Bon, j'ai vraiment beaucoup hésité avant de poster cette fiction et j'espère vraiment qu'elle vous plaira. N'hésitez pas à me le dire si vous n'aimez pas.^^
C'était un soir d'hiver comme il en avait tant vu passer. Il faisait un froid de canard ce jour là, la température largement inférieure à zéro, et il était bien heureux d'être tranquillement à l'abri à son lieu de travail. Bien sûr, à choisir, il aurait préféré rester chez lui devant un bon polar mais on ne pouvait pas tout avoir n'est ce pas? Et puis, d'ici quelques jours, il avait une petite semaine de congé et il comptait bien en profiter comme il se devait, quitte à reprendre le travail avec des cernes de 10 jours sous les yeux. Bref, il n'était pas à plaindre et il essayait de rester le plus souriant possible en ce jour de grand froid.
La porte automatique s'ouvrit une nouvelle fois, laissant entrer un courant d'air frais qui le fit frissonner de la tête aux pieds. Vêtu d'une simple tenue de travail verte et rouge, il n'était pas vraiment couvert. Heureusement que le chauffage marchait à plein régime!
Le nouveau client entra sans leur accorder un seul regard et se dirigea vers le rayon des revues, surement pour lire et se réchauffer un peu avant de reprendre la route a vélo, le vent glacial fouettant sans pitié sur leurs pauvres visages fatigués. Et puis, il fallait bien avouer qu'à Tokyo, le temps n'était pas tout à fait clément ces temps-ci. Soit il pleuvait, soit il ventait ou soit il faisait un froid quasiment insupportable et dans ces cas là, mieux valait rester chez soi. Évidemment, c'était bien plus facile à dire qu'à faire et il ne doutait pas que 90% de la population japonaise aurait préféré se prélasser sur son fauteuil plutôt que de se rendre à un travail ennuyeux et fatiguant au possible. Enfin, pour la plupart...
Tegoshi lui, n'échappait pas à la règle. Il n'aimait pas son boulot mais le paiement du loyer n'était pas une option facultative sur le bail de son appartement et il se devait d'être régulier. Dieu seul savait que la vie était difficile, surtout dans un pays aussi cher que le Japon, et il n'avait aucune envie de finir à la rue, à dormir sous une bâche bleue près d'une voie ferrée. Non, son rêve était plutôt de pouvoir vivre dans une grande maison, avec une famille aimante et un travail relativement bien payé et agréable et il ferait tout son possible pour s'en approcher, ne serait-ce qu'un tout petit peu. Il avait les moyens d'y arriver. Il avait un emploi et c'était déjà merveilleux, il n'allait pas s'en plaindre...
Réprimant le frisson qui le parcouru, il adressa un sourire à son collègue qui dansait d'un pied sur l'autre à ses côtés. Il était déjà 2 heures du matin, et les clients commençaient à se faire plus rares, les laissant quelques peu respirer et s'occuper du rangement des rayons.
Lui adressant un signe de tête, son camarade appelé Koyama ouvrit la petite barrière pour s'occuper du rangement, et Tegoshi entreprit de ranger sa caisse. D'un mouvement souple, il s'agenouilla en soupirant et attrapa quelques sacs plastiques qu'il fit pendre au crochet sous la caisse. Voilà maintenant 1 an et demi qu'il occupait ce poste et qu'il connaissait son rôle par cœur, retranscrivant un petit rituel qu'il suivait toujours scrupuleusement à la lettre. Accueillir les clients, les servir, ranger et préparer sa caisse, nettoyer les rayons... Il connaissait tout sur le bout des doigts, et il laissait souvent ses pensées divaguer pendant ses tâches, sachant pertinemment qu'il ne ferait aucune erreur. Pas comme si il en avait le droit de toute façon...
Calmement, il se releva au moment où la sonnerie de la porte retentit, faisant entrer un nouveau courant d'air froid qui le fit frissonner et grogner de mécontentement. Décidément, il détestait l'hiver.
Avec un sourire, il se tourna vers le nouvel arrivant pour l'accueillir, mais il ne put ouvrir la bouche. Face à lui, un homme brun, légèrement décoiffé et les joues rougis, regardait autour de lui d'un air mécontent. Ses doigts essayaient tant bien que mal d'ôter les gants noirs qu'il portait, mais le froid l'avait quelque peu anesthésié et il dut retenter plusieurs fois sa chance avant de réussir et de les mettre dans sa poche tout en avançant vers le premier rayon. La seule pensée cohérente de Tegoshi à ce moment fut de se dire qu'il était incroyablement beau. Oh ça oui, beau il l'était!
De beaux cheveux bruns qui encerclaient son visage, des yeux sombres et observateurs, un regard hautain et un corps parfait... Non, vraiment, il était beau et semblait même s'en rendre compte, ne prêtant nullement attention au pauvre Tegoshi qui n'esquissait plus un seul geste depuis son arrivée. Debout derrière sa caisse, il le regardait sans ciller, les lèvres légèrement entrouvertes et le regard complètement vide de toute expression. Ailleurs, il le suivit des yeux jusqu'à le perdre de vue, n'apercevant que le haut de sa tête à travers les rayons et il se redressa sur la pointe des pieds pour l'observer.
- Tegoshi-kun?
Son collègue venait de revenir derrière sa caisse et Tegoshi ne lui prêta pas la moindre attention, se concentrant pleinement sur le mystérieux bel homme. Alors qu'il n'avait jamais cru à ce genre de comtes pour jeunes filles en manque d'amour, il venait bel et bien de vivre un véritable coup de foudre. Son cœur s'était emballé à sa simple vue et lui comprimait la poitrine tandis qu'il tentait de ne pas y prêter attention. Les yeux vissés sur le jeune homme, il le vit se diriger vers lui d'un pas rapide, quelques onigiris à la main et il s'empressa de prendre une apparence calme et sûre de lui, tout en se mordillant la lèvre inférieure.
Rapidement, le jeune homme fut prêt de lui et posa ses quelques courses sur le comptoir, avant de plonger une main dans sa poche et d'en sortir un billet de 1000 yen complètement froissé. Avec des gestes mécanique nullement naturels, Tegoshi s'empressa de faire les comptes et c'est avec une voix légèrement rauque qu'il lui annonça la somme qu'il lui devait.
-860 yen... S'il vous plaît.
Sans lever les yeux vers lui, il lui tendit le billet et Tegoshi l'attrapa, en faisant exprès de lui frôler les doigts au passage, ce que ne sembla même pas remarquer l'inconnu. Avec un léger signe de tête, il prit ses affaires et disparu de nouveau dans les rues bruyantes de Shibuya, toujours suivis par le regard observateur de Tegoshi.
A partir de ce jour, l'inconnu vint tout les mardi soirs, vers deux heures de matin pour s'acheter un encas avant de partir. Et toutes les nuits du mardi, Tegoshi l'observait à la dérobée, nullement gêné par l'air interrogateur de Koyama qui aurait bien aimé comprendre. En effet, dés que le bel inconnu passait la porte, plus rien n'existait autour de lui et il se coupait du monde, n'entendait même pas Koyama alors qu'il lui criait presque dans les oreilles pour le réveiller. Bien sûr, il avait tenté de le faire réagir par tout les moyens, mais Tegoshi ne voulait pas l'entendre...
Ses yeux brillaient de milles feux quand il l'apercevait, et chaque fois, il frôlait les doigts du jeune homme en rougissant. Koyama n'était pas dupe. C'était l'évidence même que Tegoshi était tombé amoureux au premier coup d'œil, et Koyama avait vécu un coup de foudre en direct, en constatant aussi les effets secondaires de ce genre de cas. Son collègue arrêtait de vivre dés qu'il le voyait, et il était évident que l'inconnu lui même avait constaté son effet sur lui. Jamais il ne posait les yeux sur lui, mais il adressait très souvent un sourire poli à Koyama tout en s'assurant que Tegoshi s'en rende compte. Pour le faire enrager pour sûr... Lui faire comprendre qu'il n'avait strictement aucune chance et qu'il pouvait d'ores et déjà arrêter de rêver.
De son côté, Koyama se rendait bien compte de tout ça, et il avait décidé d'agir. Son collègue et ami devait être aidé ou cette situation tournerai en rond pendant des mois, voir des années vu que Tegoshi était véritablement accro. Il devait l'aider, et il comptait bien le faire le soir même!
A la caisse, Tegoshi trépignait d'impatience. Il était 1heure et demi et son prince charmant allait bientôt faire son apparition. C'était maintenant ou jamais!
Reprenant sa respiration, Koyama s'avança vers lui d'un pas sûr, et se posta devant sa caisse, attendant que Tegoshi se rende compte de sa présence.
Mais étrangement, Tegoshi lui adressa un magnifique sourire et tendit la main pour attraper un article qui n'existait pas devant lui. En fronçant les sourcils, il releva les yeux vers Koyama et sembla d'un coup redescendre sur terre.
- J'ai cru que c'était un client. Tu veux quelque chose?
Il était irrécupérable... Complètement irrécupérable...
Koyama leva les yeux aux ciel et reporta son attention sur son ami, en soupirant.
- Te parler.
- De quoi?
- Il faut que tu ailles lui parler Tegoshi. C'est pas en restant debout comme un vulgaire poteau qu'il va s'intéresser à toi. Va falloir réviser un peu ta technique de drague si tu veux mon avis.
En fronçant les sourcils, Tegoshi ouvrit la bouche pour répliquer mais aucun son n'en sortit. A la place, la sonnerie de la porte retentit, et il tourna la tête d'un coup, ne faisant même pas attention à l'horrible craquement de son cou qui arracha une grimace à son collègue.
L'inconnu venait d'arriver et,comme à son habitude, il sourit à Koyama sans adresser la moindre attention à Tegoshi qui n'espérait qu'une chose: Qu'il le regarde! C'était pourtant pas bien compliquer! Mais non. Non, il n'avait aucunement l'intention de lui accorder un seul de ses sourires précieux, et ce fait frustrait terriblement Tegoshi qui ne pouvait s'empêcher d'en vouloir à Koyama. Pourquoi il y avait le droit lui? Pourquoi Koyama et pas lui?
Son prince charmant disparu derrière un rayon, et au même moment, Koyama passa derrière la caisse, attrapa Tegoshi par la veste en lui arrachant un cri de surprise, et avec force, il le balança derrière le comptoir.
- Va lui parler maintenant! C'est le moment!
De surprise, Tegoshi resta plusieurs secondes sans bouger avant de sursauter quand Koyama lui adressa un vif « Dépêches toi Baka! ».
En tremblant, Tegoshi prit une grande inspiration et se retourna pour se diriger vers les rayons des produits frais, là où il était sûr de le trouver.
Koyama avait raison. Cela ne devait plus durer, et ce n'était pas son meilleur ami Shigeaki qui allait le contredire. Tout les mercredi matins en revenant du travail, Tegoshi lui passait un coup de fil en pleurant, brisé de ne pas avoir eu le courage de lui parler... Et chaque mercredi matin, Shige lui répondait la voix ensommeillée qu'il était temps d'aller se présenter... Oui, effectivement, il était temps de passer à la vitesse supérieure, et prenant tout son courage à deux mains, Tegoshi avança dans l'allée, le cœur sur le point d'exploser.
Le courage, il n'en avait pas beaucoup c'était sûr. Au lycée déjà, il demandait toujours à son meilleur ami d'aller parler à une fille pour lui, afin de savoir s'il pouvait ou non tenter sa chance... Et indéniablement, la fille en question était soit déjà prise, soit pas intéressée ou en dernier cas de figure, et peut être le plus horrible: Elle tombait amoureuse de Shige. Malheureusement pour lui, son meilleur ami était incroyablement beau, séduisant et sûr de lui. Aucune fille ne pouvait lui résister, et il n'en faisait pas toujours exprès. Combien de fois s'était il excusé à genoux devant Tegoshi, quand la fille qu'il convoitait se retournait finalement vers lui? Combien de fois Shige l'avait supplié de ne pas lui en vouloir quand cela arrivait? Tegoshi ne le comptait même plus... Et de toute façon, il ne lui en avait jamais réellement voulu. Il n'y était pour rien.
Désormais, il allait prendre son avenir en main.
En tremblotant légèrement, il sentit son cœur s'accélérer quand il le distingua un peu plus loin. Il lui tournait le dos, et Tegoshi le détailla de haut en bas, tout en s'approchant doucement. C'était la première fois qu'il allait faire ça. La première fois qu'il prenait le risque d'aborder quelqu'un qui lui plaisait sans avoir une quelconque sécurité derrière. Cette fois ci, il n'avait pas pu demander à Shige de l'aborder pour lui, et puis.. Il n'avait plus 17 ans non plus! Il pouvait bien le faire tout seul au risque de se faire jeter comme un malpropre...
Il arriva enfin près de lui.
- Ano...
Un regard glacial se tourna alors vers lui et il frissonna, ne le lâchant pourtant pas des yeux. Il avait enfin réussit à capter son regard! Enfin!
- Bonjour... Je suis Tegoshi Yuya... Si... Si je peux vous aider... Dîtes le moi.
Minable comme tentative d'approche et il le savait parfaitement, mais il ne recula pas, gonflé de tout le courage dont il était capable.
- Excusez moi... Vous travaillez dans le coin?... Vous venez tout les mardis et...
- Je n'ai besoin de rien... Merci.
S'il l'avait pu, il se serrait immédiatement enfuis en courant pour ne plus jamais mettre les pieds dans ce foutu magasin. Apparemment le mystérieux jeune homme n'était pas enclin à faire connaissance et Tegoshi baissa les yeux sans pour autant s'éloigner. Il venait de se faire jeter en beauté et il avait déjà honte de retourner près de Koyama, les yeux baissés et le cœur brisé...
Il ouvrit la bouche pour parler mais au même moment, une main l'agrippa fermement au niveau du col et le coinca sans douceur contre un des étalages qui trembla légèrement. La respiration coupée, il releva des yeux étonné vers le même jeune homme qui venait de briser son pauvre cœur, et qui le regardait avec dédain, à quelques centimètres à peine de son visage.
- Je peux savoir pourquoi tu me suis comme ça? Vois tu... C'est très agaçant et je suis du genre à m'énerver très facilement. Tu vois ce que je veux dire?
Tegoshi hocha difficilement la tête, les larmes aux yeux mais ne put empêcher son cœur de battre toujours un peu plus vite en le sentant si proche de lui. Malgré son côté arrogant et odieux, il n'en restait pas moins horriblement beau et son charisme impressionnant le troublait plus qu'il ne le fallait. En toussotant légèrement, Tegoshi posa ses mains sur la poigne de son agresseur mais ne chercha pas à le repousser comme il l'aurait du. Il cherchait juste un peu plus de contact.
- Je suis désolé... De vous importuner.
Il croisa son regard une nouvelle fois, mais ne détourna pas les yeux. Ce genre de regard pouvait rendre fébrile n'importe qui sur cette terre, il en était persuadé. Comment résister à des yeux aussi sombres et profonds? A cette bouche fine et tentatrice, qui semblait réclamer les siennes? A une peau si parfaite qui semblait si douce?
Tout en y pensant, ses yeux descendirent lentement jusqu'à ses lèvres qu'il contempla, complètement perdu. Il le devint plus encore quand celle ci s'étirèrent en un sourire sournois et qu'elles s'ouvrirent lentement.
- Tu donnerai tout pour coucher avec moi n'est ce pas?
Avec un « quoi? » indigné, Tegoshi replongea ses yeux dans les siens et haussa les sourcils. Il ne l'aurait avoué pour rien au monde mais... C'était exactement ce qu'il pensait.
Le tenir dans ses bras au moins une fois, l'embrasser du bout des lèvres et sentir ses mains sur son corps... Oui en effet, il donnerait tout pour ça mais il ne l'avouerait jamais.
- Non! Je... Bien sûr que non...
- Menteur..
Avec une sournoiserie non feinte, le jeune inconnu se pencha vers lui, si près qu'il pouvait sentir le souffle rapide de Tegoshi sur ses lèvres... Si près que Tegoshi ferma les yeux, attendant que quelque chose se passe...
Mais rien ne vint, à part un rire cruel qui résonna à ses oreilles et qui brisa son cœur par la même occasion. Sentant que la prise sur son cou s'était brusquement retiré, il ouvrit les yeux. L'inconnu était toujours face à lui et le regardait avec amusement. Un amusement si cruel que Tegoshi baissa les yeux, les joues rouges et les jambes flageolantes, incapable de le défier du regard. Il était faible. Trop faible et son adversaire le savait. Il s'en moquait même... Remuant le couteau dans la plaie béante de son cœur avec sadisme.
La sonnette de la porte sortit Tegoshi de son mutisme. Reprenant ses esprits, il le bouscula pour s'éloigner et il couru presque vers sa caisse, ne prêtant pas attention au regard peiné de son collègue qui ne lui posa pourtant aucune question. C'était déjà assez difficile comme ça, il ne voulait pas le forcer à tout lui raconter.
Avec un air de défi, il leva les yeux vers le client qui regardait Tegoshi avec amusement, et lui fit signe de venir à sa caisse. Tegoshi faisait mine d'être très occupé pour ne pas avoir à s'occuper de lui. Koyama le comprit très vite et prit rapidement les choses en mains à son tour, se débarrassant très rapidement du gêneur et de son sourire sournois.
