit le risque de prendre la parole :
« - … Il est toujours comme ça ?
- Comment ? - L'Elfe releva brusquement la tête et la regarda d'un air très étonné.
- Je... Je me demandais si l'orque, là-bas, était toujours aussi grincheux... - Répéta-t-elle, surprise.
- Vous... Vous pouvez me voir ? Je... Je ne suis donc pas invisible ?
- Heu... Non, pas du tout. Je vous vois parfaitement.
- Mince... C'est raté !
L'Elfe poussa un soupir contrarié et râla à voit basse, oubliant la présence de Jirah. Cette dernière préféra finalement s'éloigner et quitter l'Arcaneum. Décidément, les gens ici était très étranges...
Elle n'alla pas visiter l'autre Pavillon, de peur de croiser encore quelqu'un de louche et termina la soirée à réorganiser sa chambre. Puis, quand la faim se fit de nouveau sentir, la jeune Altmer monta à l'étage pour réchauffer du mieux qu'elle pu son repas grâce à un maigre feu. Après l'avoir englouti tant bien que mal, elle se coucha enfin mais le sommeil mit du temps à venir malgré le long voyage qu'elle avait fait. Demain commencerait sa vraie première journée dans sa nouvelle demeure...
Voila pour le premier chapitre !
La suite, quand je le pourrais. Je préfère écrire à mon rythme plutôt que de vous faire des promesses que je ne tiendrais pas. Merci en tout cas à ceux qui auront lu =)
