Titre : Tempus Bella Prensareque
Auteurs : Na-chan2 - Remind - & Bliblou - Bekind -
Couple : HP/Lulu
Dislaimer : Tout est à JKR, à part la trame de l'histoire et l'écriture, évidemment.
Résumé : Pour gagner la guerre, combattre ne suffit plus, il faut détruire la source du mal et remonter le temps. Mais lorsqu'Harry se retrouve face à un Draco bébé, à un Lucius bientôt veuf et à un Voldemort aux sommets de sa puissance, tout semble soudain plus compliqué.
TEMPUS BELLA PRENSAREQUE
Le temps de faire la guerre et de courtiser
0. Prologue.
Les mains appuyées sur le bord du lavabo, Harry scrutait avec attention le miroir. Une fois n'est pas coutume, son reflet était muet et le laissait seul avec ses pensées.
Sa barbe avait poussé à un point tel qu'il était passé du style « Wolverine » au style « homme des cavernes », ainsi que l'accusait gentiment Ginny – Dean avait commis la pire erreur de sa vie lorsqu'il avait fait découvrir à la rouquine le cinéma. De même, ses cheveux avaient poussé et il devait maintenant les attacher pour ne pas qu'ils entravent ses mouvements.
Alors que, distraitement, il sortait son rasoir et commençait à faire disparaître sa barbe, il continuait à étudier son image. Il ne ressemblait plus en rien à son père ou à sa mère et c'était tout à la fois une bénédiction et une malédiction : une bénédiction parce que, durant ses études, il était trop reconnaissable, on pouvait sans peine l'identifier dans une foule et une malédiction parce qu'ainsi s'effaçait le dernier lien qui le reliait à sa famille.
Sa tâche achevée, il noua ses cheveux et réarrangea le col de sa chemise. Aujourd'hui, il devait rencontrer un contact qui semblait assez prometteur pour les aider dans leur lutte contre Voldemort et il se devait, ainsi que lui avaient répété Hermione et Ginny en chœur, d'« être présentable ».
Il quitta finalement la salle de bains et rejoignit les quelques membres de la Résistance qui étaient levés à cette heure matinale. Molly était déjà présente dans la Cuisine, ainsi qu'à son habitude, et avait préparé un petit déjeuner gargantuesque pour tout le monde – la sorcière s'était attribuée la tâche de s'assurer que tout le monde mange bien. Hermione était également déjà levée, tout comme Abelforth – aucune surprise là-dessus – et il y avait également Georges et Tonks, ses deux partenaires pour la mission du jour. D'ailleurs, cela se remarquait car ils étaient les trois seuls habillés de façon moldue, dans la mesure où leur contact leur avait donné rendez-vous dans un café de Londres.
- Je continue à dire que ce n'est pas prudent, lui lança son amie en guise de bonjour.
Harry leva les yeux au ciel et attrapa une assiette et une tasse de café avant de s'asseoir à ses côtés.
- Bonjour Hermione, est-ce que tu as bien dormi cette nuit ? Moi aussi, c'est vraiment gentil de l'avoir demandé.
- Tu n'as pas besoin de me parler comme ça Harry, je m'inquiète juste pour toi !
- Je sais, je sais, je suis désolé.
Il soupira et avala une gorgée du liquide sombre, se brulant presque la langue au passage – mais le café devait se boire chaud, s'il était tiède ou, pire encore, froid, c'était écœurant.
- On en a déjà parlé, tenta de raisonner le Survivant, sachant que ses partenaires ne feraient rien pour l'aider – tous des lâches. C'est peut-être une situation risquée, mais les risques sont contrôlés et réduits, de sorte qu'ils deviennent acceptables.
La jeune sorcière fronça les sourcils et finit par se lever.
- Fais comme tu le sens !
Sa voix claqua dans la pièce alors que Hermione s'en allait, faisant craquer le plancher du vieux manoir qu'ils occupaient alors qu'elle se déplaçait avec rage.
La maison des Black avait été compromise à cause de Kreattur et, bien qu'elle servait encore à accueillir les nouveaux membres pendant leur période de « probation », le QG avait été déménagé dans un vieux manoir de la campagne anglaise que Harry avait acheté, sous une fausse identité, avec l'argent dont il avait hérité suite au décès de Sirius.
- Ne t'inquiète pas Harry, ça ne doit pas être sa bonne semaine.
Il ne put s'empêcher de rire face à la grimace qu'arborait Georges. C'était devenu si rare de l'entendre plaisanter depuis le décès de son jumeau.
Et le Survivant avait un peu peur de partir en mission avec lui parce que le Weasley avait un comportement presque désespéré, comme s'il ne souhaitait rien de plus que de rejoindre son frère mais qu'il n'osait pas les abandonner en plein combat. Si cette foutue guerre avait un côté positif – s'il pouvait le tourner ainsi – c'était d'avoir donné une raison de vivre à Georges.
- Allez les enfants, c'est l'heure d'y aller, s'exclama Tonks en se levant.
Et cela ne servait à rien de protester que ni lui ni leur partenaire n'étaient des enfants – même si c'était ce qu'il fit.
oOo
Harry sirotait tranquillement un nouveau café – il s'était levé plus tôt qu'il n'en avait l'habitude ce matin, il fallait bien compenser – au « Legend' », le lieu de rendez-vous fixé par leur contact.
Georges et Tonks étaient assis quelques mètres plus loin sur sa gauche – jouant plus ou moins le rôle de gardes du corps cette fois-ci – et se comportaient comme des amoureux pour éviter d'attirer l'attention sur eux.
- Monsieur Potter ?
Il leva la tête pour croiser le regard d'un homme d'une quarantaine d'années. Ses cheveux étaient déjà presque entièrement gris mais ses yeux verts demeuraient perçants, le scrutant de derrière une fine paire de lunettes en métal.
- J'ai un désavantage par rapport à vous, je ne connais pas votre nom.
Le sorcier sourit et prit place face à lui, sans jamais le quitter du regard.
- Je suis Johann Oaker, un archéomage.
- Je ne veux pas vous offenser, monsieur, mais en quoi pouvez-vous nous aider ?
Une serveuse arriva à ce moment-là, et l'archéologue commanda un grand café, souriant et plaisantant gentiment avec la jeune femme.
- J'ai consacré ma vie à la recherche d'un artefact bien particulier, commença-t-il aussitôt qu'elle se fut éloignée.
oOo
- Si vous voulez, il y a des chambres au premier étage, vous pouvez choisir celle que vous désirez. L'endroit n'est pas entièrement sûr, mais il demeure extrêmement bien protégé.
- Je comprends, merci pour tout.
Johann lui adressa un sourire reconnaissant et fatigué avant de disparaître dans les escaliers.
Harry attendit quelques instants de plus, respirant profondément pour essayer de calmer sa respiration. Les gens disaient que Voldemort était effrayant ? C'était tout simplement parce qu'ils n'avaient jamais dû assister à une réunion précipitée des membres les plus importants de la Résistance tout en sachant qu'ils allaient se faire réprimer pour les dernières actions qu'ils avaient commises.
Ils étaient une sacrée bande de cinglés après tout.
- Allez, Harry, tout va bien se passer, murmura Hermione après avoir passé un bras autour de ses épaules.
- Tu me parles de nouveau toi ?
- Plus pour longtemps ! répondit-elle et, si ses mots pouvaient paraître accusateurs, son ton les démentait et ses yeux riaient.
Elle déposa un baiser sur sa joue et lui glissa un « courage ! » à l'oreille.
- Ce n'est pas facile, murmura-t-il alors.
Et peut-être ne parlait-il plus seulement de l'archéomage, mais Hermione ne poserait pas cette question et, dans l'hypothèse où elle l'avait fait, il n'aurait pas répondu.
- Je sais.
Son amie l'attrapa par la main et il la laissa l'entrainer dans la salle de réunions.
oOo
- Ca fait deux heures que Luna et Olivier auraient dû être rentrés.
Harry leva le regard vers celui qui venait de pénétrer dans le Bureau, avant de détourner les yeux pour les poser sur l'horloge fixée au-dessus de l'armoire à plans. Deux heures et trois minutes exactement…
- Minerva, est-ce que tu pourrais m'envoyer une équipe de quatre personnes… ?
Son ancien professeur acquiesça, lui adressant un sourire un peu pincé pour tenter de lui transmettre un peu de courage.
Il y avait encore de l'espoir. Ses deux amis pouvaient avoir été retardés dans leur mission, ou alors ils avaient été incapables de disparaître discrètement, peut-être même étaient-ils inconscients ou blessés, ou alors avaient-ils perdu leur baguette…
Une heure plus tard, l'escadron de quatre sorciers transplanait dans le QG, transportant avec eux deux corps sans vie.
Et cela allait être à lui d'annoncer à leur famille et leurs amis la triste nouvelle. D'organiser l'enterrement. De trouver un endroit sûr où les dépouilles ne seraient pas profanées. Peut-être même de diriger l'oraison funèbre.
Il passa nerveusement une main dans ses cheveux alors qu'il refoulait les larmes qui lui piquaient aux yeux.
Parfois – souvent – il n'avait qu'une envie, celle d'abandonner son poste officieux de « leader »
oOo
- Alors, ce serait vraiment vraiment possible… ?
Le ton de Ron était dubitatif, et Harry comprenait ses sentiments, il les partageait – même si une petite partie de lui espérait que ce serait « vraiment vraiment possible ».
- Toutes mes recherches tendent vers cette conclusion, acquiesça Hermione.
Et, derrière elle, le sourire de Johann s'était fait lumineux.
A peine une semaine après l'arrivée d'Oaker à la demeure des Black, Granger avait pris conscience du potentiel de la découverte de l'archéomage, qui avait été aussitôt transféré au QG. Depuis ce déménagement, les deux sorciers travaillaient quasiment non-stop sur ce projet.
- Peut-être un résumé serait bien pour les personnes qui ne savent absolument pas de quoi vous parlez, intervint Draco.
Même si l'héritier de la famille Malefoy était convenablement assis, le dos bien droit, sa voix restait la même, un peu trainante, un peu désintéressée.
- Johann a consacré des années de recherche à retrouver les artefacts de Leonhard.
- Ce qui est très éclairant pour nous, ironisa de nouveau le sorcier blond.
- Leonard est un grand théoricien de la magie, qui vivait à l'époque de Merlin. La plupart des sorciers qui travaillaient au Département des Mystères utilisaient encore ses travaux, intervint Oaker.
Et il ressemblait à cet instant à un professeur, avec son ton posé et ses mains volant à ses côtés pour expliciter ses paroles.
- Et donc ces artefacts existeraient réellement ? demanda Charlie, dubitatif.
- Je les ai retrouvés, acquiesça Johann. Et, bien que Leonhard leur donne lui-même le terme d'artefacts, ce n'est pas tout à fait exact. Cela ressemble plus à… de la connaissance. J'ai appris comment procéder au rituel pour renvoyer quelqu'un dans le temps et, si jamais je montrais à quelqu'un exactement ce qu'il fallait faire, la personne n'en serait pas capable car elle n'a pas tenu elle-même ces « artefacts ».
- Et vous les avez avec sur vous… ? Cela semble… dangereux, intervint Minerva.
- Non, ils ont disparu une fois que je les avais lus.
- J'ai comparé le déroulement de la cérémonie avec le travail de Leonhard.
Hermione, comme à son habitude, redirigeait la conversation vers ce qui les intéressait réellement.
- Et tout concorde. Je ne peux pas assurer à 100% que cela marchera, mais cela semble plus que positif.
- Il y a toujours un problème.
Tous les regards se tournèrent vers Harry. Il avait l'habitude d'être le centre d'attention de tout le monde, que cela soit dû à ses années d'étude ou à son rôle au sein de la Résistance, et pourtant, il était toujours aussi mal à l'aise dans ces situations là – bien qu'il cachait ce fait beaucoup mieux maintenant.
- Je me souviens de la fois où nous avons utilisé un Retourneur de Temps Hermione et moi. Même avant qu'on ne l'utilise, nous existions en double, on ne s'en est simplement pas rendu compte avant de retourner dans le temps. Je pense qu'en utilisant le sablier, nous avons respecté la ligne du temps, au lieu de l'altérer, comme vous le proposez. Parce que, si quelqu'un part dans le passé et défait Voldemort, techniquement, cette même personne n'aura aucune raison de partir dans le passé une fois qu'elle est en 2001, et si elle ne part pas dans le passé, Voldemort ne sera pas vaincu… est-ce que je suis compréhensible ?
- Oui.
Hermione rayonnait littéralement, ravie de le voir soulever ce point.
- Et c'est pour cela qu'on ne peut pas utiliser un Retourneur de Temps pour effacer quelque chose qui s'est déjà produit. Seulement, comme on ne sait pas toujours ce qui s'est déjà produit, ou non, le Ministère a dû réguler l'utilisation de ces sabliers, parce que les gens qui essayaient d'effacer des choses qui s'étaient déjà produites… ce n'était pas joli joli ce qui leur arrivait. Mais les artefacts de Leonhard n'ont pas le même fondement. Ils utilisent la magie même de la terre au lieu de se focaliser sur la magie des sorciers et…
- Est-ce que cela veut dire que l'on pourra changer le cours du temps ? interrompit Ron après avoir décalé sa chaise sur le côté – ce n'était pas qu'il avait peur de Hermione, non, non, mais la jeune sorcière pouvait être vraiment effrayante par moment et frappait plus fort qu'elle n'en avait l'air.
- Oui.
- Bien, il ne nous reste qu'une dernière chose à régler, soupira Johann.
Il enleva ses lunettes et frotta distraitement l'arrête de son nez.
- Il nous faut un lieu fortement chargé en magie pour réaliser le rituel, et Poudlard est hors de questions.
Poudlard était tombé entre les mains des mangemorts, et cela restait probablement leur plus grande défaite. Une fois le ministère entre les mains de Voldemort – officieusement, bien sûr – ils n'avaient pas réussi à tenir bien longtemps. Les professeurs avaient été remplacés un par un par des fidèles, les enfants de moldus, et même les sang-mêlé avaient été interdits d'entrer dans l'enceinte de l'école. Tout cela était suffisamment catastrophique sans parler des Détraqueurs qui patrouillaient aux limites de Poudlard, des Géants qui avaient élu domicile dans la Forêt Interdite, et probablement d'autres choses dont ils n'avaient pas entendu parler.
- Je suppose que je vais devoir demander à mes Elfes de maison de faire un grand ménage pour que mon humble demeure soit digne de recevoir le Survivant.
- La ferme Malefoy.
Un moment de silence puis :
- Merci Draco.
oOo
Lorsque Harry arriva dans le Grand salon de la demeure Malefoy, les six autres Clés étaient déjà présentes et il y avait un étrange dessin marqué à la craie, à la cendre et au vin incrusté dans le sol. Hermione leur avait expliqué que la craie représentait le fait de tirer un trait sur la vie précédente, de recommencer une page blanche et donc de pouvoir écrire une nouvelle histoire. La cendre, et c'était plus évident, symbolisait les morts, les pertes qui avaient conduit à choisir cette voie. Quant au vin, il devait incarner les joies qu'apporterait ce nouveau futur.
Leonhard était un vrai génie, il n'avait pas besoin d'être sain d'esprit pour autant.
Pour que le rituel marche et que les artefacts puissent libérer leur véritable puissance, sept personnes – nommées Clés – devaient prendre part à la cérémonie.
Apparemment le nombre sept avait une signification particulière, un poids magique non négligeable, il apportait un certain équilibre. Cela se voyait dans plusieurs aspects de la vie des sorciers, où ce chiffre était omniprésent : le nombre d'années d'études, le nombre de joueurs dans une équipe de Quidditch, etc.
Il y avait tout d'abord le Maître de Cérémonie, celui qui était entré en possession du savoir nécessaire, celui qui mènerait les six autres Clés. La présence du Voyageur, la personne qui retournerait dans le temps pour changer les événements, était également évidente. Les quatre sorciers suivants devaient représenter chacun un trait qui serait nécessaire à la réalisation de la mission du Voyageur : le Désespoir – qui pousserait le Voyageur à réaliser sa mission, pour éviter que le futur ne reste le même –, la Force, l'Erudit et le Courage. Finalement, la dernière Clé, le Lien, devait relier toutes les personnes ensemble et assurer la cohésion de leur magie.
- Harry.
Il se tourna vers Neville en sursautant. Il allait falloir qu'il arrête de rêvasser ainsi s'il ne voulait pas que la Cérémonie rate – et vu qu'il serait en son centre, il ne préférait pas imaginer ce qui pourrait lui arriver dans ce cas.
- Je continue à penser que ce n'est pas une bonne idée que tu sois le Voyageur. Qu'est-ce que la Résistance fera si ça ne marche pas ? On est trop faible pour se retrouver sans leader.
- Ne t'inquiète pas Neville, j'ai nommé mon successeur, au cas où.
C'était vraiment étrange de prononcer cette phrase. Successeur… Le dit successeur le tuerait certainement s'il l'entendait parler ainsi.
- Qui ?
Il y avait tout à la fois de la méfiance, de l'espoir et du soulagement dans la voix de son ami.
- Il faut que tu promettes de ne pas le répéter tant que je serai là.
Longdubat acquiesça vivement.
Harry sourit et se pencha lentement vers lui, le laissant quelques instants de plus dans l'ombre, avant de murmurer dans son oreille « Draco Malefoy ».
Puis il se redressa et s'éloigna à vives enjambées du sorcier pour voir s'il ne pouvait pas faire quelque chose, laissant derrière lui un Neville presque amorphe sous le coup de la surprise.
Et, finalement, finalement, les préparatifs furent finis, les Clés furent désignées et chacun prit sa place.
- Nous sommes donc bien d'accord sur l'année 1972 ? rappela, plus que demanda, Johann après s'être assis à la tête du dessin, de là où, en tant que Maître de Cérémonie, il pourrait surveiller tous les autres.
C'était en 1972 que Voldemort avait commencé à rassembler ses fidèles et que les premières attaques avaient eu lieu. C'était donc à ce moment-là qu'il fallait intervenir pour l'arrêter.
Harry, le Voyageur, rejoignit sa place, tout en faisant bien attention à ne pas effacer les lignes tracées avec beaucoup d'attention toute la journée durant. Contrairement aux autres Clés, il aurait à rester debout.
Ce fut au tour du Désespoir de s'asseoir à la droite de Harry. Georges Weasley s'exécuta sans un mot et, même si le rôle de chacun était plus symbolique que véridique, le jumeau était l'effigie même de sa Clé, à un point tel qu'une boule d'angoisse bien connue se forma au creux de l'estomac de Harry, sans pour autant avoir quoique ce soit à voir avec le stress et l'angoisse qu'il ressentait depuis la veille.
L'Erudit s'arrêta derrière Georges, mais toujours à la droite de Harry. Hermione Granger – qui d'autre ? – lui adressa un sourire avant de s'asseoir à son tour, faisant bien attention à ce que sa robe ne brouille pas les contours.
La Force – Hagrid – et le Courage – Neville – prirent place à sa gauche et, finalement, ce fut au tour du Lien de s'avancer juste derrière lui et en face du Maître de Cérémonie.
- Pourquoi je suis le Lien ?
Les Malefoy ne geignaient pas – mais pour autant, cela y ressemblait beaucoup.
- Parce que tu es tout à la fois désespéré, érudit, fort et courageux, lui répondit Hermione, sur un ton taquin. Pourtant, son sourire était sincère, et montrait à Draco qu'elle pensait réellement ce qu'elle venait de dire.
- Nous sommes dans votre manoir, Monsieur Malefoy, ainsi c'est probablement avec vous que j'entretiens le lien le plus fort parmi les membres de la Résistance, expliqua Oaker avant de fermer les yeux.
- Tu es mon meilleur ami Dray, murmura Harry, la gorge serrée. Qui d'autre aurais-je pu choisir ?
Si cela marchait ou même si cela ne marchait pas, c'était la dernière fois qu'il les voyait tous…
Puis Johann commença à parler et tous se turent pour écouter les paroles du Maître de Cérémonie. Le rituel était en latin – bien sûr, un texte écrit un millénaire plus tôt, en quelle langue aurait-il pu être autrement ? – mais son sens ne pouvait pas leur échapper.
Un à un, en sens inverse de leur entrée dans le cercle, ils versèrent quelques gouttes de sang sur la craie, la cendre et le vin, activant la magie que renfermait déjà le Cercle de Leonhard.
Neville – le Courage – avait à peine fini que des cris se firent entendre. Blaise Zabini, un des membres de la Résistance présents dans le Grand salon, appela aussitôt l'un des elfes de maison.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Le Manoir est attaqué par des mangemorts.
- Hagrid, c'est à ton tour, murmura Harry, son attention partagée entre la cérémonie et les cris qui semblaient s'approcher de plus en plus.
La Force versa à son tour quelques gouttes de son sang.
- Ok, il faut organiser une derrière ligne de défense pour protéger le rituel. Craig, prends de la poudre de cheminée et va prévenir le reste de la Résistance que le manoir est attaqué. Les autres, on va lancer quelques sorts de protection.
Hermione se tourna soudainement vers Johann, se rendant compte que c'était à son tour. Elle prit le couteau béni, identique à celui des autres Clés, et le passa sans attendre dans la paume de sa main, avant de mêler son sang à celui des autres.
Les doubles portes menant au salon s'ouvrirent dans un claquement et Ron entra précipitamment, refermant les battants derrière lui d'une main, l'autre pendant sans vie le long de son corps.
- On n'arrivera pas à les retenir beaucoup plus longtemps !
Georges, le seul qui était totalement concentré sur la cérémonie – sans compter Oaker – répéta les mêmes actions que l'Erudit.
Les cris venaient maintenant de juste derrière les battants en bois massif, mêlés aux incantations des divers sorts échangés.
Harry reconnut enfin les paroles signifiant que c'était à son tour de copier les actions de ses compagnons. Avec l'adrénaline qui courrait dans ses veines, il ne sentit même pas la coupure qu'il devait s'infliger.
Son sang avait à peine touché le mélange magique que les portes volaient en éclats.
Il sentit aussitôt sa cicatrice prendre feu et la douleur l'aveugla presque dans son intensité – seul le fait qu'il avait été soumis à une souffrance semblable auparavant lui permit de rester debout et concentré sur le rituel.
Mais cela importerait peu s'ils ne finissaient pas rapidement parce que Lord Voldemort s'était déplacé en personne – et il ne savait pas quand les renforts arriveraient.
Il entendit Blaise crier, Ron hurler alors que des sorts fusaient dans tous les sens, jusqu'à ce qu'il ne reconnaisse plus les voix de ses amis de celles de ses ennemis. Puis, finalement, finalement, le Maître de Cérémonie stoppa sa longue litanie pour se couper la paume.
- Avada Kedavra.
Il quitta Johann du regard pour se concentrer sur Voldemort. Et la baguette pointée droit sur lui. Et la lumière verte qui s'approchait de plus en plus vite.
Il ne vit pas le sang d'Oaker rejoindre celui des autres, il ne l'entendit pas finir le rituel, il ne perçut pas les membres de la Résistance apparaître en nombre dans les cheminées pour se joindre au combat, il ne comprit pas les cris inquiets de ses amis.
Harry Potter ne sentit plus que le froid et l'obscurité qui l'entouraient, qui l'envahissaient.
- & -
A suivre...
