La pluie
tombait drue sur le petit village de Homley, de grands éclairs
venaient zébrer le ciel de velours a une fréquence hors
du commun ; Les vieux du village avait prévu la tempête
le matin même! Mais malgré les conseils de sécurité,
une jeune fille marchait entre les herbes folles d'un sous bois.
Les feuillages des chaînes centenaires l'abritant a peu prés
de la tempête.
Les mains enfoncées dans les poches du
tablier de sa robe elle avançait sans tenir compte des
branches basses qui lui écorchaient le visage, striant ses
joues de sillons rouges.
Elle marchait depuis longtemps sous la
pluie battante, elle voulait trouver cet endroit, retrouver cet
endroit qui fut le sien si longtemps…son jardin secret !
Elle
déboucha finalement sur une petite clairière. Un arbre
unique se dressait en son centre.
Prise d'un doute devant
l'endroit a découvert, elle ne bougeait pas, sa silhouette
aussi immobile que les troncs qui l'entouraient.
Un flot de
souvenirs l'envahit à la vue de ce lieu qu'elle
connaissait bien. Elle se revoyait, enfant, faire de la balançoire
sur ce même arbre, ses parents pic-niquant sur l'herbe
verte…ses parents…la maladie…la peste…la mort…ces mots
surgirent dans son esprit, de nouvelles larmes roulèrent sur
ces joues.
Elle avança finalement jusqu'au centre de la
clairière. Un vent violent s'engouffrait dans ses épais
cheveux roux les faisant virevolter tout autour de son visage blanc
comme la craie.
Elle frissonnait, Ses yeux rougis cherchaient
quelque chose dans l'épais branchage du platane. Finalement
ses doigts s'agrippèrent à une vielle corde, elle
tira dessus avec rage, arrachant plusieurs branches par la même
occasion ce qui libéra une planche de bois couverte de mousse,
sa balançoire ! Elle était toujours la !
Elle monta
rapidement dessus, les yeux fermés, se laissant submerger par
le bonheur éphémère que lui procurait de revenir
ici, de sentir les gouttes de pluie s'écraser sur sa peau,
le vent glacé lui mordre les poumons, écouter le
silence épais de la forêt que seul les éclairs
osait troubler.
Elle se balançait aussi haut que le
permettais les cordes usées, laissant l'appoint de ses
bottines traîner dans la boue. Quand un bruit léger se
fit entendre, la jeune fille cessa immédiatement de
respirer…les oreilles tendues, elle fouillait la forêt sombre
du regard.
Rien, elle ne vit rien. La jeune femme détourna
la tête quand son regard tomba sur un homme, elle réprima
un cri, celui-ci était courbé en deux une main sur le
tronc du platane l'autre sur les yeux, il respirait bruyamment, ses
lèvres sanguines remuaient rapidement comme s'il parlait a
une vitesse surréaliste.
L'adolescente se leva d'un
bond, se dirigeant vers le jeune homme pour lui venir en aide.
Une
fois près de lui une odeur merveilleuse lui pris la gorge,
elle se retint pour ne pas enfouir son visage dans les cheveux
cuivrés de l'inconnu pour mieux respirer son parfum.
Elle
posa une main sur son épaule, ce qui déclencha un
tressaillement chez l'étranger. Elle fit un pas en arrière.
Il levait vers elle son visage tendu mais non moins parfait. Ses
traits fin empreint de gravité étaient a couper le
souffle, son nez droit et aquilin se terminait sur une bouche longue
et fine dans une mâchoire étroite.
La jeune fille
n'en croyait pas ses yeux : autant de beauté était
inimaginable ! Mais la chose qu'elle ne remarquait pas de suite
furent ses yeux…deux yeux rouges, tirants sur le noir, qui la
fixait.
Une fois le premier choque passé elle fit un
deuxième pas en arrière, l'inconnue tendait une main
vers elle le regard toujours rivé sur elle, prise de panique
elle fit volte face et se mit a courir a toutes jambes dans les
profondeurs du bois, elle ne savait pas pourquoi exactement elle
fuyait…elle s'était sentie en danger,
inexplicablement.
Derrière elle un cri effroyable se fit
entendre, son instinct ne l'avait pas trompée. Elle était
bel et bien en danger. Elle soulevas ses jupes et dans un élan
d'adrénaline se mit à courir plus vite encore !
C'est
lorsqu'elle se crut hors de danger que l'inconnu se retrouvas
devant elle, a quelques centimètres de son visage, «
c'est impossible ! » Se dit elle pleine d'effroi, aucun
être humain ne pourrait être aussi rapide…
Elle
reculait précipitamment, se collait contre un arbre, essayant
de ne pas se laisser déstabiliser par la beauté hors
norme du prédateur. Celui-ci, les poings serrés,
avançait lentement vers elle. Il murmurait des paroles
incompréhensibles donnant l'impression de mener un combat
intérieur.
La jeune femme sentait sa fin arriver quand
l'homme se retrouvas à quelques centimètres de son
visage, son cœur s'emballa dans sa poitrine.
L'inconnue
respirait de plus en plus fort, il enfouit soudain son visage dans le
cou de l'adolescente, humant sa peau tiède qui frémit
au contacte du visage d'albâtre.
Dans un dernier mouvement
elle enlaça le garçon de ses bras ; au même
moment où celui-ci plantait ses deux canines dans la jugulaire
de sa victime.
Quand il sentit que le cœur avait cessait de
battre et que le sang ne coulait plus dans ses veines il s'effondrait
sur le sol détrempé, sa victime toujours dans les
bras.
Comme il aurait voulut pouvoir pleurer à ce moment
là, sentir les larmes brûlantes lui piquer les yeux…
mais rien ne vint…il avait été faible…il avait cédé
à la soif…a ces pulsions…
Enfin il relâchait le
corps, le déposait sur la terre humide ; il jetas un dernier
regard au corps qui quelques instant plus tôt était
plein de vie…il observas longuement le visage pâle de sa
jeune victime…qu'elle était belle…qu'il était
laid dans sa monstruosité…
Sa silhouette disparut dans
les fourrées alors que celle qui s'appelait Clémence
se faisait peu a peu recouvrir par la pluie qui avait fini par se
transformer en neige.
