Auteur: Privatesky ©
Genre: Drama
Disclamer: toute l'histoire est sortie de ma tête, tout rapport ou similitude avec la réalité n'est pas de ma responsabilité.
Avertissement(s): YAOI - scènes de viol

Crève moi les Yeux

Le corps de Bill reposait sur le sol, nu, trempé de sueur, couvert d'ématomes et de sang.

Die Welt ist umgekippt,
Le monde a basculé
jeder Stein wurde verrückt.
Toutes les pierres se sont mises à bouger
Angst haben wir nicht...
Si on a peur… ?

Il tenta de se redresser, une main sur le sol comme un appuie, il haleta. Où était-il ? que s'était-il passé ? pourquoi était-il nu là, maintenant ? pourquoi avait-il aussi mal. Il cracha du sang, l'envie de vomir le prenant peu à peu. Il aperçut ses vêtements non loin de là, il lui suffisait de tendre la main pour les avoir. Il souffla un coup comme pour se donner de la force et attrapa rapidement ses habits, se recroquevillant tout de suite après, sous la douleur que lui infligeaient toutes ses blessures.

Ich bin hier irgendwo gelanded
J'ai attéri quelquepart
Kann nicht mehr sagen, wer ich bin
Je ne peux plus dire qui je suis
Hab die Erinnerung verloren
J'ai perdu les souvenirs

En foetus, il grimaça d'abord, il ferma les yeux, fort, fort fort, plus fort encore, croisant les bras aussi fort qu'il le pouvait, ressentir toute cette douleur physique pour ne plus ressentir ce dégoût de soi-même. Se haïr, encore et encore pour être ce qu'il était. Les larmes coulèrent sans qu'il ne s'en rende compte, lui brûlant les plaies qu'il avait aux visages, comme si chaque larme était faute, chaque larme lui faisant plus mal encore. Il n'avait donc pas le droit de pleurer. Pas pour si peu, pas pour si peu, non il n'en avait pas le droit.

Il pleura, encore et encore, même s'il avait de plus en plus honte à chaque larme versée, il voulait profiter du fait qu'il était seul et que personne ne puisse le voir dans cet état lamentable. Pourquoi n'était-il pas fort ? Pourquoi ne se serait-il pas simplement relevé, l'air fier, avec pour seule douleur, la douleur physique ? Non, il pleurait ! il se trouvait nul.

Et des images remontèrent. Lui marchant dans la rue, lui trainé par le col dans cette vieille usine désaffectée, lui tabassé, humilié par tous ces mecs masqués. Lui à qui on avait ôté toute dignité, ôté les vêtements, arraché son percing à l'arcade, lui qu'on avait passé au rasoir, laissant des fines lignes de sang, lui sur lequel on avait éteint des cigarettes. Lui s'en voulait de n'avoir pas réagi.


Die Bilder geben keinene Sinn

Les images n'ont aucun sens
Bring mich zurück
Ramène-moi en arrière
Bring mich nach Haus
Ramène-moi à la maison
Ich schaff's nicht allein hier raus
Je ne réussis pas à m'en sortir seul

Il se releva finalement, hâletant, il fallait qu'il rentre chez lui, il inventerait n'importe quoi pour expliquer son état, qu'il s'était chamaillé avec des pauv' cons, que c'était pas grave, que ça lui avait fait du bien de se défouler. Oui c'est ça qu'il dirait. Tom n'y verrait que du feu, depuis quelques années déjà, les jumeaux s'éloignaient, ne se devinant plus comme avant... il détestait l'idée de mentir à Tom, mais s'il disait cette vérité là, s'il avouait s'être fait tabassé jusqu'à l'évanouissement, il aurait fallu avouer une autre vérité, et cette vérité, à ce moment précis, Bill décida de la cacher pour toujours... si possible.

Peut-être qu'il pensait que sa volonté suffirait à effacer ce qui le faisait, peut-être qu'il pensait que ça ne le concernait que lui et personne d'autre, peut-être qu'il n'avait jamais pensé à ce qu'ils recommencent... car oui, ils n'en avaient certainement pas fini avec lui et ça, Bill n'y avait pas songé une seconde, espérant stupidement que n'était réellement qu'un accident, mais de toutes façons, il n'y avait pas à douter, c'était trop tard.

Le jeu ne faisait que commencer pour eux.

And the violence caused such silence,
Et la violence a entraîné un tel silence
Who are we mistaken?
Qui sommes-nous en train de tromper ?

Tu sais, tu ne dois pas t'isoler, tu sais, ce n'est pas de ta faute. Quand tu sombres, ne reste pas seul. Tu es en train de mourir et sans le savoir, désormais, tu te noies toi-même dans ce que les autres t'ont fait subir. Mais relèves-toi et bas-toi. Tu vaux mieux que tu ne le crois.

Bill marchait, titubant, lèvre inférieur coupée, sanglante, il trainait une jambe avec difficulté. Il allait bientôt arriver chez lui. Il respira un bon coup et ouvrit la porte. Il tenta vainement de monter rapidement les escaliers qui menaient à sa chambre, et atteignit enfin le sommet, quand Tom sortit de la sienne, sucette en bouche, écouteurs dans les oreilles. Quand il vit son frère, ce qu'il avait entre les dents, tomba au sol, il retira vivement la musique de son crâne et se précipita sur Bill.

- Merde ! Bill ! putain, qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?! MAM...! commença-t-il à hurler.
- Arrête ! c'est bon, c'est rien ! coupa Bill.
- Des conneries oué ! t'as vu ton état ?! Mam' ! hurla-t-il. Dépêche !
- Quooi ? qu'eest-ce qu'il y a encore...? soupira la mère de la cuisine en arrivant.

Les yeux écarquillés, elle se précipita à son tour sur son fils. Bill ne disait pas un mot. Il devait mentir, c'était là le bon moment, s'il tardait, ça ne serait plus aussi crédible, les larmes voulaient monter, mais s'il pleurait, tout son plan tomberait à l'eau.

- T'inquiète mam', Tom exagère, j'vais bien, dit-il en commençant à se diriger vers sa chambre, grimaçant de douleur.
- On va t'emmener aux urgences, tu nous expliqueras c'qu'il t'est arrivé. Fit Tom en mettant un bras de Bill par dessus son épaule.

Bill se laissait faire, de toutes façons, l'état dans lequel il était, l'aurait forcément mené à faire un tour à l'hosto'.

La portière de la voiture claqua, Tom était à côté de son frère, le scrutant, tentant de lire en lui comme il arrivait à le faire étant petit. Mais le temps avait fait son affaire.

- Alors ? demanda finalement Tom.
- Rien, tu sais, juste une p'tite bagarre avec des cons, tu me connais, hein ? depuis que j'adopte ce style un peu singulier, j'ai droit à pas mal de remarques.
- Et alors ? justement, j'te connais, ça t'a jamais mené à te fighter à ce point, tu m'racontes des bobards.
- Bah nen, sauf que cette fois, j'ai répliqué, on m'a bousculé, j'ai bousculé et ça a mal fini.
- z'étaient combien ? demanda Tom rageux.
- j'sais pas.
- Beaucoup quoi ! t'es con ou quoi ?! pourquoi tu répliques à des abrutis s'ils sont une dizaine ?!
- z'étaient pas une dizaine. Juste 5.
- Pff.

Tom tourna le dos à son frère. Il sentait bien que quelque chose ne collait pas, mais Bill arborait une position tellement aisée, comme si pour lui, ça n'avait pas été grave, qu'il n'osait rien dire.

Bill était plus que mal pourtant. Sa mère ne disait pas un mot, son frère l'engueulait presque. Mais était-ce sa faute à lui tout ça ? il bouillait de colère et de frustration, trop lâche pour tout avouer, trop lâche pour se battre, trop lâche pour être soi-même. C'était le début du faux-semblant, du nouveau rôle qu'il allait se forcer à jouer. Il hurlait de rage tant il se détestait, il hurlait et aurait voulu tuer le monde entier, il en voulait à tout le monde. A Tom qui n'y voyait que du feu, à sa mère qui ne posait même pas une question, à tous ces gens qui marchent tranquillement dans la rue, pendant que lui ne se supporte même plus, il déteste ces gens tant ils ne font pas attention à lui. S'assumer, exister, tout faire pour se faire remarquer, avoir de la reconnaissance des gens, et un jour, il se le promettait, ce serait les autres qui feraient tout pour que lui, Bill Kaulitz, les remarque.

Cet accident fait parti d'une autre vie, ça n'a jamais existé. , pensait Bill allongé sur un lit d'hôpital tandis qu'on lui pansait ses blessures.
Désormais, il ferait comme si ça n'avait jamais existé, il mourrait avec cet incident, pour renaître de ses cendres, plus fort que jamais, il allait enterrer cette vie, taire ses secrets et jouer sur les apparences, les images et les faux-semblants. Faire comme si, c'est si facile...

When the violence causes silence,
Quand la violence entraîne le silence
We must be mistaken.
Nous devons faire erreur.