Disclaimer: Hidekazu Himaruya
Personnages: Francis, Arthur, Alfred et Matthew
Rating: K+
Genre: Angst, Romance, Family
Note: Je reposte cette histoire car j'ai changé d'avis concernant certaines choses et j'ai modifié le premier chapitre. Finalement le cross-over avec Black Butler ne me convenait plus, et j'ai changé les choses.
Chapitre 1: La foire aux monstres
Deux cirques étaient arrivés en ville, tout deux complètement différents l'un de l'autre. Enfin c'est ce qu'on chuchotait quand on en parlait et justement Francis venait voir lequel conviendrait le mieux à ses deux fils.
Âgé de 26 ans, il avait déjà une longue histoire derrière lui. Il venait d'une riche famille de France. A 20 ans, ses parents l'avait marié à la fille d'un ami vivant en Floride. Francis avait donc épousé une jeune fille nommé Amélia et ils avaient eu des jumeaux très vite mais sa femme était morte des suites de l'accouchement.
Ses parents lui avaient offert leur manoir à l'écart de Paris pour qu'il y élève ses fils en toute tranquillité et s'étaient installé dans la capitale. Francis était donc à la tête d'une petite fortune . Ses deux fils avaient à présent 5 ans et ils vivaient tous les trois dans ce manoir à l'écart de Paris.
Et là, il avait décidé d'emmener pour la première fois ses enfants voir un cirque, profitant qu'il y en ai deux dans la ville la plus proche.
Il fallait juste choisir le bon.
Donc il était ici pour savoir où il ferait mieux de les emmener, il allait aller voir les deux spectacles et choisirait celui qui irait le mieux pour eux.
Celui-ci semblait amusant, il y avait même une foire aux monstres. Intrigué, il décida d'aller voir. Il ne croyait pas aux monstres. C'était des fantasmes, des inventions ou des manipulations de la part des forains pour attirer les curieux et se rapporter de l'argent..
Parce que les monstres n'existaient pas.
Il paya le prix d'entrée et entra dans le chapiteau, tout de même curieux de voir ce qu'on lui réservait. Il sourit devant la femme à barbes, les frères siamois et autres choses. Rien que ce qu'il avait prévu, rien de plus. Il en était presque déçu.
Soudain il fut intrigué par un attroupement un peu plus loin, et le monsieur loyal à côté d'une cage recouverte d'un drap sombre. Il s'approcha, se demandant ce qu'il pouvait bien y avoir là-dessous.
Soudain les lumières furent couvertes et l'homme du cirque commença «Notre monde est plein de mystères, qui n'ont pas tous été élucidés. Des choses terrifiantes habitent nos terres sans que nous en ayons conscience. Vous vous demandez sans doute ce qui est caché sous ce draps? Prenez garde car cela cache un véritable monstre, capable de vous plonger dans les ténèbres. Une créature capturé très loin d'ici, et qui a fait jusqu'ici preuve d'une sauvagerie inimaginable.» Il s'interrompit, souriant devant les chuchotements de la foule et les airs avides de ses spectateurs. «Voici donc une créature sorti tout droit de vos cauchemars, une créature que vous ne verrez nul part ailleurs.» Il fit un geste et les lumières autour de lui révélèrent, en étant allumées, des cages emplis de serpents. «Voici donc..Arthur, l'unique homme-serpent»
Et il enleva le drap, révélant une cage dans laquelle était recroquevillés un être étrange. Vêtu d'un simple pagne et d'un collier, il avait la peau très blanche mais recouverte ici et là d'écailles comme celles d'un serpent. Il avait un bras levé devant son visage comme pour se protéger de la lumière, et ceux au premier rang, dont Francis, purent voir que ses yeux étaient fendus comme ceux d'un serpent.
Des cris s'élevèrent, des gens reculèrent, effrayés par cette créature. Pas Francis. Il vit bien vite la maigreur et les cicatrices sur la peau blanche, et un regard sur le fouet de monsieur Loyal lui en indiqua la source.
«C'est un monstre.
- Vous avez vu ses écailles?
- Et ses yeux, vous avez vu? Ils sont fendus!
- Il est dangereux?»
Les chuchotements se faisaient de plus en plus nombreux, les gens étaient à la fois fascinés et effrayés par la créature devant eux. Celle-ci ne semblait pas à l'aise, recroquevillée et se protégeant tant bien que mal de la lumière qui l'aveuglait.
«N'ayez crainte mesdames et messieurs. Il est bien dressé. Car ne vous fiez pas à son apparence humaine, ce n'est qu'un animal.» Sans attendre de réactions, il tira sur une chaîne, reliée au collier autour du cou de l'homme-serpent, et le fit tomber sur le dos, il ouvrit la cage et saisit son captif par les cheveux, avant de lui introduire une cale de bois entre les dents, révélant des crocs et une langue identique à celles des serpents, serpents qui s'agitèrent soudain en entendant un sifflement semblable à un crachat sortir des lèvres de la créature. «Voyez, il ne sait que siffler comme eux et il leurs parle.»
De nouveaux cris retentirent, des gens effrayés qui parlaient entre eux de ce monstre si semblable à eux mais si différent. Francis plissa les yeux, il lui semblait être le seul à ressentir la peur et la souffrance de la créature. Cette apparence si humaine, cette soumission, ces petites larmes au coin des yeux. Cet Arthur ne ressemblait pas à un monstre pour lui. Seulement à un pauvre être différent et maltraité.
Il aurait aimé grimper sur la scène et arracher le fouet des mains de ce tortionnaire mais se doutait que personne ne comprendrait son geste. Ces gens étaient trop obtus, persuadés d'avoir affaire à un monstre dangereux pour eux. Malade de dégoût il voulait partir mais dans la foule il ne pouvait pas.
Il fut se résigner à regarder jusqu'au bout, jusqu'à ce que enfin l'homme retire la cale d'entre les dents de sa victime et le rejette au fond de sa cage. Ce fut à peine si l'homme-serpent réagit à ces traitements, comme s'il était habitué à être traité plus bas que terre.
Ce fut avec une boule dans le ventre que Francis quitta ce cirque, se promettant de ne pas y emmener ses fils Ils étaiement trop sensibles pour venir voir cette foire aux monstres et le jeune noble se refusait à payer le spectacle d'un cirque prenant part à de tels traitements. Il n'avait qu'une envie: libérer le pauvre prisonnier. Il ne méritait pas une telle vie.
Francis ne lui trouvait rien de monstrueux ou d'effrayant. Peut-être parce que sa pitié avait été plus forte que sa peur mais peu lui importait. Il n'arrivait pas à oublier ce qu'il avait vu. Comment était-ce possible que personne n'ait agit avant en faveur de cet homme-serpent. Était-il si effrayant aux yeux des gens? Pourquoi personne ne le prenait en pitié? Parce que l'homme qui le présentait réussissait à le présenter comme un animal au yeux des gens? Comment pouvait-on croire à cela? Cependant il savait aussi que les apparences jouait contre le jeune homme-serpent. Ces écailles, ces crocs et cette langue, ces yeux et sa capacité à parler aux serpents. Tout cela terrifiait. Francis s'en rendait compte et lui aussi était impressionné par ces choses mais pas effrayé.
Il n'arrivait pas à penser à autre chose. Il s'inquiétait pour cet Arthur, pour sa santé et sa vie. Pouvait-il parler? Était-il maltraité à ce point? Tout semblait le prouver et rien ne jouait en faveur des gens du cirque.
Il marchait dans les rues, décida d'aller à l'autre cirque pour se changer les idées. Il fallait qu'il arrête d'y penser, il ne pouvait rien faire du tout. Il fallait qu'il chasse de son esprit de corps si pâle et si maigre, cette absence de réactions, tout ce qui prouvait que le pauvre devait être enfermé et enchaîné sans cesse, qu'il ne devait pas connaître la liberté. Ses pas l'amenèrent devant l'autre cirque, et il resta pensif. Il les emmènerait à celui-là, le défilé avait eu l'air intéressant. Il alla acheter des billets, puis il prit un fiacre et retourna à sa maison de ville de ses parents où il passait quelque temps avec sa famille.
«Bienvenue maître.» Fit son serviteur, ouvrant la porte pour lui permettre d'entrer, il prit le manteau de son employeur et reprit «Vous avez fait bonne promenade?
- Oui, je sais à quel cirque emmener les enfants, je le ferais demain» Il posa les billets sur une petite table dans l'entrée et appela ses fils «Alfred! Matthieu!»
Un bruit de cavalcade se fit entendre et deux petits enfants arrivèrent en dévalant les escaliers. Alfred était blond-châtain, avec des yeux aussi bleus que ceux de son père. Matthew avait des cheveux blond et bouclés, et des yeux violets. Ils étaient différents, le premier était une boule d'énergie sur pattes et le second était toujours calme et tranquille mais aidait son frère dans ses bêtises. Ils étaient des enfants intelligents, vifs et éveillés. Ils étaient même parfaits aux yeux de leur père.
«T'étais où papa?» fit Alfred, sa poupée en forme de lapin sous le bras, il semblait impatient d'entendre parler des cirques, surtout depuis que le sujet avait été abordé la veille par son père.
«Nous irons demain au cirque. J'ai acheté les billets.»
Les deux petits sourirent, visiblement impatient que le lendemain arrive. Ils voulurent ensuite que leur père passe un peu de temps uniquement avec eux, joue avec eux. Ils réussirent à le convaincre et la fin de la journée arriva vite sur la maison Bonnefoy. Quand il coucha et borda ses fils, ils parlaient encore du cirque et de ce qu'ils espéraient voir. Ils eurent un peu de mal à s'endormir mais plongèrent rapidement au pays des rêves.
Francis alla ensuite dans sa chambre où il se servit un verre de vin, pensif. Il réfléchissait et n'arrivait pas à se sortir les évènements de l'après-midi de la tête. La scène à laquelle il avait assisté le hantait depuis des heures. L'envie de faire quelque chose se faisait de plus en plus forte mais il ne savait pas quoi faire.
Que pouvait-il faire après tout?
Acheter le Snakeman? Il doutait que le propriétaire du cirque accepte et quand bien même Francis se refusait à acheter un être vivant. Ce n'était pas un animal ou un objet. Il ne voulait pas en arriver là, il aurait honte de l'avoir fait. L'esclavage était loin maintenant, on achetait plus les humains ou alors dans les sombres trafics mais lui était un bourgeois, il n'allait pas s'abaisser à ça.
Le faire évader? Comment? Il n'y arriverait pas seul et rien ne disait que Arthur était inoffensif, il se débattrait peut-être, surtout s'il avait peur, ce qui risquait d'arriver. Et surtout il ne se voyait pas demander quelque chose comme ça à ses amis, personne ne le croirait, on le prendrait pour un fou de vouloir faire ça.
Personne n'interviendrait pour aider l'homme-serpent. Il semblait être le seul à se soucier de lui. Il avait bien vu sa peur, son malaise, sa douleur. Avait-il été le seul? Toute cette foule qui s'était amassé, par plaisir de craindre quelque chose n'avait fait que jacasser au sujet du prisonnier.
Pourquoi Francis s'en faisait-il autant pour un être pareil? Il se savait pas mais refusait de se questionner là-dessus, il savait qu'il avait raison. Quelque chose l'avait fasciné dans cet être, quelque chose lui avait transpercé le cœur quand il avait croisé ce regard effrayé, ses yeux qui ne parvenaient pas à supporter la lumière ambiante, ces tremblements, cette absence de réaction. Il ne s'était même pas un peu débattu alors qu'il avait été traité comme un cheval dont on montre les dents. Cela montrait qu'il avait l'habitude d'être ainsi malmené. Et Francis en avait le cœur serré. Il était persuadé que rien n'était de la comédie, que cet Arthur était véritablement martyrisé et traité comme un animal par le cirque où il vivait.
Il avait envie d'y retourner mais en même temps n'avait aucune envie de revoir cette façon de traiter un être vivant. Cependant il voulait être certain de quelque chose, il voulait savoir. Mais il n'aurait pas le temps le lendemain, occupé avec ses fils. Il devrait attendre le surlendemain pour faire quelque chose, même s'il ne savait pas quoi.
Il était retourné voir la foire aux monstres de l'autre cirque et en était arrivé à la conclusion que l'autre était vraiment maltraité. Il avait été fouetté devant eux par le responsable du cirque pour un mouvement un peu trop brusque quand on avait voulu montrer ses dents. Francis se sentait vraiment en colère maintenant et était décidé à faire quelque chose. Il rentra d'abord chez lui où il donna des ordres précis pour aménager une partie du manoir qui ne servait pas. Autant il voulait libérer le captif, autant il ne pouvait le laisser dans la nature comme ça. Il fallait l'enfermer au moins le temps qu'il s'assure de sa personnalité et de s'il était sans danger ou pas de lui rendre la liberté. Il allait au moins le tirer de ce cirque le soigner et le remettre sur pied. Il allait lui donner la possibilité de vivre comme il voulait, libre de choisir son destin.
Francis était quelqu'un de passionné et il était difficile de le faire changer d'avis. Il était décidé à agir et rien ne pourrait le convaincre du contraire, rien.
Il donna donc des ordres pour aménager une pièce dans la manoir à la campagne. La pièce serait décoré et confortablement aménagé. Un lit confortable, un tapis au sol avec des coussins et de quoi lire seraient déjà très bien. Il ajouterait des choses plus tard. En attendant, il renvoya ses fils au manoir avec les serviteurs. Il voulait être seul à Paris pour agir, il préférait ne prendre aucun risque.
Il ne sut ce qui le poussa à retourner une dernière fois à la foire aux monstres avant de préparer l'évasion de la pauvre créature. Il voulait encore une fois être certain. Et il voulait s'assurer que l'autre allait bien depuis sa dernière présentation. Francis paya l'entrée, soulagé de voir que ce n'était pas la même personne que quand il y était allé plus tôt. Ça éviterait les questions dérangeantes sur pourquoi on le voyait souvent ces derniers temps et deux fois en si peu de temps.
Quand ils arrivèrent à la présentation de l'homme-serpent. Celui-ci était recroquevillé dans un coin de sa cage, lançant au public des regards farouches.
Monsieur Loyal lança alors «Comme vous l'entendez, il n'est pas humain, écoutez le siffler comme un serpent.»
Francis fut quand même légèrement inquiet. Comment ferait-il si l'autre ne savait pas parler? Devrait-il lui apprendre? Le prisonnier semblait avoir une vingtaine d'années, peut-être cela serait-il trop dur. Tout dépendrait de l'éducation qu'il avait reçue. Peut-être lui interdisait-on de parler en présence de spectateurs?
Comme pour le détromper, le snakeman poussa un cri de douleur, et à la surprise générale tenta d'attaquer son tortionnaire, mais fut accueilli à coup de fouet qui le projetèrent au fond de la cage.
Cette fois, le prisonnier semblait rebelle, peut-être en avait-il assez car il cria, espérant sans doute que quelque chose arrive «Je suis humain, je ne suis pas un animal.» Il y avait du désespoir dans sa voix et elle semblait rauque, peu utilisée. Il semblait qu'il avait rassemblé ses forces pour cet éclat, dans l'espoir que quelqu'un intervienne pour lui mais rien ne se passa. Les chuchotements reprirent de plus belle.
«Il parle.
- Il semble tellement humain.
- Est-il vraiment dangereux?
- Ne vous y trompez pas mesdames et messieurs, regardez-le, regardez ces écailles, il a des crocs et une langue de serpents, il a des yeux fendus comme les leurs, il leurs parle et les comprend. Il a du venin aussi.
- C'est faux.» cria le snakeman «Je n'ai pas de venin.
- Il peut hypnotiser, et vous faire faire tout ce qu'il veut, il est dangereux. Il n'a rien d'humain.»
Malheureusement pour le captif, son geôlier sembla plus convainquant que lui, sa dernière tirade sur l'hypnose sembla effrayer bien plus que le reste. Plus personne ne songea même à croire l'homme-serpent qui regardait tout le monde avec désespoir, comprenant que personne ne viendrait à son secours. Sa douloureuse résignation fit mal à Francis qui se sentit encore plus résolu à le tirer de cet enfer.
Finalement la présentation fut terminé et le draps jeté sur la cage, cachant le captif aux yeux du public qui se dispersa, parlant entre eux de ce qu'il venait de voir. Francis restait plongé dans ses pensées et prit une décision.
Il agirait dès ce soir.
A Suivre
