Mémoires d'un Passé Oublié
Première Partie – Innocence
La Noble et très Ancienne Maison des Black
Au registre des naissances du Ministère de la Magie pour l'année 1960, on trouve l'extrait suivant :
« L'an mil neuf cent soixante, le vingt mars, sont nés Sirius Arcturus Black et Siria Elladora Black, enfants de Orion Phineas Black, magistrat à la Cour du Magenmagot, et de Walburga Cassopeia Black, née Black, son épouse, sorciers domiciliés au 12, square Grimmaurd, à Londres. Dressé le jour susdit, sur la déclaration du père, lecture faite et signé. »
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Siria Black est née de la branche aînée de la Noble et très Ancienne Maison des Black. Cette famille de sorciers – 13 générations – contribua activement à la construction du monde de la magie en Grande-Bretagne et tira une grande fierté de compter dans ses rangs un ancien directeur de Poudlard – le moins aimé, cependant.
Le Sang fait honneur à cette famille, à la limite du fanatisme. Mais avec le Temps qui s'étire, ce Sacro Saint Sang devient rare. La descendance Black n'est pas assurée, il n'y a – pour le moment – que des filles qui sont nées de la branche cadette, les trois sœurs Black, Bellatrix, Andromeda et Narcissa.
La grande Terreur de la Famille est de voir s'éteindre sa race, après des siècles d'existence.
En dernier recours, on choisit alors de fiancer au sortir de l'adolescence cousin, cousine – qu'importe, du moment que le Noble Sang continue de prospérer dans les veines ! Le cousin est parfois l'oncle ou le neveu de sa propre épouse, elle-même chargée des liens de la famille : un même grand-père, une même tante…
Ces mariages morbides frôlent l'inceste.
La faiblesse des Black vient des trop nombreuses fausses couches de la branche aînée : Orion et Walburga, tous deux cousins, ne parviennent pas, après dix années de mariage, à concevoir un héritier vivant.
C'est cependant mal connaître l'obstination guerrière de Walburga, à qui aucun échec de fait reculer et qui possède une volonté de fer. Tous les espoirs sont concentrés sur ce petit bout de femme, qui régit avec une main de maître la descendance Black : elle est leur roi, le tyran de cet empire noir. Elle a dédaigné sa beauté, qu'elle a jugé inutile et s'est forgée un caractère d'acier.
Ses parents voulaient imposés à leur fille aînée un mariage prestigieux. Personne n'était assez digne d'épouser à leurs yeux la belle Walburga, et ils l'avaient jetés dans les bras d'un homme avec qui elle avait partagé son enfance.
La traîtrise de ses parents. Sa mère avait été surprise que Walburga éclate en sanglot à la perspective d'épouser son cousin Orion.
Que voulez-vous ma fille, la chose en a été décidé ainsi, avait tranché sa mère, froidement.
Sa nuit de noce avait été épouvantable. Ne connaissant rien aux choses de l'Amour, la jeune fille avait pleuré de honte et de douleur face à l'assaut maladroit de son mari. Elle en garda un souvenir amer, haïssant sa condition de femme et d'épouse. Au jour d'anniversaire de son mariage, elle avait longuement pleuré : même pas l'espoir d'un enfant ! Frustrée mais résignée, son lit de noce devint son champ de bataille. Le résultat fut pitoyable : deux enfants morts nés et une frêle petite fille qui n'atteignit pas son premier anniversaire.
Aussi, quand, pour la quatrième fois, son ventre s'arrondit, elle prit toutes les précautions nécessaires, elle pria Merlin pour la sauvegarde de l'enfant à naître, qui devait arriver le jour de l'éveil du printemps.
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Courageusement, elle contrôle les douleurs de l'enfantement, sans une plainte de souffrance.
Cette fois-ci, la chambre de son épuisante guerre tient lieu de chambre des naissances – événement tant redouté et désiré à la fois. Le lit est nappé de linge frais, un feu craque dans la cheminée. Dehors, il fait froid malgré le soleil qui tente de percer les nuages blancs. Walburga jette un bref regard par la fenêtre encadrée d'épais rideaux rouges. Elle a perdu toute notion du temps. Il lui semble qu'il y a une éternité qu'elle a ressenti les premiers signes annonciateurs de la naissance.
Elle souhaite que tout se termine au plus vite.
C'est une très belle couche ! assure l'une des sages-femmes, les manches remontées jusqu'aux coudes.
Walburga se sent vulnérable et misérable. Sa chemise de soie a été retroussée sur son ventre, exposant aux matrones ses chairs. Parfois, des larmes de souffrance (à moins que ce ne soit ceux de la honte ?) débordent de ses yeux gris.
C'est l'heure du miracle de la vie. Solidement cramponnée aux draps, elle pousse des cris forcés. Son corps explose de mille souffrances.
Enfin, dans un ultime hurlement, l'enfant est brutalement exposé à la vie.
C'est un fils ! s'écrie la matrone.
Walburga repose lourdement sa tête sur l'oreiller. Elle pleure sans retenue. Un fils ! Pourvu qu'il vive…Elle l'entend s'époumoner, s'accrochant désespérément à la vie, tandis que la sage-femme recueille la petite boule fripée.
Aussitôt, les gémissements reprennent. Il y a un court moment d'affolement, et les femmes s'empressent à nouveau autour de la jeune mère.
Il va falloir faire encore un petit effort…
Quelques minutes suffisent à mettre fin aux douleurs. Un deuxième enfant, une fille cette fois-ci, ouvre les yeux sur le monde.
Une fille ? balbutie Walburga. Deux enfants ?
Elle regarde ses enfants que l'on baigne, frotte, essuie, enveloppe de laine, de soie, de dentelle. Elle se sent gonflée d'orgueil, victorieuse : elle qui n'était pas capable alors d'avoir un enfant, a fait coup double !
Se remettant lentement de ses couches, du linge propre au lit et à son corps épuisé, elle ordonne de tenir son fils dans ses bras. Elle n'a d'yeux que pour lui.
Tu t'appelleras Sirius, cher enfant, tel l'étoile la plus brillante du ciel. Tu es tout ce que je désirais dans ce monde, tu seras ma joie, mon réconfort et mon orgueil.
La petite fille pleure sans retenue, de l'autre côté de la pièce. La matrone qui lui donne les premiers soins, constate que la petite fille est mignonne à souhait et lui sourit avec bonté.
« Pauvre petite, tu n'es pas ce que l'on souhaitait… » Songe-t-elle en langeant la fillette.
Quand sa mère se souviendra d'elle, elle surnommera sa fille Siria, pendant féminin de son illustre frère.
Petite Note:
Voici une histoire qui traîne dans les méandres de mon cerveau depuis très (trop) longtemps. Le seul moyen de m'en débarrasser une bonne fois pour toute, la partager, avec vous chers lecteurs.
A bientôt pour la suite!
Marhyne
