Chapitre I

La jeune femme soupira devant les piles de feuilles présentes sur son bureau. Elle fit tourner sa chaise sur elle-même et s'étira en allongeant les bras au-dessus de sa tête.

Quand on lui avait donné le travail elle savait que ça lui prendrait du temps mais elle n'imaginait pas que cela la ferait terminer à une heure pareille. Elle se leva et passa la tête par la fenêtre pour regarder les rues sombres et désertes du Seiretei. L'air frais de la nuit la fit agréablement frissonner, elle referma rapidement la fenêtre et sortit de son bureau. La shinigamie était encore dernière à quitter le travail et les locaux de la huitième division étaient inhabituellement calmes.

Elle était désormais en train de marcher dans les rues direction son appartement. Comme c'était plaisant de marcher sous la nuit noire, une petite brise caressant son visage, elle pensa que l'hiver arrivait à grands pas. Comme pour confirmer ses pensées, elle sentit sur sa peau de fines gouttelettes d'eau s'écraser sur son uniforme et dans ses cheveux. La vice capitaine leva les yeux en tournant ses paumes vers le ciel, pour s'assurer du phénomène. Elle accéléra le pas. Elle aurait pu faire un shunpo pour rapidement arriver chez elle mais la fatigue la dissuada rapidement.
Au fur et à mesure qu'elle progressait à travers le Seiretei la pluie tombait de plus belle, amenant avec elle tonnerre et éclairs.

Décidément, tout semblait être contre elle aujourd'hui. Cette pluie torrentielle ne pouvait pas tomber pire. Et dire qu'elle avait passé la journée enfermée alors que le soleil battait son plein dehors...
Nanao commença à courir, ses pas résonnants sur le pavé des ruelles. Une porte s'ouvrit alors donnant sur la rue. Un homme vêtu d'un haori fleuri l'apostropha joyeusement en lui faisant signe de le rejoindre sous le perron.

- Héééé, Nanaaaooo-chaaaann ! Beugla-t-il en allongeant avec plaisir toutes les voyelles du prénom de sa vice capitaine.

Elle l'avait oubliée celui la... Enfin, plus précisément elle n'avait pas fait attention par où elle passait . Si elle s'était rappelé que son cher capitaine résidait dans cette rue elle aurait au moins cachée un tant sois peu sa pression spirituelle. Elle pensa à continuer en direction de ses quartiers quand elle se rappela que ça aurait été mal venu de ne pas saluer son supérieur hiérarchique.

Elle se maudit un instant pour ses bonnes manières « Lui ne se gène pas pour déroger aux usages. »

Elle s'abrita avec son capitaine en reprenant son souffle après la course folle qu'elle avait engagée contre la pluie.

- Taicho, voulez-vous vraiment que tout le Seiretei vous entende ?

Kyoraku se gratta l'arrière du crâne en souriant.

- J'avais peur que tu ne m'entendes pas avec cette pluie, que fais tu dehors à cette heure ?

- Je viens de finir de remplir les documents donnés par la première division, dois-je préciser que si j'ai fini si tard c'est surtout parce qu'en plus de la mienne j'ai dû terminer votre paperasse. Fit elle d'un ton froid.

- Nanao est vraiment dure avec moi, je n'y peux rien. Tu es définitivement plus douée que moi pour ces choses-la.

Il sembla chercher un instant comment changer de sujet, il avait bien essayé plusieurs fois d'aider son vice capitaine mais à chaque fois, le visage angélique de sa jolie Nanao, l'alcool ou même la paraisse faisaient qu'il finissait toujours par papillonner à droite et à gauche jusqu'à ce que la jeune femme le mette à la porte prétextant qu'elle n'arriverait jamais a travailler avec quelqu'un qui passait son temps a gesticuler partout.

Le capitaine de la huitième détailla le plus discrètement possible la jeune femme, la pluie avait trempé son kimono qui collait maintenant à ses formes gracieuses et quelques mèches de cheveux dégoulinantes s'étaient échappées de son chignon pourtant irréprochable en temps normal.

- Tu vas attraper froid avec ses habits, viens te sécher chez moi, tu pourras repartir quand la pluie se sera calmée. Fit-il le sourire aux lèvres en désignant d'un signe de tête l'averse qui avait encore gagné en intensité.

La vice capitaine soupira intérieurement, elle ne saurait dire pourquoi, elle savait que ça se terminerait comme ça. Elle savait bien que c'était perdu d'avance mais elle s'entêta tout de même, passer une nuit dans l'antre de ce pervers ne serait à coup sur pas sans risque.

- Je ne voudrais pas déranger, je peux rentrer chez moi, ce n'est pas loin. Merci de vous en inquiéter. Hasarda t-elle.

Le sourire de Kyoraku s'effaça pour laisser place à un visage qui se voulait autoritaire.

- Je serais un mauvais capitaine si je laissais un membre de ma division rentrer chez lui par ce temps. Conclut-il en croisant les bras.

- Ne me faites pas croire que vous proposez à tous les soldats de la division de venir dormir chez vous... Soupira-t-elle.

- Mais ma nanao n'est pas un simple soldat. Fit-il en posant ses mains sur ses hanches. Non, tu restes ici.

Étrangement, sa dernière phrase semblait plus être une affirmation qu'une question.

Nanao répondit sans conviction

- Promettez-moi de ne pas me retenir quand la pluie cessera.

Kyoraku hocha vivement la tête, ravi d'avoir obtenu ce qu'il voulait. D'habitude il n'avait pas de mal à séduire les femmes et obtenir d'elles ce qu'il désirait. Mais pas avec Nanao, avec elle, c'était différent.
Le capitaine ouvrit la porte et fis signe à sa douce d'entrer en mimant les manières d'un parfait gentleman. Nanao s'engagea dans l'entrée et ôta ses waraji, la shinigami était déjà venue maintes fois dans les quartiers de son capitaine lorsqu'elle était plus jeune bien que ça devait faire un petit moment à présent.

La jeune femme ne put réprimer un frisson en arrivant dans le salon, la température était parfaitement correcte mais ses habits imbibés d'eau commençaient à lui donner la chair de poule.

- N'auriez vous pas quelque chose à me prêter, je ne voudrais pas tout tremper.

Le capitaine fit mine de réfléchir un instant puis pris un air illuminé en commençant à défaire la ceinture de son kimono.

- J'ai justement ça sur moi !

La vice capitaine s'empressa d'attraper le premier objet à sa portée, ici en l'occurrence une boîte de mouchoirs, et la lança sur la tête de son supérieur. Le crâne de kyoraku partit en arrière sous le coup de l'impact. Le shinigami arrêta aussitôt de se déshabiller, au plus grand soulagement de Nanao, et se frotta la tête en gémissant.

- Ce que tu es cruelle Nanao-chaaan !

- Trouvez-vous vraiment drôle ce genre de blagues !? S'indigna-t-elle.

Kyoraku partit dans sa chambre en haussant les épaules.

- Tu avais l'air d'avoir froid, et mes vêtements chauds auraient été parfaits...

Nanao leva les yeux au ciel et croisa les bras en attendant que le capitaine revienne, ce qu'il fit quelques secondes plus tard, un yukata fleuri a la main.
La vice capitaine se demanda s'il avait fait exprès de prendre ce genre de vêtement mais ne se plaignit pas et après s'être légèrement courbée en guise de remerciements, partit se changer dans la vaste salle de bain de son capitaine.

Kyoraku en attendant prépara un deuxième couchage dans le cas où -ce qu'il espérait de tout cœur- l'averse ne se calmerait pas.
Il essaya de ne pas imaginer sa vice capitaine se changer à côté, seulement séparée de lui par une fine cloison. Rien que l'esquisse de ce genre de pensées faisait s'afficher un large sourire sur son visage, lui faisant prendre cet air béat qui lui valait à chaque fois des commentaires froids de sa petite Nanao, à deux millénaires de se douter des réflexions auxquelles il pouvait se livrer intérieurement.

Une voix le tira de ses, peu honorables, pensées.

- Merci de votre hospitalité Kyoraku-taicho.

Le shinigami se retourna, et « bon sang » le spectacle ne lui déplut pas. C'est qu'elle était très mignonne sa vice capitaine dans ce yukata, bien que beaucoup trop grand pour elle.

- Ma Nanao-chan est vraiment sublime, elle devrait venir travailler tous les jours comme ça ! Siffla-t-il en relevant son chapeau pour profiter pleinement de la vue qui s'offrait à lui.

- Je ne suis pas votre Nanao-chan. s'indigna la jeune femme en faisant abstraction du commentaire de son capitaine. Comme pour échapper au regard inquisiteur de son capitaine elle croisa ses bras sur sa poitrine en se retournant à moiter pour ne pas le regarder en face. Cette situation était suffisamment gênante pour qu'il n'en rajoute pas une couche.

Shunsui esquissa un sourire et partit dans la cuisine en la prévenant qui faisait du thé. La jeune femme, soulagée de l'absence temporaire de son hôte, s'assit dans le canapé en essayant de se détendre.

Sans même qu'elle le vit arriver, le sommeil prit possession d'elle et ses paupières se fermèrent. La jeune femme ne résista pas longtemps : exténuée par la longue journée de labeur à laquelle elle avait dû faire face.

Quand il revint, ses deux tasses de thé a la main, il trouva sa vice capitaine, yeux clos, déjà dans les bras de Morphée.
Il posa ses deux tasses sur la table. Le shinigami admira encore un peu sa vice capitaine endormie, puis il se décida à faire de même. Demain il avait une réunion de capitaines et pas de doute que le vieux papi Yama' lui ferait sa fête s'il la loupait.