Tadam, me revoilà !
J'ai un peu de mal à mettre toutes mes idées par écrit, mais je m'accroche. Pour exemple, ça fait quatre jours que je réécrit le deuxième chapitre, qui n'est toujours pas assez bien à mon goût...
Bonne lecture !
Chapitre 1 : Outre-Atlantique
La jeune femme ouvrit sa garde-robe et prit quelques tenues au hasard qu'elle déposa sur son lit. Debout devant le grand miroir accroché au mur de sa chambre, elle les essaya une par une, tenta quelques compositions originale, et opta finalement pour une robe blanche légère, une veste en jean et des bottes brunes. Elle tourna sur elle-même, se jaugea assez jolie, attrapa son sac et descendit au rez-de-chaussée.
-Où est-ce que tu vas comme ça ?
La jeune femme grimaça et se tourna vers son père, qui se tenait dans l'encadrement du salon et la regardait avec méfiance. Elle replaça une de ses mèches brunes d'un geste nerveux et prit un air aussi indifférent que possible.
-Je sors, c'est tout.
-Avec qui ?
Elle ne répondit pas et se retourna.
-Tu vas le voir, n'est-ce pas ?
Les poings serrés, elle ouvrit la porte d'entrée.
-Tu te fatigues pour rien ! tonna son père.
Le vent qui soufflait à l'extérieur la frappa au visage. Il était frais malgré la chaleur estivale et lui fit du bien, la calmant considérablement. Elle s'éloigna dans la rue en tentant d'ignorer les vociférations de son paternel.
-Il est fou, Emilie, fou à lier ! Tu perds ton temps ! Il ne…
Le vent emporta ses dernières paroles, en même temps que les quelques larmes qui roulaient sur les joues de la dénommée Emilie.
Plus loin, beaucoup plus loin, à plusieurs milliers de kilomètres de là, un garçon d'à peu près quatorze ans fixait un gâteau au chocolat posé devant lui. Il était vraiment énorme, trop pour qu'il le mange tout seul, et pourtant…
-Ca m'a pris toute la matinée, dit sa mère en souriant. J'espère que tu aimes...
-Euh… oui, merci, répondit l'intéressé en louchant sur la pâtisserie. C'est vraiment pour moi tout seul ?
-Bien sûr !
-Et en quel honneur ?
La femme haussa les sourcils, décontenancée, mais se reprit assez vite.
-Tu es restée à Poudlard pendant dix mois entiers… J'ai juste voulu te faire plaisir.
-Ca fait deux semaines que je suis rentré…
-Ca ne te plaît pas ?
Devant l'air de chien battu de sa mère, Adam secoua vivement la tête et se coupa une part de taille honorable. Tout en l'engouffrant, il se fit mentalement une liste de toutes les bizarreries qu'il avait remarquées en revenant : son père affectueux, sa mère encore plus, les cadeaux, les gâteaux… ils lui avaient même demandés à plusieurs reprises s'il ne voulait pas inviter des amis à la maison. Sans compter la facilité déconcertante avec laquelle ils parlaient du monde magique et de sa condition de sorcier. C'était le monde à l'envers !
Enfin, il n'allait pas s'en plaindre… En plus, Sally n'allait pas pouvoir dire qu'il était encore en froid avec eux, maintenant !
Un peu plus au sud, en plein cœur de Londres, un jeune homme affalé sur son canapé tentait de remettre de l'ordre dans ses idées. Il était rentré depuis deux semaines, avait fait quelques recherches superficielles, mais n'avait trouvé aucune trace de Stephen. La famille de son ami ne répondait pas à ses lettres, et leur maison semblait déserte. Où avaient-ils bien pu passer ? La seule personne capable de l'aider aurait été Nicolas, mais il était quelque part en France et, de toute façon, refuserait certainement de l'aider. Après tout, il était censé retrouver son ami par lui-même.
Thomas soupira, s'enfonça plus profondément dans le divan et, perdu dans ses pensées, finit par s'endormir.
Sur une île lointaine, coupée du monde depuis plusieurs dizaines de siècles, un autre jeune homme, plus grand et sportif, regardait l'océan d'un air triste et nostalgique. Un bouquet de fleurs blanches gisait à ses pieds, piétiné et couvert de sable. Qu'avait-il fait pour mériter ça ?
-Senneri ?
L'intéressé se retourna vers une fille de son âge, apparemment très surprise de le voir à cet endroit, et ne put s'empêcher de lâcher un soupir. Il avait, pendant une seconde, imaginé que c'était elle…
-Tu n'es pas avec Lilina ? s'étonna la nouvelle venue. Et ces fleurs…
-C'est fini, répondit-il d'un ton cassant. Elle ne veut plus de moi.
Anata lui lança un regard compatissant, ramassa les fleurs et s'installa à côté de lui.
-Elles sentent bon, constata-t-elle en fermant les yeux. Que s'est-il passé ?
-Elle a trouvé quelqu'un d'autre.
La jeune femme haussa un sourcil, intriguée, et ne put s'empêcher de sourire.
-Quelqu'un d'autre que le vainqueur du Tournoi des Trois Sorciers ? C'est possible ?
Senneri haussa platement les épaules et jeta un coup d'œil à la composition florale qui lui avait coûté les yeux de la tête, mais qu'il ne pouvait plus voir sans ressentir un grand vide. Son amie dut s'en rendre compte, car elle sortit sa baguette et brûla le bouquet sous ses yeux ébahis, avant de disperser les cendres dans le sable d'un geste désinvolte. Ensuite, elle se leva avec aplomb et obligea le jeune homme à en faire autant.
-Cette fille était trop nunuche pour toi, décréta-t-elle en l'entraînant vers le bord de l'eau. Ne t'occupe plus d'elle, va !
-Mais je l'aime… !
-Tu l'oublieras, fais-moi confiance.
Ils atteignirent la mer et la contemplèrent sans dire un mot. Non pas qu'ils fussent gênés, mais le silence leur vint naturellement. C'était une caractéristique commune à tous les Atlantes, moldus et sorciers. Le roulis des vagues, la blancheur de l'écume, les couleurs changeantes de la surface, le vent marin… tous ces éléments leur inspiraient le respect, le calme et la plénitude, et ce depuis des centaines d'années.
-Est-elle plus importante ? demanda soudain Anata.
Senneri ne répondit pas tout de suite, ne sachant pas trop si elle parlait de ce qui s'étendait devant eux à l'infini, ou de la fille qui l'avait plaqué.
Et il comprit.
-Non…
Aucun Atlante ne pouvait oser prétendre être plus important que l'élément qui entourait leur île. C'était tout bonnement impensable, et s'il avait eu l'impression, ces derniers mois, que Lilina comptait plus que tout… ce n'était qu'illusoire, car cet amour ne pouvait rivaliser avec celui, inné et instinctif, qu'il avait pour la mer.
-Tu as raison, dit-il au bout d'un moment. Elle n'est rien.
Son amie sourit, satisfaite, et tourna les talons. Senneri la retint d'un geste, le doigt pointé sur l'horizon.
-Regarde !
Anata se retourna, plissa les yeux et fixa longuement la direction indiquée par le jeune homme.
-…Je ne vois rien.
-Mais si ! Il y a quelque chose… qui brille.
-Je le vois ! Mais qu'est-ce que c'est ?
-Je ne sais pas, attends…
Le champion atlante sortit sa baguette, visa l'objet inconnu et incanta :
-Accio !
La cible, ignorant le ballottement des vagues et la marée descendante, fila comme une flèche vers lui et se planta dans le sable, à ses pieds. Senneri la prit en main, la débarrassa des quelques algues enroulées autour d'elle et écarquilla les yeux.
-C'est…
-…une baguette magique ! s'écria son amie.
Toujours couché dans son canapé, Thomas rêvait. C'était étrange, parce qu'il avait l'impression d'être conscient, et bien que se trouvant dans une rue déserte aux maisons difformes, il pouvait se voir en train de dormir dans le salon. Les deux étaient impossible, mais les songes permettaient tout.
-Sauvez-nous !
Le jeune homme se retourna. Encapuchonné dans un très long manteau blanc, un garçon très jeune à la beauté saisissante et aux longs cheveux dorés le suppliait du regard.
-Qui es-tu ? lui demanda le Britannique en s'asseyant sur un banc apparu de nulle part. On se connaît ?
-Pitié !
L'apparition attrapa un bâton richement sculpté, le regarda avec effroi, puis disparut dans une brume soudaine. Thomas haussa un sourcil, tentant de se rappeler l'endroit où il avait pu croiser ce gamin, puis mordit dans le pain au chocolat qu'il tenait en main depuis… ma foi, toujours.
…Et puis il se réveilla, regretta que cette pâtisserie soit fictive et partit chercher quelque chose à manger dans la cuisine. Ses parents adoptifs n'étaient pas encore rentrés de leur travail, il n'avait pas dû dormir très longtemps.
N'empêche, quel rêve bizarre.
« Chère Sally,
C'est bizarre de l'écrire, mais ces vacances sont vraiment géniales ! J'ai l'impression que mes parents ne m'en veulent plus d'être sorcier, et j'avoue que je suis vraiment soulagé. Je passe mon temps à manger du gâteau et à recevoir des cadeaux… j'ai presque honte !
Sinon, j'espère que ça va de votre côté, que tout le monde va bien, et que tu as des nouvelles des autres (je leur ai dit qu'il valait mieux pas m'écrire avec mes parents…). Est-ce que tu as déjà reçu tes résultats ? Je pensais qu'on les aurait au début des vacances, mais j'attends toujours… Bah, de toute manière, avec toutes nos séances d'entraînement, je devrais m'être bien débrouillé pour les cours pratiques !
Au fait, je ne sais toujours pas quand je peux venir chez toi. Donne-moi une date, ou tu risques de me voir arriver à l'improviste !
Ton (involontaire !) bouclier,
Adam »
Washington… ! La capitale des Etats-Unis était bien moins impressionnante et animée que ce qu'un étranger pouvait imaginer. Emilie l'avait appris peu de temps après son arrivée, lorsqu'elle était allée s'inscrire dans sa nouvelle école en compagnie de son père. Il y avait bien trop de gens pressés et taciturnes, concentrés sur le travail qui les attendait ou qu'ils venaient de quitter pour rentrer chez eux. Au fil des semaines, la jeune femme s'était habitué à ce nouvel environnement, et elle s'amusait parfois à compter le nombre de personnes habillées « normalement » qu'elle croisait dans la rue, c'est-à-dire tout ceux qui ne portaient pas de tailleurs serrés ou de costumes trois-pièces.
L'hôpital était en vue. Emilie s'engagea dans la rue piétonne qui, en traversant le parc, se transformait en chemin de promenade avant de déboucher sur le parking, devant l'entrée du bâtiment. Elle regarda la façade pendant quelques secondes, immobile et hésitante, puis entra.
-Emilie ! s'écria la réceptionniste en la voyant arriver.
-Bonjour, Félina.
Félina était une très jolie femme afro-américaine d'une trentaine d'années, aux longs cheveux lissés et aux mains soigneusement manucurées. Elle était également une sténographe accomplie et capable de prendre un appel, pianoter sur le clavier posé devant elle et se faire les ongles en même temps.
-Comment vas-tu ? poursuivit-elle tout en entrant quelques données dans son ordinateur.
-Très bien, merci, répondit la visiteuse en souriant. Vous savez où est le docteur Freedman ?
-Quelque part au troisième étage, il me semble… Ah, non, il a dit qu'il passait voir madame Woolen, au deuxième. Tu sais où c'est.
-Merci beaucoup !
-De rien, ma chérie, à plus tard !
Emilie se dirigea vers les ascenseurs en agitant la main, un sourire indécrochable aux lèvres. Elle ne savait pas trop pourquoi, mais parler avec Félina lui faisait du bien. Peut-être parce que ses relations sociales étaient très minimalistes depuis son arrivée. Ou autre chose.
Une fois arrivée au second étage, la jeune femme s'engagea sans hésiter dans le couloir à sa gauche. Le docteur Freedman passait souvent voir madame Woolen, sans doute sa patiente préférée. C'était une vieille dame adorable, retenue ici à cause de tendances suicidaires suite à une dépression nerveuse survenue à la mort de son mari, après plus de cinquante ans de mariage, et d'une famille qui ne voulait pas s'occuper d'elle. Emilie attendit devant la porte, ne voulant pas les déranger, jusqu'à ce que le médecin sorte de la chambre.
-Emilie ? s'étonna-t-il en la voyant. Vous êtes venus très tôt, aujourd'hui !
-Je n'ai pas grand-chose à faire, vous savez, répondit-elle simplement. Comment va-t-il ?
-Son état est stable.
-Rien de mieux, alors…
Le docteur la prit par l'épaule, réconfortant. Ils reprirent le couloir en sens inverse, passant devant quelques dizaines de portes fermées.
-Au moins, il ne va pas plus mal.
-Depuis le temps, j'espérais…
La jeune femme s'interrompit. Qu'est-ce qu'elle espérait, au juste ? Que Stephen lui explique ce qui s'était passé, qui étaient ces personnes affreuses, capables d'utiliser une sorte de sorcellerie, qui hantaient ses cauchemars depuis des mois ? Qui il était, lui, pour que ces gens déciment les passagers d'un avion tout entier rien que pour le capturer ? De quelle façon avait-il réussi à s'échapper en l'emmenant avec lui ? Comment avaient-ils tous deux survécu plusieurs jours en mer, inconscients, avant d'être rejetés sur la côte américaine ?
Elle espérait avoir des réponses, mais ces dernières lui faisaient peur, car elles seraient certainement incroyables et terrifiantes.
-Vous allez bien, mademoiselle ? s'inquiéta Freedman.
-Oui, oui, répondit précipitamment Emilie. Je… réfléchissais.
-Nous y sommes, je vous laisse seuls tous les deux... je repasserai dans une petite heure.
-Merci, docteur.
-C'est à moi de vous remercier, je suis sûr que vos visites lui font du bien, même s'il ne peut pas vous le dire en personne…
La jeune femme posa sa main sur la poignée, se força à sourire joyeusement et ouvrit la porte en grand, comme à chacune de ses visites.
Stephen ne leva même pas les yeux vers elle, penché sur la petite table placée à côté de son lit. Il écrivait frénétiquement, remplissant d'une écriture presque calligraphique une page blanche posée devant lui. D'autres feuilles jonchaient le sol, froissées ou piétinées, mais couverte de la même écriture droite et élégante, ou étaient accrochées aux quatre murs de la chambre, sur la porte d'entrée, l'armoire, la fenêtre, la lampe… tout support était bon. Tout en écrivant, il marmonnait des phrases vides de sens, les yeux rougis et terriblement cernés, comme s'il ne dormait pas.
Emilie, comme à chaque fois qu'elle assistait à cette scène, ressentit une profonde tristesse et eut envie de pleurer. Dire qu'il l'avait sauvée, mais qu'elle ne pouvait désormais rien faire pour lui !
-C'est encore moi, murmura-t-elle en prenant un tabouret et en s'installant à côté de lui. Je ne suis pas venue très souvent, ces temps-ci, mais je te promets que ça redeviendra comme avant.
Le jeune homme ne se rendait visiblement pas compte de sa présence, et n'eut d'ailleurs aucune réaction lorsqu'elle posa sa main sur son bras.
-Je voudrais tellement que tu me parles, soupira-t-elle. J'ai peur, tu sais ? De ce qui pourrait arriver. J'ai l'impression qu'ils peuvent revenir n'importe quand.
La main ne ralentit même pas, continuant son labeur ininterrompu.
-Je suis retourné à l'ambassade mercredi, mais ils n'ont pas de nouvelles à ton sujet. Personne ne te réclame, malgré les photos envoyées en Angleterre. C'est comme si personne ne te connaissait ! Ils m'ont même demandé si tu étais vraiment britannique, tu sais ? Je leur ai dit que oui, mais au fond, je n'en sais rien. En plus…
Elle continua à déverser tout ce qu'elle avait sur le coeur, et ce pendant près d'une heure. Stephen écrivit trois pages recto verso, sans jamais lever les yeux de son travail. Au bout d'un moment, Emilie ramassa quelques feuilles tombées à terre et les parcourut des yeux. Ca parlait d'une épée, d'un bouclier, d'un traître, d'un juge, d'un agneau, et de plein d'autres choses n'ayant souvent aucun rapport entre elles.
-Stephen…
