Salut tout le monde ! Je me lance pour la deuxième fois dans l'écriture d'une fiction, j'espère qu'elle vous plaira =) Je viens de décider sur un coup de tête de la poster.

Pour celles qui se demandent ce qu'il en est de mon autre fiction, Complicated Love, j'avais fait une pause à un moment, puis avais décidé de la réécrire. J'étais bien avancée, puis mon ordi à planté et j'ai tout perdu… donc pour l'instant j'ai pas prévu de recommencer tout ça, je préfère me mettre à une fic qui me trotte dans la tête depuis un moment.

N'hésitez pas à me donner votre avis surtout, positif ou négatif, j'ai envie de savoir ce que vous en pensez. ^^


Chapitre 1 :

Je me sentais observée. Suivie.

Pas juste maintenant, tout le temps. Depuis plusieurs semaines déjà.

Mais ce qui n'avait été qu'une vague impression au début devenait au fil des jours une quasi-certitude. Quelqu'un - ou quelque chose - me regardait sans arrêt.

Étais-je folle de penser ça ? Étais-je devenue totalement paranoïaque ?

J'en étais arrivé au point où je jetai sans arrêt des regards suspicieux par-dessus mon épaule, même maintenant alors que je me rendais au boulot, en plein jour. Mais j'avais beau me retourner, je ne voyais jamais rien d'inhabituel. Pas de harceleur pervers et fou.

Et étrangement, ça ne me rassurait pas.

Ce n'était pas qu'à l'extérieur. Chez moi, aussi. Devant la télé, en train de rédiger un article pour le magazine, et même sous la douche. Tout le temps. Partout.

Ça m'inquiétait. Quelqu'un me suivait-il vraiment, ou était-ce simplement le fruit de mon imagination ?

Je ne pouvais même pas en faire part à la police, ils ne m'auraient certainement pas prise au sérieux. Je pouvais déjà les entendre ricaner à propos de la « pauvre fille paranoïaque » que j'étais. Je n'avais aucune preuve, aucun fait concret.

Alors, je ne faisais rien. Je continuai de vivre ma vie comme avant, en m'assurant que la porte et les fenêtres de mon appartement étaient toujours bien fermées. Je me contentai d'espérer que cette impression angoissante allait bientôt disparaitre, ou alors au moins se confirmer. Tout plutôt que l'ignorance passive dans laquelle j'étais, à me demander si je ne perdais pas la tête. Si je ne faisais pas un burn out, ou quelque chose.

Au bureau aussi, c'était la même chose. Mais je faisais comme si de rien était, pour sauver les apparences. Évidement. Que dirait ma rédactrice en chef si elle savait ? Probablement qu'elle me demanderait de prendre une pause.

Mais je ne pouvais pas me le permettre. J'avais travaillé si dur pour en arriver là où j'en étais aujourd'hui, je ne supporterai pas de perdre toute ma crédibilité, de passer pour une dingue. Ma réputation en prendrait un sacré coup, mon orgueil aussi.

J'avais gravi les échelons à force d'acharnement. Et je n'avais pas fini. Mon but était de devenir la rédactrice en chef du Cygne (en français), le magazine des femmes indépendante de la nouvelle génération. À l'inverse des autres magazines féminins, nous ne faisions pas qu'aborder les sujet communs de la vie quotidienne, mais également des affaires plus sérieuses qui se passaient dans le monde. Un savant mélange du New-York Time et de Cosmo Magazine. Et j'avais ma propre chronique : Osez!. Chaque moi, j'essayai des choses différentes et spéciales, comme l'épilation au sucre, la semi-permanente (une catastrophe), le maquillage biologique, les tatouages au henné. Entre autre choses. Je rédigeai aussi de temps en temps quelques critiques de films et de livres, ce que j'appréciais beaucoup. Je n'avais pas envie que les gens aient une image trop futile de moi et qu'ils ne me prennent pas au sérieux. La semaine dernière on m'avait même confié la rédaction d'un article portant sur les cambriolages en série qui avaient lieu à quelques rues d'ici.

Mais j'avais l'intuition qu'une promotion s'annoncerait bientôt. Notre présente rédactrice en chef venait de tomber enceinte, ce qui voulait dire qu'elle allait bientôt faire une looongue pause. Et que quelqu'un allait devoir la remplacer.

Ce quelqu'un sera moi. Je ne laisserai certainement pas cette garce de Tanya Denali me la piquer sous le nez.

J'entrai la tête haute dans le building où étaient situés les bureaux de Cygne Magazine, grimaçant intérieurement à cause de mes pauvres pieds. Je souffrais le martyr à cause de ces foutus Jimmy Choo, mais les apparences comptaient énormément dans ce métier, et je devais faire un effort. J'avais vite compris que je me ferai manger toute crue ici si je montrais la moindre faiblesse. C'était un milieu de requin, et je devais parfois prétendre être ce que je n'étais pas pour y survivre.

Je montai à l'étage et saluai gentiment Angela, la réceptionniste. C'était la seule ici à être vraiment simple et naturelle, sans artifice, et je l'appréciai beaucoup. Les autres filles me saluèrent avec un sourire hypocrite, que je leur rendis. Je savais bien qu'elles ne m'aimaient pas beaucoup, principalement parce que j'étais assez connues dans le milieu. J'étais le cygne du Cygne ce qui n'était pas peu dire puisque mon nom était Swan. À croire que j'étais destinée à travailler ici.

En passant près du bureau de Tanya pour rejoindre le mien, je l'entendis vociférer toute seule.

« C'est une blague, c'est ça ? Ne crois pas t'en tirer comme ça ! Tu le regretteras !» Elle ricana « Essaies un peu de m'en empêcher. »

Je ne connaissais pas la raison de sa fureur, mais une part de moi ne pu s'empêcher de s'en délecter. Tanya Denali était une véritable garce qui n'hésitait jamais à piétiner et rabaisser les autres, sans aucune autre raison que de les rendre misérables. Je détestais ce genre de personne.

Elle raccrocha violement et ouvrit la porte à toute volé, ne semblant pas surprise le moins du monde lorsqu'elle me trouva de l'autre côté. Un vieux réflexe m'intima de me reculer, mais j'avais bien trop de fierté pour ça. Au contraire, je relevais la tête avec insolence, défiant du regard son expression furibonde.

« On espionne aux portes, Swan ? » Son visage sans défaut se déforma d'une grimace dédaigneuse.

« Je passai par là », répondis-je tranquillement, refusant d'entrer dans son jeu. Elle semblait visiblement croire qu'elle pourrait passer ses nerfs sur moi. Je tournai les talons et allai dans mon bureau sans plus attendre.

À mes débuts ici, j'avais été très intimidée par Tanya. Très complexée, aussi. Physiquement, elle était véritablement parfaite, mais sa perfidie lui ôtait tout le charme qu'elle aurait pu avoir. Enfin, mon avis n'était évidement pas celui des hommes.

Néanmoins, j'avais fini par ne plus me laisser faire par elle, bien qu'elle m'ait prise pour défouloir dès mon premier jour. J'étais assez fière de moi pour réussir à lui tenir tête. Elle était véritablement intimidante, et personne ici, même pas la rédactrice en chef, ne se permettait de lui faire la moindre remarque. Son regard avait tendance à tétaniser les femmes, et les hommes étaient tout simplement béats devant elle.

Je passai un long moment à décrire les avantages et les inconvénients de l'épilation intégrale du pubis. Le moment le plus embarrassant de toute ma vie…

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Un soupir m'échappa tandis que je verrouillai la porte de mon appartement et que je me laissai lourdement tomber sur mon canapé. J'enlevai ces chaussures de malheur et étirai mes jambes sur la table basse.

« Bon sang… » marmonnai-je en massant mes pieds douloureux.

Quel soulagement de rentrer chez moi après une journée entière passée sur ces échasses de la mort. Je relaxais un peu devant la télévision lorsque mon portable sonna. Je fronçai les sourcils en remarquant le numéro était inconnu, mais répondis néanmoins.

« Allo ? »

Personne ne me répondit.

« Allo ? Il y a quelqu'un ? » insistai-je.

Toujours rien. Le silence le plus complet. Une étrange appréhension monta en moi, et je m'empressai de raccrocher.

Probablement juste un faux numéro, essayai-je de me rassurer.

La sonnerie retentie de nouveau, me faisant sursauter. Je ne décrochai pas cette fois-ci, mais il ne cessa de sonner, encore et encore. À bout de patience, mon agacement fit fondre l'appréhension incompréhensible que je ressentais, et je décrochai sans me poser plus de question.

« Allo ! » dis-je brusquement.

Silence total.

« Bon, ça suffit maintenant ! Arrêtez d'appeler ici ! »

J'espérai vaguement que mon interlocuteur se manifesterait, en vain.

« Qui êtes-vous ? » Je savais que je posai la question en pure perte, mais je ne pu m'en empêcher.

Je raccrochai, ramenant mes genoux contre ma poitrine et les entourant de mes bras. Ces coups de fils m'inquiétaient. Peut-être n'était-ce qu'un simple canular, mais j'avais la malheureuse impression que non. Étrangement, il n'y avait eu aucune respiration témoignant de la présence de quelqu'un. Avec tout ce qui m'arrivait présentement, je ne pouvais qu'être craintive. Je refusai de céder à la panique, cependant.

Je me levai et fis le tour de mon appartement pour vérifier que toutes entrées étaient bien verrouillées. Un réflexe, maintenant, mais je ressentis le besoin de le faire trois fois ce soir là. Je m'autorisai même à jeter un coup d'œil par le judas et par les fenêtres, pour me rassurer. Je n'aimais pas ça. Je détestai avoir l'impression d'être si paranoïaque, de devenir complètement folle.

Il n'y eu pas d'autre appelle cette nuit-là, mais je ne dormis pas tranquille pour autant. Mon sommeil fût perturbé par un étrange songe, à la fois rêve et cauchemar. Tout ce dont je me souvins au réveil était une présence sombre, inquiétante, et glacée, ainsi que d'un sentiment trouble qui me poussait à la fois à vouloir rester et à vouloir fuir.

Cela me rongea toute la journée. Et l'impression d'être observée ne me quitta pas. Elle était même plus présente que d'habitude.

Tanya me tapa sur les nerfs, encore plus que d'ordinaire. À croire qu'elle était de mauvaise humeur.

Je reçus un appel de mon père en milieu d'après-midi, peu de temps après le déjeuner. Il voulait savoir si j'allai bientôt lui rendre visite, ce week-end peut-être.

« Ça fait bien trop longtemps que je ne t'aie pas vu ma chérie. »

« Je sais papa… » Ça me brisait le cœur de l'entendre parler avec sa voix si faible. Je savais que je devais aller le voir plus souvent, et dieu seul savait à quel point je le souhaitais. Mais j'étais tellement occupée, et je devais faire pratiquement deux heures de route pour aller le voir. « Je vais essayer de trouver un moment, papa. Je t'aime. »

Je soupirai en raccrochant le téléphone. Je n'étais pas sensée prendre d'appels personnels au boulot, mais je répondais toujours lorsque c'était lui.

Mon père était en maison de retraite. Il n'était pas si vieux, mais il ne pouvait plus s'occuper de lui-même, et il avait refusé que je revienne vivre avec lui pour l'aider. Il avait toujours voulu que je fasse de grandes choses, que je devienne quelqu'un. Je sentis une tendresse incommensurable monter en moi en me souvenant à quel point il m'avait toujours encouragé.

J'allais vraiment tout faire pour aller le voir ce samedi.

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« Bella ? »

Je relevai la tête, et aperçu Jessica à ma porte.

« Tout le monde est appelé en salle de réunion, Maggie a une annonce à faire. »

Une annonce ? Peut-être allait-elle finalement annoncé qui prendrait sa place lorsqu'elle partirait en congé maternité.

Je suivis Jessica, contenant tant bien que mal mon excitation. J'avais travaillé avec d'autant plus d'acharnement ces derniers mois, et j'étais certaine de mériter cette promotion !

J'entrai en salle de réunion, et ne pu retenir un petit sourire. Tanya me toisa d'un regard dédaigneux, que je lui rendis bien.

Tout le monde s'assit, Maggie en bout de table. Son ventre pointait à peine alors qu'elle en était à cinq mois de grossesse, la chanceuse !

Je l'observai plus attentivement, et remarquai qu'elle semblait étrangement nerveuse.

« Bon-bonjour à tous », bafouilla-t-elle en s'épongeant le front. « Je voulais vous annoncer que… que j'avais fait mon choix concernant la personne qui me remplacerait. »

J'exultai intérieurement.

« Sachez », continua-t-elle « qu'il me remplacera dans deux jour, et ce jusqu'à ce que je revienne. »

Dans deux jours ?

Il ?!

« Veuillez réserver un accueil chaleureux à Monsieur Cullen », fit elle en désignant la porte du bras.

Nous tournâmes tous nos têtes dans cette direction, tandis que la porte s'ouvrait lentement.

L'information n'arrivait toujours pas à mon cerveau.

Un petit binoclard trapu et maigre entra.

Ce mec m'a volé ma promotion ?!

Il fut immédiatement suivit par quelqu'un de plus grand. De plus impressionnant.

Quelqu'un qui envoyait d'incompréhensibles frissons dans tout mon corps.

Mon souffle se coupa, tandis que le plus bel homme que j'eu jamais vu s'avançait dans la pièce. Il avait des cheveux d'une couleur innommable, incroyable. Un mélange de bronze, de rouille, et de cuivre.

Et des yeux d'or liquide qui se plantèrent dans les miens.

Je me sentis mal. Un étau semblait soudain emprisonner mon cœur, et mes poumons. J'agrippai désespérément la table, tandis que tout mon corps frissonnait. Une sueur froide se glissa le long de ma nuque, et mes yeux s'écarquillèrent lorsque la bouche du démon se tordit en un imperceptible sourire en coin.

Un instinct plus vieux que le monde me criait de courir. De fuir, à tout prix.

Puis il détourna les yeux, et je me calmai instantanément. Je serrai mes poings tremblants contre ma jupe, tâchant de reprendre discrètement le contrôle de ma respiration hachurée.

Bordel de merde, qu'est-ce que c'était que ça !?

Je gardai les yeux résolument baissés sur mes mains, et ne prêtai aucune attention à la présentation de celui qui allait remplacer ma patronne. Je retins seulement que le garçon qui l'accompagnait était son assistant. Ce fut d'ailleurs lui qui présenta mon futur patron, celui-ci ne daignant pas ouvrir la bouche. Je bondis de ma chaise et sortis presque en courant lorsque j'entendis les autres se lever. J'entrai en trombe dans mon bureau et m'y enferma pour le reste de l'après-midi.

Je ressassai sans cesse ce moment où ses yeux avaient croisés les miens. Que s'était-il passé ?

Au bout de quelques heures, ma panique s'estompa. Je me convainquis que j'avais imaginé tout ça, que ce n'était dû qu'au choc de ne pas avoir eu cette promotion tant attendue. Mais au final, le fait de ne pas l'avoir obtenue ne m'obnubilait pas du tout. Je n'arrêtai pas de penser à ces yeux. Ces yeux qui, semblait-il, avait bien faillis me tuer.

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J'étais rentrée tranquillement chez moi, et n'avais heureusement pas croisé Mr Cullen en partant. J'avais au moins réussi à retenir son nom. Je m'en voulais de ma réaction disproportionnée, et de mon inattention lors de sa présentation. Il était mon nouveau rédacteur en chef, et j'allai devoir coopérer avec lui… travailler avec lui… lui parler… le regarder…

Ces idées m'envoyèrent des vagues d'angoisse.

J'étais si chamboulée par ce qui s'était produit aujourd'hui, que je prêtai à peine attention à ma sensation d'être épiée. Je n'oubliai heureusement pas de tout verrouiller chez moi, mais je le fis distraitement, avec l'esprit ailleurs. Le soir, dans mon lit, je frissonnai encore en repensant à ces deux yeux topaze qui m'avaient transpercée.

Son bref sourire tordu se grava dans ma mémoire. Sourire de démon. Et la lueur dans son regard…

Je fis de mon mieux pour arrêter d'y penser. Mais toute la nuit, la pensée de cet homme me hanta.

Le lendemain, je me réveillai en sueur, haletante, le corps brûlant. D'énormes bouffées de chaleur montaient en moi.

J'étais fiévreuse.

Je me redressai difficilement, pour retomber sur mon lit aussitôt. Le tissu de ma chemise de nuit me collait à la peau, m'étouffait. Je repoussai les draps, et me déshabillai avec empressement.

J'eu juste assez de force pour appeler au bureau, et prévenir que j'étais malade.

J'avais de plus en plus chaud, je respirai de plus en plus fort. J'agrippai fortement le drap dans mes poings. Ma peau me picotait, comme ces bonbons qui éclatent dans la bouche. Je me retournai encore et encore dans le lit. J'eu l'impression de perdre connaissance, une ou deux fois. À certains moments, la chaleur se transformait en autre chose, et se concentrait uniquement entre mes cuisses. Je les frottais l'une contre l'autre pour dissiper la tension. Ma s'y glissa, frottant, caressant, espérant apaiser ma douleur. Le bout de mes seins était si sensible. Mon corps tout entier n'était plus que terminaison nerveuse, j'étais à fleur de peau.

Je n'avais même pas réellement conscience de ce que je faisais. J'étais comme dans un rêve. Je n'avais aucune idée du temps qui s'était écoulé. S'il s'agissait d'heure, ou de jours, ou même de semaines. Je perdais le sens de la réalité.

Je cru même voir deux iris d'or chaud me fixer depuis un coin sombre.

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À mon réveil, j'allai parfaitement bien. Si bien que je me demandai si je n'avais pas imaginé tout ça. J'avais d'énorme trou noir sur la journée d'hier, je me souvenais seulement ne pas m'être sentie bien et avoir appelé au boulot. Seule la date d'aujourd'hui me convainquit que ce n'était pas un rêve. Heureusement, je n'avais raté qu'une journée de boulot.

Curieusement, je ne me sentis pas observée ce matin. Comme si l'obscure présence qui m'avait hanté ces dernières semaines avait disparue. Ou comme si quelque chose l'avait camouflée. Mais je ne me sentis pas soulagée pour autant. C'était pour tout dire encore plus angoissant, parce qu'elle pourrait ressurgir n'importe quand. Je ne devais pas baisser ma garde.

Je fis bien attention à tout verrouiller.

J'appris par Angela qu'ils avaient tous organisé une fête de départ pour Maggie, hier. Je m'en voulu de ne pas avoir été là, mais ce sentiment fut balayé lorsque je me souvins qu'elle avait eu le culot de ne pas me donner cette promotion, après le boulot de dingue que j'avais fait. Au moins ne l'avait-elle pas donné à Tanya, c'était déjà ça.

Peut-être aurai-je préféré…

Penser à cela ramena mon esprit vers ce que je voulais le plus éviter. Monsieur Cullen… le nouveau rédacteur en chef. Aurai-je la force de l'affronter ? L'angoisse me tordit l'estomac.

Je secouai la tête.

L'affronter ? À croire que je le voyais vraiment comme un danger.

Mais il ne l'était pas. Il n'était rien de plus que mon nouveau patron. Je n'avais aucune raison de le craindre. Ce que j'avais cru ressentir lors de son arrivée n'était rien de plus qu'un signe avant coureur de ma fièvre à venir.

Je n'avais absolument pas peur de lui.

J'allai me montrer tout ce qu'il y avait de plus professionnelle avec lui. Avec un peu de chance, Maggie lui aurait parlé en bien de moi, et je serais dans ses bonnes grâces.

Mais je ne l'avais pas croisé de la journée. Ni aujourd'hui. Ni le lendemain. Ni pendant tout le reste de la semaine. Je ne savais pas si je devais en être soulagée ou frustrée.

Apparemment, son assistant n'avait pas fait long feu avec lui. Il l'avait viré.

Je ne me sentais plus observée. Mais c'était bien pire, maintenant. Je me sentais constamment comme si quelque chose allait me bondir dessus d'un moment à l'autre, sans même que je ne puisse le prévoir.

Et bizarrement, je me sentais… seule. Cette présence avait en quelque sorte constituée ma seule compagnie dans la vie morne que je menais. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'elle me manquait et que je voulais qu'elle revienne, mais ça me faisait vraiment étrange.

Je devais vraiment devenir folle.

Mais je continuai malgré tout à tout fermer chez moi, et à regarder par-dessus mon épaule dans la rue. Au cas où.

Samedi arriva, et j'allai rendre visite à mon père. Je lui préparai une bonne tourte au poulet, comme il l'aimait lorsque j'habitais avec lui. La nourriture là où il était ne devait pas être super, et je savais que les petits plats maisons lui manquaient.

Le voir me mit du baume au cœur. Son visage s'illumina lorsque j'entrai dans sa chambre, et il se leva immédiatement pour m'accueillir.

« Ma chérie » souffla-t-il en me prenant dans ses bras.

Lorsque j'étais plus jeune, nous étions tous les deux maladroits avec les marques d'affection. Mais nous nous étions améliorés au fil du temps.

« Assied-toi et racontes-moi ce qui se passe dans ta vie », dit-il en m'entrainant sur son petit balcon.

Je restai avec lui trois bonnes heures, à lui raconter tout ce qui me passait par la tête. Il rit de bon cœur avec moi lorsque je lui racontai la tête qu'avait faite Tanya quand sa nouvelle assistante avait renversé du café sur ses escarpins tout neufs qui devaient coûter la peau des fesses.

Il parut réellement heureux lorsque je lui donnai le petit plat que je lui avais préparé. Je lui demandai s'il mangeait bien ici.

« La nourriture n'est pas trop mauvaise, mais ça n'égalera jamais les délices de ma petite fille », me répondit-il avec un doux sourire.

Je rougis sous le compliment.

Le revoir m'avait fait un bien énorme. J'adorais mon père, j'étais très proche de lui, mais j'avais été tellement prise par mon boulot que je n'avais que rarement l'opportunité de lui rendre visite. Je ne m'étais même pas rendu compte d'à quel point il me manquait jusqu'à ce que je le vois.

J'eu beaucoup de peine de devoir partir, et je lui promis de revenir le plus tôt possible. Je savais à quel point il pouvait se sentir seul, et je ne le comprenais que trop bien.

Un jour, lorsque je me serais faite une place importante dans le métier et que je gagnerai mieux ma vie, il habitera avec moi dans une grande maison où nous resterons tous les deux. Il ne manquera jamais de rien.

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Je passai le reste de la journée à avancer sur un article que j'avais à rendre la semaine prochaine. J'avais testé les macarons réputés de la troisième avenue. Certes, ils étaient bons, mais pas si différent de ceux qu'on pouvait acheter n'importe où ailleurs.

Le lendemain, je décidai de sortir un peu. Ça me ferait du bien. J'avais envie d'aller voir ce nouveau film de vampires au cinéma. Tout le monde en parlait, donc je pourrais même m'en servir pour un article. Cependant, ça me gênait un peu d'y aller toute seule. J'avais l'impression que les gens me regardaient avec pitié. Mais je pris sur moi, et y allai plutôt à la séance couche tard, à onze heure du soir. Le cinéma n'était pas bien loin, je n'eu donc pas besoin de prendre le métro pour m'y rendre.

Pendant le chemin, je me pris à regretter mon coup de tête. Les rues étaient sombres et inquiétantes, n'importe qui pouvait s'y cacher. Je me pris à frissonner en pensant que quelqu'un me suivait peut-être ce moment même. J'étais vraiment dingue de sortir à cette heure-ci avec tout ce qui m'était arrivé ces derniers temps. Je me promis de rentrer en taxi.

Heureusement, j'arrivai au cinéma sans encombre. Il n'y avait pas grand monde, que deux personnes dans la même salle que moi. Je pris place au centre, là où il n'y avait personne.

Le film était sanglant. Je regrettais d'être venu le voir à cette heure-ci, l'atmosphère était encore plus angoissante.

Le vampire du film était sombre et effrayant, il n'avait aucune morale. Certaines scènes m'avaient particulièrement données envie de partir en courant. J'essayai de m'imaginer comment serait le monde si ces créatures existaient vraiment, et en vint à la conclusion qu'il n'y avait pas besoin d'être un vampire pour être cruel. Le monde était peuplé de gens plus horribles les uns que les autres.

J'appelai un taxi en sortant du cinéma. J'attendis anxieusement qu'il arrive, jetant des regards à droite à gauche.

Un type vint vers moi.

« Hé, beauté! »

Je détournai la tête et l'ignorai le mieux que je pu. Peut-être partirait-il si je faisais semblant de ne pas le voir.

Il s'approcha d'avantage. « Tu fais quoi là toute seule ? »

Il avait l'air saoul.

Mon taxi arriva enfin, je montai dedans sans attendre et lui donnai rapidement l'adresse. Mon cœur battait la chamade, et mes mains étaient moites.

Je jetai un coup d'œil dans le rétroviseur, ce que j'y vis me pétrifia.

Une forme floue se déplaça plus vite que la lumière près du type qui m'avait abordé.

Mon souffle se coupa. Mes yeux s'écarquillèrent d'incrédulité et de stupeur.

Un bras l'avait transpercé. Lui avait… arraché le cœur. Et disparut aussitôt.

Le type s'écroula, un trou béant au niveau de la poitrine, baignant dans une marre de sang. Il y en avait tellement…

La voiture tourna à une intersection, et je le perdis de vu. La scène avait duré moins d'une seconde.

« Mademoiselle ? Vous allez bien ? »

Je me rendis compte que je tremblais de tout mon corps. Je rendis un regard effaré au chauffeur.

Que… que venait-il de se passer ?

« Mademoiselle ? » répéta-t-il. « Nous sommes arrivés. »

Les mains tremblantes, je sortis un billet de mon portefeuille et le donnai au chauffeur. Je rentrai chez moi sans attendre la monnaie, légèrement chancelante. Je m'effondrai dès que j'eue passée la porte.

J'hoquetai, cherchant ma respiration. Ma gorge se serrait, mon corps était secoué de frisson de peur et d'horreur. Qu'avais-je vu ? Que s'était-il passé ?

Mes doigts tiraient sur mes cheveux à me les arracher. Je ramenai mes genoux contre ma poitrine, des sanglots incontrôlables sortaient de ma bouche.

« Qu… qu'est-ce qui m'arrive… » pleurai-je.

Que m'arrivait-il ? Avais-je vraiment vu ce que j'avais vu ?

Je ne comprenais pas, je ne comprenais pas ce que j'avais vu.

Bordel de merde !

L'air me manqua, j'amenai désespérément une main à ma gorge. Mon corps continuait de trembler, ma vu se brouilla, s'obscurcit.

J'eu tout juste le temps de sentir une main glacée se poser sur ma joue, avant de sombrer dans les ténèbres.


Ce premier chapitre à l'air plutôt sombre, mais la fic ne l'est pas pour autant ;) ça s'améliore.

J'ai déjà quelques chapitres d'avance, je pense poster le deuxième assez rapidement si cette fic intéresse des gens =)

Encore une fois n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez ^^