Les persos ne sont pas à moi, bien entendu
Discussion nocturne.
Harry
Potter était un héros depuis le jour maudit où
ses parents le laissèrent orphelin, et jamais il n'eut de
cesse de construire son mythe depuis son entrée à
Poudlard, plus ou moins volontairement.
Il
était envié, admiré, convoité, détesté,
et à quinze ans reposait déjà sur ces frêles
épaules un destin bien trop lourd à porter.
-
c'est la rançon de la gloire, Harry.
Un
homme de haute taille s'assit sur un rocher, à quelques pas
de lui, et laissa ses yeux bleus nuit se perdrent au milieu des
étoiles éclairant le ciel sombre, au dessus des tours
du château. Ses longs cheveux bruns retombaient négligemment
sur ces épaules, sublimant son visage resté beau malgré
les douloureuses épreuves que la vie lui avait imposé.
Le
survivant sourit tristement en regardant son parrain.
-
Tu es là.
Sirius
Black éclata d'un rire sonore, semblable à un
aboiement.
-
Ta perspicacité m'étonnera toujours, mon garçon
!
Lui
adressant un sourire chaleureux, il continua :
-
Tu es si sombre, Harry. Tu devrais profiter du temps qu'il te
reste, avant que la guerre n'éclate pour de bon.
Le
garçon braqua ses yeux émeraude sur le Maraudeur, une
expression choquée sur le visage.
-
Tu me demandes de sourire après ce qui vient de se passer ?
Sirius, je regretterai ce jour toute ma vie !
L'autre
sourit et lui ébouriffa affectueusement les cheveux.
-
Ne regrette rien, idiot. La vie est trop courte pour ça.
Il
se leva et enfonça ses points dans ses poches.
-
Tu sais, si on repense à l'histoire de ma vie, on ne peut
que me plaindre, tant elle fut entachée de tragédies du
début à la fin. Ma famille me détestait, j'ai
perdu tous ceux qui m'étaient chers et j'ai passé
la moitié de ma vie en prison pour un crime que je n'avais
pas commis.
Un
sourire paisible se dessina sur ses lèvres.
-
Mais je ne dirai jamais que je regrette ma vie. Parce que ni ce que
m'a fait subir ma famille, ni la prison, ni la mort ne pourrait me
faire regretter mes années à Poudlard. J'y ai connu
ce que la vie fait de plus beau…
Il
adressa un clin d'œil à son filleul.
-
un sacré paquet de filles, en raison de mon physique de
rêve…
Harry
leva les yeux au ciel.
-…l'aventure,
les rires, les bonheurs de l'adolescence…et bien sur James, mon
cher frère, et Remus, Lily.
Sirius
se rassit.
-
Si je devais le refaire, je le referais à l'identique. Parce
que même après Azkaban, ma vie avait encore un sens.
James et Lily m'avaient quitté à tout jamais, Peter
nous avait trahi, les détraqueurs avaient définitivement
brisé mon âme…Mais il me restait toi...Et Remus, et
l'ordre, et tant d'autres choses…
Harry
sourit. Sirius était un personnage si ambigu. Fier,
capricieux, intenable, grognon, gamin, grave, mais rendu si sage par
ses années d'enfer. Il le connaissait depuis si peu de
temps, et pourtant, il était déjà devenu un
pilier central de son existence. Lui qui l'avait toujours soutenu,
protégé, écouté. Il ne pouvait pas
imaginer sa vie sans lui, à présent.
-
alors tu n'as pas mal ?
L'animagus
sourit devant le timide regard inquiet du garçon.
-
Ne te fait pas de soucis pour moi, je n'aurai plus jamais mal.
C'est toi qui va devoir supporter la douleur de cette guerre.
Ils
restèrent silencieux de longues minutes, puis le dernier des
Black se leva. Harry bondit et lui attrapa le bras, le serrant avec
force comme si sa vie en dépendait.
-
Ne pars pas ! Ne me laisse pas, Sirius, j'ai besoin de toi !
Ses
grands yeux verts brillaient, et sa voix dissimulait mal le désespoir
qui l'habitait. Son parrain sourit et le serra dans ses bras.
-
Si je pouvais, mon grand, je resterai avec toi jusqu'à la
toute fin. Mais je n'ai pas le choix, tu comprends ? Je suis juste
venu te dire au revoir...Une dernière fois…
Le
forçant à le relâcher avec douceur, il lui
ébouriffa les cheveux et lui sourit une dernière
fois.
-
j'ai confiance en toi, Harry. Tu es le digne fils de tes parents.
Et mon digne filleul, même si tu ne comprends rien à la
gente féminine…
Tournant
les talons, il s'éloigna à pas lent, disparaissant
progressivement au milieu d'une brume née de nulle part.
-
Ce n'est pas un adieu, Harry. Mais tu te doutes que je ne veuille
pas te revoir avant un bon bout de temps…
Le
jeune homme se réveilla en sursaut. Le soleil commençait
à pointer ses rayons. Il frissonna au contact de l'herbe
mouillée.
Il
s'était endormi dans le parc, en regardant les étoiles.
Se
rallongeant lentement, il essuya les larmes qui mouillaient ses
joues. Son cœur lui faisait encore mal, mais la douleur s'était
apaisée.
Sirius
ne reviendrait jamais de sous ce voile, où sa stupidité
l'avait envoyé. Il ne lui sourirait plus jamais, il
n'entendrait plus son rire semblable à un aboiement, il ne
lui confierait jamais plu ses doutes, ses peines et ses espoirs.
Mais
Sirius qui avait tant souffert…Harry ne l'avait jamais vu si
beau, calme et serein que dans la mort, marchant pour retrouver la
sérénité…
- Repose en paix, Patmol…
en espérant que vous avez apprécié
