Prologue
L'atmosphère était silencieuse, sèche et saupoudrée. Cela contrastait fortement avec celle qui régnait à l'extérieur. L'attaque que venait de subir les États-Unis avait placé le Ministère de la Magie britannique sur le branle-bas de combat. Mais cela ne gênait aucunement le jeune sorcier assis à l'un des tables de la Salle de lecture des Archives Magiques.
Sa stature efflanquée lui donnait un air intimidant, mais c'était se tromper sur la nature du jeune homme. Brun, les yeux tout aussi noirs, il avait l'air d'un fantôme lorsqu'on l'observait, mais il en était tout autre. Alexandre Chambers était un calme. Aucun de ses amis ne l'avait vu s'énerver. Personne ne l'avait vu élever la voix. Alex préférait utiliser la diplomatie que la force pour résoudre un problème. Et ça marchait à chaque fois. Il passait son temps libre à lire les livres de la bibliothèque de Poudlard, à tel point qu'il les connaissait tous par cœur. Ou presque.
Passionné depuis toujours par les langues, il couvait le rêve de travailler pour le Département de la Coopération Magique Internationale. Mais actuellement, il était affecté aux Archives, dans l'aile des Langues étrangères. Tout ce que les sorciers avaient pu écrire ou récupérer des autres cultures, dans d'autres langues, était entreposé ici. C'était au milieu de ces rayons que se trouvait l'accord donnant aux Gobelins le contrôle de Gringotts, ou encore celui expliquant les règles de l'esclavage des elfes de maison.
Sa mission, en cette sombre après-midi, était de réunir de vieux textes runiques afin d'en faire l'inventaire. Le monde était peut-être en train de s'effondrer, suite aux attaques sur le sol américain, il fallait quand même remplir les basses besognes administratives. Heureusement, Alex savait se servir de sa tête et surtout, s'organiser. Comme il fallait s'y attendre, il lui fallut pas moins de vingt minutes pour réaliser que les textes runiques n'étaient évidemment pas rangés aux étagères indiquées, et que leurs utilisateurs les avaient placé dans le désordre.
C'était à prévoir, et c'était également pour prévenir ce genre de désagréments qu'on en faisait l'inventaire de temps à autres.
Aussi, Alex avait pris avec lui le parchemin indiquant l'endroit où chaque texte devait être rangé. Puis, il avait débuté par la première étagère et avait replacé chacun d'eux. Si des textes ne figurant pas sur la liste se trouvaient sur l'étagère, Alex les posait sur un chariot qu'il avait avec lui et attendait d'atteindre la bonne étagère pour ranger les textes en question. Cela lui évitait de faire cinquante allers retours, ou de devoir tout mettre par terre et ranger ensuite.
Alex était ce qu'on pouvait appeler un paresseux : il n'aimait pas perdre son temps et voulait faire les choses vite et bien pour pouvoir ensuite se reposer.
Il en était à la septième étagère lorsque ce qui devait finir par arriver arriva. Alex fit tomber malencontreusement un des textes. Il s'agissait d'une simple pochette dans laquelle on avait rangé plusieurs liasses de parchemins. Ceux-ci se répandirent sur tout le sol dans un léger bruissement. Gardant son calme olympien, il se baissa et entreprit de regrouper les précieux textes. Il arrêta son geste lorsqu'il remarqua un étrange symbole à l'en-tête d'un des parchemins.
Il s'agissait d'un simple disque à travers lequel avait été dessinée une flèche. Pensant à un griffonnage, il essaya de l'effacer – son rôle était non seulement de ranger mais aussi de s'assurer du bon état des textes – mais le graffiti tint bon. Alex ne put qu'en conclure qu'il s'agissait de l'original. Il observa attentivement le symbole et nota que la flèche était légèrement stylisée. Il rangea les autres parchemins, nota où il s'était arrêté et gagna une des tables de lecture. Il observa minutieusement ce qu'il avait sous les mains.
En jouant avec la lumière, il constata que d'autres symboles étaient inscrits à l'encre invisible à côté du disque. Alex sortit un révélateur et l'appliqua délicatement au sommet du parchemin. Il reconnut des runes, mais Alex ne réussit pas à déchiffrer plusieurs des symboles. Il alla chercher un des Syllabaire Lunerousse présents dans la Bibliothèque Magique toute proche. Il lui fallut en tout et pour tout une demi-heure pour traduire le texte : la conclusion des temps. Rien de très inspirant. Cependant, cela suffit pour éveiller son attention et il se concentra sur le reste du texte.
En bas, se trouvait le nom de son auteur : C.S.T. Des initiales qui ne disaient absolument rien à Alex.
Le reste du texte était également écrit en runes. Au départ, il pensait qu'il aurait été plus consistant, mais il réalisa très vite qu'en réalité, le texte était très court. Une rapide lecture sembla même indiquer qu'il s'agissait d'une sorte de discours. Pour une raison qui échappa à Alex, seule la dernière phrase était écrite en anglais.
Et sa simple lecture lui fit hérisser les poils sur sa nuque.
Le néant est tout et tout retournera au néant.
