« Je vous remercie, passez une bonne fin de soirée. »
Hirako Fieldwar
« Merci… Au revoir. »
La jeune femme sourit au pharmacien, se courba légèrement. Elle saisit le sac en carton et quitta le bâtiment en vitesse. Elle remit ses longues mèches blondes, derrière ses oreilles et s'avança dans la rue. Elle ajusta la ceinture, autour de son manteau et marcha d'un pas décidé. Elle longea les magasins, encore ouverts à cette heure pourtant si tardive. Elle s'attarda devant son reflet quelques secondes, remit une de ses couettes en place. Elle serra le sac dans sa petite main et pressa sa cadence de marche. Elle n'habitait pas très loin d'ici, et espérait qu'il ne s'était pas endormi.
Elle tourna dans la rue adjacente. Des résidences, plus ou moins fortunées mais dont le cachet était évident. Cachées par de petits arbres, et construites en pente, la jeune blonde faisait attention : ses petits talons étaient parfois capricieux. Elle s'arrêta face à une petite clôture, un portillon était déjà ouverte. Elle le poussa, le ferma derrière elle et traversa le petit jardin. Elle monta les deux marches qui menaient à la porte d'entrée de sa propre maison, le sourire aux lèvres. Elle s'apprêta à entrer, mais scruta son carton. Elle entrouvrit son manteau blanc et y glissa son achat. Elle le reboutonna, et put enfin rentrer chez elle.
« Je suis là ! »
Elle retira ses chaussures, et les fit glisser.
- Itachi ?
La jeune femme avait les joues rougies par le froid de janvier. L'hiver était impitoyable au Japon, et ses lèvres étaient sèches. Elle poussa un soupir agacé.
- Itachi ? répéta-t-elle en se dirigeant vers les valises déposées dans le hall.
Elle lança un regard derrière son épaule et vers la salle à manger, et glissa le petit carton dans son futur bagage à main. Son cœur battait la chamade. Elle se redressa.
- Bonsoir.
Elle sentit ses grandes mains agripper sa taille. Elle sursauta.
« Naruko. »
La jolie blonde tourna la tête. Elle dégusta les lèvres parfaites de son jeune époux. Itachi était si fin, et ses traits exquis. Il n'avait pas changé, non. A cette pensée, elle ne put s'empêcher de sourire.
- Tu as terminé ta valise ? demanda-t-elle.
- Moi oui, mais toi…
- Tu es impertinent, voilà ce que tu es.
Naruko tira la langue et s'avança, mettant fin à la douce étreinte du grand brun. Elle retira son manteau, et l'accrocha au porte-manteau.
Elle portait une petite robe, à manches longues aux couleurs pastel, en laine. Ses jambes étaient couvertes par un fin collant couleur chair. Naruko avait toujours eu du goût, quand il s'agissait de s'habiller.
« J'ai appelé la clinique. Ils nous souhaitent de bonnes vacances. »
- Le docteur Uchiwa est toujours très apprécié, souffla-t-elle en haussant les sourcils.
Elle croisa les bras, scruta ses bagages.
- Hum… Je suis certaine d'avoir oublié quelque chose ! Ce que ça peut être agaçant…
- Tu es toujours angoissée.
Itachi contourna Naruko, et se dirigea vers les escaliers. Il retira ses lunettes et ses longs cheveux noirs étaient accrochés, en arrière. Son regard avait toujours été profond.
- Tu devrais venir, dormir. Notre vol est à sept heures, demain matin. Et, tu as déjà assez traîné pour ce soir.
- Je suis seulement allée chercher quelques somnifères… Le voyage promet d'être interminable.
Elle rougit et observa son homme.
- Et j'ai très envie de faire l'amour, ajouta-t-il.
Naruko haussa les sourcils et esquissa un petit sourire amusé.
- Alors, il va falloir venir me chercher.
Elle passa ses bras derrière son dos, malicieuse, à la manière d'un enfant qui aurait fait une bêtise, mais qui était soulagé d'enfin l'assumer. Itachi sembla hésiter quelques secondes, mais descendit les marches. Il se posta juste devant sa jeune femme. Il passa sa main dans ses cheveux, attira son visage près du siens et déposa un baiser sur les lèvres de Naruko.
Itachi serra la taille de Naruko. Les embrassades devinrent rapidement plus chaudes, plus intenses. L'imposante carrure d'Itachi englobait les hanches de la jeune femme. Elle ne put retenir un brûlant gémissement. Les mains d'Itachi étaient belles, puissantes et la tenaient fermement. Il pouvait sentir son désir, et elle se sentait soudainement attirante…
Soudainement, Itachi porta Naruko. Elle poussa une exclamation de surprise, le baiser fut interrompu.
- Tu devrais te reposer, toi aussi, s'exclama-t-elle en un murmure.
Itachi monta les marches. La jeune femme se serrait contre lui. Il la tint d'un bras, fit coulisser la porte glissante en papier de riz de leur chambre. Il allongea Naruko sur leur grand lit. Les draps étaient alléchants. Naruko sentait sa langue tout contre son cou. C'était parfait. Elle expira brusquement, soudainement excitée. Elle écarta les cuisses. Et elle lui appartenait pour toute la nuit.
Et toutes les autres.
Aux alentours de quatre heures, Naruko et Itachi traînèrent les valises au dehors. L'air était glacé, et la ville baignait dans l'obscurité. Un curieux silence avait enveloppé les lieux. Naruko aperçut le taxi, juste devant leur maison. Elle fit signe au chauffeur qui sortit de la voiture pour aider les jeunes amoureux. Lorsqu'Itachi et Naruko furent dans le véhicule, ils purent enfin souffler. L'aéroport n'était pas très loin, la course n'allait pas leur revenir très cher. Ils s'étaient regardés deux ou trois fois pendant le trajet, très impatients.
Le vent s'était levé, doucement. Et l'agitation à l'aéroport augmentait de minute en minute.
« Les passagers du vol B777 en provenance de Shanghai et à destination de Londres, sont invités à embarquer a à sept heures quinze. Aucun retard n'a été signalé. »
Naruko était un peu fatiguée. Elle passa deux doigts dans sa chevelure qu'elle avait démêlée avant de partir. Elle sortit un petit miroir de son sac à main, examina furtivement son reflet. Les bagages venaient d'être enregistrés. La main d'Itachi saisit la sienne, ils marchèrent.
- Tu as faim ?
- Oh non… Non.
Naruko lui sourit.
- La porte L. C'est à l'autre bout de l'aéroport.
- Il nous reste du temps. Il n'est que…
Elle jeta un regard à sa montre.
- Six heures trente ? Déjà ?
Naruko poussa une exclamation surprise et traîna son petit bagage à main.
Et puis…
Battements de cœur.
Naruko cessa de marcher.
Sa tête lui tournait subitement. Elle passa une main à sa poitrine, comme si le souffle lui manquait.
- Naruko ?
Itachi l'observa, intrigué, puis inquiet.
« Naruko ! »
La jeune femme se tourna vers lui.
- Itachi…
- Qu'est-ce qui t'arrives ?
- Je… Je dois aller aux toilettes. J'ai…
Elle ouvrit grand les yeux, mais prit son sac avec elle.
- Laisse-moi ton sac, s'écria Itachi.
- Non, ça va ! Je reviens d'accord ? Ne … Ne bouge pas.
Elle ne pouvait plus marcher droit. Naruko poussa la porte des toilettes et s'appuya contre le lavabo. Elle leva le visage, croisa son propre regard dans le reflet. Elle était très pâle. Elle fut prise d'une nouvelle nausée et passa une main dans ses cheveux. Les lumières étaient troubles.
Naruko se laissa tomber à genoux. Elle vomit une première fois.
- Non…
Elle passa ses mains à ses joues. Elle faillit s'évanouir. La jeune femme se retourna, et chercha son sac. Elle le tira vers elle d'un coup brusque et fouilla à l'intérieur. Elle en sortit le petit carton, plié. Alors, elle glissa sa main à l'intérieur et en tira une petite boîte. Elle lut à voix basses les instructions. Elle l'avait gardé pour Londres. Mais,
- Urinez sur l'extrémité du test, puis attendez une minute… Une barre… Deux… Bon, ok.
Elle respira profondément, se bloqua.
Trente secondes s'étaient écoulées.
- Six heures quarante-quatre…
Elle observa sa montre. Les nausées étaient moins fortes. Elle allait mieux.
Naruko se mordit les lèvres.
Trente secondes s'étaient écoulées.
Une barre.
Naruko se figea. Elle s'observa dans le miroir, puis baissa les yeux. Son visage tremblait. Elle rit, nerveusement une première fois, puis sincèrement. Elle laissa le test tomber dans la petite poubelle et se plaqua les mains contre les paupières.
Itachi…
« Il faut que j'aille lui dire. Nous ne sommes pas deux à savourer notre voyage de noce... »
Elle saisit brusquement son sac et poussa la porte. Itachi avait le regard un peu perdu, au loin. Ses bras étaient croisés. Ses sourcils… Naruko savait. A chaque fois que ses sourcils étaient arqués de la sorte, cela signifiait qu'Itachi éprouvait une petite angoisse. Naruko aperçut son visage se tourner vers elle. Elle sourit franchement, fit un pas, puis deux.
- Itachi, murmura-t-elle sans qu'il ne puisse l'entendre.
Une cinquantaine de mètres.
- Itachi, répéta-t-elle.
Six heures quarante-six.
D'abord, Naruko sentit que ses jambes ne pouvaient plus retenir son poids. Elle avait cette désagréable sensation qu'une fois de plus, ses talons s'étaient dérobés. Mais, les lampes au-dessus de sa tête s'étaient secouées de brusques impulsions. L'électricité fut coupée. La face d'Itachi s'évanouit dans l'aéroport. Il se jeta sur elle, aveugle. Alors, le carrelage du sol de l'aéroport s'écarta violemment. Une profonde faille se dessinait. Les personnes tout autour hurlaient, criaient. Et les enfants pleuraient. Naruko se jeta au sol, à plat ventre et rampa.
- Itachi ! hurla-t-elle, Itachi, où es-tu ?
Elle releva la tête, la lèvre fendue, les yeux grands ouverts. Elle ne voyait plus, au dehors la nuit était encore lourde. Elle leva le bras, le tendit.
- Itachi… ITACHI !
Elle criait à s'en déchirer la gorge. Naruko ne cessait d'hurler son nom. Elle se redressa, mais les secousses étaient de plus en plus fortes. La lumière vint de nouveau, et c'était un miracle. Naruko le cherchait du regard. Mais, il ne le voyait pas. Seulement des étrangers, qui tentaient de courir, de s'échapper.
Qu'étaient-ce ?... Les… Enfers ?
Et alors.
Naruko fut projetée contre le mur, happée par une explosion. Un avion venait de s'encastrer à l'intérieur-même de l'aéroport et s'était avancé. Les bureaux. Les bagages. Les bancs. Les plantes. Tout était alors mort. Les flammes, et cette terre qui grondait sous son corps inconscient. Naruko était face contre terre, sur le marbre éclaté du bâtiment. Son pouls faible battait doucement, ses tempes fragiles étaient teintées de sang. Ses yeux de biche étaient clos. Les tremblements redoublèrent en intensité. Le toit se craquelait. Les murs s'écroulaient. Les yeux des enfants ouverts. Pour toujours.
« Où est-ce que je suis ? »
« Plus rien n'existe. »
« Mon corps s'enfonce dans le sol… »
« Je vois tout. »
« Je sais tout. »
« Dis-moi Itachi… Est-ce qu'on est morts ? »
« Et toi, serais-tu donc à ce point sans entrailles, Grand Dieu qui doit d'en haut tout entendre et tout voir, Que tant d'adieux navrants et tant de funérailles…Ne puissent t'émouvoir. »
Une voix. Plusieurs voix. Plusieurs hommes.
- J'ai trouvé quelqu'un ! hurla-t-on.
- Vite ! Venez. Elle est juste là… Faites attention.
- C'est une femme !
- Son pouls ?
- VIVANTE ! Elle est vivante !
L'on découvrit le corps disloqué d'une petite poupée sous les décombres de l'aéroport de Kobe. Elle était simplement endormie, la bouche rougie par un sang trop sec. Les hommes la portèrent au brancard. Elle ne s'éveilla pas. Les débris, la fumée et les ruelles dévastées. Les maisons qui penchent et les rues coupées en deux. Un Dieu vengeur ?...
« … Maintenant, un bulletin spécial. Votre ligne d'urgence, fréquence 3.01. Dix-sept décembre 1995, la ville de Kobe a été secouée par un tremblement de terre d'une magnitude de sept virgule trois sur l'échelle de Richter. D'après les dernières informations qui ont filtrées, il s'agirait du séisme le plus grave et le plus meurtrier de toute l'histoire du pays. On relève déjà près de deux-mille morts, et six-mille disparus. Les recherches sont en cours, et il est toujours possible de retrouver des rescapés. La ligne d'urgence pour consulter les listes de survivants est le 0144. Téléphonez-nous, et restez groupés. Restez avec les équipes de … »
S e p t . v i r g u l e . t r o i s
Note de fin de prologue : J'attaque cette fiction Naruto, « Sept Virgule Trois » avec grand plaisir. Il s'agit d'une histoire très brute comme vous avez pu le voir avec des thèmes très forts et durs. Une fiction réaliste, je laisse de côté mon éternelle ambiance thriller pour une histoire plus profonde et humaine. L'on parlera beaucoup des sentiments, du deuil, des rêves, de la vie et de la mort. J'espère que cette fiction vous plaira, car j'y ai mis tout mon cœur. Ne soyez pas trop dur avec moi pour cet essai. Je précise qu'il s'agit aussi de ma première fiction Naruto sans le personnage de Madara. Mais, ne vous inquiétez pas, je n'abandonne certainement pas la beauté de ce personnage. Ce n'est que partie remise… Cette fiction prendra des virages inattendus, et se penchera entièrement sur le personnage de Naruko, et de sa merveilleuse histoire avec Itachi. Je glisse dans cette notre quelques références musicales qu'il vous serait bon d'écouter pendant votre lecture. J'aurais même dû l'écrire au début, pour que vous puissiez lire ce prologue et écouter mes « thèmes ». Mais, mieux vaut tard que jamais. Je vous laisse, et espère de rapides reviews… Bien à vous, Hirako.
Rachmaninoff – Rhapsody : Le thème d'Itachi et Naruko. .com/watch?v=RgtEUr_n9vM
Chopin – Nocturno : La découverte de Naruko.
.com/watch?v=MPvS0g2pap
Mozart – Lacrimosa : Le tremblement de terre.
.com/watch?v=k1-TrAvp_xs&feature=related
