Ce one-shot a été créé dans le cadre des nuits d'écritures du FoF (forum francophone ; le nom dit tout, la compagnie est chaleureuse, les délires légions et les nourritures intellectuelles nombreuses. N'hésitez pas à nous rejoindre : le lien est dans mes fav' !)

Le but des nuits d'écriture ? Un mot, une heure pour rédiger un OS et le poster.

Thème : mer

"Dis... Dis, Sanzo, ça ressemble à quoi la mer ?

-Pardon ?"

Il était vrai que la question était inattendue. Il était minuit, Sanzo était prêt à parier que tout le monde dormait, histoire de profiter d'une bonne nuit de repos dans une auberge avec des lits pour tout le monde – même s'ils avait été installés dans la même pièce. Mais non, le Bakasaru était réveillé – il aurait dû s'en douter en ne l'entendant pas ronfler – et en profiter pour poser une question inutile, avec l'espérance que son mentor lui répondrait pour ne pas réveiller les deux autres.

"Qu'est-ce que ça peut te faire ?, grogna le moine et lui tournant le dos."

Il aurait dû aussi se douter qu'une telle tactique ne marcherait pas avec Goku.

"J'ai jamais vu la mer, moi, geignit-il comme un enfant déçu. À quoi elle ressemble, dis ?"

Le pire était que cet idiot de singe avait joué sur le bon registre. Le blond n'avait pas besoin de le voir pour deviner ses grand yeux noisette ouverts et un peu suppliants, comme les yeux d'un cocker – écœurant de sensiblerie.

"C'est grand, c'est bleu, c'est salé et c'est mouillé, maugréa Sanzo malgré tout. Compris ?

-Tu veux dire, comme un lac, mais salé ?, le pressa l'adolescent curieux."

Silence. Soupir – pourquoi Hakkai était-il endormi ? Lui aurait pu répondre à cette question et Goku l'aurait laissé tranquille !

"Non. C'est encore plus grand, et il y a des vagues, résuma le moine d'un ton sec qu'il espérait définitif.

-... Oh."

Un soupir discret, puis...

"J'arrive pas à me l'imaginer, Sanzo..."

Une petite voix plaintive, comme celle qui l'avait amené à la prison de Goku. Le ton exact qui l'exaspérait à tout va, mais contre lequel il n'arrivait pas à se défendre.

"On imagine pas les choses qu'on a jamais vu, asséna-t-il. Maintenant, dors."

L'ordre était définitif, mais pas suffisamment pour une dernière question.

"On la verra, un jour, la mer ?

-Qu'est-ce que cela peut te faire ?, aboya le moine exaspéré. Non, on ne la verra pas pendant le voyage ! Si tu te débrouilles pour survivre, tu iras la voir seul, ça me fera des vacances !"

Un moment de silence, puis un murmure à moitié endormi :

"On y irait tous ensemble, ce serait sympa... Je suis sûr qu'il y a plein de chose sur la mer dont tu ne m'as jamais parlé... Il y aurait plein de bonne nourriture à volonté... Quand ce sera fini..."

Un ronflement léger indiqua à Sanzo que le Bakasaru s'était définitivement assoupi. Lui-même posa une main sur ses yeux et attendit le sommeil.

'Optimiste...', fut sa dernière pensée, teintée d'une exaspération presque jalouse.