Bonjour ! Moi, c'est Kanorshé, petite nouvelle sur le site, et le texte plus bas est le prologue de la première fanfiction que je poste ! *trépigne sur place tellement elle est excitée*

Disclaimer(s) : Arthur Conan Doyle nous a légué la pierre précieuse qu'est l'univers holmesien, et Moffat et Gatiss sont parmi les plus récents à l'avoir taillée (leur Sherlock est un véritable bijou). La quasi-totalité des personnages qui apparaissent/sont cités dans cette fanfic font partie intégrante de cette série, exceptés : Patience Moran (elle est citée dans Le Mystère du Val Boscombe, de Doyle, mais je lui ai donné un tout autre rôle), Mary Morstan (qui apparaît à partir du Signe des Quatre, du même auteur), deux ou trois personnages secondaires (voire très secondaires) que j'ai inventés, et... Je mettrais le disclaimer pour ce personnage-là à la fin du chapitre où il apparaît (personne n'aime être spoilé ^^). Mais l'histoire m'appartient ! :)

Rating : T, à cause de quelques scènes assez violentes.

Bonne lecture !


Prologue

La porte du bureau s'ouvrit.

« Mademoiselle Moran ? Entrez. »

La jeune fille jeta un dernier regard à son ordinateur, le ferma pour le mettre dans son sac en bandoulière, et suivit la secrétaire dans le bureau. La pièce était sobre et fonctionnelle. Des étagères remplies de dossiers sur les murs, un large bureau vitré occupant un quart de la pièce, un profond tapis sur le sol, et un rideau beige sur la fenêtre. La directrice avait de son bureau une vue privilégiée sur la cour, mais elle ne voulait pas que le soleil la dérange, ou qu'il perturbe les malheureux élèves de passage dans son antre.

« Asseyez-vous, mademoiselle Moran. Elle se tourna ensuite vers sa secrétaire : Vous pouvez nous laisser, Amanda. »

La porte se referma sur la secrétaire avec un claquement sec. La directrice, Mrs Jennings, observa alors attentivement l'adolescente en face d'elle. Elle avait de longs cheveux bruns, relevés en chignon, des yeux marrons qui la fixaient insolemment, et une posture qui trahissait son ennui. Assez banale, somme toute. Mrs Jennings connaissait le dossier de cette adolescente, bien sûr, mais avoir une personne en chair et en os devant soi était bien plus riche en enseignements que n'importe quel dossier scolaire. Par exemple, en ne lisant que son dossier, Mrs Jennings ne se serait jamais douté que Patience Moran adorerait prendre un air bravache devant elle.

Mrs Jennings interrompit brutalement l'échange de regards.

« Bien ! Patience Moran... Ton cas est assez inhabituel.

-Je sais, répondit sèchement l'adolescente.

-Oui, hem... Nous allons néanmoins nous arranger. Il nous reste une chambre, au deuxième étage de l'internat. C'est une chambre simple, ça ne te dérange pas ?

-Absolument pas. Le moins possible de conversation.

-Tu l'occuperas à partir de la semaine prochaine, le temps de s'arranger avec l'administration et que tu ramènes quelques affaires. »

Seul le silence lui répondit. Mrs Jennings prit une inspiration.

« Écoute Patience, je comprends que ce changement puisse te perturber...

-Je ne suis absolument pas "perturbée par ce changement", la coupa sèchement la jeune fille.

-Alors pourquoi est-ce que tu me réponds sur ce ton ?

-Ça ne vous concerne pas.

-Je suis concernée par tout ce qui se passe dans mon établissement, mademoiselle Moran. Et vous en faites partie. »

Mademoiselle Moran. Vouvoiement. Plus de "Patience". Commence à s'énerver.

« Soyons claires, Mrs Jennings. Votre école n'est pour moi qu'un lieu où je m'instruis et où, accessoirement, je dors. Vous êtes responsable de moi et de mes études, mais vous n'avez pas à vous sentir "concernée". »

Patience Moran se leva de sa chaise et se dirigea vers la porte. Une voix derrière elle la fit s'arrêter.

« Je vous informe tout de même que votre frère a déjà payé votre scolarité dans cette école jusqu'à la fin de l'année scolaire.

Mon frère...

-Vous voulez encore me dire des choses que je sais déjà ou est-ce que je peux partir ? » La voix qui tremble. Elle s'en est aperçue. Encore une question ?

« Vous pouvez partir, mademoiselle Moran. Et tâchez d'être moins désagréable à l'avenir. »

La fin de sa phrase fut recouverte par le bruit de la porte.

Patience marchait d'un pas rapide dans le couloir. Son sac tapait à rythme régulier contre sa hanche, le même rythme que faisaient ses pieds en rencontrant le carrelage. Mon frère... Elle sortit du bâtiment. Le soleil lui agressa les yeux, mais elle traversa la cour sans ralentir. Quand elle se retrouva sur le trottoir, elle se mit à marcher de plus en plus vite, jusqu'à courir. Mon frère... Elle courait sans savoir où elle allait, sans faire attention aux autres piétons. Ses pieds semblaient ne pas avoir besoin d'elle pour avancer, pour se rendre là où ils voulaient. Elle se désintéressa de sa course. Mon frère... Patience Moran plongea dans ses souvenirs.


Trois jours plus tôt...

Patience sortit son téléphone de sa poche et regarda encore une fois si un nouveau message était arrivé. Rien. Elle le rangea avec un léger soupir et regarda autour d'elle. Une petite rue sans prétention, des maisons, quelques magasins, de rares passants. La chaleur qui régnait en ville depuis quelques jours y était sûrement pour beaucoup, quoiqu'une forte pluie soit prévue pour l'après-midi. Elle décida d'aller prendre un verre dans le café, quelques mètres plus loin. En passant devant le présentoir à journaux, un titre attira son attention. "Sherlock : la vérité qui choque" Son cœur rata un battement. Sherlock Holmes ? Elle acheta le journal et s'installa à une table pour lire l'article en question. Des rumeurs colportées par un certain Richard Brook, qui remettaient en cause toute la carrière du détective. Richard Brook ? Elle avait déjà entendu ce nom, elle en était sûre. Mais où ? Ça avait un rapport avec Seb... Elle se souvint alors d'une conversation entendue quelques jours plus tôt .

Pour la première fois, Seb et son patron l'avaient acceptée dans la même pièce qu'eux alors qu'ils parlaient affaires. Elle n'avait presque rien compris, ils parlaient une sorte de langage codé. Des fragments de conversation lui revinrent brutalement en mémoire. "Et vous êtes sûr qu'il viendra ?" "Jim n'existe plus, Seb." "Il n'y a plus que Richard Brook" Oui, Richard Brook était cet homme dont Seb parlait avec son patron. Il y avait donc un lien entre le "travail" actuel de Seb et Sherlock Holmes ?

Elle savait que Seb avait un travail un peu particulier, et qu'il avait connu une longue période sans véritable patron. Tout avait changé avec l'arrivée de Jim. Seb pouvait désormais s'absenter pendant plusieurs jours, mais revenir avec un compte en banque bien plus fourni. Il ne lui parlait jamais du travail qu'il devait faire. Elle n'en voyait que les traces dans les journaux. Un banquier dont on retrouvait le corps dans la Tamise, un politicien criblé de balles au sortir de sa maison... Un "travail" varié. Car Jim, l'employeur de Sebastian Moran, avait des occupations variées. Et s'il s'intéressait à Sherlock Holmes, cela n'augurait rien de bon pour le détective.

Patience décida finalement de rejoindre Seb au point de rendez-vous. Il n'aurait pas encore fini son travail, mais elle l'attendrait. Au bout de quelques rues, elle quitta Hosier Lane et déboucha sur West Smithfield, en face de l'hôpital Saint-Barthélémy. Elle tourna à gauche, passa devant un café et une librairie, et continua sa route vers Smithfield Market. Un texto la fit s'arrêter une trentaine de mètres plus loin.

From Seb

Qu'est-ce que tu fais là ?

To Seb

Je t'attends. Si tu peux me voir, pourquoi tu ne viens pas ?

From Seb

Le travail. Je préférerais que m'attendes à l'intérieur du Smithfield Market.

To Seb

Qu'est-ce que je ne dois pas voir ?

From Seb

Va-t-en !

Elle chercha Seb du regard autour d'elle. Il n'était nulle part. Mais en levant la tête, elle vit ce qu'il essayait de lui cacher. Sur le toit de Barts, deux hommes se penchaient vers la rue : elle reconnut la silhouette de Jim, et l'autre... L'autre, avec ses cheveux bouclés et son long manteau, c'était Sherlock Holmes !

From Seb

Va-t-en, maintenant !

To Seb

Non !

Lorsqu'elle releva la tête, Jim et Sherlock avaient disparus. Au bout de quelques minutes d'angoisse, la silhouette de Sherlock réapparut sur le bord du toit, en même temps qu'un taxi arrivait à quelques mètres d'elle. Un homme en sortit et se mit à courir vers Barts, en parlant à son téléphone. Un homme dont elle suivait le blog. Le docteur John Watson avait l'air de ne pas vraiment savoir où il devait aller, et de chercher quelqu'un. Il cherche Sherlock. Il finit par se retourner vers le toit. Et je ne peux rien faire...

Elle vit tout. Elle assista, impuissante, à l'échange téléphonique. Elle vit Sherlock jeter son téléphone derrière lui, elle le vit tomber en avant, droit vers le sol. Elle vit ce que John Watson ne pouvait pas voir, la chute de Sherlock qui se termine sur un camion. Elle vit le détective sauter sur le trottoir, ensanglanté, et être entouré de badauds. Elle vit le cycliste, elle vit le médecin près du corps, elle vit le brancard qu'on emmène sous la pluie. Et elle ne bougea pas.

Plusieurs minutes plus tard, elle prit conscience d'une présence près d'elle. Un homme jeune, aux cheveux bruns, qui portait un sac à dos. Elle savait ce qu'il y avait dans ce sac : les différentes parties d'un fusil un peu spécial, modèle unique au monde. Elle savait aussi que Seb lui en voudrait d'être restée. Il prit pourtant la parole d'une voie neutre.

« Je t'avais demandé de partir. »

Patience ne répondit pas.

« Tu n'aurais pas dû voir ça.

-Seb... demanda-t-elle doucement.

-Oui ?

-Ton travail... C'était quoi ?

-Tu ne m'as encore jamais posé cette question.

-S'il-te-plaît, réponds-moi !

-Ça ne te concerne pas. »

Il tourna les talons et s'éloigna rapidement. Patience resta sur place, à fixer l'endroit où Sherlock était tombé. Si, ça me concerne...


Patience se rendit soudain compte de l'endroit où sa course l'avait menée. Elle avait repris les mêmes rues que trois jours auparavant, pour se retrouver au même endroit. Devant Barts. Elle se força à se calmer, et alla s'asseoir sur un des bancs qui bordent la façade de l'hôpital. Elle respira profondément, et regarda autour d'elle. Elle était à quelques mètres à peine de là où Sherlock avait été allongé. Elle voyait l'endroit d'où elle avait vu la chute. Et elle voyait où Seb avait pu se poster, pour la voir, regarder Sherlock tomber, mais ne pas voir la fin de sa chute. Et elle se demanda si la cible de son frère, ce jour-là, était bien le détective consultant.

Patience Moran se leva et s'éloigna. Elle devait rentrer chez elle, préparer ses affaires, puisque Seb avait décidé qu'elle serait désormais interne à l'école. Il ne veut pas que je traîne dans ses pattes, donc il a un long travail à faire. Non, la cible du sniper n'était pas Sherlock Holmes. L'homme en question était toujours officiellement vivant. Vivant, mais désespéré et meurtri. Et surtout, étroitement surveillé par un des snipers les plus doués de sa génération. Sherlock devra se débarrasser de Seb avant de revenir. Elle ne fut pas vraiment émue par cette pensée. Après tout, sniper était un métier à risque.

Elle continua sa route, un léger sourire sur les lèvres. Elle n'avait parlé à personne du camion.


Voilà... J'espère que le début vous plaît. La suite viendra dans quelques jours, le temps pour moi d'avancer un peu et de préparer la rentrée...