25 Avril à 19h10. Quelqu'un m'a suivit durant un certain temps. C'est probablement un joueur, je l'ai attiré jusqu'à un bâtiment universitaire abandonné, pour que l'on s'affronte plus ouvertement. Elle semble ne pas avoir d'armes, mais je ne peut pas l'affirmer.

25 Avril à 19h13. La fille me tire dessus. Mon manteau pare-balle me protège, elle semble surprise et se met à fuir vers les étages supérieurs. La chasse commence.

Takao Hiyama mit son portable dans sa veste. Il s'agissait de l'unique point faible de sa carapace, et pour sa première confrontation avec quelqu'un qui se défendait, il serait stupide de mourir pour récolter quelques infos sans importance. Tandis qu'il montait les escaliers, Third se souvint des règles des Mirai Nikki ainsi que du Survival Game. L'idée de devenir dieu ne l'intéressait pas plus que ça, mais le fait est qu'il y était embarqué, et qu'il y avait donc onze autres personnes qui en avait après lui. Il n'avait jamais tué quelqu'un en prenant spécifiquement cette personne pour cible, excepté pour se venger de sa mère qui l'avait forcée à devenir professeur. Takao Hiyama était un tueur qui tirait un plaisir pervers de la mort d'autrui.

Au bout de quelques minutes, le jeu de course poursuite de l'autre joueur l'amena au deuxième étage. Cette fois-ci, elle n'était pas visible. Elle avait dû comprendre que lui tirer dessus serait inutile. Third glissa sa main vers sa poche intérieur pour consulter son Mirai Nikki. Quand une explosion manqua de le renverser. Son masque vibra tandis que les débris des fenêtres et du carrelage volaient en tous sens. Son équipement le protégeait aisément, mais s'il avait sorti son journal, il serait mort à sa destruction, ainsi les avait averti Deus. Ce n'était pas passé loin. Tandis que son masque filtrait l'air empli de fumée et de poussière qu'il respirait, il sorti son journal pour le lire tant que l'incertitude probable de sa mort empêchait sa cible d'agir à nouveau contre lui.

25 Avril à 19h24. La fille se cache derrière le coin gauche devant moi. Elle fuit en me voyant approcher.

Pas un mot sur l'explosion ? Son journal ne l'avertissait donc pas des actions que ses victimes potentiels pourrait entreprendre contre lui. Il était vrai que le cas ne s'était jamais présenté. La plupart du temps, il choisissait ses victimes parce qu'elles étaient seules, semblaient faibles et se trouvaient dans des endroits qu'il connaissait.

Il se remit en marche. Il entendit sa proie jurer avant de fuir. Il la suivit jusqu'à une salle, où elle s'enferma en urgence. Arrivé face à la porte, il enfonçât sa lame dans le bois, comme si ça n'avait jamais été que du beurre. Il parvint à entendre un petit cri de surprise de l'autre côté, suivit du loquet de la porte, de bruits de pas qui s'éloignèrent en courant et du grand fracas d'une fenêtre qui se brise. Il se remit à frapper de son couteau dans la porte, jusqu'à ce que le loquet cède au bout de quelques secondes. Après avoir ouvert la porte, il se précipita aussi vite qu'il put vers le rebord des vitres brisées au fond de la petite salle. Après quelques instants, il parvint à la repérer, cette fois accompagné d'une autre personne, qui semblait lui avoir passé les menottes. Un policier ? Si les flics s'impliquait, cela risquait de devenir vraiment dangereux pour lui. Il avait déjà été interrogé par un inspecteur et n'avait pas put fournir d'alibi valide. Il prit une seconde lame. Il devait en finir le plus vite possible, avant qu'il ne laisse la moindre preuve quant à son implication dans l'affrontement. La lame s'envole vers les deux adversaires. La fille est touchée en pleine épaule. À cette distance il a finalement peu de chance de les tuer. Il saute par la fenêtre vers les sacs poubelles qui amortiront sa chute.

Third se relève. Le flic cherche à lui tirer dessus, mais la fille lui rabaisse son arme et lui crie que les balles sont sans effets sur le tueur. Ses capacités ne semblent pas avoir diminuées, la blessure l'a plus énervée qu'autre chose. Ils se mettent à fuir vers un autre bâtiment de la faculté d'art. Étant donné qu'ils courent, Third n'a aucune chance de les rattraper. Il trottine mollement dans la flotte, mais se fait rapidement semer. Il les perd de vue arrivé à un muret. Sa frustration le poussa à frapper la pierre mouillée par la pluie.

Grelottant dans le froid, la pluie pénétrant dans les moindres recoins de sa tenue qui le protégeait pourtant des balles, des grenades et d'à peu près tous ce qu'une personne pouvait penser à utiliser. Son journal l'amenait au bâtiment vers lequel ses deux victimes potentielles s'étaient mises à courir. Ce bâtiment lui rappelait encore sa condition actuelle. Il détestait son métier de prof. Il détestait chacun des morveux dont il avait la charge. Il se fichait bien de savoir s'ils réussissaient leurs contrôles, qu'ils trichent ou qu'ils sèchent ses cours. Sa vie n'était remplie que de frustration. La frustration de ne pas choisir lui-même son avenir, la frustration de ne pas pouvoir courir à cause des blessures infligées par son père, la frustration de ne trouver que moqueries parmi ses camarades de classe, mépris parmi ses professeurs, et indifférence parmi ses collègues, et la frustration de ne tirer plaisir que de meurtres trop irréguliers et rares qui en faisait pourtant un criminel recherché. Finalement ce Survival Game, s'il s'agissait certes d'un autre événement où il n'avait pas son mot à dire quant à sa participation, peut être que la victoire l'amènerait à vivre autre chose que ce monde boueux où le sang et les tripes étaient son seul désir.

Third fut sorti de ses pensées par le bruit du futur se réécrivant à l'intérieur de son journal. Avant qu'il puisse sortir son journal, un coup de feu retentit dans le bâtiment lui faisant face. S'il devait deviner, il dirait que le flic venait de se faire descendre, ou du moins que la fille lui ai échappée. Un coup d'œil à son journal lui confirma la première option, étant donné l'absence totale de ce connard dans ses notes. À part ce détail, rien n'avait changé et Third reprit sa route. La porte d'entrée fut résistante avec sa poignée rouillée, mais rien qu'un coup de pied ne pouvait remettre en ordre. Third suivit la direction que lui donnait son journal et se mit à monter les escaliers vers le troisième étage. Ce n'est qu'à mi-chemin qu'il remarqua que son journal n'indiquait que des parties de la traque, et pas de description du cadavre de sa prochaine victime. Il en conclut que cette dernière lui préparait quelque chose et qu'il devrait donc être prêt au moment de leur rencontre.

La détonation des balles le surprit. Cela le surprenait car venant de quelqu'un qui venait de l'affronter, le fait d'utiliser des armes à feu aurait dû sembler être une erreur. Rien ne semblait indiquer que cet autre joueur avait un plan lui permettant de survivre. Elle allait bientôt mourir, ici, de par sa main. La fille se remit à fuir, ne laissant aucun doute à Third quant à sa supériorité. Bien qu'il la perdit de vue, il trouva bien vite la salle où elle se cachait. La porte était toujours entrouverte. En entrant, Third découvrit une sorte de studio d'enregistrement. En entrant, la porte se referma derrière lui. Il put constater, une fois la lumière allumée, qu'il était seul. Soudain il entendit les hauts-parleurs lui retransmettre un message de la salle d'à côté.

« Il y a des sons qui sont plus forts que ce qu'un humain peut supporter »

Third se tourna vers la vitre le séparant de l'autre côté. Il vit sa proie dans l'autre salle. Mais ce qu'il remarqua également, ce fut un micro.

« Tu veux entendre le bruit d'une explosion dans un espace clos comme celui-ci ? »

Auquel était attachée une grenade. Qui venait de se dégoupiller.

Third se releva après ce qui lui avait parut un court instant. Mais quand on est inconscient, on a aucune mesure du temps. Il sortit son portable. Il était 22h. Sa proie avait de toute vraisemblance, fuit. La frustration faillit lui faire jeter l'objet au sol, avant qu'il ne se rappelle de quoi il s'agissait. Après avoir grommelé une bonne dizaine d'insultes, il quitta une fois pour toutes le bâtiment. Il devait se mettre en chasse d'une autre proie. Une proie plus faible.