Bonjour à vous qui avez cliqué sur le titre de cette fic (oui, parce que j'ai l'espoir que plus d'une personne sera intéressée par le résumé pourri ^^) et soyez les bienvenus dans mon antre. Une nouvelle histoire ? Oui, enfin elle est finie depuis un moment. C'est la première que j'ai écrite sur l'univers de Tolkien alors je vous préviens : la maîtrise des personnages est quasiment absente, les dialogues sont peu appropriés aux caractères. Étant donné que le ton principal est humoristique, cela peut justifier un peu l'air décontracté.
Alors le résumé plus approfondi, certains ont dû prendre peur en lisant "Fili/Kili/Bilbo". Ne vous inquiétez pas, ce n'est que pour la rigolade, il ne se passera rien entre eux. Thorin est un peu trop possessif pour accepter de partager son Hobbit. Oui, donc c'est du Thilbo à fond. Il y aura une toute petite pointe de Bofur/Bilbo mais elle ne débouchera sur rien. Je vais décrire une coutume naine concernant les tresses, elle est très importante alors retenez la bien. C'est une base qui me sert dans toutes mes fics. D'ailleurs, c'est inspiré de A King That Is Not Yet King de St. Alya (que je vous recommande de lire, ainsi que ses autres fics, pour ceux qui parlent Anglais).
Aussi, Bilbo se voit donc offert un peu de répit mais il va vite s'apercevoir que c'était une mauvaise idée de s'en remettre aux deux terreurs Durin. En effet, tout le monde sait que tous leurs plans sont foireux. (L'inceste est largement accepté)
Il n'y a que trois chapitres qui seront postés rapidement, parce que faut pas déconner, elle est finie. ^^
Voilà, cet univers ne m'appartient pas. Sir Tolkien doit se retourner dans sa tombe à l'heure qu'il est. C'est la faute à P.J. !
Bonne lecture mes agneaux !
Au vainqueur revient le butin
En se réveillant ce matin-là, Bilbo eut la nette impression que quelque chose n'allait pas. Il n'y avait pas de cris ou grognements indiquant qu'une bataille avait lieu, aucune goutte de pluie ne traversait les branches des arbres pour s'écraser sur son visage, personne ne ronflait à vous détruire les tympans juste à côté ou ne lui donnait de coups de pieds dans les jambes. Non, ce n'était pas physique, seulement une sensation étrange qu'aujourd'hui ne serait pas une journée tranquille. Il en était persuadé alors qu'il n'avait pas encore ouvert les yeux, hésitant à affronter ce que le monde avait prévu de lui faire subir. Pourtant il n'avait pas le choix, la route était longue et ils avaient encore beaucoup de chemin à parcourir avant d'arriver à la forêt de Mirkwood.
Le Hobbit avait lu plusieurs livres sur cet endroit et il s'était toujours dit qu'il n'y mettrait jamais les pieds, il y avait bien trop d'histoires effrayantes à son sujet sur des personnes qui s'y étaient aventurées sans en ressortir. C'était un lieu maudit et sombre rempli de créatures malveillantes et d'après ce qu'il avait pu entendre des Nains, les arbres eux-mêmes représentaient un danger constant. Bilbo n'était pas du tout rassuré et son inquiétude grandissait chaque jour où ils se rapprochaient de cette forêt.
Pour le moment ils n'y étaient pas encore et il devait se concentrer sur sa situation actuelle. Il était réveillé et n'arriverait pas à se rendormir avec ce sentiment d'être observé pesant sur lui mais peut-être qu'il pouvait faire semblant de dormir un peu plus longtemps pour obtenir des informations sur ce qui se passait dans le campement. Il tendit l'oreille et entendit des bruissements de feuilles, des conversations murmurées, un raclement, une lame contre du bois comme si l'on sculptait, quelques exclamations dans une langue qu'il ne connaissait pas, visiblement Bifur était en train de s'énerver après quelqu'un ou simplement une mouche qui avait volé trop près de lui. Rien d'anormal en somme. En réalité il y avait bien un élément qui le perturbait, il manquait quelque chose, il avait beau chercher, deux voix enjouées ne parvenaient pas à ses oreilles. Habituellement, Fíli et Kíli passaient leur temps à se chamailler ou à rigoler, ce qui avait tendance à fatiguer leur oncle, on ne pouvait pas les rater. Le fait de ne pas les entendre inquiéta fortement le semi-homme mais pas parce qu'il craignait qu'un danger quelconque soit dans les parages, plutôt pour sa propre sécurité. Ces deux-là étaient aussi immatures que des Hobbits pré-pubères, leurs farces, bien qu'innocentes, lui retombaient toujours dessus.
La sensation d'être observé se décupla et il ne put rester immobile plus longtemps. Il ferait face à ce qui l'attendait.
Ouvrant doucement les yeux, Bilbo ne vit rien d'alarmant, il n'y avait pas d'animal mort posé juste devant lui ou de tête d'orc. Il s'assit et bailla tout en s'étirant, sentant ses muscles se remettre en place après une nuit passée au sol. Soudain, il vit les deux frères se tenir accroupis à quelques centimètres de son sac de couchage. Ils étaient immobiles, côte à côte, parfaitement symétriques, leurs yeux rivés sur le pauvre Hobbit et de grands sourires innocents sur leurs lèvres. Cette vision effraya davantage le semi-homme qui comprit que les deux terreurs préparaient un mauvais coup dont il allait forcément être la victime. Les héritiers de Durin étaient adorables mais parfaitement intenables, rien ne leur résistait et le seul à rester de marbre face à leurs regards suppliants était leur oncle. Bilbo savait qu'il ne pourrait rien leur refuser s'ils lui demandaient quoi que ce soit en faisant la moue. Ces deux chenapans en avaient conscience et l'utilisaient à leur avantage. Les voir ainsi donna envie au Hobbit de se recoucher et cacher son visage sous sa veste mais il ne pouvait pas, il était un Baggins, ce genre de chose ne se faisait pas quand on était bien éduqué.
-Bonjour Bilbo ! Bien dormi ? demanda joyeusement Kíli.
-Vous n'avez pas eu trop froid ? Le sol n'était pas trop dur pour votre dos ? enchaîna à son tour Fíli.
-Non, ça allait, merci de vous en inquiéter. Que puis-je pour vous ?
-On vous a regardé dormir et on avait l'impression que vous n'étiez pas à l'aise. Vous grogniez et faisiez des grimaces, expliqua le plus jeune.
-Au début on a cru que vous faisiez un mauvais rêve parce que vous n'arrêtiez pas de gigoter mais vous n'aviez pas l'air en détresse, ajouta aussitôt son frère.
-Donc on s'est dit que peut-être vous n'étiez pas bien installé et c'est là qu'on a réalisé qu'en tant que Hobbit, vous n'avez pas l'habitude de ce genre d'environnement. Pour nous les Nains, dormir à la belle étoile n'est pas un calvaire mais pour vous, c'est l'inverse.
-Et comme vous êtes généralement bougon après une mauvaise nuit, on a pensé qu'on pourrait vous remonter le moral ! conclut le blond d'un ton enjoué.
Bilbo avait déjà mal à la tête à force de suivre leur conversation, ils parlaient trop vite pour son cerveau encore endormi. Oui, il n'aimait pas dormir parterre, ce n'était pas confortable mais il en avait pris l'habitude depuis le temps. Il évitait de faire la moindre remarque à ce sujet, ne voulant pas s'attirer les foudres de Thorin, bien que ce dernier se soit calmé depuis l'incident avec Azog. Le roi était devenu nettement plus agréable envers lui, ils discutaient normalement et parfois ils marchaient côte à côte. Cela faisait grandement plaisir à Bilbo d'être enfin remonté dans l'estime du leader de la troupe car lui, dès l'instant où il l'avait rencontré, il avait été épris d'une admiration sans borne pour ce Nain. Plus tard elle s'était transformée en affection et en dévotion, d'où son sacrifice irréfléchi lorsque le chef des orcs avait tenté de tuer Thorin. Maintenant il ne savait plus vraiment où il en était, il ressentait beaucoup de sentiments à son égard : de l'amitié, de l'exaspération, de la loyauté, de l'empathie également. Le roi forçait le respect, il portait ses cicatrices avec fierté, menait ses hommes d'une poigne de fer mais juste, se battait pour son peuple et avait vécu tellement de choses que Bilbo ne pouvait que le vénérer. Il était majestueux naturellement, tout ce qu'il faisait était empreint d'une forte détermination. Il était également borné et insupportable par moment, c'était un homme sévère mais qui éprouvait une profonde affection pour ses neveux et le reste de la troupe. Ils formaient tous une famille à laquelle Bilbo rêvait d'appartenir.
-C'est gentil mais je vais bien. Je n'ai besoin de rien.
-Mais puisqu'on vous le propose ! insista Fíli à deux doigts de couiner.
-N'avez-vous rien d'autre à faire ? demanda Bilbo afin de changer de sujet.
-Non, Thorin dit qu'on a causé assez de dégâts pour la journée. Du coup on est tout à vous ! reprit Kíli avec un sourire encore plus grand.
-Je vous remercie mais je ne vois vraiment pas ce que vous pourriez-
-Que diriez-vous d'un bon massage ? Ça vous détendrait ! proposa l'épéiste blond en tendant les mains vers sa victime.
-Non merci. Ce n'est pas la peine.
A vrai dire, Bilbo avait mal au dos, ses muscles étaient noués et lui tiraient mais il préférait refuser, les Nains n'étaient pas vraiment réputés pour être doux ou tendres.
-Alors un bain ! Il y a une rivière tout près d'ici. On peut vous y conduire !
-C'est très gentil Kíli, mais pour le moment je vais me contenter de prendre mon petit-déjeuner.
-Bien sûr ! Je vais vous le chercher !
L'archer s'était levé avant que le Hobbit n'ait eu le temps de répondre quoi que ce soit. Fíli resta à côté de lui et l'observa de manière étrange, comme s'il contemplait quelque chose. Son petit frère revint peu de temps après, une écuelle remplie de ragoût et une cuillère dans les mains. Il s'assit brusquement devant eux, en renversant par terre, et tendit son bol au semi-homme.
-Merci.
Bilbo était perplexe quant au comportement de ses compagnons, il ne comprenait pas pourquoi ils étaient soudainement si attentionnés envers lui. C'était généreux de leur part mais qu'avait-il fait pour mériter un tel traitement ? Leurs regards pesaient lourd et l'empêchaient de profiter de son repas.
-Ne le prenez pas mal mais, pour quelle raison êtes-vous si… serviables aujourd'hui ? Cela ne vous ressemble pas, s'enquit Bilbo pour les distraire et lui permettre de manger correctement.
Les deux jeunes Nains baissèrent la tête, honteux, faisant regretter sa question au Hobbit.
-C'est parce qu'on a remarqué que hier soir vous vous étiez écarté du groupe, vous avez mangé dans votre coin et vous n'avez pas chanté avec nous. On a cru que vous étiez fâché alors on a voulu se rattraper puis après avoir réfléchi, on a réalisé qu'on ne s'était pas bien comportés avec vous depuis le début de notre voyage. Vous vous occupez de nous, discutez avec tout le monde et essayez de vous intégrer alors que de notre côté, on passe notre temps à se moquer de vous, expliqua Kíli d'une petite voix.
-On n'a pas eu de vraie discussion avec vous, on vous a envoyé en plein milieu du danger avec les trolls et quand vous êtes triste, vous n'avez personne à qui parler. Vous êtes tout seul ici alors qu'on se connaît tous. Vous avez tout abandonné pour nous aider bien que cette histoire ne vous concerne en rien. Vous auriez pu partir plusieurs fois mais vous êtes toujours là, vous avez promis d'aller jusqu'au bout et en retour, on ne fait que vous attirer des ennuis, continua Fíli sur le même ton.
-Hier on a pris conscience que rien ne vous retenait ici et que si vous décidiez de partir, on ne pourrait pas vous en empêcher mais on ne veut pas que vous vous en alliez ! On veut que vous restiez ! s'écria le plus jeune, levant enfin la tête pour regarder son interlocuteur. Vous vous occupez de nous, vous nous faites à manger, nous réprimandez quand on va trop loin, vous assurez qu'on n'est pas blessés et si c'est le cas, vous nous soignez. Vous agissez comme… une mère. Et vous ne faites pas cela qu'avec nous deux mais avec toute la Compagnie !
Ce discours passionné prit le Hobbit de court, il ne s'était pas imaginé que ces jeunes gens pensaient cela. Oui, il faisait tout son possible pour aider et s'intégrer et il était vrai que jusqu'à présent, cela n'avait pas vraiment porté ses fruits mais il n'avait pas l'intention de partir. Plus maintenant, surtout après le serment qu'il avait fait à Thorin.
Le regret présent dans les deux paires d'yeux le toucha profondément et il se dit que ces deux garçons n'avaient pas reçu suffisamment de tendresse dans leur enfance. Ils étaient encore terriblement jeunes, trop pour participer à une telle quête et pourtant ils se battaient pour un royaume qu'ils n'avaient pas connu. Ils suivraient leur oncle jusqu'à la fin, c'était leur héros et une sorte de père pour eux. Bilbo se rendit compte qu'ils le vénéraient autant que lui, voire plus.
L'appeler « mère » était peut-être un peu exagéré, il n'avait rien d'une femme et en plus de cela, il était plus jeune qu'eux, mais venant de Fíli et Kíli, il pouvait accepter d'être une figure maternelle.
-Je ne compte pas m'en aller, rassurez-vous. Je vous ai promis de vous accompagner et de tout faire pour récupérer Erebor, je tiendrai parole. Je vous remercie de votre compassion et accepte vos excuses. Juste une chose, je ne peux pas être votre mère. Votre tante à la rigueur, bien que ce soit horriblement humiliant de me comparer à une femme, grommela le Hobbit.
Les deux frères se mirent à rire de bon cœur. Croyant avoir dit une bêtise, Bilbo les regarda de travers et attendit qu'ils se calment pour en connaître la raison.
-Si on vous appelle « tatie » ça voudra dire que vous êtes marié à Thorin ! expliqua Fíli très sérieusement avant de rire de plus belle.
Son cadet n'était pas dans un meilleur état et ne pouvait pratiquement plus respirer. Réalisant l'implication de ses paroles, Bilbo rougit violemment. Ce n'était pas du tout ce qu'il avait voulu dire, jamais il n'avait sous-entendu vouloir épouser le roi des Nains. Pourvu qu'ils ne lui répètent pas, le Hobbit ne s'en remettrait jamais.
-Non ! Jamais ! Oubliez ce que je vous ai dit ! Ne m'appelez pas ainsi ! Surtout pas ! tenta de se rattraper le semi-homme mais c'était peine perdue, les deux guerriers allaient s'en souvenir pendant longtemps.
Dépité, le Hobbit se remit à manger pour cacher sa gêne. Il ignora les héritiers de Durin qui ne cessaient de rire et s'empressa de finir son écuelle qu'il porta à Bombur pour qu'il la range avec les autres. Alors qu'il allait se diriger derrière un arbre pour répondre à une envie pressante, une main se posa sur son épaule. Kíli se tenait à côté de lui, des traces de larmes dues à son hilarité encore présentes aux coins des yeux, un sourire rayonnant sur les lèvres. Vexé, Bilbo lui tourna le dos et croisa les bras, il ne se laisserait pas berner une nouvelle fois. Soudain il fut attiré contre un torse solide et deux bras s'enroulèrent autour de sa taille, l'enserrant tendrement mais fermement. Une troisième main se posa dans ses cheveux qu'elle caressa et une quatrième passa autour de ses épaules. Il était complètement enserré entre deux corps qui n'avaient pas l'intention de le lâcher. Levant les yeux, il vit Kíli et Fíli collés à lui, leurs propres têtes l'une contre l'autre formant un toit au-dessus de la sienne. Il savait que les deux frères étaient particulièrement tactiles entre eux et que c'était une habitude chez les Nains de se toucher, ce qui n'était pas le cas chez les Hobbits qui trouvaient cela incorrect, simplement il n'avait encore jamais été celui à qui les princes faisaient un câlin. C'était une étrange sensation, il se sentait ridiculement petit mais au lieu de trouver cela gênant, il était bien, au chaud et en sécurité. Il se laissa cajoler, profitant de ce moment de tendresse inattendu pour se rendre compte qu'il avait de vrais amis dans la Compagnie.
Autour d'eux, le reste de la troupe les regardait de manière étonnée. Tout le monde connaissait la tendance des princes à se prendre mutuellement dans les bras mais jusqu'à présent ils l'avaient gardée pour eux. Maintenant ils y incluaient le cambrioleur ? Ces deux jeunes gens étaient vraiment spéciaux. Tous les regards se tournèrent vers Thorin qui semblait observer la scène avec indifférence mais il ne trompa personne, on pouvait aisément distinguer de l'affection dans ses yeux.
Balin y vit aussi une petite lueur sombre de jalousie. Le roi enviait ses propres neveux, le conseiller aurait ri s'il n'avait pas eu peur de se retrouver la victime d'une série de reproches. Il se contenta de sourire et de secouer la tête. Décidément ce Baggins était très doué, il avait réussi à capturer l'intérêt des trois membres de la famille royale sans lever le petit doigt. Une course pour avoir l'attention du Hobbit allait être déclenchée entre les princes et le roi. Les prochains jours risquaient d'être pleins de rebondissements.
Ils reprirent leur marche peu de temps après, Thorin ayant décrété qu'ils avaient perdu suffisamment de temps. En réalité, il avait simplement voulu mettre fin à ce moment intime entre leur cambrioleur et ses neveux. Ce qui ne les empêcha pas de rester à côté du Hobbit pendant le trajet, le retenant quand il dérapait ou le soulevant par-dessus les trous. Au bout d'un moment, après la quatrième chute évitée, chacun des princes lui prit une main et ils ne les lâchèrent plus, ainsi, ils pouvaient le retenir plus facilement. Ce qui était marrant à voir, c'était l'adoration égale qu'éprouvaient les deux frères pour le jeune semi-homme, elle était au même niveau et de ce fait, il n'y avait pas de jaloux entre eux.
Lorsque Thorin se retourna pour vérifier si tout le monde suivait, il vit les trois en train de plaisanter, chacun des frères essayant de dépasser l'autre pour raconter une anecdote plus amusante et entre eux, Bilbo riait. Cela énerva davantage le roi mais ce qui l'encensa fut leurs mains liées. Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Furieux, il s'arrêta et ordonna à ses neveux de passer devant en éclaireurs pour repérer les lieux. Ses yeux noirs les terrifièrent et ils s'empressèrent d'obéir, non sans s'excuser auprès du Hobbit, Kíli l'embrassa même sur la joue alors que son frère ébouriffa affectueusement les boucles cuivrées avant de partir en courant. Le regard menaçant de Thorin ne les quitta pas avant qu'ils ne disparaissent de sa vue.
De son côté, Bilbo ne remarqua pas l'humeur massacrante du roi, pour lui c'était habituel, et ne trouva rien de louche au comportement des princes. Il était content de la tournure des événements, il se sentait accepté. Un sourire satisfait était collé à ses lèvres. Sa vue calma les nerfs de Thorin qui laissa la Compagnie passer devant lui pour qu'il puisse se placer à l'arrière avec le semi-homme. Il se posta à ses côtés et ralentit son pas pour correspondre à celui du petit cambrioleur. Un sourire reconnaissant et éblouissant fut sa récompense, ce qui provoqua une réaction bizarre chez le roi. De drôles de fourmillements traversèrent son corps, son cœur s'accéléra d'un coup, son souffle se coupa quelques secondes, comme s'il avait reçu une décharge électrique. Thorin ne comprit pas ce qui lui arrivait mais il était certain que c'était la première fois qu'une telle chose se produisait et que c'était plus ou moins dû au cambrioleur. Il était incapable de prononcer le moindre mot, sa gorge se serra et lui parut affreusement sèche. Bilbo le regarda soucieux, se demandant si quelque chose n'allait pas avec le roi. Ce dernier tourna la tête et fit comme si de rien n'était, essayant de se maîtriser et de reprendre ses esprits. Il ne prit la parole qu'au bout de quelques minutes de marche.
-Est-ce que tout va bien, semi-homme ? demanda Thorin d'une voix bourrue.
-Oui, très bien. Il ne pleut pas, nous ne sommes pas poursuivis par des orcs ou des wargs et Gandalf a dit qu'il connaissait quelqu'un qui pourrait nous héberger. Nous n'avons pas de quoi nous plaindre.
-Oui, c'est agréable de pouvoir avancer sans être obligé de courir même si nous ne pouvons pas nous attarder. Et d'un point de vue personnel, vous habituez-vous à traverser la Terre du Milieu ?
-Et bien, je dois avouer qu'au début j'étais quelque peu déstabilisé parce que je ne suis jamais sorti de la Comté auparavant. Cette aventure me paraissait une bonne occasion d'y remédier alors j'ai décidé de venir mais pour être honnête, je n'avais pas conscience de ce qui m'attendait. Je commence à peine à réaliser. Et puis, voyager avec des Nains que je ne connais absolument pas me dérangeait un peu. Non pas que la compagnie des Nains soit désagréable ! s'empressa d'expliquer Bilbo qui ne voulait pas vexer le roi. Simplement c'est assez…
-Déroutant ? proposa Thorin, sentant le mal aise de son compagnon. Vous n'aviez pas pour habitude de prendre des décisions sur un coup de tête et du jour au lendemain vous vous retrouvez à courir à travers les champs pour accomplir une quête qui ne vous concerne en rien avec des personnes qui dépendent de vous. Vous n'avez rien demandé et pourtant vous voilà placé en avant. Vous vous sentez perdu, sans quelqu'un pour vous guider et vous continuez d'avancer parce que vous souhaitez bien faire.
-Oui, c'est exactement ça, répondit le Hobbit, stupéfait de la précision avec laquelle Thorin avait décrit son état d'esprit.
Comment avait-il fait pour viser aussi juste ? C'était comme s'il avait lu dans ses pensées. Le roi des Nains était quelqu'un de très complexe mais qui savait se mettre à la place d'autrui. Peut-être que lui aussi s'était retrouvé dans cette situation lorsque sa maison avait été détruite à l'arrivée de Smaug. Il avait dû endosser le rôle de souverain du jour au lendemain, guider son peuple et lui trouver un nouveau foyer, s'assurer que tous avaient une situation stable alors qu'il était encore jeune lui-même. Thorin avait probablement souhaité qu'on l'aide, qu'on lui dise dans quelle direction aller, quelle décision prendre. Il avait tout perdu en l'espace de quelques heures : sa famille, son royaume, ses amis, son innocence et sa maison. Comment avait-il fait pour se relever et rester digne ? Continuer d'avancer avec le poids de ses nouvelles responsabilités sur ses épaules ? Il n'avait jamais abandonné, ce qui le poussait à continuer était le désir de rendre à son peuple ce qui lui appartenait, c'était son devoir et il l'avait accepté.
Bilbo se découvrit une nouvelle admiration pour ce roi déchu, son respect pour lui s'accrut ainsi que son envie de l'aider. Rien ne le ferait renoncer à présent, il en était sûr. Il voulait voir la couronne posée sur ce front royal, la gloire de ce puissant royaume ravivée, Erebor renaîtrait de ses cendres et enfin, les Nains pourraient dire qu'ils avaient un foyer.
-Vous êtes venu jusqu'ici pour nous, c'est plus que ce que j'attendais. J'étais convaincu que vous nous ralentiriez mais vous m'avez prouvé à plusieurs reprises à quel point votre présence ici est essentielle, avoua Thorin en s'arrêtant de marcher, ses yeux bleus givrés plantés fixement dans ceux plus foncés du Hobbit, l'envoûtant instantanément. Je ne peux vous exprimer l'étendue de ma gratitude et de ma reconnaissance mais surtout… ma joie à votre présence à mes… nos côtés. Vous êtes des nôtres, conclut-il en posant ses mains sur les épaules du semi-homme.
Le cœur de Bilbo fit un bond dans sa poitrine, il ne pouvait détourner le regard du roi qui se tenait à quelques centimètres de lui. Thorin l'avait officiellement accepté, il le considérait comme un membre à part entière de sa Compagnie. C'était inespéré, son enchantement était sans égal, il se sentait enfin au même niveau que les autres Nains. Un sourire lumineux se forma sur ses lèvres, la même sensation de soulagement que lorsque que le roi l'avait enlacé le prit. S'il ne s'était pas retenu, il aurait sauté sur son compagnon pour le remercier.
Ce dernier vit l'effet que ses mots eurent sur le Hobbit, ses yeux brillaient de bonheur et son visage rayonnait. Fier de sa réussite, Thorin autorisa sa bouche à s'étirer pour envoyer un faible sourire au cambrioleur. Il avait été trop dur avec lui, Bilbo n'était pas fait pour les grandes aventures remplies de dragons, d'orcs et de trésors mais il avait prouvé qu'il était plus que capable de se débrouiller. Il lui devait la vie et bien plus encore, il était temps qu'il se comporte correctement avec lui.
Aucun des deux ne remarqua que le reste de la troupe avait continué d'avancer sans eux, leur permettant de profiter d'un moment privé.
-Merci Thorin, murmura Bilbo, osant à peine y croire.
-C'est moi qui devrais vous remercier. Sans vous, je ne serais plus de ce monde.
Une image du roi allongé au sol, ensanglanté, sur le point de se faire décapiter, apparut dans l'esprit du semi-homme. Il avait eu si peur à cet instant-là, ses nerfs avaient été paralysés, il avait eu l'impression de voir la scène au ralenti. Cet orc blanc avait été monstrueux et terrifiant mais il n'avait pu se résoudre à laisser le Nain ainsi, il ne voulait pas qu'il meurt. Bilbo ne se souvenait pas vraiment de ce qui s'était passé entre le moment où il était remonté sur l'arbre et celui où il avait plaqué l'orc à terre. Son corps avait réagi automatiquement, comme s'il ne le contrôlait plus. Son épouvante n'avait pas disparu mais sa détermination de protéger son compagnon avait résonné plus fort en lui. Il se souvenait encore de ces interminables minutes sur le dos de l'aigle, quand il avait cru être arrivé trop tard. Un sentiment de désespoir s'était emparé de lui, voir Thorin, un guerrier si fier et fort, inconscient l'avait bouleversé. Bilbo espérait ne plus avoir à revivre cela.
-Si c'était à refaire, je n'hésiterais pas une seconde vous savez, confessa le Hobbit. Je ne suis peut-être pas un combattant mais dans ces moments-là, on devient une autre personne. Notre force, dont on ignorait l'existence, se décuple et nous rend prêt à tout pour protéger quelqu'un qui nous est cher.
-Quelqu'un qui vous est cher ? Vous me voyez donc ainsi ? demanda Thorin en arquant un sourcil.
-Eh bien… C'est-à-dire que… Non, enfin si… mais… J'en suis arrivé à considérer tous les membres de la troupe comme de fidèles et sympathiques compagnons et je serais très attristé si l'un d'eux venait à périr, voilà tout, se justifia péniblement Bilbo en rougissant.
Le roi ne répondit rien mais son léger grognement sous-entendait qu'il n'était pas convaincu. Fort heureusement, il ne posa pas de questions et recommença à marcher, permettant au semi-homme de pousser un long soupir de soulagement. Il l'avait échappé belle, il devrait faire plus attention à l'avenir. Son euphorie due à l'acceptation de Thorin l'avait un peu déstabilisé. Il fallait qu'il remette de l'ordre dans son esprit et vite mais cela devrait attendre, le roi se tenait un peu plus loin et l'incita à se dépêcher pour rattraper le groupe.
