Information fanfiction
Titre : The Journey
Type : Fanfiction (3/3 + Epilogue)
Genre : Romance
Roman : The Midnithers
Couple : Jonathan/Melissa
Note de l'auteur :
Il est conseillé d'avoir lu la trilogie de "The Midnighters" pour lire cette fanfiction de 3 chapitres. L'histoire reprends à la fin du dernier tome. Jessica, Jonathan et Melissa sont en route pour un long voyage à travers le monde afin de trouver tous les Midnighters débutants égarés et leur épargné cette solitude qui les a marqué eux-mêmes. Séparée de Rex, Melissa tente de reprendre une vie normale. Elle redevient amère et aggressive. Jonathan continue de vivre son histoire avec Jessica. Mais séparés à jamais par l'heure secrète et le temps qui s'écoule, comment Jonathan vivra-t-il cette situation ?
Moi je pense que Jonathan, même avec sa naïveté, a beaucoup réfléchie à sa situation avec Jessica. Autre détail qui m'a intéressé : Jonathan et Melissa voyageront ensembles et passeront chaque jour 24 heures rien que tous les deux. Vu qu'ils sont des humains malheureux, j'ai du mal à imaginer qu'il ne se passerait rien entre ces deux-là.
Et juste à titre d'indication, je n'ai jamais été fan de ce couple. J'ai toujours adoré celui de Melissa et Rex et supporté celui de Jonathan et Jessica. L'idée de ce "couple" théorique m'est venu tout à coup quand j'ai réalisé que leurs deux couples étaient terminés et qu'ils étaient condamnés à vivre ensembles... A vous de me donner votre avis.
Chapitre 1 – Melissa [ 12 h 46 ]
Ais-je fais une erreur en quittant Bixby ? N'y avait-il pas une autre solution afin d'éviter à mon cœur toute cette torture ? Toutes ces blessures ? Toutes ces peines ? Il coule… le sang coule. Mon cœur saigne. Inlassablement. Une déchirure s'est formé à travers le tissue de ma poitrine étouffée. Le bouclier que je m'étais forgé se fends, déversant toute l'étendue d'un amour déchu. Jamais la plaie ne se refermera. Pas même dans une décennie, ni dans une autre vie. J'ai définitivement cessé de « vivre »…
Pourtant, Melissa savait qu'elle avait prit la bonne décision. Quitter Bixby. Quitter la touffeur de cette petite ville trop calme et à la fois trop bruyante, l'écrasement de ces émotions humaines méprisables, l'étouffant débordement d'affection de ses parents. Tous ces sentiments se mêlaient dans sa cervelle, la réduisait en bouillie, la faisait suffoquer à tel point qu'elle redevenait l'ancienne Melissa : celle qui se cachait derrière ses longues mèches de cheveux, une succession de tissus noirs masquant tous les pores de sa peau, affirmant pâleur de son visage et qui s'assourdissait les tympans à l'aide de ses écouteurs lui crachant à la figure un brouhaha alarmant et inapproprié. Des beuglements de chanteurs hystériques associés à le de la musique rock tapante dont le seul but est de provoquer le plus de bruit possible et rendre timbré le premier imbécile venu. Ce n'est pas de la musique, tout juste un concert de hurlement – comme celui d'un animal qu'on tente d'étrangler – plus destiné à une cérémonie funèbre qu'à une fête improvisée, histoire de tuer les quelques visiteurs en deuil venu rendre un dernier hommage. Melissa serait prête à parier que ce genre de musique aurait été du goût de Dess. Du moins, elle s'associerait parfaitement à son style vestimentaire qui se voulait « gothique » contrairement aux contestations de la polymathe…
Non elle ne regrettait pas de quitter cette ville. Les longues rues goudronnées tapissé de maisons et d'immeubles déconfits, la foule grondante qui lui laissait un goût amer sur la langue, ce soleil éblouissant qui l'aveuglait, ce vent suffoquant qui l'étouffait, l'écrasant désert chaud remplis de sables et de poussières… Elle ne regretterait ni le quartier de Jenks, ni le mobil building – le plus grand bâtiment de tout Bixby - sur lequel trônait Pégase, le cheval de néon qui rependait sa lumière sur la ville à la nuit tombée, ni le lycée, cet endroit de torture pour sa pauvre cervelle en ébullition… Non elle ne regrettait rien de tout ça. Pas même de quitter Madelaine, la vieille télépathe, sa marraine, celle qui détenait tout le savoir du monde concernant les mystères les plus anciens… Elle ne regrettait pas non plus de quitter Dess, la polymathe. Acharnée des mathématiques, traduisant toutes les données en chiffre, résolvant toutes les énigmes par numérologie, par données et par mots de treize ou trente-neuf lettres – chiffre maudit chez les « darklings » - et ne mangeant que des math, des math et encore des math. Dess n'était pas la personne qui allait lui manquer le plus. Surtout lorsque l'on sait ce que la polymathe pense de Mélissa – celle qui la nomme « la reine des garce ». Elle ne regretterait ni ses parents, ni les élèves du lycée qu'elle ne connaissait pas… Non, mais son cœur souffrait de le quitter « LUI ».
Rex Greene. Son meilleur ami, son confident, son soutient et celui qui a su l'apaiser et qui a partagé tellement d'expériences, tellement de danger à ses côtés… Celui en qui elle avait le plus confiance, celui pour qui elle aurait donné sa vie sans hésiter. Et celui sans qui elle n'était pas certaine de pouvoir vivre… Rex. Son Rex, son « beau gosse ».
Lorsqu'elle fermait les yeux, le visage du garçon lui apparut encore très net dans sa tête. Ses traits fins, fatigué, cerné, sa chevelure en brosse brune, ses habits noirs, les cicatrices qui ornaient sa peau. Il ne portait plus ses lunettes qu'il avait depuis leur rencontre. Il n'en avait plus besoin. Oui cette image était aussi claire que de l'eau de roche… même après tous ces mois de séparation… Tout comme le goût prononcé de leur séparation qui menaçait de faire s'écrouler les barrières derrière lesquelles s'abritait Melissa depuis lors.
On arrive bientôt ? Lança une voix fatiguée, la tirant de sa rêverie.
Dans 200 mètres tu sortiras de l'autoroute, annonça Melissa de sa voix plate, absente.
Le conducteur de la voiture poussiéreuse poussa un grognement en appuyant sur l'accélérateur. Une main sur le volant, l'autre appuyée contre la bordure de la fenêtre ouverte - ou défilait un paysage monotone fait de poussière et de montagne verdoyante se découpant sur l'horizon -, Jonathan Martinez, mexicain d'origine avec une peau dorée au soleil, se laissa aller à une succession de pensées amères, frustrées, comme s'il était prisonnier de cette voiture et de la gravité qui l'entourait. Melissa serra ses doigts sur les plies de sa ceinture, craignant à tout moment que la voiture subisse un arrêt forcé la propulsant par inadvertance à travers le pare-brise ; comme ce fut le cas à cette époque trouble d'obscurité et de tension. On ne peut pas dire que cette expérience se soit tassé dans un coin de son esprit, particulièrement lorsque le conducteur, les traits marqués par la fatigue et l'épuisement, était irrité par cette route sans fin et cette gravité qui l'empêchait de voler comme bon lui semblait. Melissa s'efforça de ne pas protester en ressentant toute cette aigreur car un nouvel assaut de pensées accentuerait son mal au crâne. Inutile de se disputer avec « l'homme volant » pour une conversation anodine et futile…
Augmentant le volume de son mp3, Melissa reporta son attention sur le paysage assaillie par le soleil de ce début d'après-midi. La chaleur envahissait les étendues verdoyantes et s'infiltrait dans le véhicule. Le paysage était si différent de ces plages désertiques en Oklahoma. Cette verdure, ces montagnes et ce vent frais la revigorait plus qu'elle n'aurait voulu l'admettre. Et les voitures se faisaient rares sur la route, ce qui la rendait euphorique car c'était un mal de crâne en moins. Ils avaient encore un longue trajet à parcourir jusqu'à Whitehorse. Au moins plusieurs jours, si ce n'est plusieurs semaines… Jonathan conduisait depuis Seattle, la fatigue se faisait sentir. Lorsque l'homme volant avait suggéré de s'arrêter, Melissa avait annoncé que leur cible devait se déplacer en voiture car il bougeait vite et s'éloignait d'eux. Donc la pause avait été reportée à plus tard. Voilà maintenant huit heurs qu'ils roulaient sans aucun arrêt, à la recherche d'une personne dont ils ignoraient l'identité et le visage. Melissa savait qu'elle parviendrait à le reconnaître une fois qu'ils seraient à proximité de l'étranger. Elle sentait sa présence, ressentait ses craintes et ses appréhensions. La télépathe l'avait localisé depuis San Francisco. Son don de télépathie s'était considérablement développé depuis quelques jours et ça, sans la présence de Rex, le voyant de leur petit groupe de « Midnighters ». Une progression dont elle était intérieurement fière. D'un geste sec, Jonathan arracha l'un des écouteurs de l'oreille de Melissa.
Quoi ? Répliqua-t-elle sèchement.
Je voulais savoir où on va comme ça, répondit-il en refoulant son irritation dû à un manque constant de sommeil.
Voyager en compagnie de l'homme volant ne s'avérait pas aussi pénible qu'elle l'aurait pensé. A défaut d'avoir des points communs ou de l'affinité entre eux, ils arrivaient à s'entendre. Jonathan n'était pas le genre de personne que l'on a envie d'éviter. Loin de masquer ses émotions, elles étaient pour la plupart agréables à lire. Simples et banales, ce qui était reposant. Sauf lorsqu'il pensait à sa petite amie coincée dans un univers parallèle. Ou encore cette pitié excédante qu'il ressentait pour elle-même. Dans ces cas-là, le voyage devenait un calvaire pour Melissa…
Il ou elle se dirige plus au Nord de la Colombie Britannique, annonça Melissa après réflexion. Il est toujours en route et roule relativement vite. Je sens une certaine panique émané de sa conscience. Il agit dans l'urgence, manque de prudence et de repos. Voilà pourquoi il m'est si facile de capter sa présence…
Tu crois qu'il tente de fuir les Darklings ? Suggéra Jonathan sans lâcher la route des yeux.
C'est même une certitude, approuva Melissa.
Comme si on pouvait fuir le « temps bleu » ou les « darklings ». Voilà maintenant des millénaires qu'à minuit précis, la Terre se fige, les habitants se transforment en statut humaine, inconscients des changements qui opèrent sur leur Terre pendant une heure, les couleurs se ternissent jusqu'à devenir bleu, la lune sombre apparait dans le ciel obscure et entame sa course folle à travers la voûte nuageuse, débutant l'heure secrète. Une heure que seuls des enfants nés à Minuit pile pouvait voir. Tous les heureux élus – plutôt tous les pauvres malchanceux – qui sont nés à minuit se voyaient attribués un don précieux capable de les aider à affronter la menace de l'heure secrète. Comme celui de Melissa qui était une télépathe, Jonathan, un acrobate ou encore son Rex qui était voyant. Pas dans le sens « lire l'avenir » mais plutôt « peut voir la marque laissée par les darklings », ces créatures infâmes emplis de ténèbres et de rage, se nourrissant des pires cauchemars des humains et se tapissant dans l'heure secrète. Ce rituel remontait à si longtemps pour Melissa qu'elle en avait des vertiges rien qu'en y pensant… Non, on ne peut pas fuir l'heure secrète !
Je ne savais pas que le temps bleu s'étendait aussi loin… Tu crois qu'il englobe toute la planète ? Ni Rex, ni Dess ne nous ont mis au courant.
Ils devaient l'ignorer, comme nous. Ce n'était pas indiqué dans l'ancien savoir en tout cas. Rex m'en aurait parlé…
Jonathan n'ajouta rien mais ses pensées se reflétaient clairement dans l'esprit de Melissa, comme un livre ouvert. Les images et la saveur s'imprégnaient dans son esprit et sur sa langue, s'imposaient à elle sans crier gare, rependant de l'amertume dans sa bouche sèche. Un tourbillon d'émotions fortes flottait entre eux, ce qui n'ébranla pas tout de suite l'attention de Jonathan pourtant remarquablement respectueux de ses dons. Il ne croyait plus en Rex. Non pas que l'homme volant et le voyant aient toujours trouvé un terrain d'entente mais jusqu'à la récente transformation de Rex, Jonathan parvenait encore à lui faire confiance. Les plans de Rex fonctionnaient toujours. Son savoir, ses connaissances en matière de Darklings et de l'ancien savoir dépassaient tout ce que l'on pouvait imaginer. Il était le génie du groupe, dépassant même de loin Dess, l'expert en mathématique et en données numérologiques. Le garçon s'était proclamé chef du groupe et ne supportait pas que l'on passe outre ses ordres. Une règle bien vite expédié par Jonathan qui a prit de la distance avec le groupe, jusqu'à l'arrivé de Jessica…
Mais aujourd'hui, tout était différent. Pas uniquement parce que Rex avait muté et partageait à présent une partie de son esprit avec un Darklings – leurs ennemis - mais parce qu'à cause de lui, Jessica n'existait plus… Du moins, elle n'existait plus 24 heures sur 24. Coincée entre leur dimension et celle des Darklings, Jessica, la petite amie de Jonathan et leur terrible porte-flambeau, avait sacrifié sa propre vie pour sauver celle de milliers d'habitants lorsqu'une déchirure menaçait de faire entrer les deux dimensions en collision et permettre aux Darklings de savourer un copieux repas au travers des humains sans défense…
Melissa ressentait la rancœur de l'homme volant pour Rex. La colère qu'il tentait de refouler et de cacher à Melissa – bien que ses efforts soient vains… La télépathe ressentait l'amour de l'acrobate pour la jeune fille – légèrement moins fort que son adoration pour le vol dans l'heure secrète – mais suffisamment grand pour le pousser à haïr Rex et Melissa - qui le suivait comme son ombre. Leur union à tous les deux – elle et Rex – fut ce qui brisa leur groupe si fragile. Déjà distant au cours de toutes ces années, Jonathan avait entraîné Jessica loin d'eux, l'emmenant voler pendant toutes les heures secrètes et les éloignant tous deux du groupe. Puis, dans un état de panique incontrôlable, lorsque son petit ami s'était fait enlevé par les Grayfoot – des humains perfides prêt à tout pour communiquer avec les créatures du temps bleu – Melissa s'était vu obliger de « toucher » Dess, forçant l'accès au secret que cette dernière dissimulait afin de débusquer dans son esprit l'endroit précis ou les Grayfoot avaient caché Rex. Cette intrusion forcée – similaire à un viol - marqua définitivement la fin de leur amitié. Ce viol de pensés avait choqué Dess, dégoûtée de Melissa qu'elle n'appréciait déjà pas tellement avant ça. Leur groupe s'est scié en deux. Pendant que Rex et Melissa partageait des informations par simple contact physique – des baisers enfiévrées dont elle avait encore le goût sucrée dans la bouche – Dess, Jessica et Jonathan faisaient bande à part. Dess avait ses propres secrets qu'elle gardait jalousement à l'insu de Rex, leur chef. Quand au couple volant, ils vivaient dans un monde à part…
Mais maintenant, tout était bien terminé… Jessica avait disparue pour de bon, ne réapparaissant qu'une heure par jour. Et Dess était restée en compagnie de Rex à Bixby Oklahoma ; ainsi qu'aux côtés de la vieille télépathe, Madeleine.
Voilà maintenant plusieurs mois que Melissa voyageait en compagnie de Jonathan – rejoints par Jessica au douzième coup de minuit - à bord de cette vieille voiture trop étroite et trop sale. Sa vielle voiture lui manquait avant que Rex ne la conduise à la casse pour conduite forcé à travers le désert dans le but d'échapper aux Grayfoot… Aujourd'hui, tout ça était de l'histoire ancienne. Elle, l'homme volant et leur « porte-flambeau » voyageait à travers le monde à la recherche des autres Midnighters. Seule Melissa était en mesure de les percevoir avec ses dons télépathiques. Son esprit était capable de s'étendre sur des kilomètres si sa concentration était à son apogée.
Il s'est arrêté ! Annonça soudainement la télépathe en se redressant comme si elle avait subit un électrochoc.
Génial, on peut en faire de même alors ? Suggéra Jonathan pleins d'espoir.
Pas question, on perdrait notre avance, réfuta Melissa en secouant la tête.
Bon écoute Melissa, soit tu me laisses m'arrêter quelques minutes et reprendre mes forces, soit tu passes une nouvelle fois à travers le pare-brise ! Protesta Jonathan en laissant sa colère évacuer.
Aouch, Jonathan ! Maugréa Melissa en enfonçant sa tête dans ses mains.
Désolé, s'excusa aussitôt Jonathan en se rappelant que la télépathe lisait systématiquement toutes ses pensées et subissait toutes ses émotions violentes contre son gré. J'ai besoin de m'arrêter, de souffler un peu…
Bon d'accord, tu as raison. On s'arrête à la prochaine ville, ça te va ?
Ca marche ! On pourra attendre la fin de l'heure secrète avant de repartir ?
Melissa poussa un profond soupire avant de fermer les yeux. Elle se concentra, fouilla dans l'esprit éloigné de sa cible. Il était épuisé lui aussi. Sa fuite à travers le Canada avait affaiblie ses défenses. Peut être resterait-il quelques jours à sa prochaine destination. La télépathe percevait la présence d'une personne familière pour sa cible au sein de cette ville. Melissa supposa alors qu'il allait vivre ici quelques temps. Mais il n'allait probablement pas s'éterniser en se rendant compte que l'heure secrète avait englouti le monde tout entier et qu'il n'était pas à l'abri dans cet endroit non plus. Ouvrant lentement les yeux, Melissa accéda à la requête de l'homme volant : à savoir s'arrêter quelques heures. Ce à quoi il lui répondit par un élan de reconnaissance absolue directement dans ses pensées. Melissa grimaça. Ces émotions trop fortes – surtout la perspective de revoir Jessica – dégoûta la télépathe. Excédée, elle enfonça ses écouteurs dans ses oreilles, brisant le contact avec le flux de pensées de Jonathan et respira tranquillement, enfin libéré de tout ce vacarme sonore.
* - * - *
La nuit était déjà bien avancée lorsqu'ils atteignirent un petit patelin modeste entre Prince George et Prince Rupert. Quelques néons lumineux les accueillirent à l'entrée du village et les habitants étaient de sorties ce soir, ce à quoi Melissa grimaça en songeant au mal de crâne qui l'attendait face à l'effervescence de la foule. Entre temps, pour se donner de l'énergie, Jonathan avait allumé la radio de la vieille voiture et se laissait entraîner par le rythme de la musique entraînante : un récent groupe de rock qui se faisait connaître dans les grandes villes et passaient sur toutes les ondes. Ils avaient un certain style, Melissa devait bien le reconnaître. Souhaitant recevoir l'euphorie de l'homme volant – et échapper à sa mélancolie constante -, la télépathe avait coupé sa propre musique et se nourrissait de la joie du garçon, se surprenant même à secouer la tête au rythme de la musique avec énergie. Attitude qui arracha un sourire amusé au garçon.
Après ces longues heures de routes, Melissa avait apprit à apprécier la compagnie de Jonathan et se laissait aller quand la tension devenait trop forte. Le jeune homme en revanche, ressentait toujours un peu d'amertume pour la télépathe. Il ne savait jamais comment se comporter avec elle. Il ne savait pas ce qu'elle pensait, ni même ce qu'elle ressentait. Cette curiosité déplacée à son égard arrachait toujours à Melissa un regard méfiant, interrompant systématiquement les pensées du jeune homme. Melissa n'appréciait pas ces moments où le garçon voulait en apprendre un peu plus sur sa vie et ses sentiments. Après tout, elle n'était pas « la reine des garces » pour rien. Son attitude froide, arrogante et distante lui avait valu ce surnom de la part de Dess. Surnom que reprenait parfois Jessica lorsqu'elle n'arrivait plus à comprendre la télépathe.
Traversant plusieurs rues éclairées par quelques néons, au rythme de la musique entraînante, Jonathan s'arrêta sur la place centrale du village où se réunissaient de nombreux citoyens et touristes égarés venus profiter de la fête du village. Un sourire éclaira le visage émerveillé du garçon lorsqu'il observait les illuminations de la place centrale. Des bannières multicolores étaient accrochées aux lampadaires, entre les maisons et reliaient certains arbres. Un orchestre amateur jouait devant une fontaine éclairée, semant la joie et l'hystérie parmi la foule. Melissa adressa un regard dubitatif au jeune homme lorsqu'il coupa le moteur.
C'est le meilleur moyen de décompresser, expliqua-t-il d'un haussant d'épaules.
Jonathan, si je sors de cette voiture dans cette foule, c'est morte que tu me retrouveras ! J'en ai déjà mal au crâne rien que d'entendre toutes leurs jérémiades ! Pesta la télépathe en contenant son irritation.
Tu crois qu'on pourrait louer deux chambres dans un hôtel ? Suggéra Jonathan en ignorant la remarque de sa compagne de route.
Et avec quel argent ? On ne roule pas sur l'or, je te rappel.
C'est vrai, acquiesça l'homme volant en parcourant la place scintillante du regard – la perspective de passer une nuit de plus sur la banquette de la voiture ne le réjouissait pas des masses. Heureusement qu'on a l'heure secrète pour se réapprovisionner en nourriture… Enfin, même si moi j'appel ça du vol…
Jonathan, l'interrompit Melissa pour revenir au sujet qui la tourmentait. Est-ce qu'on ne pourrait pas s'éloigner un peu ? Il y a trop de bruit ici, trop de monde…
Non, autant profiter un peu des joies que Flatland peut nous offrir !
Melissa ne releva, appuyant ses doigts sur ses tempes brûlantes, espérant faire cesser tout ce raffut de pensées engouffrées dans son esprit tambourinant. Depuis qu'elle avait quitté Rex, Melissa ne parvenait pas à isoler les pensées des autres, à capter plus calmement les esprits des gens. Elle subissait leurs attaques, impuissantes, douloureusement tout en détestant de nouveau ce monde que Jonathan appelait « Flatland » pour une raison que lui seul connaissait et dont Melissa n'avait pas jugé utile de comprendre. Ce monde dans lequel Jonathan ne pouvait pas voler, il le détestait au moins autant qu'elle. Alors à quoi bon se forcer à s'amuser ? Dans un monde où il n'y a ni Rex, ni Jessica ?
En fouillant un peu dans la mémoire de Jonathan, la réponse ne se fit pas attendre. Il l'avait promis à Jessica. Le porte-flambeau avait fait promettre au garçon de profiter des joies de ce monde pour eux deux. Car elle était privée de ce monde, privée de la lumière, privée de la vie. Son existence se résumait à ses retrouvailles avec son amoureux et Melissa lorsque Minuit sonnait. En y pensant, Melissa éprouvait de la sympathie pour la jeune rousse, ainsi que pour l'homme volant, condamnée à voir celle qu'il aime pendant une courte période de la journée.
Ca va être sympa, allez, viens Mel, faut décompresser un peu dans la vie ! Lança joyeusement Jonathan en laissant se propager toute son excitation dans l'esprit de Melissa.
Dicté par son enthousiasme entrainant, Jonathan n'avait pas réfléchi. Mécaniquement, il avait empoigné le bras de Melissa, prêt à la tirer hors de cette voiture, au sein de cette fête à laquelle il ne voulait pas participer seul.
Mais ce fut une erreur.
A l'instant où ses doigts frôlèrent la peau nue de Melissa – pour une fois qu'elle ne mettait pas ses gants ! - le contact s'ouvrit entre eux et la connexion s'opéra. La télépathie n'était jamais aussi bonne que par contact physique. C'est alors qu'une succession d'émotions virulentes s'emparèrent de la jeune télépathe sans qu'elle n'y soit pour quoi que ce soit. Epuisement, fatigue, consternation, frustration, douleur, colère. Cette marrée d'émotions négatives – ces sentiments que Jonathan s'efforçait de cacher à sa compagne de route pour lui épargner un violent mal de tête – se déversèrent en elle comme une agression vigoureuse qui lui soutirèrent un cri alors qu'elle senti ses propres émotions filer à travers l'esprit de son camarade : dépression, peine, abandon, solitude, hargne, accablement. Poussant un hoquet de stupeur, Jonathan la lâcha subitement et se recula prestement contre sa portière. Le plus loin possible de Melissa, comme si elle avait la peste.
Dé… Désolé ! J'avais oublié… Prononça-t-il d'une voix tremblante, les yeux écarquillés, encore sous le choc du contact.
Sa respiration haletante représenta la seule trace de vie dans cette voiture durant les quelques minutes qui suivirent ce contact. Melissa se réjouissait que le garçon ne puisse lire dans ses pensées en cet instant. Il saurait autrement toute la colère et le dégoût qu'elle ressentait pour lui. Colère parce qu'elle ne supportait pas être touchée par quelqu'un d'autre que Rex – et surtout pas par un débile comme lui. Et qu'elle refusait de subir le flux de pensées d'une autre personne que le voyant. Puis le dégoût… pour ce qu'il lui avait fait percevoir : son désir de revoir la fille qu'il aime d'ici une poignée d'heure. Son impatience à attendre l'heure secrète pour voler en compagnie de Jessica, alors qu'elle-même – qui tenait la chandelle dans leur couple - était privée de ce privilège.
La sensation d'être seule et abandonnée… Emotion qui faisait le quotidien de Melissa depuis des années, jusqu'à sa rencontre avec Rex. Ce jour béni où, au prix d'efforts considérables, Melissa avait finit par le trouver en déambulant dans les rues désertes de Bixby vêtue de son petit pyjama de cowgirl. Pour finalement que cette émotion de solitude la tiraille aujourd'hui encore, à présent qu'ils étaient loin l'un de l'autre. Pourquoi cette souffrance venait-elle la hanter à nouveau ? Pourquoi cette blessure se rouvrait à cause d'un abruti inconscient ?
En plus de ce sentiment qui rouvrait la plaie de son cœur, Melissa devait subir la compassion et la pitié de Jonathan parce qu'il croyait comprendre ce que ressentait Melissa. Il avait senti ce que la jeune fille subissait au quotidien lors de leur premier contacte et en avait ressenti une grande tristesse pour elle. Être forcée de lire l'esprit des gens sans y être invité et sans nécessairement en avoir envie. Car jamais personne ne cessait le flux de pensée. C'était répétitif, jusqu'à l'heure secrète ou tout cessait.
Va-t-en… Murmura Melissa en fermant les yeux pour se concentrer.
Melissa, je suis vraiment…
Va-t-en ! Répéta-t-elle plus fermement en conservant un calme olympien.
Jonathan ne se fit pas prier. C'est ce qu'il voulait faire depuis le début : s'éloigner de la télépathe. Les jambes flageolantes après toutes ces heures de conduites, Jonathan descendit de la voiture, laissant entrer une vague de pensées enthousiastes et égoïstes des habitants de la bourgade, à l'intérieur de la voiture. Il parcourra la place d'un regard neutre et s'éloigna à travers la foule pour finalement disparaître dans la marée humaine.
Seule dans la voiture, Melissa s'empressa de remettre ses écouteurs dans ses oreilles et monta le volume à fond, parasitant l'agression mentale des citoyens. Elle serra les dents en regrettant d'avoir permis à l'acrobate de s'arrêter dans cette ville. Bien sûr qu'il avait besoin d'une pause mais pas en pleins centre d'une foule en délire ! C'était la condamner à perdre connaissance, à perdre la tête. Serrant les dents et les poings, Melissa concentra son attention sur Rex. Sur l'image qu'il lui avait laissé, sur ce dernier baiser qu'ils avaient échangé pendant leur ultime bataille, alors même que les feux d'artifice scintillaient pour barrer la route à l'ennemi, et que Jessica contrôlait la foudre d'un éclair figé pour détruire tous les Darklings environnants et ainsi refermé la déchirure. Seulement quelques heures plus tard, il avait été décidé qu'elle, Jonathan et Jessica devrait partir à la recherche de tous les Midnighters égarés et leur épargner cette solitude et cette incompréhension de l'heure secrète qui les avait tiraillé eux cinq des années durant, alors que pendant tout ce temps, Madeleine, la vieille télépathe - seule vestige d'une civilisation de Midnighters ayant succombé aux ennemis par sa traîtrise - se terrait quelque part, à l'abris de tous, pour les contrôler à sa guise. Aujourd'hui, son cher Rex était aux côtés de la vieille femme sénile pour garder un œil sur elle. Pour avoir accès à tout l'ancien savoir dont il raffolait et où il pouvait éventuellement garder un œil sur Melissa, sa meilleure amie.
Enfonçant ses ongles dans son crâne, Melissa étouffa un gémissement, perdant le peu de contrôle qu'elle avait. Laissant filer toute sa tristesse et tout son désespoir. Seule, dans cette voiture, au milieu d'une foule qui ne la voyait même pas.
Rex… Gémit Melissa en cherchant la présence de son ami dans son esprit… en vain.
* - * - *
Le calme, le silence et l'obscurité - sa plus vieille amie - s'engouffrèrent enfin autour d'elle. Le vacarme tonitruant de la foule avait cessé. Toutes les pensées des habitants s'étaient tues en même temps. Le souffle du vent s'était figé, le grésillement des néons disparu dans le néant. Seules quelques pensées filtraient à travers cette étendue de silence.
Tout d'abord Jonathan. Son esprit était léger, serein et soumis à une grande joie que partageait Jessica, sa petite amie. Leur allégresse était communicative. Melissa sentait leur ravissement de pouvoir voler. Libérés de la gravitation, les deux tourtereaux effectuaient des immenses sauts qui les entraînaient dans le ciel obscur. Ils ne pensaient à rien d'autre qu'au bonheur de pouvoir planer au-dessus de la ville. Une sensation que regrettait la télépathe.
Melissa concentra son attention sur une autre conscience. Celle de leur cible qui scintillait tel un point lumineux sur une large superficie. Il était bien réveillée et soumis à une peur grondante. Son horreur était grande lorsqu'il observait ce paysage enchanteur d'un bleu profond. Ce cauchemar devenu réalité. Melissa comprit qu'il n'allait pas tarder à se déplacer de nouveau. Quand l'heure secrète prendrait fin et que sa voiture serait à nouveau opérationnelle, il reprendrait la route, sans se donner la peine de prévenir ses hôtes. La télépathe soupira en songeant qu'elle allait probablement devoir effacer cette disparition des pensées de ces innocents qui l'avaient hébergé. C'était son rôle de préserver leur secret, bien qu'il a faillit être dévoilé au monde entier quelques mois plus tôt lors de l'invasion des Darklings à Bixby…
Plusieurs pensées firent leur apparition sur une superficie de 10 000 kilomètres. Six ou peut être sept individus… Quelques Midnighters qui s'éveillaient aux joies de l'heure secrète sans se douter de la menace qui rôde dans l'ombre. Certains Darklings s'éveillaient doucement. Craintifs, méfiants, tous ayant à l'esprit leur dernière grande défaite qui a entraîné la mort de milliers d'entre eux. Tout ça grâce au porte-flambeau qui avait su manier cet éclair à la perfection, quitte à perdre sa vie, dans le but de fermer la déchirure et sauver le monde. Elle seule était capable de manier le feu, la lumière et les appareilles électroniques - quelques unes des faiblesses de ces créatures avec les idées nouvelles, le métal qui n'a pas encore été touché par les Darklings et les chiffres. C'est pourquoi chacun des midnighters donnait à son arme un nom de treize lettres pour augmenter son efficacité. « Luminescences » était le nouveau nom de la torche que Jessica utilisait pour éliminer les courageux Darklings qui sortaient de leur trou lors de l'heure secrète… Jessica était la fierté de leur petit groupe. Elle était l'héroïne qui avait sauvé le monde. Une héroïne disparue à jamais et dont les prouesses et le sacrifice ne saura connu que de quelques personnes seulement…
Ouvrant lentement les yeux, Melissa trouva directement la lune sombre qui parcourrait le ciel nuageux. L'heure secrète était déjà bien avancée. Melissa s'esquiva difficilement de la voiture. Quelques courbatures vinrent l'encombrer au moment où ses pieds touchèrent le sol. L'air était doux, la place centrale du village envahis par une couleur bleuté. Tous les habitants de la ville étaient figés, inconscients de ce qui se passait autour d'eux. Lorsque l'heure secrète cessera, il ne se sera écouler qu'une seconde pour les diurnes. Effectuant quelques pas dans la nuit noire, Melissa savoura enfin ce calme et cette plénitude tant désirée. Ce silence qui faisait son bonheur pendant l'heure secrète. C'était leur univers, leur moment de liberté. Melissa était capable de comprendre l'enthousiasme de Jonathan lorsque le temps bleu approchait. Au moins pendant ce temps-là, elle ne manquait pas de s'évanouir, assaillie par une horde de pensées paralysantes.
Une forme se découpa dans la nuit bleue. Deux individus, qu'elle identifia immédiatement comme étant Jonathan et Jessica, traversaient le ciel avec une plénitude absolue. Une joie incommensurable, une liberté dont pouvait jouir exclusivement Jessica. A présent le temps bleu était son univers. Entre temps, elle n'existait pas. La télépathe se souvenait encore de la douleur lancinante ressenti par l'homme volant lorsqu'il a vu celle qu'il aime disparaître sous ses yeux. Et de sa joie lorsque, la nuit suivante, elle lui était apparue comme par magie pendant l'heure secrète. Rex en était sidéré. Il ne s'était pas attendu à ce que leur porte-flambeau disparaisse. Mais il avait avoué à sa meilleure amie ignorer ce qui allait réellement se passer. Ce plan était flou et complètement bancale. Finalement il avait marché, même s'il avait conduit à la disparition de Jessica. Officiellement, elle avait disparue, c'est que pense sa famille – même si Beth, sa jeune sœur, l'avait rencontré au cours du temps bleu. L'adolescente à la crinière rousse s'efforçait de ne pas affiché sa tristesse et préférait savourer sa joie de voler et de vivre.
Melissa ne voyait pas l'intérêt. Être condamné à ne vivre qu'une heure par jour, même si elle n'en avait pas conscience, revenait à ne pas vivre du tout. Non, Melissa persistait à penser qu'il valait mieux être mort…
Les minutes défilaient lentement. Melissa était retournée à sa place, dans la voiture et se concentrait sur la localisation des Midnighters égarés. Ils étaient peut nombreux au Nord des Etats-Unis, ils auraient vite fait le tour. Mais en termes de jours, elle en aurait pour plusieurs mois. Plusieurs mois à supporter les débordements d'affections d'un couple qui ne peut se voir qu'une heure par jour. Et les débordements d'enthousiasme et de panique d'apprenti Midnighters inconscients des pouvoirs qu'ils détenaient et que seul Rex pourrait identifier.
Rex… Melissa s'efforçait de ne pas trop penser à lui. Elle ne devait pas s'égarer, ne pas se laisser aller à ses sentiments. Il lui manquait terriblement. En cet instant, plus que jamais, la télépathe comprenait les sentiments de Dess. La cinquième roue du carrosse. Coincée entre deux couples, Dess n'avait rien à elle si ce n'est la solitude et ses mathématiques. Une vie bien douloureuse qu'avait supporté Melissa – sans les math en plus - au cours de nombreuses années jusqu'à trouver Rex. Cette rencontre avait marqué la fin de son tourment. Bien que toujours incrédule quand aux mystères qu'offraient l'heure secrète à l'époque, ils étaient ensembles pour vivre cette expérience. Ils partageaient leurs craintes, leurs incertitudes et, plus tard, partageaient bien plus que ça. Jusqu'à ce qu'ils trouvent Dess. Puis Jonathan venu emménager quelques temps plus tard. Et enfin Jessica... A présent leur groupe était brisé, isolé… Et Melissa se sentait plus seule que jamais.
La télépathe sentie la présence du couple au sommet d'une maison. Ils savouraient la vue, le simple plaisir d'être ensemble, de ne faire qu'un dans cette étendue de bleu figée. Jessica qui avait d'ordinaire horreur des visages pâles et morbides des humains statufiés ne semblait plus aussi ébranlé qu'avant. Maturité ou s'était-elle rendue à l'évidence ? L'heure secrète touchait à sa fin. Il ne leur restait plus que quelques minutes à savourer ensembles. Un moment privilégié qu'ils étaient bien décidés à partager, ignorant le fait que Melissa subissait leurs pensées. Ce débordement d'affection brûla le cœur vacillant de la télépathe. Sentant ses défenses faiblirent, Melissa enfonça sa tête dans ses mains et tenta de fermer son esprit.
Non… Souffla-t-elle, repoussant l'affut de sentiments qui s'enfonçait dans son crâne.
Une douleur. La douleur d'être à nouveau séparé les lancinait tous les deux, les torturaient et la blessait par la même occasion. L'appréhension d'être prisonnier de la gravité, l'agacement de se retrouver dans une voiture pour effectuer des milliers de kilomètres… la frustration de ne pas pouvoir serrer, embrasser, enlacer Jessica dans ses bras… Toutes ces émotions se bousculaient dans la tête de Melissa à mesure qu'elles effleuraient l'esprit de Jonathan. Cette douleur était la même que celle de la télépathe. La jeune fille ressentait ce sentiment au quotidien. Il était son fardeau. Celui imposé par Madeleine qui les avait crée, elle, Dess, Jonathan et Jessica dans l'unique but de ne pas laisser Rex – le premier Midnighter né à Bixby - tout seul. En tant que télépathe, la vieille femme avait manipulé les futures mères, les obligeant à mettre bas au douzième coup de minuit afin de créer des Midnighters. Pour « son » Rex. Melissa devait se rendre à l'évidence, la place du voyant était aux côtés de la vieille télépathe, pas de Melissa. Pas elle qui ne pouvait rien lui apporter de plus que son amour et son amitié… Son rôle était ailleurs, dans ce trou perdu et loin de son meilleur ami…
Sans qu'elle s'en rende compte, une larme écœurante coula le long de sa joue. Son corps fut parcouru de soubresauts à mesure qu'elle sentait le couple amorcer sa descente vers la terre ferme. C'était insurmontable…
Rex… Rex… Souffla Melissa.
Lentement, Melissa suivit l'atterrissage du couple sur le sol, leurs élans d'affections et de tristesse à l'idée d'être bientôt séparés. Ils se rapprochaient de la voiture, près à subir le retour du temps normal. Jonathan n'était pas prêt à supporter le retour du temps bleu et la gravité l'emprisonner dans le sol. Melissa se tenait prête également. Séchant ses larmes, enfonçant ses écouteurs dans ses oreilles, elle augmenta le volume lentement alors que le temps bleu se dissipa et que les ondes de pensées ressurgirent en masse dans son esprit. La fête battait son plein lorsque l'homme volant la rejoignit dans la voiture, les yeux fatigués, un regret amer encore dans la bouche. Sans échanger le moindre mot avec la télépathe, il se cala au fond de la banquette et s'endormit presque aussitôt, abandonnant Melissa aux agressions sonores...
