Hermione serra Molly dans ses bras.
- Merci beaucoup de m'avoir accueilli pendant un mois entier, Mrs Weasley.
-Mais ma chérie, c'est tout naturel, tes parents enchaînent les colloques, je ne pouvais pas te laisser toute seule avec ton chat!
Hermione sourit, ce qui creusa une fossette sur chacune de ses joues, et embrassa encore une fois la petite femme rousse qui l'avait si gentiment invitée dès que Ron lui avait dit qu'Hermione allait passer une bonne partie de son mois d'août seule chez elle.
Ron... Les événements de cet été l'avaient métamorphosé. Il avait gagné en carrure et en assurance, pendant les vacances, et son visage avait désormais des traits plus fins, plus doux. Il n'était plus la grande perche maladroite qu'on connaissait jusque là, et Hermione était certaine que malgré sa couleur de cheveux discriminante, il ferait des ravages dès le quai 9 3/4. Ceci dit, ce qui s'était passé durant l'été les avait changés tous les trois, autant physiquement que moralement.
-Molly, je dois vous laisser, maintenant, le train ne m'attendra pas...
-Vas-y, ma chérie, transplane vite. Et sache que je suis très fière de ta nomination comme Préfète en Chef. Quand je pense que Ronald ne fais qu'enchaîner les bêtises...
-Merci beaucoup, Mrs Weasley. Et merci encore pour votre accueil.
-Vas-y vite, trésor, je vais chercher Ron, il doit encore être en train de faire ses valises... Ah, les hommes... conclut-elle d'un ton mi-amusé mi-exaspéré en montant les escaliers.
Harry était parti en avance avec Ginny, prétextant que son permis de transplanage était trop récent pour l'utiliser à tout bout de champ, ce qui n'avait trompé personne. Après un dernier regard autour d'elle, Hermione saisi une valise dans chaque main, intima à Pattenrond l'ordre de se placer sur son épaule, et transplana dans la gare de King Cross.
-C'est quand même pratique, d'avoir la majorité sorcière, se dit elle en arrivant à côté du grand train rouge.
-Hermione! cria une tornade rousse en la serrant dans ses bras.
-Gin, on s'est vu ce matin, tu te rappelle? On a dormi dans la même chambre.
-Mmmmh. Tu viens, on est trois wagons plus loin, avec Neville et Luna.
-Oh... Désolée, mais je dois aller dans le compartiment réservé aux préfets en chef. C'est pendant le voyage que je vais faire connaissance avec mon homologue masculin...
-Pffffff... Bon, tu viendras nous voir quand même?
-Gin, le voyage ne dure que quelques heures!
-Je parlais de cette année. Tu vas avoir des appartements particuliers avec lui, non? Donc viens nous voir dans notre salle commune, de temps en temps.
-Promis! Et puis de toutes façons, on sera ensemble à tous les repas, dans le parc, et puis tu pourra me rendre visite, aussi.
-Bon, on arrête les adieux déchirants, on se revoit bientôt. Bonne chance avec le Préfet en Chef!
-Et toi avec Harry!
Les oreilles de la rouquines devinrent rouges pivoines. Ce n'était pas dans ce sens là qu'elle avait encouragé son amie, et elle ne s'était pas attendu à ce qu' Hermione lui renvoie la balle de cette façon. Elle s'enfuit vers le compartiment où ses amis étaient déjà rassemblés.
Hermione esquissa un sourire, puis monta d'un pas assuré dans le compartiment qui lui était réservé. Et où une mauvaise surprise l'attendait.
-Malefoy, au cas ou tu ne saurais pas lire les plaques de cuivre, l'entrée dans ce wagon est strictement réservée aux Préfets en Chef.
-Oui, c'est pour ça que je suis là. Mais au lieu de m'agresser dès que tu rentres, pourrais tu me dire qui tu es?
Hermione hésita un instant. Elle savait qu'elle avait beaucoup changé pendant les vacances. Elle avait enfin trouvé un moyen de lisser ses cheveux, qui tombaient désormais en cascade de boucles brunes jusqu'à ses hanches. De plus, elle s'était affinée, ses jambes s'étaient allongées, et elle portait son uniforme de façon à mettre ses formes désormais avantageuses en valeur. Mais de là à ce que Malefoy ne la reconnaisse pas... Elle prit rapidement son parti et lança au blond d'une voix enjouée;
-Devine!
Malefoy soupira et elle s'assit à l'autre extrémité du compartiment.
-Alors déjà, d'après ta cravate, tu es à Gryffondor. Ca doit être pour ça que je ne te connais pas.
-Bien, un point pour toi.
-Deuxièmement, tu ne m'aimes pas, d'où le ton méprisant que tu as employé en arrivant. Mais ça ne m'aide pas beaucoup, tous les Gryffondors me détestent.
-Tu ne crois pas si bien dire. Continue...
-J'ai une idée, je vais prendre la liste des élèves.
-La liste des élèves?
-Ah oui, c'est moi qui ai la tienne, c'est pour qu'on sache qui est dans quelle maison, et en quelle année. Elle se met à jour avec la répartition. Et puis elle te permet de savoir qui tu as devant toi.
Malefoy tendit une épaisse liasse de parchemins à la jeune fille, puis se saisi de la sienne et parcourut la liste des Gryffondors féminines de septième année.
-Je ne vois pas... Je les connais toutes, dans mon année. Tu n'es pas nouvelle?
-Non... Et je peux même te dire qu'on se connaît très bien, tous les deux, annonça t'elle avec un sourire en coin.
-Les gens que je connais, en général, je sais qui ils sont quand je les croise. Alors dis-moi, je te promet que je ne te lancerai pas d'impardonnable. De toute façon, j'ai renoncé à ce genre de pratiques, ainsi qu'à une bonne part de mes préjugés... comme tu as pu le voir, sinon je n'aurais pas été aussi patient en voyant que tu étais une Gryffondor.
-D'accord... Mais ça va jeter un froid.
-Vas-y, pas grave.
-Hermione Granger.
Il se passa plusieurs secondes avant que Malefoy retrouve l'usage de la parole.
-Je... Granger, tu veux dire qu'on va devoir habiter toute l'année ensemble?
Ce fût au tour d'Hermione de ne pas pouvoir répondre. Elle n'avait pas pensé à ça, trop occupée qu'elle était à faire monter le suspens du côté de Malefoy.
-Je crois, oui... Sauf si tu démissionnes...
-Hors de question. On va instaurer des règles et tout ira pour le mieux. -D'accord. Propose une règle, je fais la deuxième, toi la troisième, et caetera...
-Ok. Alors interdiction de laisser traîner des Potter ou des Weasley dans le salon.
-Alors pas de Zabini, Nott ou autres Parkinson.
-Pas de mecs.
-Pas de filles.
-Droit de veto sur tes invités en général.
-Droit de veto sur les tiens.
-Un emploi du temps de la salle de bain.
-Pas de caleçon ou d'objets personnels du même acabit qui traînent.
-Pas de produits de beauté ou sous vêtements dans la salle de bain.
-Pas d'injures référant à la naissance.
-Pas d'injures référant à la maison.
-Pas d'injures tout court.
-Eh, attends, on va pas pouvoir vivre, à ce rythme là!
-On s'arrête là, alors.
-Ca vaut mieux, on a déjà la base, là. Je pense qu'on peut tenir un mois sans se tuer? Après on improvisera, si ça tourne à la catastrophe.
-Ok. Je prend la salle de bain le matin de six à sept et le soir de neuf à onze.
-Trois heures par jour? En plus tu as pris les meilleures horaires.
-Tu préfère te lever à six heures? Et puis je veux pouvoir m'endormir dans mon bain si j'en ai envie.
-Bon, alors de sept à huit le matin et de huit à neuf le soir. Et éventuellement de onze heures à minuit, tu dois être sortie dès que ton créneau est fini.
-D'accord. Mais tu t'engages à respecter les tiens.
-Marché conclu.
-Maintenant, Malefoy, ne le prends pas pour toi et ne crois pas que ta présence m'insuporte, mais je vais dormir, d'accord?
-Je ne vois pas ce qui pourrait t'en empêcher, Granger. Mais je pense qu'on est en progrès, on ne s'est pas entre-tués, depuis tout à l'heure.
-Génial. Je peux dormir, maintenant?
Et Hermione s'allongea sur sa banquette et ferma les yeux, sans voir le regard si dur à déchiffrer que Malefoy lui lançait.
De son côté, un peu plus loin dans le train, Ron observait d'un oeil morne les deux couples qui l'entouraient s'embrasser éperdument. Il poussa un soupir. Harry et Ginny s'interrompirent et le regardèrent.
-Ron, en tant que meilleur ami, je me dois de m'inquiéter pour toi.
-Ron, en tant que petite soeur, je me dois de t'intimer l'ordre de te trouver une petite amie le plus vite possible.
-En tant que moi même, je me dois de vous dire de vous mêler de ce qui vous regarde.
Le couple lui jeta un dernier regard inquiet, et repris sa passionnante occupation. Neville et Luna ne s'étaient pas lâchés. Ron décida d'aller à la rencontre de la vendeuse de confiseries et sortit du wagon.
Drago avait été très surpris lorsqu'Hermione lui avait annoncé son nom. Il ne s'était pas attendu à retrouver la jeune fille aussi... changée. Elle avait toujours été pour lui un rat de bibliothèque perpétuellement plongé dans ses bouquins, doublé d'une adoratrice invétérée de Potter, une adepte de la religion Gryffondorienne, une Sang-de-Bourbe mal fagotée, ne méritant que le mépris de quelqu'un comme lui.
Mais, avant même de savoir qui elle était, il l'avait trouvée sympathique, en plus d'être magnifique, et il avait jugé le peu de conversation qu'ils avaient eu comme pour le moins agréable. Il regardait donc la jeune fille dormir d'un air songeur, le coude posé sur le genou, et le menton dans la main. Puis il se reprit.
C'était Hermione Granger, la peste qui depuis leur première année passait son temps à lui prendre la première place qu'il méritait en classe de potion, qui avait fait emprisonner son père pendant le premier mois des vacances après que son meilleur ami le Balafré ait exterminé le Maître des Ténèbres.
Drago était passé aux côtés de l'ordre du Phoenix, mais son père, malgré toutes les horreurs qu'il avait commises, restait son père. Mais il avait aidé à éliminer le Seigneur des Mangemorts, et il ne pouvait pas tout poser sur les épaules de la jeune femme... Il n'avait pas combattu. Trop dangereux, avait dit Dumbeldore, il ne pouvait pas se permettre de l'exposer à la fureur des amis de son père. Drago avait donc passé toutes ses vacances au Square Grimaud, seul avec un Maugrey qui ne lui accordait pas la moindre confiance.
Il ne pouvait pas sortir sans un membre de l'ordre, même pour se rendre à la gare ce matin même. Il n'avait donc pas vu le Trio des vacances, celui ci ayant élu le Terrier comme quartier général.
Ce qui expliquait son incapacité à reconnaître Hermione.
-Granger, Drago, tu l'as toujours appelée Granger. Aucune raison pour que ça change.
La jeune fille se retourna sur sa banquette en soupirant, faisant soudain face au jeune Serpentard. Elle avait vraiment changé, se dit-il. Il ne restait plus rien du visage enfantin aux longues dents de castor qu'il avait si souvent critiqué. Exaspéré de ne plus arriver à se dire qu'elle n'était qu'une moins que rien, il sortit un livre et le feuilleta un moment, jusqu'à ce qu'il se rende compte que les mots ne s'imprimaient pas dans son cerveau. De plus en plus énervé, il décida d'aller faire une ronde à travers les wagons, pour étrenner son insigne flambant neuve.
Ron arpentait le corridor du train depuis quelques temps déjà. Il n'avait pas faim, malgré ce qu'il avait prétendu pour pouvoir sortir du compartiment. Il errait donc à travers les wagons, cherchant un endroit où il pourrait être tranquille, pour penser à l'abri des baisers passionnés de ses amis.
Si Hermione avait été là... Si Hermione avait été là, c'aurait sans doute été encore pire pour lui. Car, depuis quelques temps, il s'était rendu compte qu'il ne supportait plus de la voir loin de lui. La quête des Horcruxes à laquelle ils avaient consacré leur vacance n'avait fait que lui montrer à quel point elle était précieuse pour lui. Et l'idée lui était insupportable qu'elle allait passer toute l'année dans la même pièce qu'un autre garçon… Qu'un autre homme.
Vous en avez pensé quoi?