Fallait pas me chercher

Par la pitchoune


Et donc, je vous le dis encore (même si c'est évident mais comme il le faut), l'univers d'Harry Potter ne m'appartient pas.


Hermione, les cheveux ébouriffés de sa visite à la cabane de Hagrid, avançait à pas décidés dans le hall d'entrée. Les élèves apeurés s'écartaient sur son passage. Tout le monde dans Poudlard savait que le nouveau professeur de métamorphose, Hermione Granger, avait parfois un peu de mal à contenir ses émotions. Surtout quand elle était engagée sur le sentier de la guerre comme elle semblait l'être à présent avec ses grands yeux noisette qui lançaient des éclairs, ses joues rouges –de sa marche forcée ou du sang qui lui était monté à la tête quand elle avait appris le dernier coup de pute que lui avait fait le Directeur de Maison des Serpentards ? C'était difficile à dire.

Furibonde, et formulant dans sa tête tout un tas de plans machiavéliques pour tuer cette… chose (hors de question pour elle d'appeler ça un homme, c'était trop méchant pour la gent masculine) et se débarrasser discrètement du corps, elle tourna dans le couloir du troisième étage pour retrouver son bureau. Et oui, c'était là que Poudlard l'avait placé là cette année.

Et c'est là qu'elle l'aperçut, immédiatement il faut bien le dire, un sourire goguenard planté sur ses lèvres roses, ses cheveux platines coupés courts, et nonchalamment appuyé contre le mur à côté de sa porte.

Elle s'était bien dit en début d'année qu'il faudrait qu'elle apprenne à se contrôler, d'abord pour éviter d'effrayer les élèves, ensuite pour enfin réussir à gagner une partie de poker et surtout pour ne pas donner à Malefoy la satisfaction de voir qu'il l'avait perturbée. Mais notre lionne gardait un caractère bien trempé qu'elle-même n'arrivait pas à dompter. C'est donc au pas de charge qu'elle fondit sur Malefoy, rouge de colère (cette fois-ci, il n'y avait aucun doute). Ce petit con arrogant et salopard l'avait faite convoquer.

En temps normal, ça ne la dérangeait pas qu'un professeur vienne la trouver pour discuter d'un problème, surtout si ça concernait des élèves, un projet pédagogique commun ou encore une réprimande pour quelque chose qu'elle aurait fait. Elle reconnaissait tout à fait que Neville avait eu tous les droits de la convoquer quand il lui avait fait comprendre qu'il la couvrirait du mieux qu'il pouvait pour avoir transformé la salle de classe de Malefoy en une espèce de bonbon rose-Barbie moelleux et cotonneux avec, épinglée sur la porte, une réplique de son badge de la Brigade Inquisitoriale en réglisse. Il était difficile de ne pas savoir immédiatement qui avait fait ce coup-là puisqu'il était signé d'une petite note manuscrite posée sur son bureau en marshmallow (si si, elle avait été jusque-là… Et non, elle n'avait pas oublié d'ouvrir les rideaux pour que le nouveau bureau caramélise derrière la fenêtre de la salle de classe de Défense Contre les Forces du Mal). Sur la note on pouvait lire, « Ah, et puis j'oubliais, t'es un Sang-pur et une petite fouine Malefoy, ça vaut bien dix points de moins ! ».

Curieusement, Neville avait tout de suite reconnue l'allusion à la remarque que Draco lui avait faite en cinquième année quand il avait fait partie de la Brigade. Ce dernier aussi avait fait le rapprochement... Hermione était rancunière, elle n'avait pas honte de le montrer et elle était prête à assumer les conséquences de ce qu'elle aimait appeler ses « clins d'œil ». Elle s'était même attendue à être convoquée par McGonagall elle-même, après que Draco l'ait dénoncée. Il était si fort pour ça d'habitude…

Et pourtant, c'était Neville qui l'avait fait pour lui promettre de la couvrir mais aussi lui demander d'essayer de ne pas trop énerver le Directeur de la Maison Serpentard contre les Gryffondors juste avant une réunion du personnel. Ça n'était pas productif et surtout, la fouine n'avait pas arrêté de faire la grimace pendant toute la réunion ou presque. En effet, vers la fin, un sourire mauvais avait étiré son visage et la malice transparaissait dans son regard gris. Le gentil Gryffondor avait donc voulu prévenir la petite lionne.

Hermione savait qu'elle pouvait compter sur quelques-uns de ses collègues pour essayer de veiller sur elle dans le combat acharné qu'elle menait contre Malefoy et Neville était un de ceux-là.

Et oui, leur relation depuis qu'ils avaient été élèves à Poudlard n'avait pas changé. Ils se détestaient toujours et n'hésitaient jamais à se faire des crasses. Il faut quand même souligner que c'est toujours le Serpentard qui lançait l'offensive ce qui permettait à notre Gryffondor adorée de se dire, chaque fois qu'elle avait une petite crise de conscience, qu'il fallait bien qu'elle lui réponde. Elle ne pouvait tout simplement pas s'aplatir et se laisser faire, pas vrai ?

Grâce à ce raisonnement dont elle n'était jamais totalement satisfaite (à cause de son côté immature), elle avait encore à ce jour bonne conscience même quand elle avait glissé discrètement une bonne poignée de sel dans les céréales de Malefoy qui était arrivé tout sourire ce matin à la table des professeurs. Si vous vous demandez, il l'avait cherché.

Et maintenant, elle en payait le prix. Il l'avait convoquée pour qu'elle aille dans les cuisines vérifier auprès des elfes de maison les stocks de sucre et de sel et leur demander si par hasard ils se seraient trompés en inversant les deux à la table des professeurs le matin-même. Là où résidait la difficulté était qu'il fallait faire en sorte pour la Gryffondor qu'elle réussisse cet exploit sans que tous les elfes de maison de Poudlard, face à cette question qu'ils prendraient sans nul doute pour une réprimande, se fracassent le crâne sur tout ce qui pourrait passer à leur portée. Et tout le monde sait que les cuisines sont bourrées d'objets tranchants et dangereux. De plus, les petites créatures aussi serviles que serviables n'avaient pas oublié la jeune adolescente idéaliste qui avait voulu les libérer (sa-cri-lè-ge !) et lui réservaient toujours un accueil soupçonneux.

L'alternative était d'avouer son forfait à la fouine.

Elle entra donc dans son bureau, claqua la porte au nez de Malefoy et jeta son manteau sur la chaise placée derrière son pupitre. Elle résista à l'envie de s'y affaler en se demandant pourquoi elle avait encore cherché la fouine, prit une grande inspiration, se redressa de toute sa hauteur, rejeta ses épaules en arrière, bomba le torse, leva la tête bien droite et ressortit devant un Draco hilare qui la suivit tout le long de son long chemin jusqu'aux cuisines.

La torture pouvait commencer.

« Ah Granger ! C'est si bon d'être directeur de maison. Tu vois, si tu l'avais été toi-même, jamais je n'aurais pu te demander de faire ça. Mais comme je suis ton supérieur hiérarchique, je peux le faire. Tu t'imagines bien que ce n'est pas une requête que j'aurais été faire auprès de Londubat. Comme c'est lui le Directeur de Gryffondor… Heureusement que tu es là. »

Et oui, vous avez bien lu. Neville était le directeur de Gryffondor, un choix de McGonagall qu'Hermione n'avait pas du tout compris au début.

Elle avait fait ses preuves, elle pouvait tenir tête à Malefoy bien mieux que Neville (même si, c'était sûr, il n'était plus le garçonnet maladroit et peureux qu'il était au départ du Poudlard Express pour leur première année), elle connaissait pratiquement tous les livres de la Bibliothèque par cœur et elle était la chouchoutte de la Directrice de Poudlard. Et malgré tout ça, c'était Neville le Directeur de sa maison.

Au départ, Hermione avait été déçue et elle avait souffert de ce manque de confiance de McGonagall. Elle l'aurait presque ressenti comme une trahison : en plus, Malefoy était Directeur de Maison lui. Et il ne se privait pas d'abuser de ce pouvoir.

Elle était donc allée voir la directrice et avait voulu comprendre. Elle était tombée des nues.

McGonagall lui avait avoué qu'elle avait donné cette place à Neville parce qu'elle n'escomptait pas qu'Hermione reste longtemps professeur à l'Ecole de sorcellerie. Elle s'attendait à ce qu'elle fasse davantage de sa vie. McGonagall n'avait pas voulu attacher trop Hermione à l'Ecole parce qu'elle ne voulait pas qu'elle ait la même vie qu'elle. Et sur un certain nombre de points, c'était vrai que les deux femmes se ressemblaient.

D'abord, elles avaient été toutes les deux amoureuses à la folie d'hommes qui les avaient quittées. McGonagall parce qu'il était mort en faisant des expériences étranges dans un laboratoire qui s'occupait de créer de nouvelles potions, Hermione parce que Ron n'avait jamais réussi à dépasser la mort de Fred. Il était tombé dans une profonde dépression et malgré tous les efforts de ses proches et d'Hermione, il n'avait pas été mieux. Un jour, il avait annoncé à Hermione qu'il ne voulait plus la voir parce qu'elle ne pouvait pas comprendre son chagrin et ne lui donnait que des mots réconfortants faciles et banals, des mots qui montraient bien à quel point elle ne le comprenait pas et qui l'énervaient profondément.

Ils n'en étaient pas à leur première dispute et cet argument (de merde) fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase après une année entière où Hermione avait tenté de supporter Ron et de faire vivre leur relation.

'Non, je ne peux pas comprendre. Après tout, moi, je n'ai perdu que toute ma famille dans cette guerre. Bien sûr, ils sont vivants, ils m'ont juste oubliée. Comme c'est réconfortant', pensait-elle amèrement chaque fois qu'elle se remémorait cette ultime dispute. Elle ne lui avait pas rétorqué cela, elle ne voulait pas entrer dans un concours sur celui qui avait le plus perdu pendant la guerre. A la place, elle était retournée à Poudlard reconstruit où elle avait fini ses études.

Major de promotion, comme d'habitude, elle avait pour projet de devenir professeur dans la bâtisse remise à neuf. Elle brûlait de redécouvrir l'école, si moderne et pourtant si familière. Ils avaient gardé l'esprit château mais plus personne ne savait où était la Salle sur Demande par exemple. Sauf quelques élus. Deux ans plus tard, son diplôme d'enseignante en poche, elle était revenue armée de la Carte du Maraudeur qu'Harry lui avait offerte, magiquement adaptée à cette nouvelle école, et prête à refaire sa vie.

Bien sûr c'était sans compter sur ce petit chieur de Malefoy mais bon. Elle savait se défendre et se battre.

D'ailleurs, il continuait de débiter ses conneries (du point de vue d'Hermione), qu'il aimait appeler, lui, de « dures vérités » tandis que le reste du personnel préférait au choix les mots « raillerie », « bêtise », ou encore « tension sexuelle/préliminaires » (Hermione aurait bien castré Flitwick pour ce petit commentaire qui montrait bien à quel point il était en manque selon elle).

« Je sais bien qu'aujourd'hui c'est vendredi et que demain il y a la sortie à Pré-au-lard mais il ne faudrait pas que l'incident de ce matin se répète. Tu ne peux pas avoir de rendez-vous ce soir de toute façon vu que tous les hommes que tu as fréquentés dans le passé t'ont lâchée. Quand je pense que même la belette a préféré Lavande Brown. Ils se marient bientôt non ? »

Hermione faisait tout son possible pour ne pas réagir, ne pas céder une fois de plus à Malefoy. Elle se maîtriserait. Elle savait qu'elle pouvait le faire. Elle pressa tout de même le pas tout en chassant de ses pensées ses préoccupations pour les elfes de maison et la façon dont elle leur ferait part de la remarque de cet enfoiré de première sur le sucre et le sel.

Maintenant, la seule chose présente à son esprit était la vengeance. Elle s'était en effet rendu compte, après deux mois de bagarre plus ou moins subtile avec Malefoy, qu'elle sortait moins vite de ses gonds quand elle l'imaginait souffrir mille morts. Bien sûr, elle n'irait jamais jusque-là. Elle n'avait pas envie d'aller à Azkaban pour cette merde qui persévérait encore et toujours.

« … à préparer tes examens de fin d'année. Tu sais, je ne comprends pas ton obsession avec les interrogations surprises. Pour les Gryffondors, je comprends, ils sont manifestement incapables d'apprendre par eux-mêmes, un peu comme 'Potter le héros' », poursuivit-il, sa voix dégoulinant de sarcasme. « Je me demande comment tu peux encore supporter ce trou-du-cul. Mais enfin bon, pour en revenir à notre sujet principal, les Serpentards n'ont pas besoin de ça, eux. Tu les stresses inutilement. Je me demande si vraiment tu es faite pour ce job, tu sais. »

Draco se sentit sur la bonne voie quand il remarqua les poings serrés d'Hermione (bien qu'il sache pertinemment devoir faire particulièrement attention à ce qu'ils ne se retrouvent pas collés à son beau et parfait visage comme en troisième année) et la façon dont elle avait du mal à continuer de marcher droit. Un signe sûr que sa colère atteignait son maximum. L'explosion aurait bientôt lieu et il devrait la quitter avant qu'elle ne passe à l'action mais après qu'elle se soit décidée à le faire, histoire de la planter là, bien frustrée.

Après avoir rappelé son passé amoureux médiocre, dénigré son ami et ses méthodes pédagogiques, il s'attaqua donc à son intellect.

« Je sais bien que tu as des capacités et des connaissances mais en tant que ton supérieur hiérarchique, je me dois de m'inquiéter de ta façon d'envisager les choses. Tu me sembles confondre sévérité et préjugés. Les élèves ne sont pas tous des ignorants... ailleurs qu'à Gryffondor. »

Quand elle s'arrêta brusquement et pinça les lèvres, Draco ouvrit immédiatement son esprit pour plonger dans celui de l'enragée qu'il accompagnait. Il la vit prendre la décision de lui dire tout ce qu'elle avait sur le cœur, incapable qu'elle était de garder son esprit fermé quand elle était autant en colère. Il s'en alla sans demander son reste mais toujours avec élégance (on connaît les Malefoy tout de même) avant qu'elle puisse rétorquer quoi que ce soit et lui dire tout ce qu'elle pensait de lui.

Seule au beau milieu du couloir, Hermione exprima sa frustration en envoyant valser son pied contre le mur le plus proche. Le mur gagna dans cette démonstration de force tandis qu'Hermione sautillait sur place en se tenant le pied, ridicule à souhait. Il ne manquerait plus que des élèves se pointent et le tableau serait parfait.

Et il atteignit la perfection.

Hermione se sentit mortifiée quand les deux élèves de Poufsouffle firent demi-tour précipitamment en essayant tant bien que mal de contenir leurs rires. Elle aurait tant aimé disparaître, là… tout de suite… maintenant… s'il-vous-plaît ?

Et c'est qu'elle l'entendit, un rire chaud qui venait du bout du couloir et soudain elle sentit un regard sur elle. Quelqu'un avait vu toute la scène. Quelqu'un l'avait regardé. Intentionellement. Et elle connaissait ce rire… Oh, non ! Elle se précipita vers le bout du couloir mais ne vit personne, elle sortit alors la Carte du Maraudeur et remarqua tout de suite le petit point qui indiquait Malefoy s'éloigner un peu plus loin dans un couloir parallèle.

C'est précisément à ce moment-là qu'elle vit rouge et qu'elle décida de monter d'un cran dans la guerre qu'ils menaient. Elle allait lui faire payer son ridicule.

Elle descendit donc rapidement à la cuisine, s'acquittant rapidement de sa tâche et laissant les elfes de maison se torturer tout leur saoul sans s'en inquiéter plus que ça, et se dirigea vers la volière après avoir fait venir de son bureau deux bouts de parchemin, une plume et deux pots d'encre.

Oh, il allait regretter de l'avoir énervée, ridiculisée, titillée, branchée, c… euh non, attendez. Retour en arrière : elle n'était pas branchée. Juste tellement énervée qu'elle en devenait… dyslexique. Euh… confuse ! Bref. Elle n'était pas branchée par la fouine, quoi.

Une fois arrivée à destination, elle se mit à écrire.

Sa plume volait sur le parchemin qu'elle destinait à Harry, emportée qu'elle était par la colère et par la joie malsaine de se venger. Il lui fallait simplement un complice et elle savait que Ginny serait ravie de l'aider à foutre la merde dans la vie de Malefoy si jamais Harry montrait quelques réticences. Et comme Harry disait tout à Ginny n'est-ce pas…

Sa première lettre achevée, elle la confia, après l'avoir imperméabilisée d'un sort, au hibou qu'elle savait le plus rapide de la volière. Il faut dire qu'Hermione savait s'y prendre avec les bêtes (la seule qui lui donnait du fil à retordre, c'était la Fouine) et elle pouvait reconnaître les hiboux et les distinguer les uns des autres au premier coup d'œil. C'était Hagrid qui lui avait appris ça en troisième année quand elle avait passé tellement de temps en sa compagnie.

Tous les hiboux de la volière, qu'ils viennent de Poudlard ou qu'ils appartiennent aux élèves ou aux autres professeurs, l'adoraient. C'est d'ailleurs pour ça que le hibou de Malefoy vint se poser gracieusement sur son épaule quand elle l'appela. Comme son maître, il avait une certaine suffisance mais il ne résistait simplement pas aux gourmandises pour hibou qu'elle lui donnait. Elle lui confia donc une lettre, qu'elle venait d'écrire à l'encre rose et imperméabilisée avant de lui offrir une caresse et un petit biscuit et de l'envoyer dans la nuit glacée de ce mois de novembre, vers le destinataire de l'importante missive qu'il transportait.


Note de l'auteur :

Voilà donc le premier chapitre.

La suite au prochaine épisode et s'il-vous-plaît, dites-moi ce que vous en pensez. C'est la première fois que je me lance en tant qu'auteur alors, ça me plairait vraiment d'avoir vos critiques.

A bientôt ^^