Je continue à puiser l'inspiration dans ce filon inépuisable qu'est l'oeuvre de J.R.. en me lançant dans une fic longue !
Au passage, j'en profite pour signaler qu'il faut avoir lu mon OS Amours pour déjà se faire une petite idée de ce qui se passe. Sinon, tous les personnages appartiennent à l'auteur de Lord of the Rings, sauf ma petite Aylea.
Je vous présente d'avance mes plus plates excuses pour les éventuelles fautes dans l'écriture des noms propres ou pour les fautes d'orthographe qui me sont passées sous le nez...
Je remercie tous ceux qui prendront la peine de me laisser une review:)
Je vous souhaite une agréable lecture...
Chapitre 1 : Déchirures
La cité elfique de Fondcombe est un endroit magnifique. Perchée dans la montagne, cette oasis de paix et de sérénité est remarquable par ses jardins, son impressionnante bibliothèque et ses superbes pièces aux douces arabesques blanches. Que ce soient des chambres, des salles de réception ou des salons, toutes ces petites merveilles d'architecture disposent d'une terrasse offrant une merveilleuse vue. Elles sont également totalement insonorisées, ce qui peut se révéler très utile dans certaines situations, comme un Conseil censé resté secret ou une rencontre amoureuse au clair de lune. Mais l'un des plus grands avantages de Fondcombe est sans nul doute le fait que c'est un véritable labyrinthe, dans lequel un nouveau venu se perd aisément, et où on est assuré de trouver une pièce vide quand on veut être seul. Et Elrond, seigneur des lieux, en est parfaitement conscient.
-Et pourquoi ?
La porte du salon claqua derrière les deux elfes.
-Parce que j'en ai décidé ainsi !
Rageuse, la jeune elfe se mit à faire les cent pas dans la pièce sous le regard courroucé de son père, les manches et les pans de sa robe gris clair volant derrière elle.
-Aylea, s'il te plait, essaye de comprendre...
-Non !
Elrond soupira. Il lui fallait trouver un autre angle d'attaque pour faire entendre raison à sa fille. Lui d'habitude si apte à faire accepter ses décisions était complètement désarmé devant l'opposition d'Aylea. Il avait beau adorer ses quatre enfants, jamais il ne leur avait permis de lui désobéir. Ses fils avaient quand même failli détruire Fondcombe avec leurs inventions, mais il ne s'agissait pas de cela.
Il s'assit, espérant calmer le jeu. Il connaissait sa fille et il savait que ses rares accès de colère finissaient toujours par l'épuiser. En attendant un peu et en lui parlant calmement, il réussirait à la convaincre de partir en Lorien.
Aylea marchait toujours de long en large, ne décolérant pas.
-Pourquoi ne voulez-vous pas que je les accompagne ?
-Tu n'as rien à faire en Mordor, répondit son père avec calme.
-Cette affaire me concerne autant qu'eux. J'ai le DROIT d'y aller.
-Est-ce vraiment ta considération pour la Terre du Milieu qui te pousse à suivre la Communauté ? demanda Elrond, sachant pertinemment qu'il s'aventurait en terrain dangereux.
Vexée, Aylea passa successivement du rouge au vert avant de reprendre une couleur normale. Elle se dirigea à grands pas vers la porte, avant de découvrir que les pouvoirs magiques de son père la rendaient impossible à ouvrir.
-Ada ! s'énerva-t-elle en s'acharnant sur la poignée.
-Je ne te laisse pas sortir avant que nous ayons discuté, répondit Elrond en tapotant le canapé où il était assis, invitant sa fille à le rejoindre.
Cette dernière obtempéra en maugréant et s'effondra sur le doux tissu elfique.
-Vous pouvez me dire tout ce que vous voudrez, ça ne changera rien à ma décision, dit-elle en le gratifiant d'un regard obstiné.
Elrond soupira intérieurement. La partie allait être difficile. Mais, par les Valars, d'où sa fille tenait-elle ce caractère obstiné ?
-Et si je te donne une raison valable de faire ce que je te dis ?
Aylea inspecta une mince fissure dans le sol de marbre.
-Bon...
Elrond prit une profonde inspiration. Il fallait maintenant qu'il la trouve, cette raison...
-Je veux que tu partes rejoindre Celeborn et Galadriel car tu ne les as pas vu depuis un bon moment, ça te changera les idées.
Mouais...Il pouvait faire mieux.
-...Et puis, tu seras plus en sécurité là-bas.
Ça, ça paraissait plus crédible.
Silence...
-Et si tu n'acceptes pas cette proposition, tu pars dans le prochain bateau !
Aylea releva la tête, surprise. Elrond réprima une exclamation de joie. Il avait trouvé l'argument choc ! Mais il ne voulait pas accentuer la peine de sa fille en se réjouissant d'avoir gagné la partie. Cette dernière ouvrit la bouche comme si elle allait répondre à son père, mais la referma bien vite.
Le choix était vite fait. En se pliant à la volonté d'Elrond, elle avait une petite chance que la Communauté fasse étape chez Galadriel. Tandis que les chances que l'Anneau conduise ses convoyeurs jusqu'à Valinor étaient infimes.
-Alors ?
Les yeux verts d'Aylea rencontrèrent le regard inquisiteur de son père. Elle murmura dans un soupir :
-Je ferai ce que vous m'avez demandé.
Un sourire de compassion étira les lèvres du seigneur de Fondcombe. Il ramena délicatement l'une des mèches rousses de sa fille derrière son oreille.
-Tu as fait le bon choix...Tes affaires sont prêtes, tu pars dès maintenant.
Aylea sursauta. Il était hors de question qu'elle parte tout de suite. Elle voulait dire au revoir à Arwen, souhaiter bon voyage à Aragorn et...Mais elle avait promis de respecter les désirs de son père. Il était inutile de discuter.
Elle se leva, posa la main sur la poignée, la fit tourner légèrement.
-Aylea !
Elle se retourna en entendant son nom. Son père la fixait de son regard gris, qui avait retrouvé toute sa froideur.
-Si tu croises quelqu'un, ne lui parle pas. Ton cheval t'attend dans la cour. Bonne route, ma fille.
Elle se détourna sans un mot, ouvrit la porte, bouscula par inadvertance dans le couloir un elfe qui venait en sens inverse et sortit dans la cour. Effectivement, sa jument l'attendait, harnachée et chargée de ses affaires. Aylea lança un rapide coup d'œil à ses bagages, y trouva des habits et des chaussures, des vivres, et ses armes. Elle sauta en selle. La jument grise passa la porte au grand galop et s'enfonça dans la forêt.
Aylea laissa la cascade de ses larmes noyer son visage.
Elle haïssait son père de l'éloigner de son compagnon. N'avaient-ils pas déjà assez souffert de la colère de Thranduil quand il avait découvert leur relation ?
Pourquoi avoir défendu son amour d'alors, si c'était pour le briser plus tard ?
Pourtant, Elrond devait connaître mieux que personne l'atroce déchirure que causait chez les Elfes la séparation d'un couple. Pourquoi vouloir encore lui infliger cette souffrance ?
Les feuilles chamarrées des arbres se balançaient doucement dans la brise matinale qui enveloppait la cité. Le ciel était gris, le soleil ne se montrerait pas avant plusieurs heures.
Legolas ne comprenait pas.
Il regarda encore une fois vers les fenêtres qui avaient vue sur la cour.
Rien. Toujours rien.
Pas la moindre silhouette qui lui aurait rendu espoir.
Vraiment, il ne comprenait pas ce qui se passait.
Hier, Aylea l'avait presque écrasé contre un mur en le bousculant dans un couloir. Il l'avait appelée, elle n'avait même pas daigné se retourner.
Le soir, il avait remué Fondcombe de fond en comble, interrogeant plusieurs fois tous les gens qui auraient pu croiser la princesse. Il avait même poussé ses recherches jusque dans la chambre que les jumelles partageaient, mais toutes ses investigations s'étaient avérées vaines : Aylea restait introuvable.
Et même aujourd'hui, alors qu'il partait pour les lointaines contrées du Mordor, son âme soeur ne donnait aucun signe de vie.
Et pourtant, comme il avait envie de la voir avant d'entamer ce long périple. Il voulait remonter le temps pour retarder son départ et pouvoir profiter de vraies retrouvailles avec l'élue de son cœur. Il n'avait passé que deux jours à Fondcombe, dont quinze microscopiques petites heures avec Aylea. Après de longs mois de séparation, il espérait un peu plus.
Mais désormais, il lui était impossible de reculer. Il faisait partie de la Communauté de l'Anneau, et rien ne le détournerait de son but. Bien sûr, il était parfaitement en droit de quitter ses compagnons, mais renoncer avant même d'avoir commencé lui semblait indigne de son rang et aurait, très accessoirement, conforté le Nain qui les accompagnait dans sa certitude que les Elfes se défilaient devant le danger.
Il trouverait bien un moyen d'avoir des nouvelles de sa princesse. Et puis, il reviendrait vite, enfin, il l'espérait...
Il tenta de se concentrer à nouveau sur ce qui se passait devant lui plutôt que sur les fenêtres de la cité. Inutile de se torturer encore plus l'esprit. Aylea était peut-être tout simplement indisposée et avait besoin de repos. Depuis hier soir, et sans que personne n'en sache rien ? Ça n'avait aucun sens !
Respirer. Il fallait qu'il reprenne le contrôle de ses pensées et qu'il se concentre sur sa mission.
Il essaya de reporter son attention sur le seigneur Elrond et son discours. Ses yeux s'égarèrent jusqu'à Arwen. Le prince de la Forêt Noire inspira profondément. Poser son regard sur Arwen était comme faire face à une version plus douce d'Aylea. Les jumelles avaient les mêmes yeux de chat, le même sourire à la fois charmeur et triste, la même prestance. L'image de sa princesse ne se fit que plus forte dans son esprit. Aylea aux ses yeux rieurs, Aylea au courage sans limites, Aylea à la volonté de guerrière, Aylea à la fragilité si bien dissimulée...
À côté de lui, la Communauté s'ébranla, menée par Frodon. Legolas suivit le mouvement, laissant à ses pieds le soin de choisir leur voie.
Ne pas penser à Aylea.
Respirer.
Ne pas penser à Aylea.
Marcher droit devant.
Ignorer la douleur qui lui déchire le cœur.
