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HEUREUSE ET MAUVAISE RENCONTRE

En cette fin de journée, les couloirs du Ministère de la Magie étaient quasiment déserts. Les seules personnes que l'on pouvait croiser aller en direction des différentes sorties situées dans l'atrium. Pourtant, dans le couloir du Département des Aurors, un jeune homme apparut en sortant d'une pièce, dont il claqua violemment la porte, puis se dirigea, non pas vers l'ascenseur menant à la sortie, mais à l'opposer en direction de plusieurs portes.

Cet homme était roux aux yeux azurs, et avait une taille imposante accompagnée d'une carrure de sportif. Son visage avait une incroyable teinte cramoisie, signe d'énervement chez cette homme, et ses yeux lançaient des éclairs. Il n'y avait pas de doute possible, il était bien contrarié. On pouvait l'entendre ruminait différentes paroles telles que « commence à en avoir marre», ou encore « viens à peine d'arriver ». Un badge était accroché au-dessus de son cœur, sur sa robe de sorcier. On pouvait lire dessus:

RONALD WEASLEY

AUROR

Ron venait d'avoir un entretien avec le chef du bureau des aurors, ou comme Ronald l'appelait habituellement avec son coéquipier, « le patron » ou « le boss ». La conversation avait été assez mouvementée, comme toute les conversations entre les deux hommes d'ailleurs. Ron se demandait souvent si un jour peut-être, par une action divine, il n'entendrait pas la douce voie « du patron » hurlait gentiment à son égard. Il ne passait pas une journée sans entendre « le boss » crier sur le jeune auror. Même lorsque Ron était en congé ou hors du ministère, il recevait les recommandations « du patron » par le biais d'une sympathique beuglante, qui donnait instantanément, gaieté et joie de vivre au destinataire.

Il est vrai que le rouquin terminait toujours ses missions avec succès, grâce à son talent. Mais il les accomplissait le plus souvent à sa manière, sauf lorsqu'il était en présence de son coéquipier qui était un peu plus calme, et qui savait lui faire garder son sang froid. « Le patron » n'appréciait guère qu'une mission se soit déroulée différemment de ce qu'il avait prévu, et ne manquait pas de lui rappeler par des réprimandes tellement calmes, quelles pouvaient vous percer les tympans si vous étiez un peu trop proche, c'est-à-dire moins de quinze mètres.

Le rouquin passa devant plusieurs bureaux. La plupart étaient fermés. À l'intérieur des autres, on pouvait y voir les occupants se préparer à partir, ou terminer du travail en retard.

Le jeune auror s'arrêta finalement devant la dernière porte sur sa droite, et soupira la tête baissée. Il leva doucement les yeux sur la pancarte collée à la porte, où était inscrit :

Bureau des aurors

Harry Potter et Ronald Weasley

- Tu m'as pas vraiment manqué, dit-il dans un murmure avant de tourner la poignée.

Quand la porte s'ouvrit, il se retrouva nez à nez avec son coéquipier, meilleur ami, et beau-frère. Ce dernier était brun aux yeux verts et était moins grand et plus mince que son coéquipier. Il portait lui aussi un badge, sur une robe identique à celle de son ami, où on pouvait lire :

HARRY POTTER

AUROR

Harry leva les yeux sur la personne en face de lui puis une expression de surprise s'afficha sur son visage.

Ron !

Et oui, de retour au bureau ! Comment vas-tu mon bof préféré ? demanda le rouquin, dont la mine écarlate disparut dès la vue de son ami, remplacée par un énorme sourire.

T'as pas vraiment le choix, je suis ton seul beau-frère, répondit Harry qui souriait à présent autant que son ami, si ce n'est plus.

Il était vraiment content de revoir Ron.

Ouais c'est vrai, t'as raison. De toute façon, je ne risque pas dans avoir d'autre, vu que je n'ai qu'une sœur. Il faudrait que l'un de mes frères soit gay. T'imagines le truc !

Ron partit dans un fou rire devant le visage neutre de Harry. Après quelques secondes et lorsque le rouquin remarqua l'impassibilité de son ami, il s'arrêta de rigoler et demanda suspicieusement :

- Pourquoi tu ne ris pas ?

Après quelques instants, voyant que le brun ne parler toujours pas il poursuivi :

- Y a-t-il quelque chose que je devrai savoir ?

Eh ben tu sais, beaucoup de chose ont changeaient pendant t'on absence.

En effet, le rouquin était parti une dizaine de jours à l'étranger afin de recueillir des informations importantes, lors d'une mission d'espionnage, pour le compte du Bureau des Aurors. Harry affichait à présent un visage blême.

Dépêche toi ! Qu'est-ce qui c'est passé ? dit Ron de plus en plus inquiet. Rien de grave j'espère ?

Non, non, ne soit pas aussi inquiet. Ce n'est pas la fin du monde. Pas pour moi en tout cas. Peut-être que pour toi ça l'est. J'en sais rien en faite. Je ne sais pas quelle importance tu apportes à ce sujet. Tu vois dans la vie il y a des…

Harry ! fit Ron en lançant un regard noir à son ami.

« Ami. Plus pour longtemps » pensa le rouquin.

Harry souffla un bon coup et se lança :

Voila ! En faite, ton frère George, … et bien, …pour te dire… il nous a présenté à un mec. Et maintenant, … et bien, ils sortent ensemble. Il est homo quoi ! termina Harry.

Il avait à présent les yeux fixés sur ses chaussures.

Qu… quoi ! Ron aurait eu exactement la même expression si on lui avait foutue une gifle. Mais comment ça se fait ? C'est impossible ! Il a perdu la tet…

Il allait continuer de s'emporter mais il s'arrêta quand il entendit Harry émettre de légers bruits, comme un rire qu'on essayé d'étouffer.

Le brun ne put se retenir plus longtemps et éclata d'un rire très communicatif.

Quoi ! Qu'est-ce qu'il y a ? C'est une blague, n'est ce pas ? demanda Ron avec espoir.

Tu aurais vu ta tête, répondit Harry entre deux gloussements. Mémorable !

C'est bon ça va ! T'es malade de me faire des blagues comme ça. J'ai failli avoir une attaque, dit le rouquin soulagé, une main sur le cœur.

Finalement les deux amis rigolèrent de bon cœur pendant de longues minutes, Harry affalé sur une chaise en se tenant les cotes et Ron adossé au mur.

Harry se redressa les yeux encore emplis de larmes :

- Je suis content de te revoir, sa faisait un baye.

En effet les deux hommes ne s'étaient pas vus depuis plusieurs semaines. C'est comme ça le métier d'auror : deux mois de missions sur le terrain à résoudre des enquêtes, faire de l'espionnage, des recherches, des arrestations, sans un seul instant de repos ; et le mois suivant plus rien, à part de la paperasse et des affaires bien ennuyantes à régler. Ils étaient tout les deux surchargés ces derniers temps, et enchaînaient les missions de plusieurs jours sans se voir ne serait-ce deux secondes. Ils se laissaient des petits messages, pour donner des nouvelles, sur leurs bureaux respectifs, avant de repartir de nouveaux pour plusieurs jours.

- Allez viens là me faire un calinou ! Ajouta Harry, en s'approchant de son ami, les bras largement écartés.

Le brun s'apprêtait à serrer Ron dans ses bras mais s'en acquitta en voyant l'état de sa robe. Elle était parsemée de taches de boue, tailladée à plusieurs endroits, et recouverte de poussière.

En voyant l'air dégoûté de Harry, le rouquin fit apparaître une mine faussement triste sur son visage.

Alors quoi ! Tu veux plus de moi ?

Plus tard peut-être. Quand tu te seras changé, répondit-il en regardant la robe se son ami. Et lavé aussi. Parce que, je suis désolé de ta l'apprendre mais tu sens pas l'amortentia, si tu vois ce que je veux dire, ajouta t-il une main devant le nez.

Moi aussi je suis content de te voir. Dit Ron en souriant.

Je suppose que si tu es dans cet état, c'est que tu viens à peine de rentrer de mission.

En effet. Je suis arrivé il y a environ une demi-heure. Mais j'ai croisé « le patron » en arrivant.

Ron se mordit la lèvre. Il avait retrouvé un visage dur et rouge de colère en prononçant ses derniers mots.

- Ah !

Harry n'avait pas d'autre chose à dire. Il avait parfaitement compris pourquoi son ami faisait cette tête. Si le rouquin avait passé une demi-heure à parler avec « le patron », c'est que ce dernier avait sûrement quelque chose d'important à lui reprocher. Probablement en rapport avec la dernière mission de Ron. Harry fut surpris de ne pas avoir entendu le débat entre les deux hommes depuis son bureau.

Il savait très bien que ce n'était pas la grande joie entre son ami est « le boss ». Il n'y avait pas une seule journée au ministère où l'on n'entendait pas un des deux hommes hurlait sur l'autre. Ils étaient diamétralement opposés. L'un suivait les plans à la lettre près, tandis que l'autre était une tête brûlée, faisant tout chose à sa façon. Le seul point qu'ils ont en commun est leur rapidité à se mettre en rogne.

Le chef des Aurors était sans aucun doute quelqu'un qui bénéficiait d'une expérience du métier sans égale. C'est sûrement cette expérience qui lui a permis d'obtenir le poste de chef du Bureau des Aurors à la suite de Scrimgeour, lorsque ce dernier est devenu ministre de la magie à la place de Fudge. Mais c'est aussi un auror extrêmement sévère et pointilleux sur l'ordre et le règlement. Il aime savoir qu'une mission c'est déroulé avec succès et sans accroche. Il est souvent très mauvais signe d'être convoqué dans son bureau.

Personne ne parla pendant de longues secondes.

Harry ne voulait pas lancer la discussion sur la mission de Ron. Elle s'était sans doute très mal passé. Et puis la conversation tournerait cours vu l'état de colère dans lequel le rouquin était en ce moment.

Ron parla tout de même en premier.

- Si tu veux savoir, la mission a été un succès. Mais je n'ai pas vraiment respecté certaines consignes importantes, comme la discrétion. Je ne vois vraiment pas pourquoi « le patron » en fait toute une histoire. L'important c'est le résultat, non ? demanda le rouquin très sérieusement.

- Sûrement ! répondit Harry.

Il ne voulait pas contredire son ami quand il était dans cet état. Pour dire la vérité, dans une mission d'espionnage le plus important c'est la discrétion, mais Harry ne voulait pas donner raison « au patron ». L'important c'est que Ron soit indemne et que la mission est été réussit.

Ron était certainement l'un des meilleurs aurors en activé avec Harry. Beaucoup l'enviait pour ça. Mais c'est vrai qu'il en fait souvent qu'à sa tête et était parfois inconscient du danger qui pourrait arriver à tout instants. C'est probablement les conséquences d'une trop forte confiance en ses capacités qui l'on rendu ainsi. Il a beaucoup changé sur ce point là pendant toutes ces années. Avant et pendant la guerre, c'était plutôt le contraire, il se sous-estimé constamment.

- Pas la peine de parler de ça maintenant ! Et si on s'asseyait un instant pour discuter un peu. Cela fait longtemps que l'on ne s'était pas vue. Tu as sûrement plein de chose à me raconter, tout comme moi d'ailleurs.

Ces conversations avec Ron l'avaient énormément manqué. Harry et son ami étaient devenus confidents l'un de l'autre. Leur relation avait beaucoup évolué depuis ces dernières années. Ils sont encore plus proche qu'à l'époque Poudlard. A présent, ils n'hésitent pas à partager leurs sentiments les plus intimes. Cela arrive souvent que l'un débarque chez l'autre pour discuter de ses soucis. Le plus souvent, c'est Ron qui arrive à l'improviste chez son ami, vu qu'il vit tout seul dans son appartement, alors que Harry vit en couple avec Ginny.

Cette confiance l'un envers l'autre est devenu plus forte depuis qu'ils travaillent ensemble en tant qu'auror depuis bon nombre d'années à présent. On leur confit souvent les missions les plus difficiles. Grâce à leurs parfaites coordinations, et à leur talent extraordinaire dans ce métier, ils s'en sortent la plupart du temps sans trop de difficultés.

Mais le rapprochement de ces deux individus est surtout dut à l'absence de la troisième personne constituant le trio légendaire qui a vaincu le Seigneur des Ténèbres.

Elle qui est la personne la plus intelligente que Harry et Ron connaissent. Celle qui est la plus attentive, la plus compréhensive, la plus à même de résoudre leurs problème, de leurs donner des conseils souvent utiles. Elle qui est tout simplement leur meilleur amie.

Mais cette personne est très loin d'eux en ce moment. Ils doivent faire avec en se soudant encore plus, comme ils le font depuis qu'elle est partie, en grande partie pour cacher leur tristesse et ne pas se refermer sur eux-mêmes, ce qui ne servirait à rien.

Désolé Harry mais je ne pourrais pas discuter avec toi ce soir. Je suis vraiment crevé et je n'ais qu'une hâte, c'est de rentrée me coucher dans mon lit douillé. J'étais juste passé prendre quelques documents pour m'aider dans mon rapport. Je dois le rendre Lundi à la première heure si je ne veux pas subir les foudres « du boss ». Tu sais bien que je suis nul pour ce genre de chose, et « le patron » veut que je détail mes dix jours de mission « minutes par minutes », donc j'aurais besoin de toute ma journée de demain pour faire ce fichu rapport.

Ron était à présent rouge de colère.

Harry était déçut mais comprenait parfaitement son ami.

- C'est pas grave Ron, on discutera une autre fois, quand on aura le temps, assura Harry. On se voit demain soir de tout façon. J'espère que t'a pas oublié que Herm…

Harry s'arrêta de parler lorsqu'il vit le rouquin lui lancer un regard assassin. « Je suis vraiment con. Bien sur qu'il n'a pas oublié. Il ne raterait cet événement pour rien au monde » se dit Harry pour lui-même. Vu comme il le connaissait, Harry était sur que son ami n'avait pas arrêter de penser à ça ces deux dernières semaines.

En effet le rouquin n'avait pas oublié où il devait aller et surtout qui il verrait demain soir. Il avait attendu ce moment depuis tellement d'années qu'il en souffrait rien que d'y penser.

Dis moi ! Tu sais qui il y aura demain en plus d'elle ? demanda soudain Ron intéressé.

Eh bien tes parents, George, Gin, Bill, Fleur, ton neveu et ta nièce, et moi, en plus de tu sais qui, repondit Harry

Okay, c'est cool !

Ron avait retrouvé le sourire. Revoir quasiment toute sa famille le rendait fou de joie, mais il n'allait pas le montrait devant son ami.

Bon, j'y vais alors. On discutera une autre fois, d'accord.

Ouais c'est d'accord ! A demain !

A demain Ronald ! Evite d'être en retard ! lança Harry très sérieusement.

Tu me connais !

Justement ! À plus !

Ron se détourna de Harry et entendit un « pop » derrière lui, signifiant que ce dernier venait de transplaner. Le rouquin ne voulait pas que son ami voie la tristesse sur son visage. Il allait la revoir demain soir, après trois ans d'absence. Trois ans sans elle près de lui. Il n'en revenait pas.

Ron effaça difficilement le visage de la jolie brune encré dans son esprit pour regarder autour de lui. Le bureau qu'il partageait avec Harry n'avait pas tellement changé pendant ses dix jours d'absence. Il était toujours aussi petit avec deux tables et deux étagères débordées de parchemins. Le coin occupé par le rouquin était empli de piles de dossier, d'affaires non classées, de lettres envoyées par des amis ou par des employés du ministère. Sur les murs, on pouvait voir des parties découpées de La Gazette du sorcier.

Le jeune auror utilisa un accio pour retirer de la montagne de parchemin, quelques dossiers qui l'aideront dans la rédaction de son rapport.

Ron ferma la porte du bureau, s'apprêta à transplaner mais s'arrêta en voyant une photo sur le bureau de Harry, qui était beaucoup mieux rangé que le sien. En s'approchant, le rouquin reconnu les trois personnes qui se tenaient bras dessus, bras dessous. On pouvait voir Harry et Ron entourant une jolie brune aux cheveux bouclés. Cette photo avait été prise en septième année d'étude à Poudlard. Des souvenirs de Poudlard en compagnie de ses deux meilleurs traversèrent l'esprit du rouquin. A chaque fois qu'il voyait cette photographie, c'est à dire tous les jours vu qu'il en garde une semblable en permanence sur lui, il ressent un grand mal à l'estomac, comme un manque. C'était exactement ça, un manque horrible à en mourir. Malgré toute cette douleur qu'il ressentait sur le moment, il sourit et pensa « Le trio sera bientôt de nouveau réuni » avant de reposer la photo et de transplaner.