Une lumière éblouissante … le soleil, ses rayons éclatants aveuglaient la jeune fille. Tout était blanc autour d'elle, une étourdissante vision monochrome l'enveloppait, irréel. Que se passait-il ? Sa vue était obstruée par cet astre lumineux. Son corps était ankylosé. Elle était incapable de se lever, incapable de bouger. Ses paupières s'ouvraient et se fermaient devant ses pupilles qui s'agitaient à la recherche d'un point auquel s'accrocher sur cette toile unie. Ils finirent par s'agripper à un point noir qui s'étira en une ombre informe. Dans un effort désespéré, elle tendit la main vers cette silhouette qui se dessinait en s'approchant. Sa vision devint de plus un plus distincte. Les lignes d'un homme, à contrejour, lui tendant la main apparurent. Elle essayât de l'attraper avec les dernières forces qu'elle possédait. Puis, …

La jeune fille se réveilla en sursaut, elle se trouvait dans un lit. Elle observa la pièce, les mains encore agrippées au duvet entouré d'une fourre noire. Un rayon de soleil faisait une timide apparition par la seule ouverture donnant sur l'extérieur, une cavité un peu en hauteur. Il éclairait légèrement une grande armoire en bois massif située dans un angle. Un petit bureau du même matériau y était accolé. Un épais tapis ocre recouvrait le sol en pierre. La pièce avait dû être creusée à même la roche au vu du caractère brut du plancher et des murs.

Sa respiration haletante se calma. Elle relâcha son étreinte sur sa couette et se détendis. Elle était chez elle, dans sa chambre. Mais ce rêve, elle le faisait encore et toujours. C'était la seule bribe de souvenirs dont elle se rappelait. Tout le reste de sa vie, avant d'atterrir ici, n'était que néant. Elle était incapable de se remémorer quoi que ce soit. Seul son subconscient avait enregistré ces derniers moments et les lui rendait sous forme d'un cauchemar. Elle était pourtant incapable de savoir où il se passait, ni qui était cet homme.

Elle s'assit sur le rebord du grand lit, quand soudain, un bruit sourd retentit contre sa porte. Une personne frappait à grands coups de poings le bois de chêne qui se trouvait au pied de sa couchette.

- Ayumi, c'est l'heure, déclara une voix chantonnante derrière la porte.

- Je sais, répondit sèchement la jeune fille.

Elle soupira bruyamment, passa une main dans ses longs cheveux blonds et se mit sur ses pieds. Ce que la voix de Kisame de bon matin pouvait être exaspérante. Surtout qu'il se levait, simplement par plaisir de pouvoir la réveiller et lui rappeler qu'elle devait aller s'entrainer. Selon elle, c'était simplement du sadisme, le plaisir de la voir souffrir, mais selon lui c'était juste de la bonne camaraderie.

Elle entendit ses pas s'éloigner. Elle prit la porte à la droite de son lit et se retrouva dans une petite salle de bain. Il n'y avait là qu'une petite douche, un wc, un lavabo et un simple miroir. Le confort minimum, mais elle était déjà privilégiée. Avoir ses propres sanitaires, ici, était un luxe, auquel elle avait eu droit en étant une femme. Elle alluma l'eau et mouilla son visage, espérant se réveiller un peu. En s'observant dans le miroir, elle remarquât que les poches sous ses yeux ne disparaissaient pas. Mais, autant dire qu'entre les réveils aux aurores pour des entrainements intensifs, la fatigue de supporter une bande de mâles écervelés et les nuits entrecoupées par des cauchemars, son temps de repos était devenu limité. Ses yeux émeraude s'attardèrent sur sa crinière blonde. Sur tout son crâne, de fines bandes rosée apparaissaient ci et là. Elle fit glisser entre ses doigts une mèche colorée. Cette couleur n'avait rien de naturelle. Un jour son sensei lui avait exposé sa théorie. Selon lui, elle possédait un chakra particulièrement puissant et malléable, s'acclimatant au corps. L'intensité de celui-ci avait surement déjà du prendre le pas sur son être et ces mèches en étaient les possibles résidus.

Elle attrapa l'un des élastiques entassés dans une boîte et attacha négligemment sa chevelure en une queue de cheval. Elle retourna ensuite dans sa chambre, s'approcha de l'imposante armoire, en sortit un épais pull noir et un pantalon ample gris. Ces vêtements n'étaient pas des plus propice à une kunoichi. Mais, elle vivait tout de même avec des hommes débauchés à tous les niveaux. Elle se protégeait donc avec ses tissus larges. Ils lui permettaient de dissimuler ses formes de femme évitant que ses comparses ne s'attardent là-dessus. En passant devant le petit bureau, elle attrapa une pochette en cuir contenant kunais et shurikens qu'elle accrocha à sa droite sur la hanche.

Après avoir franchit la porte de sa chambre, la jeune fille s'avança dans les couloirs lugubres. Leur repaire était composé de longues galeries creusées dans la montagne faiblement éclairées par de fines torches. Un dédale s'ouvrait à quiconque ne connaissais pas les lieux. Une ouverture de faible lumière lui indiqua qu'elle approchait de son but. Elle débarqua sur une vaste place parsemée d'arbres. Des cratères apparaissaient sporadiquement, témoins de précédents combats. La montagne entourait le terrain comme une forteresse dont les remparts étaient ci hauts, que seul le ciel était visible. Au vu de l'heure très matinale, les rayons de soleil faiblards essayaient d'enjamber cette muraille, apportant un côté mystique à la plaine.

Postés entre les arbres, deux hommes enveloppés de longs manteaux noirs ornés de nuages rouges cerclés de blanc attendaient la jeune fille. Un sourire diabolique se dessinait sur le visage de l'un d'eux. Une peau bleue particularité insolite, une rangé de dents aussi abondantes qu'effrayantes et une stature colossale. Un hybride, mi-humain mi-requin, attendant et prenant beaucoup trop de plaisir à voir la blonde souffrir. A ses côtés, un autre homme, plus petit et moins imposant en terme purement physique. De longs cheveux couleur de jais entourant son visage et s'enfonçant dans son col, des yeux d'une noirceur plus profonde que l'abîme et une aura froide et menaçante. Malgré cet ensemble impressionnant, un self-control prodigieux lui procurait une harmonieuse imperturbabilité. Il l'entrainait, lui, le dernier descendant d'un clan maudit, Itachi Uchiha. Ce nom connut à travers tout le pays, n'avait qu'une consonance bienfaitrice pour Ayumi, son sauveur, son mentor, son modèle.

- Bonjour Itachi-sensei.

L'homme n'esquissa aucun mouvement, aucune réaction. Elle continua son chemin dans leur direction, mais fut soudain interrompu lorsqu'une dizaine de kunai lui foncèrent dessus. Elle fit un saut souple en arrière et ils vinrent se planter face à elle. Après sa réception, elle leva son regard vers les deux ninjas, mais ils avaient disparus. Elle réagit rapidement et se dirigea au plus vite se mettre à couvert derrière un imposant pin. Elle prit une grande inspiration et se concentra essayant de ressentir leur chakra, mais aucune onde n'émanait du terrain.

Une autre salve d'armes la sortit de son introspection. Elle se remit en mouvement vers un autre coin de la place, évitant soigneusement le lieu où se trouvaient ses acolytes peu de temps avant. Elle entendit les lames s'enfoncer dans le bois de l'arbre ou elle se tenait quelques secondes plus tôt. Le doute s'empara d'elle, que cherchait-il à faire ? Elle dut interrompre sa réflexion, lorsqu'encore une autre salve l'obligea à faire un bond en arrière. Mais, alors qu'elle pensait atterri sur le sol, celui-ci se déroba sous ses pieds et se transforma en sable mouvants. Elle s'enfonçait à chaque mouvement dans ce sol meuble. Elle essayait de dégager l'une de ses jambes en tirant dessus, lorsqu'un terrible hurlement se fit entendre. La jeune femme s'immobilisa et leva son regard.

Le décor avait changé, tout s'était assombrit. Face à elle, des croix remplaçaient à présent les arbres. Attachés sur le bois, des personnes hurlaient de douleur, leurs membres comprimés par des câbles noirs. Son cerveau comprit immédiatement que sur les croix se trouvaient ses acolytes de l'Akatsuki. Ils y étaient tous, Deidara, Kisame, Kakuzu, Hidan, Tobi, Sasori, convulsants de douleur, même Pein et Konan. Elle voulut prendre quelques secondes pour analyser la situation, mais leurs hurlements l'enragèrent instinctivement. Elle se débâtit contre ces sables mouvants, cherchant à les rejoindre, à les libérer, s'enfonçant un peu plus.

Son irascibilité s'empara d'elle, ces cris devenaient de plus en plus insupportables, ses compagnons avaient besoin d'elle, et elle, elle n'arrivait pas à se dépêtrer. Ses yeux commencèrent à s'humidifier, la haine prenait le dessus. D'un seul coup, une idée lui vint en tête, les sables mouvants n'étaient composés que d'eau et de sable, il lui fallait alors juste les assécher pour s'en sortir. Elle ramena ses mains à hauteur de poitrine. Mais, avant de pouvoir produire un seule signe, des câbles noirs surgirent de nulle part. Elle se fit empaler au niveau des poignets et des chevilles sur une croix qui avait apparu de nulle part. Elle retint un cris de douleur.

Elle prenait à présent totalement conscience qu'elle était sous l'emprise d'un puissant genjustsu. Elle ne l'avait pourtant pas regarder dans les yeux. Elle se souvint soudain que Kisame lui avait expliquer qu'Itachi était tellement puissant qu'il pouvait envoûter quelqu'un sans contact visuel. Elle avait été beaucoup trop imprudente en se remémorant la règle numéro un du parfait ninja : « tout peut être ou devenir ton ennemi » . Il fallait à présent qu'elle se libère au plus vite de ce jutsu. Mais ces câbles entravaient tout mouvement et ses plaies commençaient à la faire terriblement souffrir.

Des corbeaux se matérialisèrent au-dessus de la blonde, ils tournèrent une fois autour d'elle et se regroupèrent à sa droite en formant une masse qui se transforma en son sensei. L'homme affichait toujours ce même visage apathique.

- Tu veux les sauver mais tu n'arrives même pas à te sortir de cette situation seule, lui susurra à l'oreille la voix monocorde d'Itachi.

Les larmes s'accumulèrent un peu plus au coin de ses yeux. Mais, elle s'interdisait de se laisser submerger par sa douleur, par sa rage, par sa haine, surtout face a son professeur. Elle devait se contrôler. Il fallait à présent absolument qu'elle se libère, qu'elle fasse abstraction des hurlements de ceux auxquels elle tenait et de cette souffrance qui engourdissait ses membres.

Puis, sans crier gare, les bruits s'arrêtèrent net, l'atmosphère se fit plus lourde, tout s'assombrit. Le décor environnant devint sombre, les croix et ses amis souffrants su muèrent en grandes cuves allongées. Les seules lumières visibles venaient des spots rouges au fond des aquariums. Elles éclairaient des ombres à taille humaine dont des bulles d'air s'échappaient pour rejoindre d'énormes tuyaux placés à l'extrémité haute des bocaux.

Ces images ne durèrent que quelques secondes avant que le tableau d'horreur reprenne vie, que les croix réapparaissent que les voix emplis de souffrance refasse surface et que ses souffrances lui rappelle la situation.

Il fallait absolument qu'elle se reprenne, qu'elle se libère de ce genjutsu ou elle allait devenir folle. Elle se recentra et pris une grande inspiration. La blonde concentra son chakra dans son bras et tira d'un coup sec en y mettant toute sa force. Elle réussit à libérer son poignet droit, non sans une intense douleur qui lui tira une grimace. Elle ramena sa main face à son visage, deux doigts vers le ciel. Pour contrer un genjutsu de cette puissance il lui fallait absolument concentrer une grande quantité de son chakra dans son cerveau pour réguler le flux à nouveau. Etant donné la nature instable du sien, cela s'avérait très complexe, surtout avec les hurlements des autres en fond sonore. Il lui fallait mettre de côté ses sentiments, ses ressentis, sa peur, les enfouir au plus profond d'elle même.

Elle réussit finalement à faire abstraction de tout ce qui l'entourait. La jeune femme ressenti son chakra afflué vers sa tête. Un halo rose entoura son corps, faisant danser ses cheveux autour d'elle.

- KAIIII, hurla-t-elle.

Soudain, les cris autour d'elle s'évanouirent, la croix sur laquelle elle était empalée disparu, ses blessures se refermèrent. La jeune blonde se retrouva agenouillée sur le sol à la même place ou elle se trouvait quelques minutes auparavant, qui lui avait paru des heures. Un cri perçant échappa entre ses lèvres.

Elle releva la tête et à l'exact lieu où ils étaient auparavant se tenait simplement Kisame, un sourire éclatant, toutes dents dehors. Son sensei, lui, se tenait dans son dos. Il lui décrocha un violent coup de pieds dans le dos qui la fit rouler quelques mètres plus loin. La jeune blonde se releva avec difficulté, son corps parcourut de spasmes et de douleurs, peinait à l'écouter. Elle se mit en position d'attaque malgré le fait qu'elle tanguait sur ses deux pieds. A cet instant, la voix chantonnante du requin se fit entendre.

- On aurait pu te tuer trois ou quatre fois sans se stresser avant que tu ne te libère.

Ses yeux se dirigèrent instinctivement vers son sensei, faisant totalement abstraction de la remarque du démon bleu. Son regard gardait cette froideur à glacer le sang comme si aucune émotion ne luisait derrière ses pupilles rougeoyantes. Ayumi était incapable de savoir s'il était déçu, intrigué, triste, en colère, cette homme respirait le self contrôle.

- Tu dois plus t'entraîner, si tu ne veux plus être un boulet, lança la voix calme mais tranchante d'Itachi.

Cette affirmation tomba comme un couperet sur la jeune fille qui s'écroula à nouveau sur ses genoux, les poings serrés, cherchant à contenir à tout prix ses émotions. Les deux hommes ne firent pas plus de cérémonie et se dirigèrent vers l'entrée du terrain d'entraînement. Elle resta là sans bouger avec en fond sonore leur pas s'éloignant et un Kisame riant allègrement de son cris, de sa faiblesse et se plaignant du manque d'action de cet entraînement.

Ayumi se retourna seule, elle leva la tête vers le ciel, observant le soleil qui peinait à apparaitre derrière les pans de la montagne. Sa frustration se déversa sur ses joues en fines gouttes. Ces larmes étaient les témoins de sa colère d'être encore trop faible, d'avoir encore déçu son professeur et de ne pas avoir progresser assez rapidement. Et puis, un nouveau sentiment s'était installé au fond de son ventre, une boule d'inquiétude et d'incompréhension. Autant le genjustsu de son sensei était effrayant, mais autre chose s'était passé et c'est cela qui amenait à une question.

Ce flash était-il un tour d'Itachi ou une nouvelle énigme qui apparaissait ?