Loki, Prince d'Asgard

Titre : Loki, Prince d'Asgard
Auteur : Green Absynthe

Notes : Ma première fiction sur l'univers de Thor, que j'ai découvert il y a quelques semaines. Il est question du passé de Loki, avant les évènements du premier film. J'espère ne pas m'éloigner du caractère des personnages, donc n'hésitez pas à me dire si jamais c'est le cas !

Les personnages et l'univers de Thor appartiennent à leurs auteurs respectifs.

Chapitre 1

Frigga guettait anxieusement le Bifröst par lequel arriverait Odin, roi d'Asgard, d'un moment à l'autre. De temps en temps, elle regardait vers le berceau où dormait paisiblement son fils d'à peine un an. Le petit Thor ignorait tout de l'angoisse du royaume qui attendait son roi, et de la peine de sa mère qui, d'une main, soutenait son ventre légèrement arrondi par une grossesse inachevée. La guerre n'était pas propice à une naissance, et bien qu'elle fût la reine, elle n'était pas moins une femme. C'était avec tristesse qu'elle avait saigné voici trois jours. Personne ne le savait, une reine ne se confiait pas sur son état. Et puis, afficher une grossesse n'était pas dans les coutumes d'Asgard, on ne pouvait pas dire que cet état affaiblissant une femme était valorisé. Une femme d'Asgard est une guerrière avant d'être une mère ou une épouse. Ainsi, pour la naissance de Thor, la cour n'avait appris la grossesse de la reine qu'au moment de son accouchement.

Un bruit sourd retentit dans la ville faisant battre le cœur de la reine à la chamade. Odin revenait, vivant. Frigga en oublia sa peine tellement elle fut soulagée de voir le roi victorieux sur son cheval. Car elle ne doutait pas de la victoire de son mari. Elle mourrait d'envie de courir dans tout le palais pour le retrouver, mais une reine n'agissait pas ainsi. Elle attendrait que son roi vienne la retrouver dans ses appartements, elle ne doutait pas qu'elle serait la première personne à qui il rendra visite une fois libéré de ses fonctions royales. Elle s'éloigna de la fenêtre, ses robes amples volant sous ses pas, pour s'assoir avec élégance près du berceau de Thor qui avait ouvert des yeux curieux face aux bruits nocturnes agitant le palais. La reine, tout en souriant, caressa les cheveux dorés de son premier né en murmurant des mots doux.

Les pas d'Odin se firent entendre plus tôt que prévu. Frigga fronça les sourcils et se leva, prête à accueillir son époux. Elle fut surprise de constater qu'il n'avait pas pris le temps de changer ni de soigner sa vilaine blessure au visage et qu'il gardait sa lourde cape contre lui. Elle comprit pourquoi lorsqu'il écarta son vêtement laissant apparaitre un nouveau-né qu'il tenait d'une main contre son cœur à la chaleur de ses épais vêtements de cuirs. La reine n'eut le temps d'ouvrir la bouche que le roi déclara:

« Beaucoup d'enfants Jotun sont morts pendant les batailles, mais celui-ci est le dernier fils de Laufey. Il est beaucoup trop petit pour son espèce, il ne pourrait survivre avec le reste des siens, d'autant plus qu'ils l'ont abandonné.

- Il ne ressemble pas à un Jotun. Sa peau devrait être bleue et striée, constata la reine sans oser s'approcher du nouveau-né.

- La magie, ma reine. J'ai scellé son apparence pour qu'il ressemble à n'importe quel Asgardien, répondit le roi, en regardant le petit Jotun se réveiller doucement.

- Vous souhaitez garder à Asgard le fils de votre ennemi? Interrogea Frigga, septique. Pourtant, même si elle s'efforçait de garder ses distances, la vue du petit corps qui se débattait dans les bras musclés du roi l'attendrissait et lui rappela sa perte.

- Nous n'avons pas seulement défait un roi Jotun, commença Odin. Nous avons presque réduit à néant un peuple. Je ne pouvais me résoudre à laisser enfant mourir devant mes yeux alors que je pouvais le sauver. »

Sans un mot, Frigga s'approcha enfin et tendit les bras pour récupérer l'enfant. Dans son berceau, Thor s'agitait un peu mais elle le laissa pour faire connaissance avec son nouveau fils. Le bébé était frêle et ne devait pas avoir plus d'une semaine. Pourtant, ses yeux verts étaient déjà grands ouverts et ne s'étonnaient pas du changement de bras soudain. Contrairement à Thor qui avait passé les premières semaines de sa vie à n'être éveillé que pour manger ou pleurer, le Jotun était calme et silencieux remuant à peine ses petits bras.

« Pourrait-il survivre ici, au moins? Questionna Frigga, effrayée à l'idée de s'attacher au petit puis qu'il disparaisse.

- Je l'ignore. Je ne sais pas s'il nous sera possible de le nourrir de la même façon que les enfants d'Asgard, avoua le Roi.

- Si nous ne pouvons lui offrir la vie, nous lui offrirons une belle mort, entouré d'amour. N'est-ce pas Loki, prince d'Asgard? »

« Non seulement notre reine nous a caché sa grossesse, mais en plus elle a accouché seule pour faire cette belle surprise au roi pour son retour. Un second fils, le Prince Loki… »

Voilà les bruits qui se répandaient dans le royaume, et Frigga n'était pas peu satisfaite. Il aurait été difficile de faire croire que Loki était son fils biologique sans ce mensonge qui, heureusement, était fort bien passé. On disait que par fierté, mais aussi pour ne pas réclamer trop d'attention en temps de guerre, elle avait préféré garder le silence. Ce n'était pas faux en soi, c'est probablement ce qu'elle aurait fait si sa grossesse avait été menée à terme. Cependant, elle doutait de son courage quant à accoucher sans aide. Elle se souvenait encore avec effroi de la douleur lorsque Thor était venu au monde, et même son amour pour lui ne pouvait effacer ce souvenir. Mais elle souffrait tout de même en se disant qu'elle n'avait pas porté Loki en son sein, qu'elle ne pouvait le nourrir elle-même et devait recourir à une nourrice. Ce n'était pas étonnant en tant que reine, et personne ne s'étonnait qu'elle délègue cela à une domestique, mais elle avait le sentiment qu'elle ne pourrait jamais offrir autant qu'elle le souhaitait à ce petit prince orphelin. Malgré le fait qu'elle l'aime déjà, elle ne se sentait pas encore comme étant sa mère. Contrairement à Thor, elle ne l'avait pas senti grandir en elle, manifester sa présence… Non, il était arrivé dans sa vie brusquement, sans qu'elle puisse s'y préparer.

Comme si l'enfant se doutait du désarroi de sa mère adoptive, il se faisait silencieux et réclamait peu d'attention. Quand il ne dormait pas, il restait calmement dans son berceau, les yeux ouverts, bougeant son petit corps de temps à autre. Mais en à peine quelques semaines, Frigga l'avait compris. Elle reconnaissait ses gazouillis, savait que lorsqu'il couinait plaintivement, c'est qu'il était temps de manger. Parfois, alors même qu'elle savait que le lait destiné à Thor n'était pas assez nutritif pour le nouveau-né qu'était Loki, elle le laissait boire à son sein, juste assez pour calmer l'enfant jusqu'à l'arrivée de la nourrice. Elle aimait ce moment et s'étonnait à chaque fois de la froideur du petit corps. Elle avait bien tenté de doubler ses couvertures mais les cris du petit avait confirmé sa théorie : Loki ne craignait pas le froid, mais supportait mal la chaleur.

Ce petit être lui prenait beaucoup de temps, mais elle ne délaissait pas pour autant son ainé qui étant encore jeune, nécessitait encore son attention. Thor ne comprenait pas cette arrivée soudaine de son frère, mais Frigga savait qu'il était trop jeune. Pourtant, il ne montrait aucune hostilité envers ce petit être qui lui prenait sa mère. Il se contentait de le regarder avec des yeux ronds quand il était dans les bras de sa mère. Frigga parlait à Thor, elle lui expliquait que Loki était son petit frère et qu'il faudra le protéger quand il sera un peu plus grand. Thor répondait par des gazouillis qui n'avaient aucun sens, faisant rire Frigga, réveillant Loki.

Il n'y avait qu'une chose qui contrariait Frigga : la distance d'Odin par rapport à ce fils qu'il avait ramené. C'était comme s'il se refusait de l'aimer, une culpabilité d'avoir presque éteint l'espèce des Jotun, et de leur avoir ravi leur dernier prince. Quelque part, Odin ne pouvait oublier que Loki était le fils de son ennemi, même si Frigga l'implorait de lui montrer autant d'attention qu'à Thor et de ne pas le laisser de côté, tout en lui rappelant qu'il avait le temps de s'attacher au petit. Pour le moment, il était trop jeune pour se rendre compte de la différence que faisait Odin entre Thor et lui. Mais quand Odin regardait Loki, le souvenir de la peau bleutée et du froid le faisait frémir. Parfois, il regrettait de ne pas l'avoir laissé à Jotunheim. Non pas qu'il souhaitait la mort de Loki, mais en réalité, il en avait peur. Un mauvais pressentiment s'insinuait en lui, lui faisant présager le pire concernant cet étranger d'Asgard. Même s'il l'élevait en tant que fils, il restait un Jotun déguisé, et sa vraie nature referait forcément surface un jour, même s'il savait que son sort pour la dissimuler était puissant. Loki pourrait-il vivre pour l'éternité avec ce mensonge ? Rien n'était moins sûr.

Des mois plus tard, alors que Frigga était occupée à nourrir Thor, Loki se mit à pleurer sans raison. La reine regarda avec inquiétude vers le berceau mais ne voulait pas interrompre le repas de son ainé pour quelques pleurs. Elle savait qu'un bébé pleurait souvent mais c'était tellement rare de la part du petit Loki ! C'est alors qu'Odin, profitant jusque-là de la douceur printanière sur la terrasse de leurs appartements, revint dans la chambre l'air contrarié. Frigga fut un instant consternée par l'agacement de son roi à l'égard du petit mais se rendit compte de sa méprise lorsqu'Odin prit délicatement Loki dans ses bras et le berça doucement.

« Ne pleure pas fils. Les guerriers ne pleurent pas, » dit-il simplement.

Mais Loki, qui n'avait connu les bras du roi qu'une fois pleura plus fort, les cris faisant rougir sa peau trop pâle. Frigga craignit un instant qu'Odin se fâche et délaisse une nouvelle fois l'enfant au lieu de le rassurer. Mais il n'en fit rien. Il observa Loki gesticuler et pousser ses cris. Odin comprit la crainte du petit dans ses bras puissants. Peut-être se rendait-il compte qu'il était le meurtrier de sa famille naturelle. Peut-être sentait-il qu'il ne serait jamais son vrai fils à ses yeux même s'il faisait semblant. Et Loki pleurait, hurlait. Odin continuait à le bercer distraitement, comme s'il n'entendait plus les plaintes. Frigga elle, le laissa faire même si Thor avait terminé de boire et regardait les larmes aux yeux son petit frère qu'il n'aimait pas voir pleurer.

« Ne pleure pas fils. Tu n'as rien à craindre, » répéta-t-il alors avant d'essuyer d'un doigt les larmes du bébé. Et il reposa Loki dans son berceau puis quitta la pièce sans un autre mot.
Frigga esquissa un sourire, heureuse de constater l'effort du roi pour enfin accepter son fils adoptif.

« C'est douloureux ? demanda doucement Frigga en passant ses doigts sur la joue gonflée de Loki.

L'adolescent se dégagea, vexé et blessé dans son amour propre.

- Non, » mentit-il.

Loki, le parfait menteur. Frigga connaissait sa nature et ses fourberies. Il mentait sur tout et n'importe quoi, parfois même par pur plaisir. Mais cette fois-ci, Frigga savait qu'il mentait par fierté. Loki n'était pas un bon combattant, et chaque entrainement avec Thor et ses amis se terminaient par des blessures pour le jeune prince. Pourtant, Loki ne se résignait jamais, il voulait tellement suivre son frère et rendre son père fier qu'il s'acharnait dans une voie qui n'était pas sienne. Lui qui était tellement doué en magie ! Chacun de ses sorts était un succès alors Frigga pensait parfois que c'était un réel gâchis de le voir se blesser de la sorte.

Mais Loki était fier et voulait prouver qu'il pouvait être aussi fort de Thor. Malheureusement, le pauvre enfant se voilait la face : le fils ainé était inégalable physiquement. A dix-sept ans, Thor avait déjà la carrure d'un guerrier alors que Loki, fin et longiligne, paraissait être sur le point de se briser à chaque coup. Mais ce qui blessait le plus le jeune prince, ce n'était pas les ecchymoses, mais les paroles blessantes des amis de Thor devant ses échecs. Et son frère qui se sentait coincé, riant parfois tout en réprimandant ses amis, mais sans jamais clairement prendre la défense de Loki.

Le prince blessé se leva de son lit et lança un regard noir à sa mère qui, comme les autres, le pensait faible au point de venir lui rendre visite avant le coucher.

« Loki, ta force est ailleurs, » tenta la reine, mais déjà il n'écoutait plus. Marchant vers la terrasse, il n'aspirait qu'à sentir le froid mordant sur sa peau. Il aimait toujours le froid, rappelant à Frigga la vraie nature de son fils. Elle l'y rejoint alors et s'assit à même le sol, imitant son fils. Alors que Loki avait l'air tout à son aise, la reine frissonnait, elle aurait presque juré voir la peau de l'adolescent devenir bleue quelques instants. Ou était-ce simplement les ténèbres de la nuit ?

« Tu sais, Thor m'a demandé l'autre jour de lui apprendre un sort, avança-t-elle. Et comme prévu, à la mention de son frère, Loki montra un léger signe d'intérêt en basculant son visage vers Frigga.

- Quel sort ? demanda alors le jeune prince.

- Il trouvait impressionnant que tu puisses allumer des feux si facilement avec seulement tes mains, expliqua-elle en souriant.

Loki répondit au sourire, et Frigga fut soulagée que ses paroles parviennent encore à l'apaiser un peu.

- Et ? S'enquit Loki.
- Ce n'était pas très concluant. Thor possède une force brute mais n'a pas la même sensibilité que toi pour la magie. Ce que je veux te dire Loki, c'est que certes, tu n'égaleras jamais Thor au combat, mais il ne t'égalera jamais en magie. Vous vous complétez, en quelque sorte.

- Personne ne maîtrise le sort du feu en un essai, fit Loki, réaliste. Avec de l'entraînement, il y arrivera aussi bien que moi.

- Non, parce qu'il n'y aura pas d'entraînement Loki, déclara Frigga. Je lui ai dit que je ne pouvais lui apprendre la magie car il n'avait pas les capacités pour. Cet apprentissage serait une perte de temps alors qu'il n'a que peu de disposition pour la magie. »

Pour la première fois de la soirée, Loki afficha un sourire heureux et sincère. Et Frigga se sentit coupable de son mensonge. Elle n'avait en fait jamais refusé à son ainé la magie, c'était Thor qui, agacé par la lenteur de l'apprentissage n'avait pas voulu poursuivre. Mais un mensonge pouvait être bénéfique, pensa-elle en voyant son cadet radieux, fier de surpasser son frère dans un domaine. Et cela comblait la reine. Elle se sentait proche de Loki autant que Thor lui échappait. Bien qu'ils n'aient qu'un an d'écart, elle avait le sentiment que Loki restait son bébé alors que Thor, le fils de son père, grandissait de jour en jour.

« Mère, vous avez froid, constata le jeune prince en regardant la reine trembler. Vous devriez vous mettre au chaud.

- Montre-moi plutôt ce que tu sais faire, » fit doucement Frigga en passant sa main dans les cheveux soyeux de son fils. Elle songea qu'il était peut-être trop âgé pour recevoir autant de affection maternelle, surtout que c'était le genre de geste qu'elle ne se permettait plus avec Thor. Mais Loki était si fragile et malgré ses protestations, elle sentait au fond qu'il avait cruellement besoin d'attention et de tendresse. Thor, en adolescent orgueilleux, cherchait déjà la compagnie des jeunes filles, surtout celle de la belle Sif mais elle ne parvenait pas une seconde à imaginer Loki de la même façon. Etait-elle aveuglée par son amour ? Elle aimait Thor tout autant, et pourtant elle ne se voilait pas la face. Il était comme son mari, fier, volage et parfois vaniteux. Loki, lui, ne ressemblerait jamais à l'un d'entre eux, mais son calme et sa discrétion apaisait la reine.

Le jeune prince fit apparaitre dans ses mains des flammes, d'abord discrètes puis de plus en plus intenses. Frigga les testa en passant ses mains dessus et constatant avec satisfaction qu'il s'agissait d'un vrai feu.

« Je suis fière de toi, mon prince, » souffla Frigga en joignant ses mains à celle de son fils.

« A Thor, Prince d'Asgard qui, une fois de plus a remporté le tournoi de lutte ! » Scanda Volstagg en brandissant au-dessus de sa tête sa choppe dégoulinante d'hydromel.

Tous se joignirent à lui, et Loki fit l'effort de suivre. Il n'était pas mécontent de la victoire de son frère, de toute manière, cela faisait bien longtemps qu'il ne participait plus à ces compétitions qui l'opposaient à Thor ! Il ne voulait subir l'écrasante humiliation d'être défait par son frère en une manche. Mais à vingt ans, Loki n'avait pourtant pas renoncé à égaler son frère mais avait compris grâce à sa mère qu'il y avait d'autres domaines dans lesquels il pouvait exceller.

Les choppes s'enchainaient, et l'ivresse s'emparait d'un grand nombre de convives. Thor, lassé des blagues du Trio Palatin vint s'assoir à côté de Loki qui comme habituellement buvait seul. Il passa son bras autour de lui maladroitement, son haleine puant l'alcool.

« Je suis content que tu sois resté, mon frère ! Fit Thor joyeusement.

- Tu as mérité ta victoire, » complimenta Loki poliment. En réalité, le jeune prince était toujours mal à l'aise devant les effusions d'amour de son frère ainé. Les seuls contacts physiques qu'il tolérait encore étaient ceux de sa mère.

« Vous avez entendu ça ? Thor méritait sa victoire ! Un combat ne se gagne pas au mérite, mais à la force ! Mais Loki tu ne peux pas comprendre ça ! Railla Volstagg, provoquant l'hilarité de Fandral, pourtant occupé dans les bras d'une brunette.

- Laisse-le tranquille, mon ami, demanda Thor entre deux gorgées d'hydromel.

Pourquoi, lorsque Loki s'efforçait de ne pas avoir la langue acérée contre son frère, cela devenait source de moquerie ?

- Ne t'en fais pas Thor. Quand on a, comme Volstagg, une intelligence limitée, il est normal de ne miser que sur la force, répliqua Loki avant de terminer sa choppe. Fandral, lui, parut s'étouffer de rire, même Hogun, connut pour sa discrétion s'autorisa un sourire moqueur.

- Ne sois pas méchant Loki, réprimanda Thor, le sourire aux lèvres. Volstagg, c'est bien fait pour toi ! »

Le guerrier se mit à rire à son tour, ivre, il vanta même la langue d'argent de Loki. Thor quitta alors son frère pour aller vers Sif. Loki soupçonnait Thor de la courtiser mais la jeune femme s'était jusque-là montrée peu réceptive. Elle était assise, droite et fière, se refusant de sombrer dans l'ivresse. Elle était belle avec ses cheveux d'or et ses grands yeux en amandes. Mais c'était aussi une redoutable guerrière dont Loki avait maintes fois fait les frais lors d'entrainements. Le prince s'amusait de voir les tentatives de Thor pour lui arracher un sourire, mais elle paraissait plutôt dérangée et ennuyée. A côté, Fandral continuait de bécoter sa jolie brune, dévorant sa bouche entre deux rires. Ecœuré par cette ostentation, il détourna le regard. Comment pouvait-on se donner ainsi en public ?

Il fut alors rejoint par Volstagg, qui à l'instar de Thor, passa un bras autour de lui. Il était complètement ivre.

« Loki, mon ami, commença le guerrier avant de faire une pause, cherchant ses mots. Un homme, une femme, c'est l'accouplement. Et l'accouplement, c'est bon ! Soit pas dégouté ! »

Les rires fusèrent dans la pièce, et Loki, lui aussi alcoolisé, ne put s'empêcher de ricaner. Volstagg n'était qu'un animal pour parler ainsi.

« Si tu veux, chuchota Volstagg assez fort pour que la moitié de la salle l'entende. Je peux t'en trouver une mignonne et expérimentée.

- Non merci, fit Loki en s'éloignant. Il sentait que la plaisanterie allait dévier de façon pas très agréable. Et cela ne manqua pas.

- On peut aussi lui trouver un guerrier grand et fort ! fit un autre, que Loki ne put identifier.

La colère commença à envahir le prince. Les insinuations quant à sa sexualité n'étaient pas rares. Après tout, sans y être médiocre, il n'avait aucun gout pour les combats et il pratiquait la magie, art réputé pour être plutôt féminin.

- Je parie qu'il préfère encore les jupons de sa mère, » trancha la voix de Sif.

Loki resta de marbre même si, une nouvelle fois on riait de lui. Il fixa Sif mais déjà, elle avait entamé une nouvelle discussion avec Thor. Son regard passa vers son frère qui effleurait de ses doigts la chevelure dorée de la déesse. L'ainé avait-il seulement fait attention à la méchanceté de Sif ? Le brouhaha dans la salle ne permettait pas d'affirmer, mais pourtant, Loki sentit sa rage gonfler contre son frère, peut-être bien plus violente que celle visant Sif. Oh, il avait un panel de répliques à lancer à la déesse mais il avait déjà sa vengeance en tête. Sif allait regretter d'avoir mentionné sa mère de cette façon. Et un sourire mauvais se formait déjà sur les lèvres du Prince qui jubilait.

Loki riait tandis que Thor, fou de rage était retenu par ses amis pour ne pas aller frapper son frère.

« Loki, je te jure que si tu ne répares pas ce que tu as fait…. Menaça Thor.

- Je ne vois pas de quoi tu parles, mon frère ! mentit Loki, en un sourire dévoilant ses dents.

- Tu le sais très bien ! Sif, ses cheveux ! Tu les as coupé !

- Des cheveux ? Mais les cheveux, ça repousse non ? Nargua le cadet.

- Tu sais aussi bien que moi que la chevelure de Sif est magique. Elle a perdu l'or de ses cheveux pour devenir…

- Comme ça ? fit Loki en montrant du doigt sa chevelure noire. Si tu aimes vraiment ta guerrière, peu importe sa couleur de cheveux, non ? »

Loki adorait ça. Il adorait voir le désarroi de son frère sur quelque chose qu'il ne pouvait comprendre. Loki avait pris un réel plaisir à saccager la belle chevelure de Sif pendant son sommeil. Il lui avait suffi d'un sort pour que son sommeil soit de plomb et d'un couteau. Pourtant, il s'estima assez aimable : il lui avait laissé les cheveux suffisamment longs pour qu'elle ressemble encore à une fille. Mais s'il y avait une chose qu'il ne savait pas, contrairement à ce que pensait Thor, c'était que ses cheveux prendraient définitivement une teinte sombre. Cela faisait partie des belles surprises qui rendaient Loki encore plus heureux.

« Loki… menaça une nouvelle fois Thor.

- Quoi ? As-tu seulement la preuve que c'est moi ? s'indigna Loki. Certes, il était responsable de cela, mais il trouvait particulièrement blessant d'être immédiatement désigné comme coupable alors qu'il n'y avait aucune preuve contre lui. Cela pourrait être l'œuvre d'une de tes admiratrices qui te suivent partout ! » continua le prince.

Il sentit l'hésitation chez Thor. Peut-être avait-il la naïveté de le croire un peu !

« Il fallait forcément de la magie pour qu'elle reste endormie ! Finit par comprendre Thor.

- Oui, mais pas la mienne, » trancha Loki avant de partir, le sourire sur ses lèvres témoignant de sa satisfaction.

La vengeance était si bonne, elle lui procurait bien plus de plaisir que pouvait s'offrir Fandral avec ses conquêtes amoureuses. Il aimait l'ivresse de son cœur qui s'allégeait quand il sentait qu'il avait gagné. Il n'était pas comme Thor, il n'avait pas besoin de gagner devant un public. Non, il préférait l'ombre pour se délecter seul de son triomphe. Il était le plus malin, il était Loki, le Dieu du Mensonge.

« Je ne te demanderai pas si c'est vrai ou non, de toute façon tu ne me l'avoueras pas si c'est le cas. Mais si les accusations de Thor s'avèrent être fondées, tu seras sévèrement puni, Loki, » prévint Frigga, sans aucune douceur dans sa voix. Au fond d'elle, elle savait que Loki était coupable, ce genre d'actes lui ressemblait. Elle ne l'aurait pas avoué, mais sentait qu'il était machiavélique et joueur.

« Ce n'est pas moi, persista-il, mais celui qui a fait cela a ma reconnaissance éternelle, ajouta-t-il, ignorant le regard noir de sa mère.

- Ne sois pas si méchant, Loki, prévint Frigga.

- Parce qu'elle ne le méritait pas peut-être ? »

Frigga savait que son fils ne portait pas Sif dans son cœur et que l'aversion était réciproque. Après tout, ils étaient les opposés : la femme guerrière et l'homme magicien. La force contre la subtilité, le feu et la glace.

« Elle m'a humilié hier, et Thor n'a même pas sourcillé. Il était ensorcelé par elle et ses cheveux d'or. Alors je pense qu'en fait, celui qui a fait ça est un grand ami de Thor, qui cherche à lui ouvrir les yeux sur elle, fit Loki boudeur.

- Que t'a-t-elle dit ? Demanda alors Frigga, maintenant plus inquiète sur les sentiments de son fils que pour la chevelure perdue d'une fille.

- Ce n'est pas important, mentit le jeune homme, détournant le regard. Frigga savait qu'il mentait, comme pour sa part de responsabilité dans la chevelure de Sif.

- Assez pour que tu te réjouisses de sa peine, constata la reine avant de le rejoindre au bord du lit. Tu peux me parler, ajouta-elle, posant une main douce sur la sienne.

- De toute façon, ses amis se moquent sans cesse de moi. Je voulais vraiment faire plaisir à Thor et participer à la fête préparée en honneur. Mais d'une façon ou d'une autre, cela finit par se retourner contre moi. Pourtant, cette fois, je n'ai rien fait, j'ai même ri à certaines de leurs blagues. Mais ils n'en ont jamais assez, mère. C'est comme s'ils se sentaient obligés de me rabaisser pour valoriser Thor. Oh comme Thor et beau, et s'attire les grâces des demoiselles, tandis que Loki, lui, préfère s'agenouiller devant un guerrier quand il n'est pas avec sa mère.

- C'est donc de cela qu'il s'agit ? demanda prudemment Frigga pour ne pas froisser son fils. On s'est moqué de toi parce que ce n'est pas la compagnie des femmes que tu cherches?

Loki lui lança un regard froid.

- Je n'en ai pas besoin. Ça ne veut pas dire que je cherche celle des hommes ! s'indigna le prince, vexé que sa mère puisse une seule seconde accorder un quelconque crédit à ces rumeurs.

- Ce n'est pas ce que j'insinue Loki. C'est juste qu'à cause de mon égoïsme, je t'accapare peut-être sans m'en rendre compte, expliqua-elle, songeuse.

- Ce n'est pas de votre faute s'ils sont stupides, trancha Loki, il sembla moins rageur. Quelque part, l'idée que sa mère cherche à le garder rien que pour elle, lui plaisait assez, bien qu'il n'en ait pas conscience.

- Mais tu as tout de même besoin d'avoir des amis de ton âge, dit-elle sa main serrant désormais celle du jeune homme.

- Je n'ai besoin de personne, affirma-il plus durement qu'il ne l'avait souhaité.

- Pas même de moi ? demanda la reine.

Loki hésita un instant, mais borné, il répondit : Pas même de vous. »

Frigga retira doucement sa main, tâchant de masquer sa peine. Elle connaissait Loki, savait sa fierté et son orgueil qui le poussait à lui mentir, mais pourtant, elle se sentit blessée par ses paroles si dures. Le visage de son fils était figé dans un masque d'indifférence qu'elle savait faux. Il souffrait du peu de considération dont il était l'objet, il souffrait d'être l'ombre de son frère. Mais alors pourquoi, alors qu'elle était son plus grand soutien, s'acharnait-il à la rejeter de la sorte ? Avait-elle failli ? Avait-elle, sans s'en rendre compte, valorisé son fils biologique au détriment de l'adopté ? Non, c'était impossible car Frigga aimait ses deux fils de la même façon, avec le même amour inconditionnel.

« Bien, alors passe une bonne nuit, » fit elle un peu sèchement tout en se levant. Et sans un autre mot, ni aucun des gestes affectueux qu'elle avait coutume de lui donner en guise de bonsoir, elle quitta la chambre. Elle pensait qu'il viendrait s'excuser pour ses dures paroles comme il le faisait à chaque fois, mais cette fois-ci, il ne le fit jamais…

A suivre

Note de fin: je ne sais pas pour vous, mais personnellement, j'aime beaucoup les liens qui unissent Frigga et Loki. Et j'aime penser que Frigga, à l'instar de Loki, a une disposition pour les mensonges, même si les siens ont un but honorable. ^^