CHAPITRE 1 – RETROUVAILLES.

Hermione Granger était satisfaite. Son premier jour de cours à la faculté Londonienne de Médicomagie, située sur le chemin de traverse, s'était très bien passé. Elle repensa à la présentation que ses nouveaux professeurs avaient fait des études et aux quantités d'élèves qui l'entouraient dans l'amphithéâtre. Et dire qu'elle ne connaissait personne…

Hermione avait toujours mis toute sa volonté dans ses études. Elle était courageuse et volontaire. Elle voulait devenir Médicomage, elle le voulait vraiment. Aider les autres était sa raison d'être, son but ultime. Et pour cela, elle devait être séparée quelques temps de ses meilleurs amis.

Harry et Ron avaient choisi une voie très différente : ils voulaient depuis toujours être Aurors, et mettaient tout en œuvre pour y arriver. Leur école se trouvait à l'autre bout du Londres sorcier. Son cœur se serra un instant, ils lui manquaient déjà. Finies les soirées passées à faire leurs devoirs et discuter Quidditch dans la salle commune des Gryffondors.

Ils se verraient toujours, mais beaucoup plus rarement.

Depuis la mort de Voldemort, Harry était plus serein. Il vivait à fond sa relation avec la jeune Ginny Weasley. Il avait pris un appartement en colocation avec Neville Longdubat, Luna Lovegood et Lavande Brown en attendant que sa petite amie finisse ses études à Poudlard, puis il comptait bien s'installer avec elle.

Ron avait préféré rester au terrier, avec ses frères et ses parents. Il avait été blessé au cours de la bataille finale, et se remettait doucement. Physiquement, il allait désormais beaucoup mieux. Mais les traces et cicatrices qui ornaient son corps témoignaient de l'horreur de la guerre, et le maintenaient dans un état de dépression post-crise. Il s'était senti de plus en plus inutile après la bataille, Voldemort mort, Harry Potter héros libérateur, il ne parvenait pas à trouver sa place. Hermione et ses amis faisaient tout pour qu'il sorte de cet état léthargique néfaste, et leur thérapie « amitié » avait commencé à porter ses fruits. Puis la fin des vacances avait sonné, et chacun commençait de nouvelles études. Hermione avait un peu peur pour lui, il était son meilleur ami, peut-être même plus, elle ne savait pas vraiment. Ce qu'elle savait, c'est qu'elle refusait de le perdre.

Quant-à elle, Hermione n'avait pas eu envie de rester chez ses parents. Elle avait décidé de profiter de sa vie, de sa jeunesse. Elle avait opté pour un petit appartement en colocation avec deux amies d'enfance avec qui elle passait tous ses étés. Des amies moldues, au courant de sa condition de sorcière. Elles habitaient dans un quartier moldu situé à deux pas du chemin de traverse. Cela faisait du bien à Hermione, ses deux amies ne la connaissaient pas uniquement comme une « miss-je-sais-tout ». Certes, elles la savaient studieuse, mais elles la connaissaient également comme une jeune fille spontanée, détendue, souriante, et abordable.

Pour l'heure, elle était seule dans le grand amphi vide. Elle rêvassait en rangeant les papiers d'information et autres formulaires d'inscription à différents clubs d'étudiants dans son trieur. Elle avait, comme à Poudlard, été une des seules à prendre des notes et à poser des questions.

Son sac enfin bouclé, elle le mit à l'épaule et se dirigea vers la sortie, toujours perdue dans ses pensées.

***

Drago Malefoy avait lui aussi commencé des études pour devenir médicomage. Enfin, s'était un moyen détourné pour étudier les potions. En réalité, il visait plus un poste de chercheur. Il aurait préféré pouvoir être Auror, mais à cause de son nom de famille et de ses exploits passés, il savait qu'il n'aurait jamais été retenu aux tests psychologiques. Il avait décidé de ne même pas essayer et d'opter pour une voie radicalement différente. Bien sûr qu'il n'était pas mangemort. Enfin, plus. Bien qu'il porte la marque, influence de Papa oblige jusqu'à l'adolescence, il avait renié son père et ses démons à la fin de la Septième année, quelques mois avant la grande bataille.

Il avait bien fait d'ailleurs. Quelques semaines de plus et ça aurait été trop tard…

Mc Gonagall l'avait « blanchi ». Il avait apporté à l'ordre des informations de première main, qui avaient beaucoup aidé Potter à vaincre le Seigneur des Ténèbres.

La raison de ce changement de camps avait été tenue secrète, ce qui laissait sceptiques la plupart des serviteurs du Bien. Ce retournement trop brusque et surtout non-expliqué n'avait convaincu personne. Les membres de l'ordre avaient été contraints d'accepter Drago mais ils ne l'intégraient ni dans les conseils, ni dans les missions. Ils le toléraient simplement.

Cela ne dérangeait pas le jeune homme. Il avait parfaitement conscience que sa situation ne paraissait pas crédible après 7 ans de coups bas, d'insultes et d'actes méprisables dont le dernier avait sans nul doute été le meurtre de Dumbledore et l'incursion des mangemorts à Poudlard.

Mais intrinsèquement, Drago avait changé. En baissant sa baguette devant le directeur en sixième année, et en se ralliant à l'ordre du Phénix en Septième année, il avait forcé le destin et fait tourner l'avantage. Tant pis pour eux si les autres ne s'en rendaient pas compte, et tant mieux pour lui.

Etre bon, c'est être en harmonie avec soi-même.
Oscar Wilde

Il n'avait plus rien à perdre. Sa mère était morte, tuée par son mari alors qu'elle essayait de rejoindre son fils du « bon » côté. Quant à Lucius, il courrait toujours, discret et introuvable depuis la chute du Lord Noir.

Drago était désormais maitre de son destin. Il pouvait penser selon ses propres idées, organiser ses propres plans, réaliser ses propres désirs. Sa vie commençait enfin. Il voulait laisser tout le reste derrière, repartir de zéro.

Sans rien perdre de son orgueil ni de sa supériorité arrogante, il réfléchissait désormais à la stupidité de certains préceptes inculqués par son père à coups de doloris. Il ne reniait toutefois pas la totalité de son éducation. C'était un sang pur, il avait parfaitement conscience d'appartenir à l'élite de la société sorcière, et même si ses idées « politiques » divergeaient de celles de son paternel, il se considérait tout de même comme supérieur et intouchable.

Se détacher de Voldemort n'était pas synonyme d'acceptation des moldus, bien au contraire. Ces derniers, et les « sangs-de-bourbe », l'agaçaient toujours autant. Sans qu'il sache vraiment pourquoi, sans même qu'il y réfléchisse consciemment, il les détestait. Ces êtres inférieurs selon lui polluaient la société sorcière. Il leur vouait une haine teintée d'indifférence.

D'aussi loin qu'il s'en souvienne, aucun moldu, même avec des pouvoirs magiques, n'avait jamais été un tant soi peu intéressant à ses yeux. Sauf Granger, pour l'intelligence, bien évidemment. L'exemple qui confirme la règle.

***

Il aurait dû s'en douter. En voyant Granger dans l'amphi, à poser ses habituelles et agaçantes questions, il avait réalisé qu'il allait devoir passer ses 5 ans d'études avec une des personnes qui l'avaient le plus haï pendant sa scolarité. Elle connaissait tout de son ancienne vie, de cette période qu'il s'efforçait d'oublier.

Il avait subitement manqué d'air en l'apercevant concentrée comme s'ils étaient encore à Poudlard. La Miss-je-sais-tout n'avait presque pas changé, droite sur son siège, les sourcils froncés. Drago s'était maudit d'avoir choisi cette école. Il était sorti en trombe de l'amphi dès que la cloche avait retenti.

Il aspira un grand bol d'air, et s'adossa au mur de la fac, farfouillant dans les poches de sa cape à la recherche de son paquet de cigarettes. Les moldus avaient tout de même réussi une ou deux inventions …

Brusquement, il se retrouva entouré par un groupe de jeunes sorcières hystériques, gloussant en cœur et lui décochant des sourires charmeurs. Malgré son nom quelque peu terni par les choix de son père et les méfaits de ses ex-fréquentations, Drago avait toujours énormément de succès auprès des demoiselles.

Merde. Il ne les avait pas entendues arriver.

-Hey ! Drago Malefoy, c'est ça ? Commença l'une d'elles, cherchant visiblement à entamer la conversation.

-C'est bien ça. Répondit-il d'un air indifférent.

-Mes parents ont beaucoup parlé de toi. Parait que t'es un bon parti… continua la deuxième en rejetant ses cheveux blonds derrière ses épaules dans un geste parfaitement étudié.

-Ah. Lâcha Drago.

Des sang-purs en mal de sensations, c'était bien sa veine. Si ça continuait comme ça, il allait se retrouver enchainé à ces poules pour le reste de l'année. Pas moyen.

-T'es fiancé ? demanda une troisième, plaquant un air mutin sur son visage.

Question purement rhétorique, puisque rien de ce qui se passait d'important dans la vie des sang-purs, et donc de la famille Malefoy, n'échappait à l'inspection scrupuleuse des journaux à scandale. Si Drago avait été fiancé, tout le monde l'aurait su dans la semaine.

-En fait non ! répondit-il dans un sourire.

Les filles gloussèrent de plus belle, conquises. C'était trop facile, Drago avait toujours aimé séduire, il avait ça dans le sang. Il était beau, bien élevé, attirant, magnétique, et il le savait. Son charme froid et ravageur ne laissait aucune chance à ses futures conquêtes. Elles tombaient toutes sans exception. Le jeune homme avait toujours eu ce qu'il voulait, il ne connaissait pas l'échec. Il consommait, jetait, puis recommençait. C'était ainsi.

-Même pas une copine ? Lâcha la première fille, une moue incrédule sur le visage.

Drago la regarda, morne, et réfléchit. Il était coincé. S'il répondait non, elles n'allaient pas le lâcher, et il avait vraiment envie de partir. Pas qu'il s'inquiète de devoir être impoli, il s'en fichait, mais les nouvelles vont vite, et un Malefoy sans copine, ça n'existe pas. Question d'honneur.

La demoiselle le savait, elle le regardait désormais avec intérêt, attendant sa réaction. Elle croyait avoir gagné, il avait le choix entre pas de copine, ce qui signifiait pour lui une certaine honte, et la quasi-obligation de passer du temps avec le groupe de filles, ou une copine, et là il avait intérêt à en trouver une vite fait.

Drago était célibataire depuis peu. Sa dernière histoire ne s'était pas bien finie. Son ex voulait l'épouser, fonder une famille. Stupides idées de sang-purs. Il n'y avait que le pouvoir et la pureté du sang qui comptait. A 20 ans, Drago avait plutôt envie de s'amuser, de commencer enfin à vivre.

Le jeune homme pesa le pour et le contre, passant mentalement en revue la liste des filles possibles. La plupart de ses conquêtes étaient déjà en couple, il ne pouvait donc décemment pas citer leurs noms sous peine de scandale. Surtout que même si un grand nombre d'entre elles aurait été d'accord pour tout quitter pour lui, il les jetait généralement comme des moins que rien au petit matin, acceptant plus que rarement de les revoir… le choix n'était donc pas énorme.

Quand aux autres, celles qui n'étaient pas encore passées par la case « lit manoir Malefoy », c'était parce qu'il ne les connaissait pas encore, ou alors qu'elles étaient trop moches pour lui … ou au sang trop impur, après tout, pas de salissure, restons propre.

Drago soupira. La question l'énervait, ces filles l'énervaient, sa situation l'énervait…

Pour une fois dans sa vie, il aurait aimé avoir quelques amis sur qui compter. Il souhaitait pouvoir donner un nom de fille au hasard, une simple copine qui l'aurait couvert sur le coup, sans poser de question. Mais non, un Malefoy n'a pas d'amis, seulement des relations enrichissantes pour sa renommée, son pouvoir ou sa fortune. Pas de fréquentation pour le plaisir, ne jamais se lier avec quelqu'un, devenir trop proche. Jamais.

La plupart des étudiants étaient partis. Il se demandait comment il allait pouvoir s'en sortir lorsqu'il aperçut Hermione qui sortait. Elle marchait doucement, et avait l'air profondément plongée dans ses pensées.

Allons-y, se dit-il, puisque je n'ai pas le choix … emmerdons un peu Granger !

Il sourit d'un air charmeur au groupe de filles qui attendaient toujours avidement une réponse de sa part. Puis nonchalamment, il se redressa, jeta sa cigarette, et répondit en regardant la poseuse de question dans les yeux :

-Oui, j'ai bien une copine. D'ailleurs quand on parle du loup …

Il fit quelques pas en direction d'Hermione, riant intérieurement en pensant à ce qu'il s'apprêtait à faire, puis héla :

-Gran … Hermione !! Ma chérie, enfin te voilà ! Je t'ai perdue de vue en sortant, tu en as mis du temps !

Le temps qu'Hermione, estomaquée, se rende compte que Malefoy était en face d'elle, à la faculté de Médicomagie, et qu'il venait de l'appeler « ma chérie » il l'avait saisi par la taille et avait déposé ses lèvres sur les siennes en un baiser impérieux.

Il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour réagir. Elle le saisi par les épaules pour l'éloigner d'elle, et s'apprêta à hurler son indignation lorsqu'elle aperçut son regard insistant, presque … suppliant. Alors, à la place, elle chuchota :

-Mais qu'est-ce que tu fous à la fin ?

Presque honteux, il lança un coup d'œil au groupe de filles restées contre le mur de la fac et lui expliqua :

-J'ai un peu besoin de toi là… histoire qu'on me fiance pas avec une de ces connes …

Hermione comprit en un éclair la situation. Ses yeux brillèrent de satisfaction. Elle réfréna un sourire carnassier, pris une grande inspiration en le regardant dans les yeux, puis hurla :

-DRAGO MALEFOY !! COMMENT AS-TU OSE ME FAIRE CA ? A MOI ? C'EST INADMISSIBLE !

Drago avait perdu le fil, il la fixait, hébété, attendant la suite

-Mais, je …

-TAIS-TOI ! N'AGGRAVE PAS TON CAS PLUS QUE CA ! TU CROYAIS PEUT-ETRE QUE JE N'ALLAIS PAS M'EN RENDRE COMPTE ? TU SENS ENCORE SON ODEUR, TA CAPE EST ENDUITE DE SON PARFUM. JE NE SUPPORTERAI PAS CETTE SITUATION UNE SEULE MINUTE DE PLUS, J'ARRETE TOUT ! JE TE QUITTE, DRAGO MALEFOY, CONSIDERE-TOI COMME CELIBATAIRE DESORMAIS !!!

Sur ces bonnes paroles, Hermione lui fit un clin d'œil, lui plaqua une claque sonore sur la joue et tourna les talons. Elle fit quelques pas puis transplana dans une rue isolée non loin de chez elle. Elle sourit puis éclata de rire, satisfaite de la vengeance qu'elle avait prise sur ce pervers abject. Ca lui ferait les pieds…