Ce matin, lorsque j'étais encore allongé dans mon lit, enroulé dans mes draps et que je ne n'avais pas encore ouvert les yeux, j'humais l'air frais du
matin qui se frayait un chemin à travers la fenêtre entrouverte. En fait, je me suis permis de ne pas encore ouvrir les yeux, car mon réveil n'avait pas
encore sonné. Je ne me levais pas avant le réveil, c'était une règle. Cela faisait plusieurs jours déjà que j'émergeais quelques minutes avant l'heure.
Cela me permettait de penser à certaines choses avant de me lever, c'était en fait très relaxant. Il semblerait que ce petit rituel m'aidait à canaliser
cette frustration qui me bouffait depuis quelques années.
Ma mère a tendance à me dire que j'ai de la chance d'être un adolescent, que je suis jeune, en forme. Bizarrement je n'ai jamais eu cette
impression.
En fait je ne me suis jamais senti en forme, ni séduisant, ni même heureux d'être moi. Mes hormones me démangeaient sans arrêt, je commençais
à comprendre que c'était normal, mais tellement gênant, frustrant. J'en suis venu à la conclusion suivant : C'était peut-être une bonne chose que
d'être un ado, mais ce n'était pas une si bonne chose que d'être moi. Un simple moi, un moi sans artifices, sans secrets, un moi triste, mais
souriant, un moi sans moins, mais sans plus, un moi ordinaire.
