1er Jour :

Maedhros :

Maitimo n'était qu'un enfant lorsque ses parents lui annoncèrent la nouvelle. Sur le moment, il n'avait pas su comment la prendre, pensant avoir fait quelque chose de grave pour qu'ils lui annoncent quelque chose comme ça. Mais il avait beau réfléchir, il ne voyait ce qu'il avait pu faire pour que ses parents veulent un autre enfant…


Rapidement, leur voisins furent au courant de la "bonne nouvelle" et tous félicitèrent ses parents pour leur nouvel enfant. Pas un jour ne passait sans que quelqu'un hèle un de ses parents lorsqu'ils sortaient dehors, soit pour leur donner un cadeau, soit pour prendre des nouvelles ou bien pour donner un conseil, souvent ridicule et étrange (en quoi le poisson pouvait être dangereux ? Franchement, les grandes personnes s'inquiètent pour un rien).


C'est à partir du quatrième mois de grossesse que les choses changèrent. C'était d'abord des petits changements, comme la confection de vêtements, mais cela n'étonna pas Maitimo car son père avait de multiples talents, dont la couture. Non, ce qui l'étonna était la taille des vêtements, bien trop petits pour lui. Il ne sut pour qui c'était que lorsque sa mère, qui faisait des sculptures en terres et non plus en pierre depuis un mois, passa dans le salon et s'exclama que ces vêtements seraient absolument adorables sur leur second fils. Une sensation étrange s'installa dans le ventre de Maitimo en entendant ces paroles.


Au cours des semaines suivantes, la chambre voisine à celle de Maitimo fut vidée de son contenu et des travaux de peinture et de pose de dalle eurent lieu. Les murs furent peint en bleu, rappelant la mer alors que les siens étaient rouges comme le feu, et des dalles de marbres jaunes antique furent posées sur le sol. Si ces travaux ne le dérangèrent qu'un peu, voir ses meubles d'enfance être installés dans la pièce ne passa pas du tout et il le fit savoir à grand renfort de crise de colère.

- Maitimo ! Ça suffit maintenant ! S'écria sa mère.

- Vous pouvez pas faire ça ! Ce sont mes affaires !

- Ces meubles ne sont plus à ta taille depuis des années et tu t'es jamais inquiété de ce qu'ils étaient devenus. Quand aux jouets, tu as arrêté de jouer avec depuis longtemps.

- Et alors ?! Ça reste mes affaires pas les siennes !

- Mais Maitimo, ce ne sont que des objets sans valeur…

- Alors atto et toi ne m'aimez plus ? Demanda-t-il, les yeux empli de larmes.

- Qu-quoi ?!

- Comme haru Finwë, vous allez m'oublier pour lui ?! Je vous déteste ! Hurla-t-il avant de partir en courant de la maison.


Quelques coups furent donnés sur la porte et celle-ci s'ouvrit immédiatement. Mahtan jeta un coup d'oeil à son ancien apprenti, dont les traits du visage étaient tirés par l'appréhension et la fatigue, signe qu'il n'avait probablement pas dormi beaucoup sur le trajet pour venir jusqu'ici et qu'il ne tenait debout que par pur obstination et inquiétude.

- J'ai merdé, pas vrai ?

- Un peu, mais Nerdanel aurait pu mieux choisir ses mots aussi, répondit Mahtan en dégageant le passage pour permettre à Fëanor de rentrer.

- Je lui ai pas donné le meilleur exemple non plus.

- Ta situation et celle de Maitimo n'est pas la même. Tu es devenu l'aîné d'une troupe d'enfant qui partage la moitié de ton sang et tu es le seul dans ce cas, tu n'as donc personne pour t'aider avec ce problème, alors que Maitimo aura un frère, et j'espère d'autres, qui aura le même sang que lui. Rien que ça, ça change des choses. Des enfants qui ne veulent pas de petits frères ou sœurs sont beaucoup plus courant, expliqua-t-il en conduisant son beau-fils devant une porte, Il n'est pas trop tard pour rattraper la situation, dit-il en ouvrant la porte de la chambre où dormait Maitimo.


C'est le bruit d'un battement de cœur et une respiration lente et régulière qui le réveillèrent. Ouvrant difficilement les yeux, il se retrouva face à un torse. Remontant lentement du regard les vêtements de voyage froissés, il vit le visage de son père, les yeux fermés, signe de fatigue extrême. Maitimo se sentit un peu coupable en le voyant ainsi, mais il écrasa ce sentiment, ne voulant pas perdre la bataille à venir. Cependant, il restait un enfant et il se cala contre son père, absorbant la chaleur qu'il dégageait. Doucement, un bras passa dans son dos et l'attira un peu plus vers son père. Il essaya de se débattre mais son père était plus fort que lui et bientôt, il se retrouva bloqué contre son torse. Assez vite, il finit par abandonner et commença à bouder, alors que son père caressait ses cheveux. Puis la voix de son père résonna dans la pièce, contant l'histoire d'un petit garçon qui perdit sa mère quelques temps après sa naissance. Pendant dix ans, le mari fit le deuil de sa femme, mais il finit par tomber amoureux d'une autre et il demanda aux dieux l'autorisation de l'épouser. Ces derniers acceptèrent et le veuf se remaria, pour le plus grand mécontentement de l'enfant. Et finalement, la nouvelle femme tomba enceinte et beaucoup pensèrent que son enfant serait le prochain héritier, et non pas le fils du premier mariage. L'enfant prit peur et se mit à haïr le bébé à naître ainsi que sa belle-mère, craignant de perdre sa place dans le cœur de son père.

Maitimo écouta son père lui parler de comment l'enfant grandit avec cette ombre, cette peur constante et comment il trouva refuge auprès de son maître. Il lui raconta comment l'enfant, devenu adulte, tomba amoureux de la plus belle elfe qu'il ait jamais vu et de leur union. Puis vint le plus beau jour pour eux, lorsqu'ils découvrirent qu'ils seraient parents. Mais rapidement, la peur revint dans le cœur de l'elfe. Il se mit à craindre de plus en plus le jour de l'accouchement, ne souhaitant pas que son enfant ne vive la même chose que lui : grandir sans mère. Mais finalement, tout se passe bien et la petite famille vécut heureuse. Lorsque les parents apprirent qu'ils allaient avoir un autre enfant, l'elfe crut mourir de bonheur. Mais sa joie fut incomplète car son premier fils était malheureux et l'elfe ne savait pas quoi faire.

- Que devrait faire cet elfe d'après toi ? Demanda Fëanor après avoir fini son histoire.

Pendant un long moment, il n'y eu que le silence. Puis son fils se retourna dans ses bras et passa les siens autour de son cou.

- Je t'aime Maitimo, n'en doute jamais, souffla Fëanor en embrassant les cheveux de son fils qui pleurait doucement.


C'est avec curiosité qu'il observa ce petit être qui serait son petit frère à partir d'aujourd'hui. Haru Mahtan lui avait dit que la couleur des yeux du bébé allait peut-être changer dans les mois à venir lorsqu'il avait dit que le nouveau né avait les même yeux bleus que son père. Ammë, atto et haru avaient tout les trois ri lorsqu'il avait dit que le bébé était vraiment petit et lui avait expliqué qu'il était encore plus petit quand il était né, ce qu'il refusait de croire. Lorsque son père lui fit signe de venir, il se rapprocha doucement de lui, gardant un œil sur le bébé qui dormait dans les bras de son père, et vint s'asseoir sur le lit où se trouvaient t ses parents. Délicatement, sa mère passa ses bras autour de lui et le cala contre elle, tandis que son père se rapprocha de lui et… déposa le bébé dans ses bras ! Pris par surprise, il cessa complètement de respirer et de bouger, alors que son père plaçait correctement le bambin dans ses bras. Au même moment, le bébé ouvrit les yeux, sûrement pour savoir pourquoi il n'était plus bercé et au chaud, et l'observa. Doucement, un sourire apparut sur les lèvres de Maitimo et il se mit à sourire à son tour, tout en murmurant :

- Bienvenue dans la famille, Makalaurë…


J'espère que vous avez aimé et je vous dis à demain !