Bonjour ! Il s'agit de ma première fiction Supernatural. C'est une adaptation d'un de mes romans, mais adaptée sous forme de fiction, comme je l'avais déjà fait pour le Harem. Je tiens à vous prévenir : l'histoire sera longue et le Destiel très « particulier », vous comprendrez pourquoi. L'univers de la série n'est pas suivi pour cette fiction. Dean et Castiel vont mettre du temps à se rencontrer, et l'installation du « plot » (qui est assez complexe) est lente. Donc, si vous vous attendez à un catalogue érotique, ce n'est pas le cas, car érotisme il y aura, sexe il y aura – mais dans un cadre plus romanesque que « fic » car j'ai perdu l'habitude d'en écrire. J'écris plus de textes originaux que de fictions, j'espère que vous aimerez celle-ci car je mettrai toute mon âme pour ça (chose habituelle concernant les frères W.)

Merci !

Prologue : C'était à Nulle-Part, dans le vide.

« Il était une fois, Nulle-Part. »

C'était le vide, c'était le rien – peut-être tout, à part cette sphère qui se laissait aller dans l'univers infini, morne et noir. A l'intérieur de cette sphère évoluaient les créatures que nous ne connaissons pas, mais que nous nommerons « les ennuyés ». Ils n'on pas de visages, mais ils portent cet étrange costume qui leur sied parfaitement : leur anatomie se rapproche de la nôtre et vous pourriez facilement les prendre pour des êtres humains, si seulement leurs cous ne s'allongeaient pas sur plus d'un mètre, et ce sans un gramme de peau. De grands tubes transparents, et une voix différente s'échappait des quelques mécanismes issus du hasard, de chaque ennuyé. Ils se différenciaient, et leur conscience était telle qu'ils avaient toujours su, et ce – avec une sagesse toute relative, que le monde n'avait nécessité aucune mise à jour.

- Les humains sont obsédés par la création, disait un ennuyé.

- Ils justifient tout par l'ambition et par le but, répondait l'autre.

- Mais ce qui façonna un jour la Terre n'a rien de pensant, pensait l'un d'eux en silence.

- Tous les idéaux des humains et leur façon de penser est rattachée à leurs notions, si profondément en eux, il est impossible pour eux de considérer qu'une chose arrive sans raison ! Expliquait un autre, mais une telle réflexion n'est qu'une branche supplémentaire de l'étoile complexe qu'est la pensée de l'homme.

Quand ils s'ennuyaient (c'est-à-dire, très souvent), les ennuyés repensaient aux hypothèses que cultivaient les hommes sur Terre. Grâce à leurs nombreux complices qui marchaient sur les villes de la planète bleue, les ennuyés lisaient les livres conçus par les humains. Parfois, ils détaillaient les programmes de télévision et quelques films, et c'était tout ce qui réussissait à combler l'ennui éternel de tomber, sans raison aucune, dans cette nuit perpétuelle.

« La création est issue de la conclusion humaine, répétait les ennuyés, ce qui composa un jour la symphonie de l'univers est au-dessus de leurs moyens. Tant qu'ils ne réussiront pas à se détacher de leur condition et de leur état, la vérité leur sera inaccessible. Au-lieu de ça, ils écrivent de belles histoires sur un personnage bon et très puissant, couronné entre les nuages et maître des anges.»

- L'histoire de Dieu est mon histoire préférée, dit un des ennuyés.

Il n'était pas question de jour ou de nuit chez eux. Il faisait sombre, c'était l'espace, nulle-part, vous dis-je. Personne n'avait participé à l'étrange création des ennuyés. Toute chose est venue pour une raison, disent les moines, chacune d'entre elles fait partie d'un grand schéma, gigantesque et perfectionné par un peintre-magicien ! Mais les ennuyés étaient apparus spontanément de ce vide infernal et étourdissant. Le cosmos, disent les humains.

A cet instant, les ennuyés conversaient autour d'une table. Cela arrivait souvent, et ce qui se disait n'était pas toujours intéressant ou excitant.

- C'est ton histoire préférée, tu dis ?

- Oui, j'aime le fait que Dieu soit la réponse à tout. C'est ingénieux et rassurant pour l'espèce.

- Je ne trouve pas ça ingénieux, répliqua l'autre ennuyé, c'est même très incomplet. Dieu est la raison de ma venue, mais qu'est la raison de Dieu ?

- Ah ça, dit un ennuyé qui croisait les bras, je crois qu'ils s'en balancent ! Ils se contentent simplement d'y croire. Dis-moi, numéro un, tes recherches avancent ?

Ce n'était pas quelque chose de mauvais. Au contraire, les ennuyés portaient des chiffres et cela leur semblait bien plus intéressant que des prénoms, comme les humains font. Ainsi, ils marquaient un fait qui leur était cher : ils n'étaient pas seuls, dans cette chute inexorable qui n'avait jamais commencée et qui ne terminerait jamais non plus.

- Oui, plutôt, répondit le numéro un, mais je n'ai toujours pas réussi à cerner le concept dans sa globalité. Croire est hors de notre portée, tout comme le néant l'est pour l'humain, considérez la chose !

- Je trouve ça dommage, répondit un ennuyé, mais je crois que le numéro un a raison. Dommage, j'aurais aimé voir ce que ça fait, de croire en quelque chose qui ne répond en rien à mes craintes. Comment avancent les travaux concernant la peur, d'ailleurs ?

Le numéro deux avait levé la main.

- J'ai du recommencer depuis le début, expliqua t-il, je croyais tenir une sacrée théorie… Mais elle était bancale !

- Comme toutes les théories ! Tu n'as toujours pas appris ça, en les regardant, eux ?

Ils poussèrent quelques rires discrets : les éclats de joie n'existaient pas, tout comme les dérives du chagrin. Les ennuyés ne connaissaient pas la peine, ni la satisfaction, c'était un genre d'harmonie du vide.

Malheureusement, personne ne pouvait mourir d'un excès d'ennui, et c'était le cas des ennuyés. Evidemment, ils avaient quelques stratagèmes pour le palier. L'un d'entre eux portait le nom de « jeu de Manichaeus ». Hélas, ce jeu comportait quelques règles et principes qui leur échappaient, à eux aussi. Les ennuyés ne pouvaient entamer une partie sans que deux adversaires intéressants ne se présentent, car les ennuyés ne pouvaient pas participer. Ils restaient ainsi, spectateurs du jeu, dont ils pouvaient simplement désigner les joueurs… Oh, c'était même leur jeu préféré.

- Où est le numéro neuf, d'ailleurs ?

- Il est dans sa cabine.

- Encore ?

Les grands tubes qui leurs servaient de têtes semblaient frémir, d'ailleurs la couche transparent qui ressemblait franchement à du verre était devenue plus chaude, signe manifeste d'un intérêt soudain pour quelque chose qui sort de l'ordinaire.

- Il a peut-être trouvé quelque chose ? proposa t- on, ce serait la troisième fois de suite en à peine trente ans ? Ca me semble ridicule.

- Soyons réalistes, dit un ennuyé qui se tenait le tube, la dernière partie s'est achevée il y a vingt ans. Ne nous emballons pas.

- La Terre est secouée, expliqua un autre.

Mais le numéro neuf n'était toujours pas là.

- Que quelqu'un aille le chercher ! s'exclama t- on, je n'arrive plus à supporter tant de suspens !

Le numéro un s'était levé de sa chaise. Il marcha en direction de la porte qui menait à quelques couloirs : ils tournaient tous en rond, les virages étaient ardus et la sphère qui s'écroulait dans les abysses était solide : les matériaux qui la composaient étaient si durs ! Il s'approcha de la cabine du numéro neuf : un symbole y était inscrit, c'était le siens. Le numéro un serra le poing et tapa quelques fois, attendant quelque réaction de l'occupant.

- Neuf ?

Aucune réponse.

- Neuf, laisse-moi entrer, c'est numéro un. On t'attend à table, on aimerait trouver quelque chose d'intéressant à faire.

Il faillit avoir un sursaut en constatant que la porte s'était ouverte avec une certaine rapidité, à laquelle il n'était pas habitué. Le type avait aussi une tête allongée en tube, sans visage aucun. Il tenait quelques rouleaux et masses de papiers entre les bras tout contre sa cravate grossièrement mise de travers.

- Pousses-toi ! s'exclama t-il, j'ai quelque chose à vous montrer.

- Pas encore ?

- Si ! Et tu n'as rien vu encore !

L'ennuyé appréciait cette sensation de ne plus l'être – il suivit en hâte le numéro neuf qui faisait tomber un parchemin ou deux, dans son sillage, le numéro un se penchait pour les ramasser mais ce n'était pas une très bonne idée car son tube le lançait et c'était une sensation désagréable !

- Va moins vite !

- Je dois vous le montrer, répondit le numéro neuf.

Il débarqua dans la salle où les autres étaient installés. Tous tournèrent leurs tubes vers lui.

- Enfin là ! dit l'ennuyé en bout de table.

- Vous n'allez jamais me croire.

- Ah ! s'exclama le numéro un en débarquant à son tour (en retard), je crois comprendre ce que c'est de croire !

Il leva le doigt.

« Numéro neuf ? »

- C'est le jeu.

Il n'y eut aucune réaction. Ils avaient les mains jointes, calmes comme des statues, mais intérieurement – chacun le savait, un soulagement se montrait. Ces derniers temps, ils étaient servis, plus qu'ils ne l'avaient été en cent ans : une brève seconde dans l'existence d'un ennuyé.

- Mais quelque chose est différent, expliqua le numéro neuf en étalant les relevés, quelque chose a changé !

- Dis-nous.

- Je vous demande d'être attentifs aux taux d'alpha et d'oméga.

A cet instant, les ennuyés s'étaient levés. Leur démarche était égale, ils prenaient soin de ne pas cogner les tubes entre eux et se penchaient doucement vers les fiches en lisant les indications fournies par le numéro neuf.

- Tu t'es trompé, de toute évidence, dit le numéro un.

- Pourquoi ça ? s'étonna le neuf, ce n'est pas parce que ce n'est jamais arrivé... Dites quelque chose !

- Je suis d'accord avec toi, dit un ennuyé en pointant du doigt quelques cases indéchiffrables.

C'était la langue des ennuyés, d'une platitude effroyable.

- Il est possible d'atteindre ces taux, ce n'est juste pas encore arrivé.

- Si, coupa le numéro neuf, c'est en train d'arriver maintenant !

- Qui sont-ils ?

- Deux frères.

- Ils se connaissent… ?

Eux qui ne portaient pas la surprise sur leurs faces transparentes ne bougèrent plus. L'un d'eux laissa tomber la fiche d'observation.

- Des frères… !

- Les complices nous ont rapporté qu'ils ne se sont pas vus depuis près de dix ans. Ils ont été séparés, paraît-il. Il faudrait vérifier nos sources.

- Ca n'a aucune importance !

- Au contraire, dit le numéro neuf, cela me semble moins ennuyeux.

Ils hochèrent la tête.

- Tu as des noms, numéro neuf ?

« Dean et Sam Winchester. »