C'est pas la première fois que je poste un truc sur ce site. Pas du tout. Mais j'ai décidé d'abandonner mon vieux compte pour m'en faire un tout neuf, alors voilà : c'est la première fic que je poste sur celui-ci.
J'espère qu'elle sera à la hauteur. Mais c'est pas vraiment à moi de le dire, hein ? Alors je me contenterais de donner une ou deux infos sur ce que vous vous apprêtez à lire. D'abord, c'est un AU. Très AU, même. Ensuite...j'espère que l'histoire ne va pas vous semblez prendre trop long à se mettre en place. Et je pense utile de préciser que si je ne sais pas exactement comment va se finir cette fic, je sais déjà qu'elle ne sera pas trop longue. Entre 8 et 10 chapitres, je pense. Et finalement...Bonne lecture.
Ça s'était passé le soir.
Bien sûr que ça c'était passé le soir : Pétunia ne l'aurait pas envoyé acheté un paquet de pâte au supermarché du coin à une heure normale de la journée.
« Après tout, ce n'est pas comme si les Polkiss viennent diner demain, songea Harry avec mauvaise humeur. »
Sa tante n'avait rien voulu savoir de son argument. Un argument qui se tenait, pourtant. Mais Harry ne s'était pas sentit la patience de le faire remarquer, lorsqu'il avait vu Vernon qui arrivait dans la cuisine de son pas lent évoquant un morse se déplaçant sur la banquise. Il s'était contenté de saisir le billet que lui tendait Pétunia et filer à l'extérieur avant que son oncle n'ait même eu le temps d'atteindre sa destination -c'est à dire le frigo.
Et maintenant, Harry faisait la file à la caisse de la supérette du quartier en tenant son paquet de pâte comme un nouveau né entre ses bras. Sur le tapis roulant, il voyait défiler packs de bières et cigarettes -les gens ne faisaient pas vraiment les courses mensuelles, à neuf heure du soir- et parfois, le duo était rejoint par un plat à réchauffer au micro-onde.
Le trio du célibataire, songea Harry dans un élan un peu poétique. Et puis, se souvenant brusquement de ce qu'il transportait, il grimaça. Il se sentait con, avec son kilo de spaghettis sous le bras. Lorsque son tour arriva enfin, il fut donc soulagé.
Le caissier le salua avec un sourire allègre que Harry ne lui rendit pas. Le débordement d'énergie du type lui donnait mal à la tête. Celui-ci lui demanda s'il voulait un sac, et Harry acquiesça d'un faible signe de tête. Il tendit ensuite son billet, récupéra sa monnaie, attrapa son paquet de pâte, puis sortit en faisant mine de ne pas avoir entendu le « au revoir ! » enthousiaste du caissier.
Harry ne perdit pas de temps : il se mit à marcher d'un pas vif vers le numéro 4, Privet Drive, son petit sac plastique à la main. Il regretta de ne pas avoir apporté de veste. On était en octobre, et l'air commençait à se faire frais. De plus, la nuit était déjà tombée et la seule source de lumière provenait du logo lumineux du supermarché.
« J'espère au moins qu'ils seront bons, ses putains de spaghettis, marmonna Harry. »
Soudain, son pied vint heurter le bord du trottoir et il faillit basculer en avant. C'est in extremis qu'une main vint lui attraper l'épaule, lui évitant ainsi une chute des plus pathétiques sur le goudron. Il sentit une étrange bouffée de gratitude : comme quoi, tout le monde n'était pas aussi mauvais que les Dursley.
« Hey, merci beauc...
-T'as du fric ? »
Harry resserra son emprise sur son sac plastique. Il avait l'impression d'être une petite mamie passant à côté d'un groupe de jeunes en serrant son cabas contre elle, comme si elle craignait que l'un d'eux ne bondisse brusquement pour le lui arracher.
« Non. J'ai rien du tout.
-Fait pas l'con ! Donne moi ton fric et j'te laisse partir.
-Ouais, d'accord...mais tu vois, j'ai vraiment rien. J'ai pas mon porte-monnaie, mec. Et même si je l'avais, je suis plus pauvre qu'un gamin de huit ans qui vient de recevoir un billet de vingt balles pour noël. Mais j'ai des spaghettis, si tu veux. »
Harry n'avait aucune idée de ce qu'il était entrain de dire. Il était si paniqué que les mots sortaient tout naturellement de sa bouche sans qu'il n'ait besoin de réfléchir. Et puis il entendit une deuxième voix, quelque part derrière lui.
« Crabbe, j'crois pas qu'il mente. On d'vrait peut-être...
-On d'vrait quoi ? Se casser, c'est ça ?
-Ben...
-Ferme ta gueule, Goyle ! J'vais pas laisser cette lopette binoclarde s'en sortir comme ça ! »
Harry se sentit vaguement offensé d'être traité de lopette binoclarde. Et puis il décida que le plus important, pour le moment en tout cas, était de se concentrer sur la situation, s'il voulait rentrer chez les Dursley intacte
« Écoutez...je pense que la plus sage décision à prendre est simplement de faire comme si tout ça n'était jamais arrivé, d'accord ? Je veux dire...vous êtes probablement tombé sur le mec le plus pauvre du quartier, et c'est vraiment dommage pour vous, mais je ne peux pas y faire grand-chose. »
Pendant une seconde, Harry crut sincèrement que les deux types allaient l'écouter et le laisser tranquille. Et puis il sentit un mouvement, sur sa droite, et il vit Crabbe -il lui semblait que c'était lui, en tout cas- sortir quelque chose de sous sa veste. Harry poussa un hurlement de fillette lorsqu'il comprit qu'il s'agissait d'un couteau.
Sans vraiment savoir ce qu'il espérait faire, il brandit son sac plastique devant lui. Crabbe ne savait manifestement pas non plus ce que Harry tentait de faire puisqu'il continua à avancer, la lame de son arme luisante à la lueur produite par l'enseigne de la supérette. C'est alors que, utilisant toute la force de ses bras maigrichons, Harry balança son kilo de spaghettis à la figure de Crabbe.
« Prend ça, tête de bite! Hurla-il de toute ses forces. »
Sous le choc, Crabbe lâcha son couteau qui alla glisser jusqu'aux pieds de Goyle. Ce dernier, la mine éberluée, ne réagit pas immédiatement. Puis Harry asséna un second coup de sac à Crabbe, et Goyle reprit enfin ses esprits.
La suite se passa très vite. Harry avait les deux bras en l'air, prêt à frapper son adversaire une troisième fois, si bien qu'il n'eut rien le temps de faire lorsqu'il vit Goyle se baisser. La seconde d'après, il sentit une douleur cuisante dans son flanc droit.
« Oh merde ! S'exclama Goyle tandis que Harry poussait un hurlement de douleur.
-Qu'est c'que t'as foutu, espèce de con ? Fit la voix paniquée de Crabbe. Tu viens d'le buter !
-Je...J'voulais pas ! Il arrêtait pas de gesticuler, avec ses putains de spaghettis, et j'voyais que dalle ! »
Harry gisait au milieux du trottoir, entre Crabbe et Goyle entrain d'arguer à propos de la culpabilité des pâtes dans l'affaire. Il avait mal, c'est sûr : il se sentait clairement pisser le sang, tout comme il sentait clairement que le couteau était toujours profondément planté juste sous ses côtes.
« Quelle mort de merde, songea-il distraitement. Quand je pense que j'ai gardé mon haut de pyjama pour sortir. Si j'avais su. »
Puis, saisit d'une inspiration soudaine, il posa une main tremblante sur le manche de l'arme. Il lui semblait que ses doigts pesaient chacun dix kilos. Pourtant, il parvint tant bien que mal à extraire la lame de sa chair.
«Oh putain, c'est gore, marmonna-il douloureusement. »
Et Harry attendit. Il sentait son haut de pyjama s'imbiber de sang, et il entendait toujours Crabbe et Goyle entrain de débattre, au dessus de lui. Tout ça lui semblait un peu bizarre, d'ailleurs, puisqu'il était supposé voir une vive lumière blanche au bout d'un tunnel, ou un truc comme ça.
Harry fronça les sourcils. La douleur dans son flanc se faisait de moins en moins présente. Il tenta de bouger sa main, un peu hésitant, et elle lui paru aussi légère qu'elle l'avait toujours été.
« Qu'est ce que c'est que ce bordel ? lança Harry d'une voix incrédule. »
En plein milieu de leur débat, Crabbe et Goyle en restèrent bouche bée. Harry en profita pour se remettre debout, sans oublier d'attraper son sac de course au passage. Il regarda les deux types sans trop savoir quoi dire. Il faut dire que c'était la première fois qu'il était confronté à ce genre de situation. Perplexe, il mit une main à hauteur de visage et l'observa avec attention. Elle était dégoulinante de sang -son sang-, c'est sûr, mais ce détail mis à par, elle paraissait plutôt normale.
« C'était plutôt bizarre, non ? Finit par déclarer Harry. »
Malheureusement, il ne sut jamais si Crabbe trouvait que c'était bizarre. Le type poussa un hurlement apeuré, et, dans une terreur, il eut le malheureux réflexe de faire un pas en arrière. Harry et Goyle entendirent très clairement le bruit que fit le crâne de Crabbe en s'écrasant sur l'asphalte lorsqu'il trébucha sur le rebord du trottoir, avant de basculer en arrière.
Crabbe était mort. Harry ne l'était pas. Il se dit qu'il aurait dû l'être. Et puis il songea, encore une fois :
« Qu'est ce que c'est que ce bordel ? »
Harry n'aimait pas vraiment dessiner.
Principalement parce qu'il n'était pas particulièrement talentueux et n'avait jamais eu ni le temps ni l'envie d'apprendre et s'améliorer. Il supposait que l'art, d'une manière générale, n'était simplement pas son truc : il s'agit d'une discipline qui demande de la patience, et il n'en possédait pas la moindre goutte.
Cela n'empêcha pas Luna de se pencher sur son oeuvre griffonnée au crayon gris avec une mine impressionnée.
« C'est de l'art abstrait ? »
Avant que Harry n'ait eu le temps de répondre, elle pencha la tête sur le côté et il se dit qu'elle ressemblait à un hiboux avec ses grands yeux ronds et globuleux.
« Sous cet angle là...on dirait un peu une patate, non ?
-Pas tout à fait. C'est un portrait de mon oncle. »
Harry aimait beaucoup Luna. Elle arrivait toujours à le mettre de bonne humeur, même quand elle n'essayait pas.
« Oh. Désolée, fit elle sur un ton qui ne l'était pas.
-C'est pas grave. L'erreur est compréhensible. »
Luna se replongea dans son propre dessin. Elle esquissait toujours la même chose : d'étranges créatures ailées, quelque chose comme une abeille au corps allongé évoquant celui d'un moustique. Harry lui avait déjà demandé ce que c'était, bien entendu, et elle lui avait expliqué qu'il s'agissait de Joncheruines.
« Ils entrent par tes oreilles et t'embrouillent le cerveau. Mais ils sont invisibles, à moins d'avoir des lunettes spéciales pour les voir. »
Harry s'était dit qu'elle était timbrée. Et c'était sûrement vrai. Mais il s'était aussi dit que peut-être bien qu'elle ne l'était pas, après tout, et que les Joncheruines existaient vraiment. Depuis l'accident il avait commencé à penser qu'il y avait une possibilité pour que les tarés n'en soient pas, finalement, et qu'ils voyaient simplement des trucs qui nous échappent.
« Regardez moi ça...à force de trainer avec Loufoca, Potter, tu vas devenir aussi timbré qu'elle. »
Luna était toujours concentrée sur son dessin, à tel point que Harry se demanda même si elle avait entendu le commentaire de Malefoy. Mais il savait que ce soit le cas ou pas, elle ne s'en serait de toute façon pas préoccupée.
Harry, lui, s'en préoccupait.
« On est dans un hôpital psychiatrique, ducon. Peut-être que tu ne l'as pas encore remarqué, mais tu es entouré de timbrés. »
Draco haussa les sourcils, un air sincèrement étonné sur le visage.
« Vraiment ? C'est donc pour ça que je suis enfermé dans une pièce contre mon grès, obligé à faire des putains de dessins de merde en compagnie d'un groupe de barjot ?
-Arrête de faire ta drama queen, Draco, répliqua Blaise qui était concentré sur la construction d'une tour en crayons de couleurs.
-Je t'emmerde, ducon.
-Fantastique, fit Théodore d'un ton lugubre. Maintenant, est ce que vous pourriez tous fermez vos gueules ? »
Harry vit Draco marmonner quelques insultes à l'encontre de son ami -il le supposait, en tout cas- avant de se replonger dans son autoportrait à l'aquarelle. Blaise, lui, eut un large sourire pour Théodore. Ce dernier -l'air un peu ailleurs, ne pu s'empêcher de noter Harry- ne fit même pas mine de l'avoir vu, mais Blaise ne sembla pas lui en tenir rigueur : il ajoutait déjà un crayon sur sa tour de plus en plus instable.
Harry roula des yeux. À côté de lui, Seamus se plaignait qu'il avait faim et Dean hochait de temps à autre la tête, mais il était évident qu'il était absorbé par son oeuvre.
Et Harry, lui, il s'emmerdait. Comme toujours. Cela ne faisait pas bien longtemps qu'on l'avait admis ici, mais c'était largement suffisent pour constater que le pire fléau des hôpitaux psychiatriques était l'ennui. Il n'y avait rien à faire, mis à part dessiner, regarder la minuscule télé du salon, et fumer.
Harry n'aimait aucun des trois. Alors, pour passer le temps, il repensait à l'accident. Quelques fois, il se demandait s'il ne l'avait pas simplement rêvé, ou s'il n'était pas vraiment timbré : c'était plus facile à envisager que de penser à l'autre alternative. Qu'il puisse être immortel.
« Potter »
Harry sursauta. Il n'avait pas réalisé à quel point il était plongé dans ses pensées.
« Quoi ? Fit-il, ennuyé qu'on le dérange.
-J'ai...j'ai une question à te poser, dit Théodore en hésitant un peu. »
Le premier instinct de Harry fut de lui dire qu'il n'en avait rien à foutre. Parce que c'était la vérité. Mais voilà : Théodore était ce genre de type froid et calculateur qui aurait proposé le premier le cannibalisme, dans un film catastrophe cliché. Le voir douté avait quelque chose d'intriguant que la curiosité de Harry ne pouvait pas ignorer. Un coup d'oeil autour de lui lui indiqua que personne ne semblait écouter leur conversation.
« Je t'écoute.
-D'accord...Ok. Je suppose que ça va te sembler...bizarre, voir même indiscret. Et peut-être bien que tu ne voudras pas y répondre, ce que je comprendrais. Mais pour moi, c'est vraiment important de savoir. »
Harry fronça les sourcils.
« Attend...tu va me demander si je suis gay ?
-Quoi ? Pourquoi je te demanderais ça ? J'en ai rien à foutre, de ce que tu fous avec ton cul.
-Oh. Autant pour moi. Vas-y, continue.
-Donc, comme je disais...je voudrais savoir pourquoi tu t'es retrouvé dans un hôpital psychiatrique. »
Harry sentit sa bouche former un « O » parfait. Il ne s'était pas attendu à cette question là. Il était un peu déçu, à dire vrai : il avait espéré quelque chose de plus intéressant.
« C'est un peu compliqué, en fait. Pour faire simple, ma tante m'a envoyé acheter des spaghettis.
-Jusque là, ça va.
-...ce que j'ai fait. Et ensuite, quand je suis sorti du supermarché, deux cons ont voulu me piquer du fric. Le truc c'est que je n'en avais pas sur moi. Alors bien sûr, ils ont commencés à s'énerver. Un type a sortit un couteau, et...
-Tu l'as buté, c'est ça ?
-Non, non. J'ai envoyé mes spaghettis dans la gueule du connard, et il a lâché son couteau. Le truc c'est que pendant que je m'acharnais sur lui, l'autre type m'a poignardé. C'est là que ça devient un peu compliqué. Parce que tu vois, j'aurais dû crever. Mais à la place, je me suis relevé comme si de rien n'était. Forcément, ça à fait un choque au type : un des deux cons s'est explosé le crâne sur le sol en reculant. Et maintenant, je regrette d'avoir raconté cette histoire à la con à mon oncle et ma tante. Ça leur a donné une bonne excuse pour se débarrasser de moi. »
Théodore fixait Harry avec ses yeux ronds et inexpressif de poisson mort. Pendant un moment, Harry cru qu'il allait éclater de rire -Il ne savait même pas si Nott en était capable- et le traiter de timbré. Même s'ils étaient théoriquement tous des timbrés.
« Je le savais, lâcha Théodore d'une voix grave et pleine d'émotion.
-Pardon ?
-Je le savais ! »
Harry cligna des yeux. Il se sentit soudain très inquiet.
« Quoi ? Que je suis gay ?
-Mais non, putain! Ce qui t'es arrivé ! Je l'ai vu en rêve ! »
Oui. J'aime les personnages secondaires. Surtout Théodore. On en a littéralement entendu parler qu'une fois dans les livres, mais allez savoir pourquoi, ce type est un de mes personnages préférés.
