Hello tout le monde ! Je vous poste un petit OS inspiré d'Assassin's Creed Brotherhood, et plus particulièrement de la scène où La Volpe s'apprête à tuer Machiavelli. Je suis une grande admiratrice de ce dernier, tant dans le jeu que pour sa philosophie. Il me semblait donc impossible de ne pas écrire cette petite histoire, certes triste, mais qui me tenait à cœur.

Bonne lecture à vous

Disclaimers : Rien n'est à moi, tout à Ubisoft. Le Prince est un ouvrage de Machiavel rédigé en 1513


Cette révélation fut pour Ezio tel un énorme coup de massue sur la tête.

Machiavelli n'était pas un traitre. Machiavelli était toujours demeuré fidèle à la Confrérie.

En d'autres circonstances, l'Assassin aurait été ivre de joie, soulagé à l'idée de pouvoir faire pleinement confiance à l'un de ses alliés les plus efficaces mais aussi, et surtout, à l'un de ses meilleurs amis. Car même si le florentin ne l'avait jamais clairement dit à son compagnon d'armes, son affection pour lui allait bien au-delà de la simple admiration pour ses facultés physiques et intellectuelles. Malgré son cynisme parfois horripilant et son arrogance, Machiavelli était un homme important pour Ezio. D'abord parce qu'il l'avait rencontré à une époque compliqué de sa vie -la poursuite contre les meurtriers de son père- mais aussi parce que le philosophe avait constitué un pilier capital au sein de la Confrérie, sa nouvelle famille.

Mais à cet instant précis, ce n'était pas la joie qui transportait le cœur de l'Assassin, sinon une colère effroyable qui menaçait d'exploser d'un instant à l'autre ! Une colère sourde contre le borgne qui se trouvait devant lui, ce traitre qui avait osé semer le doute parmi les leurs et qui, surtout, avait eu le culot d'en faire porter le chapeau à Niccolò ! En une fraction de seconde, Ezio sentit une vague de cruauté le traverser : il savait très exactement comment il allait tuer le traitre, comment il comptait se venger de sa mesquinerie. Cependant, il n'eut pas le temps de mettre ses plans à exécution car l'individu choisit délibérément de se donner la mort en se jetant sur la lame secrète de l'Assassin, qui ne put rien faire pour l'en empêcher. Mais dans le fond, cela importait peu à Ezio.

Machiavelli. Pas un traitre. Niccolò. Il faut que je le dise aux autres, à...

Un long frisson secoua l'échine de l'Assassin. L'horreur lui glaça brusquement le cœur.

La Volpe. Son camarade le voleur s'imaginait que le philosophe était la taupe infiltré dans leurs rangs. Il va...Il va le... Incapable de réfléchir d'une manière plus cohérente, l'Assassin s'élança soudain en courant, l'esprit soumis à une terreur sans nom. Non, non, c'est impossible ! Le plus grand des philosophes ne meurt pas sur un simple quiproquo ! Mais rien à faire, la terreur gagnait de plus en plus de terrain sur le calme habituel du garçon. Courant à en perdre haleine, ce dernier trébucha, bouscula de multiples individus sur son chemin, et crut bien finir par terre à plusieurs reprises ; mais soit qu'il eut de la chance, soit que la peur lui donnait des ailes, Ezio ne tomba pas et traversa une partie importante de la ville à ce rythme effréné.

Il lui fallut donc peu de temps pour arriver quasiment à la hauteur de son compagnon en danger. Etait-ce trop tard ? Cette simple idée révulsait l'estomac de notre héros. Mais non, tout allait bien, se dit Ezio en apercevant son ami de loin. Et pour cause, Niccolò était actuellement posté au centre du place fréquentée, observant la foule d'un œil inquisiteur. Le florentin connaissait parfaitement le mépris du philosophe pour cette masse d'individus, et à cette simple pensée, couplée à la vue de son ami sain et sauf, l'Assassin ne put empêcher un sourire d'apparaitre sur ses lèvres.

Sourire qui disparut bien vite lorsqu'Ezio aperçut, deux secondes trop tard, l'ombre de La Volpe se jeter sur Machiavelli.

D'où sortait-il ? Depuis combien de temps était-il là ? Le florentin n'en savait rien, et à l'instant précis, n'en avait cure. Une seule chose obnubilait son esprit : la lame acérée que le voleur tenait dans sa main. Mais il eut beau hurler à s'en briser les cordes vocales, se jetant à son tour sur La Volpe, le pauvre garçon ne put que trop bien voir l'arme s'enfoncer dans le torse du philosophe.

De ce qui se passa exactement par la suite, Ezio en garda un souvenir très confus. Il se revit, emporté par son élan, plaquant La Volpe sur le pavé romain, puis lui collant deux ou trois coups de poings monumentaux. Cependant, il fut très vite ramené à lui par les gémissements agoniques du philosophe quelques mètres plus loin. L'Assassin se traina alors -plus qu'il ne se déplaça- jusqu'à son compagnon, les yeux écarquillés sous le choc. Non, non, c'était impossible... Un simple regard à la plaie béante au niveau du cœur et à la flaque de sang qui s'était immédiatement constituée aurait fait comprendre à n'importe qui que le coup avait été mortel. Mais Ezio refusait d'envisager cette possibilité.

- Machiavelli...Machiavelli... Ne t'inquiète pas, ce n'est rien, ça va aller... Bafouilla l'Assassin en tentant de mettre à jour la blessure pour mieux la soigner.

Mais le philosophe, déjà rendu faible par le sang perdu, repoussait tant bien que mal l'assaut des mains du florentin.

- Non Ezio, non. Ca ne sert à rien, et tu le sais. Tu es bien placé pour savoir que... Tenta d'articuler avec peine le misanthrope, la douleur se lisant sur son visage crispé.

- LA FERME NICCOLO ! Hurla littéralement l'Assassin. Tu vas tenir le coup, tu vas attendre jusqu'à ce qu'on vienne nous aider, tu vas revenir à la Confrérie et nous aider à vaincre les Borgia ! Nous avons besoin de toi, tu entends ! Niccolò !

- Du calme... Supplia simplement le blessé, levant une main tachée de sang pour demander le silence.

Ce fut alors qu'Ezio se heurta à la douloureuse réalité. Ce fut alors qu'il comprit que son ami était en train de trépasser dans ses bras.

Le florentin était un homme fort, doué, et habitué à se confronter à la mort. Cependant, dans pareille situation, il ne put empêcher les larmes de lui monter aux yeux, puis de couler le long de ses joues. Ce détail ne manqua pas d'apparaitre à Machiavelli, qui se força alors à sourire malgré la douleur.

- Par pitié, Ezio, ne me laisse pas cette image de toi. Chuchota de plus en plus difficilement le philosophe. Montre moi que tu n'es...Pas faible...Pas comme...

- CChhutt. Souffla l'Assassin, hoquetant à cause de ses sanglots, tout en posant son index sur les lèvres de son ami. Ne te fais pas du mal.

Le regard de Machiavelli se fixa alors à celui d'Ezio, comme le bateau de la vie tenterait de jeter l'ancre au port pour ne pas être emporter par les flots mortels. Dans un dernier sursaut d'énergie désespérée, le philosophe leva sa main et serra de toutes ses forces la veste de l'Assassin. Ses yeux semblaient vouloir exprimer des milliers de choses, mais le temps touchait à sa fin. Le sang couvrait maintenant une grande étendue du pavé, et les passants criaient autour d'eux. La Volpe était demeuré au sol, quelques mètres plus loin, choqué. Mais qu'est-ce que cela importait au florentin ?

- Tué alors qu'il me restait tant à faire...

Tels furent les derniers mots de Niccolò Machiavelli : ce dernier, crispé à l'extrême par la douleur, rendit doucement l'âme dans les bras de son ami. Ezio ne s'en rendit compte que lorsque les yeux plongés dans les siens se firent plus vagues, puis lorsque la tête du philosophe bascula lentement pour regarder le ciel.

En temps normaux, l'Assassin aurait déclamé son fidèle "Requiescat in pace", mais l'idée ne lui traversa même pas l'esprit à ce moment. Il se contenta de coller son front contre celui du décédé, tenant ce dernier par le col. La Volpe n'eut pas le cœur de s'interposer. Au contraire, il était brisé par les hurlements du garçon, qui suppliait à qui pourrait lui rendre son ami.


Les obsèques de Niccolò Machiavelli furent extrêmement simples, à l'image de l'homme qui venait de perdre la vie. Une dizaine d'Assassins, dont Ezio, assistèrent au dernier hommage rendu à l'un des piliers de la Confrérie. Cette présence de ses confrères énerva particulièrement le florentin, qui ne comprenait pas ce qu'il qualifiait d'hypocrisie. Ces hommes n'avaient-il pas cru à la culpabilité de Machiavelli ?! Au moins, La Volpe avait eu la décence de ne pas apparaître. Le voleur avait été radié de la Confrérie, bien que sa vie lui fut laissée : et pour cause, son triste assassinat n'était du qu'à une méprise, et non à une réelle cruauté. Il fut donc frappé d'exil, mais non de mort.

Heureusement que ce fourbe a quitté Rome, songea le florentin, ou je l'aurais égorgé sur le champ.

Tous les membres de cette société secrète avaient cerné l'ampleur du décès de Machiavelli sur l'esprit de leur mentor ; raison pour laquelle personne n'osa aborder Ezio durant l'enterrement, ni même après. Les Assassins se contentèrent de jeter quelques fleurs sur le cercueil descendu en terre, puis récitèrent quelques prières avant de laisser leur supérieur en paix.

La pluie s'était mise à tomber à grosses gouttes sur la capuche du florentin, mais ce dernier ne bougeait pas. Demeurant ainsi, droit comme un pique, face au sinistre trou, Ezio semblait attendre patiemment que son vieil ami daigne bien se relever. Mais rien ne se passa, et une profonde déception put se lire sur le visage de l'Assassin. Un long silence dura encore avant qu'un brusque accès de colère ne vienne faire s'envoler les oiseaux dans les arbres adjacents.

- Je te hais, Machiavelli ! Je te hais !

Ces cris, c'était le florentin qui les poussait de toute la force de sa voix. Accompagnés de grands gestes violents qui tranchaient avec l'habituel flegme de l'Assassin.

- Sombre idiot ! Criait-il, son visage prenant une couleur pourpre inquiétante. Tu ne vaux pas plus que toute cette plèbe que tu méprises tant ! Imbécile, lâche, pleutre ! Tu m'entends ?! Qui t'a donné l'autorisation de nous faucher la route ?! As-tu songé un instant à ce que ta mort nous ferrait ?! A ce qu'elle me ferrait, à moi ?!

La pluie battante couvrait maintenant presque la voix de l'Assassin, qui ne cessait pourtant d'invectiver son ami, comme si cela allait changer quelque chose.

D'un coup de pieds rageur, Ezio envoya valser une motte de terre qui vint s'écraser sur le fleur décorant le cercueil, puis tourna les talons. Il lui fallut quelques instants avant de réaliser que le goût métallique qu'il avait dans la bouche était du sang, sûrement l'effet de la morsure qu'il exerçait contre l'intérieur de sa bouche pour empêcher ses émotions de prendre le dessus.


Et puis finalement, tout s'était arrangé au plus grand bonheur d'Ezio Auditore.

Niccolò Machiavelli se tenait là, devant lui, droit comme un piquet avec ses mains jointes dans son dos, ainsi qu'il en avait l'habitude. A sa vue, notre héros ne put retenir le large sourire qui vint fleurir sur ses lèvres. Il voulut s'élancer vers son ami pour l'étreindre et lui dire combien il lui avait manqué, mais ses jambes ne parvenaient pas à se mouvoir. Ezio ne s'en préoccupa guère outre mesure : puisque le philosophe était de retour, rien d'autre n'avait réellement d'importance !

Notre héros ne se formalisa qu'au moment où lui apparut aussi l'image de son père Giovanni, ainsi que celle de ses frères Frederico et Petruccio.

- Comment...Comment est-ce possible ? Bafouilla le fils Auditore en cherchant une réponse dans les yeux de Machiavelli.

Mais ce dernier demeurait insensiblement hermétique et ne semblait même pas se soucier de la présence de son collègue assassin. Les trois fantômes, quant à eux, souriaient au dernier garçon de leur famille : les deux plus jeunes d'un air amusé tandis que Giovanni semblait confiant et serein. Ezio prit cela comme un assentiment, trop heureux de se retrouver face à ceux qu'il aimait, prit son courage à deux mains :

- Machiavelli, je dois te parler. Commença t-il, et alors, ce ne fut plus le maitre Assassin qui parlait, mais un grand adolescent. Je...

Ce fut le moment que choisit la conscience d'Ezio pour revenir au galop, effaçant brusquement toute cette vision onirique tandis que le pauvre endeuillé rouvrait brusquement les yeux. Imaginaire, irréel, factice...Autant de mots qui traversèrent l'esprit du garçon avec amertume et dégoût. Se retournant dans son lit pour enfouir sa tête dans l'oreiller, Ezio soupira profondément. Il n'en voulait plus au philosophe de lui avoir fausser chemin car après tout, ce n'était pas lui qui en avait décidé ainsi. Mais cela ne l'empêchait pas de penser à lui tout le jour, et de rêver de lui chaque nuit.

"Ne te lamente pas ainsi, aurait râlé Machiavelli d'un air désespéré, tu ressembles à un pauvre d'esprit comme ça"

- Facile à dire, l'ami. Répondit à haute voix le deuxième. Mais si tu étais un brillant philosophe, un esprit merveilleux et un homme exceptionnel, ce n'est pas mon cas. Je suis juste le survivant de nous deux, et c'est déjà beaucoup trop.

Ezio ne ferma pas un œil jusqu'à l'aurore, les pensées entièrement tournées vers ses tristes souvenirs de son défunt compagnon. Il avait longuement pleuré, bien sûr, mais n'en avait plus la force ce soir. Il se contenta donc de ruminer ses idées noires, pensant à ce qu'allait être son futur.


Lorsque Leonardo Da Vinci fit l'effort de rendre visite à son vieil ami Ezio, cela faisait maintenant un an que ce dernier s'était installé dans une petite maison de la province romaine que lui avait fourni la Confrérie en guise de cadeau d'adieu.

Les herbes folles avaient bien tenté d'attaquer la tombe du philosophe ces derniers mois, mais c'était sans compter le soin des Assassins restants pour conserver la dernière relique d'un de leurs mentors. Ezio, lui, ne s'était pas rendu sur la tombe depuis les obsèques de son ami. Cela l'intéressait assez peu : une vulgaire pierre n'était pas le grand homme qu'il avait adoré, et ne le serait jamais.

L'homme que retrouva Leonardo semblait avoir pris dix ans d'âge en à peine douze mois. L'ancien Assassin n'avait pas perdu de son charme d'autant, mais ne mettait plus aucun soin à le conserver, ainsi qu'en témoignait une barbe peu entretenue et quelques kilos en trop. Le peintre tenta bien de le faire sortir un petit peu, inquiet par le teint livide de son ami, mais rien y fit. Ezio passait ses journées assis près du feu, à contempler le paysage qui s'offrait à lui par sa fenêtre sale.

- Le monde l'oubliera. Avoua t-il soudain tristement, sans même préciser qui était l'individu en question. Le monde oublie toujours les meilleurs.

Leonardo ne put que hocher vaguement la tête, ne sachant pas trop quoi dire pour réconforter son ami.

- Avant de me quitter, il m'avait témoigné son regret de partir alors qu'il lui restait tant à faire. Continua l'homme précocement vieilli. Il était si intelligent, il avait encore tant à créer...

Lorsqu'il quitta son compagnon, Leonardo était la mort dans l'âme. Cette impression d'échec cuisant face à une ombre que l'on ne parvient pas à ramener chez les vivants. Mais lui, Ezio Auditore, se semblait soudain revivre. Oui, il savait. Il savait ce qu'il lui restait à faire pour que tout soit complet et trouve enfin un sens.

S'assoyant à un pauvre et vieux bureau, le florentin se saisit d'un parchemin et de sa plus jolie plume. Respirant profondément et avec un semblant d'hésitation, il finit tout de même par tracer lentement et avec précaution le début de ce qui allait être un long travail :

Le Prince


Voilà pour aujourd'hui ! J'espère revenir assez vite sur ma fic principale (Le dernier secret d'Haytham Kenway), mais je voulais vous proposer cela pour combler l'attente.

Toutes les reviews sont les bienvenues.

XXX