Me revoilà enfin, la tête envahie par cette nouvelle histoire qui, je l'espère vous accrochera autant qu'elle ne me consume de sa noirceur. Paradoxalement, je sais aussi que cette histoire a le pouvoir de raviver la flamme de l'écriture en moi, alors je me lance aujourd'hui, avant qu'elle ne s'éteigne dans mon esprit. Quelles que soient les imperfections de ce prologue, je me lance maintenant, en espérant vous donner le meilleur de moi-même.

Inspiration : la bande originale du film « The Danish Girl ». Sublissime.

Bonne lecture...

DarkPotter


De longues banderoles de velours vert tournoyaient avec élégance dans l'immense édifice en pierre. Sur chacune d'elles se trouvait un serpent géant dont la tête semblait prête à fondre à tout instant sur l'assemblée de sorciers.

Le moment aurait dû être heureux.

La posture rigide, Drago s'éloignait lentement de l'autel. Le jeune homme de 18 ans savait qu'il arborait le teint maladif des gens en proie à la plus terrible des angoisses. Celle de se savoir pris au piège. A bien des égards, Drago Malefoy l'était.

De ses yeux sévères et reptiliens, Lucius Malefoy scrutait les moindres mouvements de son fils. Tout aussi nerveux, l'homme se tenait droit, au premier rang de l'assemblée, à côté de son épouse.

Le moment aurait dû être heureux.

Il s'agissait de célébrer l'amour de deux jeunes gens impatients de se lancer dans la vie maritale. La réalité se révélait malheureusement bien sombre : le mariage était arrangé par les familles Malefoy et Parkinson. Drago et Pansy n'avaient eu d'autre choix que de se soumettre.

Le visage fermé, une main théâtralement enroulée autour du bras de son jeune mari, Pansy Parkinson se résignait également à l'anéantissement de son innocence, non sans mal. Incapable de soutenir les applaudissements de cette assemblée de Sangs-Purs, la jeune femme lâcha un long soupir et s'appliqua à regarder dans le vide de ses yeux tristes.

La porte de sortie était grande ouverte, impatiente de pouvoir recracher ces énièmes condamnés à l'amour.

Depuis la victoire autoproclamée du Lord Voldemort, 7 mois auparavant, les mariages entre Sangs-Purs étaient quotidiens et expéditifs. L'âge légal de la majorité avait été revu, passant de 21 ans à 18 ans afin de permettre un plus grand nombre de mariages. Drago et Pansy n'avaient pas pu échapper au dessein mégalomaniaque de leur maître : repeupler les rangs de Sangs-Purs afin d'asseoir sa suprématie dans le monde entier.

Le jeune couple passa l'encadrement de la porte et se fit aspirer par une force magique qui les déposa directement dans leur nouveau chez-eux. Aussitôt, Pansy retira sa main et s'éloigna du Serpentard. Tous deux regardèrent le sol en marbre verdâtre, l'air hagard.

- Pour être rapide, c'était rapide. Tellement grotesque..., marmonna Pansy au bout de quelques minutes.

- Je vais dans mes appartements, prononça Drago du bout des lèvres, laissant derrière lui la jeune femme dans le hall d'entrée.

Le dîner se déroula dans un silence oppressant, le couple étant plus que jamais conscient que le plus difficile restait à accomplir : assurer une descendance dans les plus brefs délais. Voldemort l'avait exigé avec insistance et impatience, un soupçon de menace dans la voix.

- Je monte, précisa Drago, le regard fuyant. Tu me rejoins quand tu es prête...

La gorge nouée par la tristesse et la colère, Pansy observa Drago s'éloigner lentement.

- Ce n'est pas juste, murmura-t-elle d'une voix chevrotante. Cela ne devrait pas se passer comme ça. Cela ne devrait pas se faire maintenant. Je suis trop jeune. Et tu ne m'aimes pas... Je ne veux pas...

De son côté, Drago tentait de garder contenance. Enfermé dans la salle de bain de sa chambre, le jeune homme se regardait dans le miroir situé au-dessus de l'évier. Il observait le tambourinement du sang dans ses carotides, sans arriver à réaliser pleinement qu'il allait bientôt devoir assurer le miracle de la vie. Lui à qui on n'avait de cesse de répéter qu'il ne fallait pas penser à cela, que c'était une pensée sale et avilissante. Le jeune Serpentard avait été conditionné pour fuir cette idée et plus encore l'idée de se découvrir de ses propres mains.

Drago inhala maladroitement par saccades, le regard pétrifié par la panique. Comment allait-il y arriver, se demandait-il en posant ses mains sur le haut des cuisses. Ses yeux gris se posèrent sur son entrejambe et son mal-être s'accentua. Mortifié, Drago s'autorisa pour la première fois de sa vie une exploration hésitante de cette partie de son anatomie, à travers le tissu de ses vêtements. Sa main se retira aussitôt lorsqu'il entendit la porte de sa chambre grincer. Comme pris en faute, Drago sentit son visage irradier de chaleur. Ses mains vinrent essuyer la sueur de son front, puis de sa nuque et après un dernier regard désespéré adressé à son double dans la glace, le Serpentard se résigna à quitter son refuge.

Pansy avait éteint la lumière et s'était déjà glissée sous les draps blancs de l'imposant lit qui trônait fièrement dans la chambre, leur rappelant avec cruauté ce que toute la communauté de Sangs-Purs attendait d'eux. Drago avança lentement dans la pénombre. Il retira tant bien que mal son pull, sa chemise ainsi que son pantalon avant de rejoindre Pansy sous les couvertures. Cette dernière s'était allongée sur le côté, faisant courageusement face à son jeune mari.

Sans un mot, Drago s'approcha d'elle et la fit basculer doucement sur le dos. Ses paupières se fermèrent, le jeune homme refusant de croiser le regard de celle qu'il considérait juste comme une amie fidèle. Il prit l'initiative de s'allonger sur elle, Pansy le laissant couler entre ses cuisses. Ivre d'angoisse, Drago agissait instinctivement sans plus se poser de questions, sa crainte ultime étant de se figer de panique. Pansy étant déjà complètement dévêtue, Drago ne perdit pas de temps et abaissa simplement son caleçon.

Sa main s'enroula nerveusement autour de son intimité pour engager une danse brutale d'allers et venues. Le miracle se produisit. Drago put alors se forcer un passage avec inconfort et maladresse et unir leurs corps. Pansy haletait de douleur et Drago essaya d'en faire abstraction en se concentrant sur ces sensations nouvelles. Rageusement, sans la moindre délicatesse, il mit tout en oeuvre pour se libérer en elle, ce qu'il réussit à faire.

Le plaisir et le soulagement qu'il ressentit alors furent de très courte durée et pour cause : la honte et le dégoût prirent rapidement le dessus, aussi rapidement que Pansy le repoussa avec violence. La jeune femme s'assit au bord du matelas avant de s'avachir telle une matière fondue dans la pénombre. Impuissant et horrifié, Drago l'écouta sangloter, le moment semblant s'étirer sans fin dans l'encre de la nuit.

Le Serpentard ne put s'empêcher de penser qu'il n'avait jamais rien fait d'aussi horrible de sa vie et que cet acte n'était qu'un avant-goût à la fois amer et acide de ce nouveau monde...