Rose Noire
Chapitre 1
-Pour une fois, une fois, que je peux avoir une journée tranquille, pesta Severus Snape, vous m'obligez à rester à...
-Je ne t'oblige pas, Severus, s'indigna Albus Dumbledore en coupant la parole à Snape et en ignorant Fumsek qui pépiait en le toisant de ses petits yeux ronds désapprobateurs.
-Ah non ! Alors je peux refuser ?
-Non, répondit catégoriquement le vieil homme, indigné que son maître des potions pose une telle question.
-C'est toujours la même chose avec vous, Albus. Il faut toujours être là pour vous. Je commence à comprendre pourquoi les gens vous fuient.
-C'est juste que je dois m'absenter et que je ne peux laisser Poudlard sans surveillance, avança le vieil homme. Et tu apprendras que j'ai des amis.
-Vous avez toujours une bonne raison comme d'habitude. Vous devriez vous faire remplacer et prendre une retraite mérité, vous ne pensez pas ? ajouta perfidemment le maître des potions.
-Tu n'y penses pas, s'indigna une nouvelle fois le directeur de Poudlard, il est encore trop tôt pour ça, mon cher ami.
-Evidemment quand on s'accroche à son poste comme une tique on ne risque pas de lâcher prise, ironisa Snape. Vous devriez prendre des vacances, ça vous fera le plus gand bien et à nous aussi.
-Je te signale que chaque été je vais passer un mois au bord de mer, réagit Albus. Je suis pratiquement certain que tu ne peux pas en dire autant !
-Aller sur une plage grouillante de monde, nager dans une eau où des milliers de gens se baignent, supporter les cris des gosses malapris, ce n'est pas la vision que j'aie de vacances réussis, grogna le maître des potions en exagérant pour agacer le vieil homme.
-C'est pour ça que tu t'enfermes Impasse Du Tisseur et que tu passes ton temps à lire, reprocha le vieil homme à la barbe blanche.
-S'instruire n'est pas interdit que je sache !
-S'enfermer, si, Severus, et tu verrais la vie autrement et que le monde est beau si tu sortais un peu plus souvent de ton trou.
-Vous ne savez rien de ma vie, vieux fou ! Et puis ça ne m'intéresse pas et je fais ce que je veux de ma vie et de mon temps libre, quoique avec vous ! rétorqua Snape qui sentait la moutarde lui monter au nez comme de la pimentine.
-Avec moi quoi ?
-Rien, vous m'agaçez à la fin.
-Tout t'agace hormis ta fille, tu devrais changer de refrain, mais en attendant je compte sur toi pour rester à Poudlard.
-Je vous signale quand même que justement samedi je sors. Je déjeune avec Alfirim.
-Rien ne t'en empêche, Severus, d'ailleurs embrasse-la pour moi et dis-lui qu'elle peut passer quand elle veut.
-Elle a trouvé un travail à Pré-Au-Lard...bougonna Severus.
-Voilà qui est parfait, s'exclama Albus, tu pourras la voir plus souvent maintenant.
-Je vous signale aussi au cas ou vous l'ignorerez que je vois ma fille très souvent, se vexa Snape.
-Ce n'est pas à moi de te dire ce que tu dois faire.
Snape renifla et se retint de lancer une méchanceté gratuite, pourtant bien mérité d'après lui. Le vieux fou avait réponse à tout et c'était irritant. Et puis depuis qu'il avait vendu sa maison Impasse Du Tisseur il y avait un mois de cela, ce que Albus semblait ignorer, il vivait avec Alfirim à Pré-au-Lard pour plus de facilité.
D'ailleurs sa fille avait été enchantée de cette initiative et l'avait manifesté avec enthousiasme et exubérance en lui sautant au cou et en déposant un gros baiser sur sa joue tout en l'appelant papounet.
En secret il avait fondu de plaisir, il aimait sa fille plus que tout au monde, elle était sa seule famille même si elle était entrée dans sa vie alors qu'elle avait huit ans.
Snape regagna sa classe pour y ranger ses bocaux et les chaudrons avec un sourire aux lèvres. Alfirim était son rayon de soleil. Severus allongea le pas, le dîner allait bientôt être servi dans la grand salle, il devait se hâter de faire du rangement s'il ne voulait pas entendre Albus lui faire des remarques sur le temps passé dans ses quartiers.
On était en mars et il faisait beau en Ecosse. Un petit vent léger perdurait depuis deux jours mais ce n'était en rien gênant tant que le soleil continuait de briller.
Le lendemain matin, Samedi, de bonne heure, Severus Snape se hâta vers la Forêt Interdite pour faire le plein de racines et de plantes et à l'occasion trouver des ingrédients pour ses potions qu'il mettait au point dans son laboratoire.
Beaucoups d'anciennes formules avaient besoin de renouveau et de simplicité. Voilà pourquoi il consacrait un peu de son temps libre à recomposer ces potions vieillottes devenues obsolétes et de les transformer en des potions plus perfomantes. Son travail se faisait avec les médicomages de Sainte-Mangouste qui eux manquaient cruellement de temps.
Hagrid, le gardien de Poudlard, lui fit un signe de la main, puis Snape disparut entre les arbres et commença peu à peu à remplir sa besace pendue en bandouillère. La cueillette promettait d'être bonne, pensa l'homme qui avait dans la tête les écrits d'un vieux grimoire où il y avait trouvé des remèdes anciens qu'il devait mettre au goût du jour.
Les sorciers et les sorcières ne se soignaient pas comme les moldus et dans le monde magique les bons potionnistes se comptaient sur les doigts d'une main, voilà pourquoi les médicomages avaient fait appel à lui. C'était un art difficile et ingrat. Il fallait être véritablement passionné pour ce travail, et lui il l'était.
Depuis son bureau Albus Dumbledore vit avec inquiètude son maître des potions disparaître dans la sombre forêt. Inquiétude légitime en raison d'étranges disparitions depuis plus de quinze jours. Il devait régler cela au plus vite, pensa le vieil homme qui disparut dans un claquement sec qui laissa une légère brume qui se dissipa assez rapidement dans la pièce.
Le directeur de Poudlard avait une mission urgente à accomplir, une mission secrète que seul Hagrid avait connaissance. La destination d'Albus Dumbledore était le fin fond de l'Ecosse là ou personne ne mettait jamais les pieds hormis les suicidaires et les idiots.
D'ailleurs avec les barrières magiques misent en place depuis trois ans maintenant autour d'un immense périmétre, aucun sorcier averti n'y pénétrait. Il savait pertinement ce qu'il risquait. Quand aux moldus...s'il en disparaissait ce n'était pas important du moment que c'était un petit nombre et puis c'était à leurs risques et périls, on n'avait pas idée d'aller dans des endroits sombres et inquiétants.
Albus avait demandé une audience la veille et sa demande avait été accepté immédiatement à condition que le rendez-vous soit bref. Parvenu à destination, le directeur de Poudlard fut une fois de plus étonné du silence qui régnait dans cette partie du pays. En traversant la Forêt des Brumes, il regarda autour de lui, pas qu'il avait peur, à son âge il savait encore se défendre contre beaucoup de créatures dangereuses. Celles qu'il venait voir en était une, une des races la plus dangereuse qui existaient au monde. Une race dite supérieure, forte, puissante et impitoyable, un peuple qui n'avait qu'un seul maître: Eux.
Mais Merlin merci, il les connaissait et même s'ils n'étaient pas vraiment des amis au moins ils ne lui voulaient aucun mal. Il les respectait et ceux-ci le savaient bien.
Deux gardes gardaient l'entrée d'un village silencieux, presque mort. Ils laissèrent passer le vieil homme sans un mot, sans un regard. Au fond de la première rue un homme attendait Albus qui le rejoignit et qui le suivit dans une vaste demeure où on le laissa seul quelques minutes seulement.
-Tes hommes n'ont guére appris à parler, mon ami, fit Dumbledore en se tournant vers son hôte qui pénétrait dans la pièce telle une ombre menaçante et silencieuse.
-Nous sommes ainsi faits, professeur Dumbledore. Depuis des centaines d'années nous agissons comme des ombres muettes alors pourquoi changerions-nous ?
-Il y a quelque chose d'inquiétant dans ce silence, Wilfrid, je ne m'y ferai jamais.
-Vous dirigez une école alors je suppose que le silence est une option, sourit l'homme en s'asseyant dans son fauteuil. Prenez place, Albus, et dites-moi pourquoi vous avez demandé à me voir.
-Je ne me serais pas permis de vous déranger si cela n'était pas aussi urgent...
-J'ai bien compris, Albus.
-Vous n'ignorez pas que Poudlard se trouve à l'orée de la Forêt Interdite ?
-Effectivement oui, je suis au courant pour y être déjà allé une ou deux fois.
-Depuis quelques semaines une créature rôde dans la forêt.
-Par créature je suppose que vous pensez à un vampire sinon vous ne seriez pas ici ?
-Hagrid, que vous connaissez bien, l'a aperçu un soir. Il ne peut jurer de rien sur sa nature mais il a trouvé plusieurs animaux morts vidé de leur sang, alors évidemment le doute n'est plus permis.
-S'est-il attaqué à un de vos élèves ?
-Non, se rendre dans la forêt leur est interdit, seul mon maître des potions s'y promène pour récolter des racines et des plantes.
-A lui aussi vous auriez dû en interdire l'accés, professeur. Un vampire qui a faim est dangereux, c'est un tueur.
-Je ne crois pas que Severus s'enfonce profondement sous les arbres, et puis le cas échéant il sait se défendre.
-J'ai entendu parler de cet homme et en matière de défense il paraît que rares sont ceux qui peuvent le battre. Mais vous êtes inconscient et votre homme risque sa vie, asséna brutalement le dénommé Wilfrid. Aussi fort soit-il, il ne vaincra jamais un vampire affamé.
-A votre avis pourquoi je suis venu ?
-Je vais ordonner à quelques hommes de se rendre dès ce soir là-bas et de capturer ce soit-disant vampire et de la ramener dans l'enceinte de ce village, nous nous occuperons de lui convenablement, Albus.
-Vous le connaissez peut-être ?
-Un de nos hommes a disparu, il est coutumier du fait, c'est un solitaire, j'espére que ce n'est pas lui qui est chez vous.
-Il est vraiment dangereux ?
-C'est un ancien mercenaire et il a gardé de mauvaises habitudes, nous essayons de lui apprendre nos régles, ce n'est pas aisé, mais nous y arriverons.
Le directeur se leva, satisfait de son entretien avec cet homme face à lui qui en imposait avec son air froid et ses un mètre quatre-vingt-quinze.
-Merci, fit le vieil homme, je repars à Poudlard me rassurer sur Severus, j'espére qu'il est rentré sain et sauf.
-Est-il dans la forêt en ce moment ?
-Oui, il y est parti ce matin même...
-Je le répéte, vous êtes inconscient.
-Je vais de ce pas m'enquérir de son retour, répondit Albus.
-Parfait, approuva le vampire en sortant de la pièce alors qu'un autre entrait pour inviter Albus à le suivre jusqu'à la sortie du village fortifié.
-Toujours aussi bavard, plaisanta le professeur Dumbledore qui se trouvait de nouveau seul devant la Forêt des Brumes qu'il dut traverser avant de transplaner pour Poudlard. Le vieil homme ayant décidé de reporter son voyage tant que la créature ne sera pas capturée. Les indications sur le vampire que Wilfrid lui avait donné l'inquiétaient un peu.
Hagrid tournait en rond depuis une bonne heure maintenant. Il avait aperçu le professeur Snape pénétrer sous le couvert des arbres et il ne l'avait pas vu en ressortir. Vraiment Albus avec ses cachoteries allait finir par mettre quelqu'un en danger et malgré le grand respect qu'il avait pour lui il n'approuvait pas ses méthodes, et il allait le lui dire clairement.
La créature était dangereuse, il l'avait senti. Elle était vicieuse et cruelle. Comment Snape allait s'en sortir s'il tombait devant elle ? Aucun doute qu'il n'allait pas avoir le dessus, le sorcier qu'il était n'avait pas la force nécessaire pour combattre un puissant vampire.
