Auteurs: Myriam & Aurélie
Email: mimijag2000yahoo.ca & minimissparkeryahoo.fr
Date de création : Printemps 2004
Genre : Romance et léger drame
Résum : Mac doit prendre une décision qui changera le cours de sa vie…
Spoilers: Saison 9, sauf le final
Disclaimer : Les personnages ainsi que la série sont la propriété de Bellisarius et Paramount Picture. Nous n'avons pas été payées pour faire cette fic…évidemment…
Dédicaces : À Julie, pour avoir si gentiment corrigé la fic pour nous.
Publique : PG-13 pour quelques situations sexuelles
Note de Aurélie : Bon, là je sais que Mimi va rejeter tout ce qui est cruel dans la fic sur moi, mais je tiens à dire une chose : c'est elle qui m'a initié d'abord!!! Ensuite… Wow, ça fait tout bizarre de me dire que la fic est finie… Plus de Mimi pour me mettre la pression pour que j'écrive, plus de prise de tête sur les négations, plus de Mimi qui change une phrase pour mettre exactement la même chose, et pourtant, je suis triste que ça soit fini. Je suis bonne à faire enfermer, hein? =P
Note de Myriam : Je ne relèverais même pas les allusions ci-dessus ! C'est vrai que c'est étrange de se dire qu'on laisse nos personnages maintenant vivre leur vie tout seuls…J'ai été ravie de co-écrire cette fic avec Aurélie…je sais que je lui ai mis la pression car je vais bientôt quitter le monde d'Internet pour de nombreux mois…mais elle est jeune, elle s'en remettra !!! Et dire que tout ça est parti d'une simple idée qui maintenant se résume simplement en quelques phrases dans la fic…Bref, j'ai effectivement laissé le soin à la miss d'être la cruelle à la fin ( mais bon c'est elle qui dit ça ! ) Tout dépend de quel point de vue on se place ! Pour finir, ça a été une belle expérience d'écriture entre cousins de France et du Québec ! Vive nous !
Note pour la lecture : Alors il y a deux fins, une pour ceux qui ne désirent que les fins heureuses (sous « Le cœur ») et l'autre (sous « La raison »)
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QG du JAG
12h00
Harm était dans son bureau, en train d'étudier la nouvelle affaire qui venait de leur être confiée, à Mac et à lui, quand celle-ci passa la tête par l'entrebâillement de la porte.
- Hey ! L'aborda t-elle avec un sourire. Je vous dérange ?
- Pas du tout, entrez.
- Vous avez commencé à lire l'affaire Rodriguez?
Il releva la tête en brandissant le dossier qu'il avait sous la main.
- C'est ce que je faisais!
- Bien ! J'ai amené ma copie pour qu'on puisse voir ça ensemble.
- Oh, parfait ! Asseyez-vous.
- Merci.
Mac prit place en face de lui et elle entra directement dans le vif du sujet.
- Alors, vous le croyez vous quand il affirme qu'il était sobre? Parce que, de la façon dont son comportement est décrit par les autres officiers de la base, on ne dirait pas. Et je sais de quoi je parle, et…
- Attendez, attendez ! Où avez-vous lu qu'il a dit qu'il était sobre?
Harm tourna fébrilement les pages du dossier pour essayer de trouver ce dont parlait Mac, l'air un peu perdu mais aussi contrarié qu'un détail aussi énorme ait pu lui échapper. Devant son air, Mac éclata de rire.
- Vous êtes sûr que votre vue ne se dégrade pas, pilote ?
- Ah ah, très drôle. Si vous me disiez plutôt sur quelle page ça se trouve ?
- La première.
Voyant qu'il cherchait toujours désespérément le passage des yeux, elle rit de nouveau et tendit la main droite vers les feuilles de Harm pour lui pointer le paragraphe.
Une main droite qui avait quelque chose de changée… Une main droite sertie d'une bague !
Avant que Mac ne réalise les conséquences de son geste, le regard de Harm changea. Il n'était plus du tout préoccupé par cette fameuse déclaration. Et elle, elle aurait donné n'importe quoi pour pouvoir revenir en arrière de quelques secondes. Elle aurait souhaité pouvoir remettre la discussion qui allait suivre indéfiniment. Elle tenta de retirer sa main furtivement, mais Harm ne lui en laissa pas le loisir. Il saisit ses doigts, et lui lança un regard interrogateur.
Elle lui dit simplement et rapidement sans croiser son regard :
- Il m'a demand
Harm, encore sous le coup de ce qu'il venait de découvrir et hypnotisé par le bijou ne réalisa pas tout de suite ce qu'elle venait de dire.
- Que… Qui vous a demandé quoi ?
- Clay. Il m'a demandée en mariage.
Elle lui fit un petit sourire en coin, comme si ce qu'elle venait de dire était la chose la plus naturelle du monde.
Pour une rare fois, Harm ne savait plus quoi dire. Il réussit quand même à remettre ses idées assez en place pour lui dire lentement :
- Et vous avez répondu quoi ?
Elle jeta un regard sur la bague, avant de le regarder de nouveau, l'air de dire à la fois « D'après vous ? » et « Désolée… »
- Ah, oui, bien sur. Excusez-moi, question stupide.
Comme s'il sortait brusquement d'une rêverie, il lâcha sa main et tenta de reprendre contenance. Il lui fit un sourire qui avait presque l'air sincère.
- Et bien félicitations Mac ! Je suis content pour vous ! Vous savez quoi ? On devrait organiser une fête pour vos fiançailles, ça serait bien, on s'amuserait et tout.
Harm était devenu presque fébrile.
- Euh, non Harm. Clay et moi voulons rester dans la simplicité, on, euh…
- Je comprends, je comprends. C'est vrai que votre dernière fête de fiançailles ne s'est pas déroulée exactement comme prévu… Oh, désolé, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire !
- Ce n'est pas grave, Harm.
Il y eu soudain un silence gêné. Mac regardait le plancher, et Harm fixait le mur, les deux voulant éviter le regard de l'autre. En désespoir de cause, Harm demanda :
- Euh, vous ne voudriez pas un café ?
Elle releva la tête.
- Euh, oui, oui, un café, ça serait bien.
- Bien, je vais aller en chercher.
Et il quitta le bureau le plus rapidement possible.
Mac se laissa aller contre le dossier de sa chaise en poussant un long soupir.
Appartement de Mac
Le même jour
18h00
Une fois la porte de son appartement refermée, Mac s'adossa un instant contre le bois et ferma les yeux. Au bout de quelques instants, elle laissa échapper un profond soupir, et se dirigea vers son divan. En chemin, elle fit tomber à terre, son attaché-case, sa veste, puis envoya valser ses chaussures à l'autre bout de la pièce.
D'un mouvement lourd, elle se laissa tomber dans son divan et resta les yeux ouverts à contempler son plafond.
Sans cesse, la conversation qu'elle avait eue avec Harm lui revenait à l'esprit. Elle n'avait pas prévu de lui apprendre la nouvelle aujourd'hui, et surtout pas de cette façon. Mais maintenant, c'était fait et une partie d'elle s'en sentait soulagée. Quand il était revenu avec les cafés, le silence gêné s'était réinstallé et après avoir banalement conversé sur l'affaire quelques minutes, elle s'était enfuie de son bureau prétextant un rendez-vous téléphonique avec un client.
Elle ressentait pourtant un malaise, un sentiment d'inachevé entre elle et Harm. Cela faisait maintenant presque un an qu'elle s'était finalement résignée à ce qu'il n'y ait rien entre eux, rien d'autre que de l'amitié. Pourtant…
Elle ferma à nouveau les yeux et pensa à Clay. Clay qui n'avait pas eu peur de lui avouer ses sentiments. Clay qui avait persisté et qui finalement l'avait conquise. Clay qui allait bientôt devenir son mari. Elle l'aimait. De ça, elle en était certaine. Elle serait heureuse avec lui même si c'est vrai, elle devait convenir que son mariage ne serait peut être pas orthodoxe du fait de la profession de son futur époux. Mais, et alors…cela n'empêcherait pas qu'il fonctionne. Elle savait pertinemment aussi que, quoi qu'elle fasse, une partie de son cœur appartiendrait toujours à Harmon Rabb Jr. Mais sa décision était la bonne. Elle serait épouse, mère et maîtresse pour Clay. Pour Harm, elle resterait l'amie, la meilleure amie.
Elle poussa à nouveau un profond soupir et entreprit de se lever quand la sonnerie du téléphone retentit. Elle tendit la main vers le combiné et décrocha.
- Mackenzie.
- Bonsoir Sarah.
- Clay ?
- Non Sarah, ce n'est pas ton petit ami.
- Qui êtes vous ?
- Quelqu'un qui te veut du bien, ne t'inquiète pas.
- Je vais raccrocher. Qui êtes-vous ?
- Tu es bien impatiente, Sarah. Chez nous, les femmes ne se permettent pas de parler comme cela aux hommes.
- Chez vous ?
- Oui, chez nous. Chez toi aussi, Sarah. Mon frère m'a dit que ta grand-mère était Iranienne.
- Votre frère ?
Mac sentit ses genoux commencer à défaillir et fut heureuse d'être assise à ce moment-là. Elle commençait à comprendre qui elle avait au bout du fil.
- Que voulez-vous ?
- Ce que je veux, Sarah ? Mais c'est très simple… Je veux que tu payes pour la mort de mon frère. Je veux ta vie pour racheter sa mort.
- Vous êtes fou ! Sadik méritait de mourir ! C'était un monstre !
- Tais-toi, femme !
- Vous n'avez pas d'ordre à me donner et je n'ai pas peur de vous ! Cria Mac d'une voix tremblante.
- Vraiment ? Alors…à bientôt…Sarah.
Et la communication fut interrompue.
Mac resta un instant en état de choc avant de prendre conscience qu'elle était secouée de frissons. Elle ne pouvait pas rester là. Elle ne pouvait pas rester là seule. Elle renfila ses chaussures, attrapa ses clés de voiture et rassembla le peu de courage qui lui restait pour dévaler ses escaliers et s'engouffrer dans sa voiture. Elle fit rugir le moteur et démarra sur les chapeaux de roues pour s'engager sur le chemin de Union station, le seul endroit où elle savait trouver un peu de réconfort en l'absence de Clay, toujours en mission à l'étranger.
Appartement de Harm
18h30
Harm était assis sur son lit et tentait tant bien que mal de se concentrer sur le dossier Rodriguez. Mais hélas, tout comme cet après-midi, ses efforts étaient vains.
Il ne cessait de ressasser la nouvelle que Mac lui avait annoncée et cherchait à comprendre comment ils en étaient arrivés là. Certes, elle avait été très claire au Paraguay sur un éventuel avenir entre eux. Certes, il savait qu'elle voyait Clay. Mais, tout au fond de son cœur, un espoir subsistait pourtant. Il avait toujours cru que Mac serait la femme avec qui il finirait sa vie et il ne pensait pas que sa relation avec Clay soit si avancée. Et surtout, Clay ne correspondait pas du tout aux aspirations familiales de Mac. Mais après tout, qu'en savait-il ? Il ne comprenait plus rien pour peu qu'il y ait un jour compris quelque chose.
Il fut interrompu dans ses pensées par des coups à la porte. Il jeta sur le lit le dossier qu'il avait à la main et alla ouvrir. Il fut étonné de trouver Mac sur le pas de sa porte, le regard effrayé. Elle lui sembla soudainement toute petite et fragile.
- Mac ? Tout va bien ?
Elle regarda autour d'elle comme si elle vérifiait que personne ne l'avait suivie et demanda :
- Harm, je peux entrer ?
Surpris par son attitude, Harm la laissa passer avant de refermer la porte derrière elle. Il demanda à nouveau.
- Mac ? Tout va bien ?
Mac qui s'était assise sans attendre son invitation sur un des hauts tabouret du bar, se tourna finalement vers lui.
- Je viens de recevoir un appel...
Mac se mit alors à trembler des pieds à la tête sans pouvoir y faire quoi que se soit. Harm la prit par les mains pour l'attirer à lui et elle se laissa glisser du tabouret pour se réfugier dans ses bras. Il la berça un instant.
- Chut. Vous êtes en sécurité ici, Sarah. Tout va bien aller. Vous avez prévenu Clay ? - Non. Répondit-elle la tête toujours enfouie contre son torse. Il est en mission. Lieu top-secret. - Nous devrions prévenir Kershaw. Il mettra ses hommes sur le coup.
Mac acquiesça de la tête avant d'être prise à nouveau de sanglots.
- Je suis désolée, Harm. Je croyais que tout ça était terminé. Que j'avais enfin réussi à oublier Sadik. Et voilà qu'il vient me hanter à nouveau. - Chut, je suis là. Répéta Harm en resserrant son étreinte. - Je m'en veux de vous embêter avec mes histoires. - Arrêtez, Mac. Vous ne m'embêtez pas. Et les amis sont là pour ça. Conclut-il en déposant son menton sur le haut de la tête de Mac. - Les amis...oui... Murmura Mac en se détachant du corps de Harm et en le regardant enfin dans les yeux.
Ils restèrent un instant perdus dans le regard l'un de l'autre, cherchant quoi dire ou quoi faire, cherchant des réponses aux questions et aux doutes qui les habitaient. Mac fut la première à rompre la connexion et se recula de quelques pas soudain consciente de l'intimité qu'ils venaient de partager. Elle se passa nonchalamment la main dans les cheveux et essuya les quelques larmes qui séchaient sur ses joues.
- Je... Je devrais y aller. - Hors de question. Vous n'allez nulle part, Mac. En tout cas, pas sans moi. - Harm... - Asseyez-vous ! Ordonna-t-il. Et relaxez-vous. Je vais appeler Kershaw. Ensuite, nous aviserons. Il serait peut-être préférable que vous passiez la nuit ici. - J'ai peut-être réagi trop vivement, Harm. Il voulait juste me faire peur. - Il a réussi, non ? Je vous laisserai partir quand je serai sûr que tout est Ok.
Mac n'insista pas et obéit docilement aux ordres de Harm ce qui étonna ce dernier. Le fait qu'elle ne cherche par à arguer contre lui lui fit réaliser qu'elle devait être vraiment effrayée. Mac, de son côté, n'avait aucune envie de se retrouver seule. Elle l'observa du coin de l'œil tandis qu'il conversait au téléphone avec Kershaw. Elle laissa courir lentement son regard sur son corps et s'arrêta finalement sur son visage où elle vit une ride lui barrer le front. La même ride qui apparaissait toujours quand il se faisait du souci pour quelqu'un. Il raccrocha enfin et vint s'asseoir à ses côtés.
- Alors ? Demanda-t-elle presque timidement.
- Il veut vous mettre en sécurité dans un hôtel. Une cache de la CIA. Il pense que c'est préférable en attendant que votre appartement soit inspecté et que de vous garder ici est trop dangereux.
- Très bien. Répondit-elle en se prenant la tête dans les mains.
- Tout va bien aller, Mac. Dit Harm en lui passant la main dans le dos.
- Oui… Je sais. De toute façon, ai-je vraiment le choix ?
Harm la regarda en pinçant les lèvres et ajouta :
- Il va aussi tenter de prévenir Webb. Juste pour qu'il soit également sur ses gardes. Il dit qu'il pourrait s'en prendre aussi aux personnes qui vous sont intimes.
- Et vous ?
- Moi ? Je ne risque rien. Que voulez-vous qu'il me fasse ?
- Et bien… On est quand même proches tous les deux. Non ?
- Kershaw ne parlait pas de cette intimité là, Mac. Répondit Harm en se levant brusquement et en mettant ainsi une certaine distance entre eux.
Mac le regarda gênée et Harm enchaîna.
- Je vais vous conduire chez vous pour que vous puissiez prendre quelques vêtements. Kershaw nous envoie des hommes pour nous escorter. Puis je vous accompagnerai à l'hôtel.
Mac acquiesça en silence et ils attendirent sans échanger un seul mot de plus, que les hommes de la CIA arrivent.
Hôtel Travelodge20h00
Mac et Harm attendaient dans le hall de l'hôtel que Kershaw, qui s'était déplacé en personne, finisse de remplir les formalités. Il les avait déjà informés que, grâce au système d'écoute qu'ils avaient mis chez Mac sur les conseils de Webb ( à ce sujet, elle prit note de se rappeler de faire savoir à ce dernier ce qu'elle en pensait mais maintenant, elle était trop fatiguée pour se plaindre à Kershaw ), ils avaient une piste et travaillaient dessus. Avec un peu de chance, ils auront mis la main sur Sadik frère avant le lendemain.
- Nous posterons par précaution un homme à la porte de la chambre. Une équipe surveille également les alentours de l'hôtel.
- Merci.
- Chambre 302. Vous êtes notre invitée. Dit-il en lui tendant sa clé.
Mais Harm fut le plus rapide et l'intercepta.
- Merci. Je vais l'accompagner jusque là-haut.
- Ce n'est pas nécessaire, Harm.
- J'y tiens, pour ma propre tranquillité d'esprit.
Mac soupira et Kershaw les laissa continuer de discuter ce point tandis qu'ils se dirigeaient vers les ascenseurs.
Chambre 302Harm ouvrit la porte et après s'être assuré que l'homme de la CIA avait bien pris sa place dans le couloir, la referma. Mac laissa tomber son sac près du lit et se jeta sur ce dernier en soupirant.
- Quand les choses se calmeront-elles ? Déclara-t-elle d'une voix fatiguée.
- Ça ne sera certainement pas le cas en épousant un espion, Mac.
A peine les mots avaient-ils franchi sa bouche que Harm les regrettait déjà. Mac releva la tête vers lui. Elle la secoua, attrapa son sac et s'engouffra dans la salle de bain.
- Je vais me doucher. Dit-elle sans lui jeter un regard.
Et elle claqua la porte derrière elle, laissant un Harm tout penaud au milieu de la pièce. Il se gronda pour sa réaction juvénile et tandis qu'il entendait le jet d'eau de la douche, il entreprit de faire le tour de la pièce afin de divertir son esprit de l'eau qu'il imaginait en train de tomber en cascade sur les courbes parfaites de Sarah Mackenzie. De sa poitrine généreuse jusqu'à son ventre plat; dans le creux de ses reins pour finalement glisser le long de ses jambes galbées.
Bien que se ne soit pas le grand luxe, la chambre était somme toute accueillante avec son grand lit, le petit coin salon meublé d'un divan, d'une table basse et d'une TV, et une grande penderie. Il alla jusqu'à la fenêtre pour vérifier que tout était en place aux alentours et y attendit que Mac en termine avec sa douche. Il avait d'ores et déjà décidé de passer la nuit ici. Rentrer chez lui lui semblait impossible. Il ne pourrait pas trouver le sommeil la sachant en danger, même si la CIA veillait visiblement déjà bien sur elle sur les bons conseils de son fiancé. Cette dernière pensée amena un goût amer dans la bouche de Harm et il jeta de dépit sur une chaise avoisinante, la clé de la chambre qu'il tenait encore.
La sonnerie du téléphone interrompit ses sombres pensées et il s'approcha de la table de nuit pour décrocher. « Des nouvelles de Kershaw peut-être » pensa-t-il. Il attrapait le combiné au moment où Mac émergea de la salle de bain, les cheveux humides, vêtue d'une de ses fameuses nuisettes qui lui faisaient tant d'effet : ivoire en satin, les deux bretelles retenues par sa nuque, un décolleté dévoilant juste assez de peau pour permettre à Harm d'imaginer le reste. Les longues jambes de Mac étaient mises en valeur par le fait que le vêtement lui tombait à mi-cuisse Sans prêter attention au regard de Harm posé sur elle, elle attrapa un magazine et alla s'installer sur le divan. Il ravala difficilement sa salive et prit alors conscience, qu'à l'autre bout du fil, quelqu'un tentait vainement d'attirer son attention. « Allô ? Allô ? » finit-il par percevoir.
- Allô ? S'entendit finalement répondre Harm, les yeux toujours posés sur Mac.
Mac se leva pour prendre l'appareil. Elle en voulait toujours à Harm pour sa remarque de tout à l'heure mais elle lui décocha son plus beau sourire avant de s'exclamer :
- Clay !
Mal à l'aise de devoir assister à la conversation, Harm se replia dans la salle de bain mais il pouvait quand même entendre à travers la porte, des bribes de ce que les deux fiancés se disaient, ou tout du moins, les réponses de Mac.
- Oui...ce soir quand je suis rentrée du Jag. Il était très menaçant...J'ai eu peur, je ne savais pas quoi faire... - (...) - Tu n'étais pas là, qui voulais-tu que j'aille voir ? - (...) - Il m'a accompagnée jusqu'ici. Kershaw était avec nous. - (...) - Ne commence pas, Clay. Et si tu avais été là pour moi... - (...) - Je sais, excuse-moi. Je suis fatiguée. - (...) - Promis. Moi aussi. Bye. Sois prudent.
Mac raccrocha et s'assit sur le lit. Ce n'était pas la première fois que Clay se montrait jaloux de Harm mais que voulait-il qu'elle fasse ? Harm était son ami, elle avait eu besoin de lui et il était là pour elle. Elle commença à défaire le lit pour s'y coucher et réalisa soudain que Harm n'était toujours pas ressorti de la salle de bain.
- Harm ? Appela-t-elle.
La porte se rouvrit sur lui et Mac n'arriva pas à capter la nature exacte des émotions qui jouaient sur son visage.
- La voie est libre ? Demanda-t-il. - Vous n'étiez pas obligé de vous sauver ! - Je pensais que vous souhaiteriez un peu d'intimité.
Mac roula des yeux et Harm continua.
- Comment va-t-il ? - Bien. Il se fait du souci. - C'est normal, non ? Quand la femme que l'on aime est en danger... - Je suppose. Je vais me coucher. Merci pour tout, Harm. Vous pouvez rentrer chez vous maintenant. - Je pensais plutôt à aller jusqu'au divan. - Harm... Je ne risque plus rien. Et franchement, vous avez vu sa taille ? Vous pensez que ça va être confortable ? - Ça ira très bien.
Mac leva les bras en l'air avant de les laisser retomber en signe de reddition et se glissa sous les draps. Elle se roula en boule sur le côté et observa Harm qui se déshabillait dans le coin salon. Seule la lumière de la salle de bain restée allumée éclairait la chambre ce qui donnait à la pièce une ambiance particulière. En tee-shirt et boxers, sentant le regard de Mac sur lui, Harm se retourna vers elle.
- Désolé. Lui dit-il. Je n'ai pas prévu de pyjamas de cérémonie. - Est-ce que j'ai dit quelque chose ? - Non, mais... Vous avez sorti le grand jeu. Plaisanta-t-il en la désignant de la tête. - Harm, je n'avais pas prévu que vous passiez la nuit ici ! - Pas que je m'en plaigne remarquez... - Harm ! Stop ! Ordonna Mac en rigolant.
Harm lui sourit. Il venait de parvenir à lui décrocher son premier sourire de la soirée et en était satisfait.
- Et si vous voulez savoir, je ne l'ai pas acheté pour vous ! Ajouta Mac avec le sourire du vainqueur.
Mais son sourire se fana très vite lorsque Harm perdit le sien à la raison implicite de l'achat de cette nuisette.
- Évidemment... Ok, j'arrête. Bonne nuit, Mac. Dit-il en allant éteindre la lumière.
Elle l'entendit encore quelques instants tourner et virer pour trouver une position confortable puis, très vite, le sommeil eut raison d'elle. Harm quant à lui resta un instant éveillé et repensa aux bribes de conversations qu'il avait entendues. C'était bizarre de penser à Mac et Webb comme un couple... Ils étaient si... différents. « Mais peut-être pas autant que je l'imagine après tout.» Puis il laissa son esprit vagabonder vers la jolie Marine en nuisette allongée à quelques mètres de lui et il soupira lourdement en pensant : « Quel Gâchis ! » Concentré sur la forme de Mac qu'il devinait dans le noir, il plongea finalement dans un sommeil agité, bercé par sa respiration régulière.
Chambre 302
Dans la nuit...
Un bruit sourd suivi de jurons résonnèrent dans la pièce. Mac se retrouva instantanément en position assise et tendit la main vers son arme qui était sur la table de nuit. Le mode Devil Dog Marines en alerte maximale.
- Qui est là ? Demanda-t-elle encore partiellement endormie. - Ce n'est rien, Mac. Désolé. Je suis tombé du divan. Grogna Harm en se relevant et en se frottant le bas du dos. - Tout va bien ? Demanda une voix depuis le couloir. - Oui, oui...je me suis juste cogné. Répondit Harm à l'homme de la CIA.
Mac alluma la lumière et s'appuya contre le montant du lit. Elle croisa les bras sur sa poitrine et observa Harm qui tentait de " réinstaller " son lit avec un petit sourire moqueur.
- Je vous l'avais bien dit... Commença Mac. - Sans commentaire, s'il vous plait, Mac. J'ai simplement trop bougé. - Vous devriez rentrer chez vous, vous dormiriez mieux. Je vous rappelle que nous devons interroger un témoin pour l'affaire Parkins à la première heure demain. Et de toute façon, vous devez rentrer vous changer alors... - Détrompez vous, Mac. J'ai eu un bon exemple. J'ai mon paquetage dans la voiture.
A cette déclaration, Mac resta sans voix. Elle se recoucha et ajouta :
- Comme vous voulez, Harm. Mais vous feriez mieux de venir me rejoindre. Il y a assez de place pour deux et je m'en voudrais de devoir vous emmener à l'hôpital parce que vous vous êtes cassé le dos...
Harm pesa un instant le pour et le contre de la situation : d'un côté un divan trop petit et très dur. De l'autre, un lit confortable livré avec un joli Marine peu vêtu... Quel dilemme. Il se résigna donc à aller s'allonger à ses côtés. Il attrapa l'oreiller de sur le divan et s'installa sur le lit en prenant garde de bien se serrer sur le côté gauche. Il ne voulait surtout pas entrer en contact avec son corps car il ne savait pas de quoi il serait capable, surtout avec elle dans cette tenue. Une fois qu'il eut trouvé une position adéquate, il dit :
- Bonne nuit, Mac. - Bonne nuit, Harm.
Et elle éteignit la lumière. Harm resta un moment à contempler le plafond en essayant de faire abstraction de la chaleur qui émanait de son corps si proche et du fait que ça faisait bien longtemps qu'il n'avait pas partagé le lit d'une femme. La dernière fois, c'était au Paraguay, avec Mac… Et il préférait oublier tout ça. Il se tourna finalement vers la fenêtre où les lumières extérieures eurent sur lui l'effet du meilleur des somnifères.
Chambre 302
Le lendemain matin...
Harm fut réveillé par une douce chaleur contre lui. Il ouvrit un œil, puis l'autre, se demandant d'abord où il se trouvait. Et il se rappela les évènements de la veille, depuis l'annonce des fiançailles de Mac jusqu'à son invitation à partager « platoniquement » son lit. Il réalisa alors que la source de cette chaleur contre lui n'était autre que Mac, blottie confortablement contre son torse. Il baissa légèrement la tête pour la regarder mais il ne put apercevoir qu'une masse de cheveux en bataille. Il se sourit à lui-même et osa à peine respirer de peur de troubler son sommeil. Ce sentiment de bien-être qu'il ressentait, il était prêt à s'y habituer et à faire d'un tel réveil, une habitude quotidienne. Mais, hélas pour lui, une nouvelle fois son timing était à la traîne : Mac était à nouveau engagée auprès d'un autre homme. Le cours de ses pensées fut interrompu par Mac qui bougea légèrement contre lui. Harm cessa carrément de respirer quand il sentit la jambe de Mac se mettre en travers des siennes et crut mourir quand sa main, qui était passée il ne savait comment sous son tee-shirt, commença à tracer des cercles langoureux sur son torse. Harm déglutit difficilement en tentant de contrôler une certaine partie de son anatomie tandis que Mac continuait son assaut. Il devait absolument l'arrêter car il se doutait bien, à son plus grand désarroi, qu'elle le prenait pour un autre.
- Mac ? Murmura avec difficulté Harm.
- Hummmm ? Répondit Mac encore entre le sommeil et le réveil.
- Mac ? Répéta un peu plus fort Harm.
Elle avait maintenant complètement roulé sur lui et ses mains descendaient dangereusement vers son ventre afin d'explorer d'autres contrées. La chaleur provoquée par ce geste eut pour effet de sortir complètement Harm de sa torpeur.
- Mac, malgré tout le plaisir que j'éprouve à vous avoir dans cette position, je pense qu'il serait préférable que vous arrêtiez ou bien les choses vont complètement m'échapper.
- Ohhh Harm…Harm ?…Harm !!!!!!!!!! Cria Mac horrifiée.
Instantanément, Mac réalisa que le torse et le ventre qu'elle caressait n'étaient pas ceux de Clay, et que le corps de l'homme qu'elle recouvrait du sien presque nu n'était définitivement pas celui de son fiancé. Comme si elle venait de se brûler, Mac sauta hors du lit et se réfugia comme une enfant prise en faute contre le mur opposé de la chambre en ramenant machinalement les bras sur sa poitrine en signe de protection.
Un lourd silence s'installa entre les deux avocats. Mac cherchait une explication à donner et Harm tentait de reprendre le contrôle de son corps et de ses émotions. Ce fut finalement Mac qui parla la première.
- Harm, je…je suis désolée.
- Ce n'est pas grave, Mac. C'est compréhensible après tout. Votre fiancé vous manque, vous dormiez, et…
- …et je me suis égarée… Je croyais que j'étais avec Clay.
- Voilà.
- Tout à fait.
- Pas d'ambiguïté.
- On est d'accord alors ? Pas de malentendu ?
- Aucun.
Ils restèrent encore un moment à se regarder avant que Harm ne rajoute.
- Mais à l'avenir, Marine, laissez votre lingerie à la maison. Tenta de plaisanter Harm.
- Promis.
- Deal. Vous commencez à la salle de bain ou j'y vais.
- J'y suis. Répondit Mac en même temps qu'elle refermait la porte derrière elle.
Mac disparue, Harm se laissa retomber sur les oreillers avec un long soupir et s'autorisa enfin à décontracter tout son corps. Une chose était sûre : dorénavant quand il se réveillerait tous les matins, il aurait en tête l'image de Sarah Mackenzie tout contre lui et les sensations que cela lui avait procuré bien ancrées au fond de lui.
Quelques minutes plus tard, une Mac en uniforme réapparut dans la chambre. Harm n'était plus là mais il avait laissé une note indiquant qu'il était descendu chercher son sac. Elle en profita pour rassembler ses affaires quand le téléphone sonna.
Harm revint tandis qu'elle raccrochait.
- Qui était-ce ? Demanda-t-il en déposant son sac sur le lit défait.
- Kershaw. Tout est terminé. Grâce aux écoutes chez moi, ils ont pu remonter jusqu'à lui.
- Vous pouvez remercier Webb sur ce coup-là. Mais je suis sûr que vous savez déjà comment de toute façon. Déclara-t-il mi-triste, mi-sarcastique.
Mac rougit au sous-entendu de Harm mais préféra ne pas répondre et Harm enchaîna.
- Je vais me changer. Ensuite nous pourrons aller interroger ce témoin pour l'affaire Parkins. On n'aura qu'à s'arrêter en route prendre un petit-dej.
- Ok. Je vais commencer à relire mes notes.
Harm acquiesça de la tête avant de s'engouffrer dans la salle de bain. Mac attrapa sa serviette et après avoir renversé son contenu sur le lit, force était de constater que le dossier en question était manquant.
- Et flûte ! Pesta-t-elle. J'étais pourtant certaine que je l'avais pris avant d'aller… Et merde !
Mac venait de se rappeler où elle avait du oublier ce satané dossier et ça ne l'enchantait pas de devoir expliquer à Harm où il faudrait aller le chercher.
Quand il sortit enfin de la salle de bain, il remarqua tout de suite l'air penaud de Mac.
- Un problème ?
- Et bien…le dossier Perkins, je ne l'ai pas, je l'ai oublié.
- Ce n'est pas grave, il est encore tôt. On va passer chez vous le chercher.
- Il n'est pas chez moi.
- Très bien, je vois. Et bien, on passera chez Webb alors.
- Il n'est pas là non plus.
- Au bureau ?
- Non.
Harm la regarda presque avec inquiétude devant la mine qu'elle arborait.
- Mais où diable, l'avez-vous laissé, Marine ?!?
- A la maison. Répondit-elle d'une voix presque inaudible.
- A la maison ? Répéta Harm.
- Oui, à la maison que Clay et moi avons achetée. Dit-elle très rapidement d'une petite voix en baissant la tête.
Harm resta un instant interdit se demandant s'il avait bien compris ce qu'elle venait de dire. Quand elle releva la tête vers lui pour croiser son regard, il comprit qu'il avait parfaitement entendu.
- Je suis désolée. Je ne voulais pas que vous l'appreniez comme ça.
- Il faut croire que j'apprends les choses vous concernant de façon accidentelle. Je croyais que j'étais votre ami.
- Mais vous l'êtes, Harm !
- Alors pourquoi vous ne me dites rien ? Je veux dire, enfin Mac ! Des fiançailles, une maison ! C'est le genre de choses que l'on dit à ses amis, parce que l'on est content, pas que l'on cache comme s'il s'agissait d'une maladie honteuse ! S'emporta Harm.
- Je sais…Je suis désolée. Quoi qu'il en soit, le dossier est là-bas. On devrait y aller avant d'être en retard.
- Je vous attends dans la voiture. J'espère au moins que vous m'annoncerez la naissance de votre premier enfant avant sa majorité. Ironisa un Harm blessé avant de disparaître dans le couloir.
Mac resta immobile quelques instants se repassant les paroles qu'il venait de lui lancer. Il avait raison. Il était son ami et elle ne s'était pas comportée de façon correcte envers lui. Mais tout devenait tellement plus difficile avec Harm quand il s'agissait de sa vie privée, ou plutôt, quand ses sentiments amoureux étaient en jeu.
Elle se leva péniblement du lit, attrapa son sac, et entreprit de le rejoindre dans la voiture.
Après que Mac soit montée dans la voiture, ils restèrent tous les deux silencieux, sans bouger. Après un moment, Harm tourna la tête vers Mac, avec l'air de quelqu'un qui attend visiblement quelque chose, et qui commence à s'impatienter. Mac le regardait également, une expression d'incompréhension sur le visage.
- Quoi? Pourquoi ne démarrez-vous pas Harm?
- Je voudrais bien, mais ça serait assez pratique pour moi si vous me disiez vers quel quartier je dois me diriger, histoire de ne pas faire des kilomètres pour rien.
- Oh, oui quelle idiote. C'est à Alexandria.
Harm lui jeta un regard incrédule.
- Alexandria ? La banlieue ?
- Oui. Oui… Clay et moi avons décidé de nous y installer, c'est plus…
- Mort? Fit Harm avec sarcasme.
- Tranquille.
Elle ne se laisserai pas déstabiliser par Harm, il en était hors de question.
Il la fixa encore un instant avant de détourner la tête et de tourner la clé de contact. L'auto se mit en marche et ils commencèrent à se diriger vers le dit quartier.
Ils restèrent encore silencieux quelques secondes avant que Harm, n'y tenant plus, relance le sujet.
- C'est marrant. Non mais parce que je ne vois pas du tout Webb dans la grande maison uni familiale, dans un petit quartier bien tranquille. J'aurais cru qu'il vous aurait plutôt installée dans un appartement spacieux d'un quartier huppé, et…
- C'est moi qui ai proposé le quartier à Clay.
Sur ce, elle coupa court aux insinuations monétaires de Harm.
- Et il a accepté?
- Oui. Il m'aime.
Ce fut comme si Harm avait reçu un coup de pied dans le ventre. Sa respiration s'arrêta net pour une seconde. Aussitôt qu'elle l'eut dit, Mac regretta ses paroles, ou plutôt le ton qu'elle avait pris pour les dire. « Mais je ne devrais pas,» pensa-t-elle. C'était la vérité et il n'y avait aucune raison pour ne pas la dire. Son fiancé l'aimait, elle ne devrait pas se repentir de le clamer haut et fort, il n'y avait rien de mal à ça.
Harm encaissa le choc, et avec une normalité apparente essaya de jouer à l'ami.
- Tant mieux alors. Je veux dire, que vous puissiez vivre là où vous en avez envie. C'est bien.
- Oui… Et puis vous verrez c'est très joli!
- Je n'en doute pas si c'est vous qui l'avez choisi…
- Moui. Murmura t'elle. Enfin, Clay était avec moi aussi.
- Oui bien sûr.
- Je vous ferai visiter si vous voulez.
- Non, une autre fois, là on est pressés.
- C'est vrai…
Harm n'avait pas du tout envie de visiter cette maison. Mais alors là pas du tout. Entrer dans le bonheur de Mac alors qu'il n'en était pas le responsable lui était une idée tout a fait insoutenable pour l'instant. Pourtant il faudrait bien un jour ou l'autre qu'il entre dans cette maison…
Il y eut de nouveau un silence où chacun cherchait quoi dire pour relancer la conversation. Avant qu'ils n'aient pu trouver, ils étaient arrivés dans le quartier.
- Blackbird Street. À droite.
Et il suivit ses indications jusque devant la maison.
- C'est celle-là, là. Avec le toit vert.
- Il y a au moins quatre maisons avec des toits verts Mac… Celle sans fleurs dans le parterre, j'imagine ?
- Euh, oui oui, c'est ça.
Elle jeta un regard au parterre vide et désolant.
- C'est parce qu'on n'a pas encore emménag
- Vous êtes en train de me dire que vous, le Colonel Sarah Mackenzie des Marines des États-Unis, vous, vous allez jardiner?
Elle prit un faux air scandalisé.
- Oui pourquoi pas? Vous ne m'en croyez pas capable Capitaine?
Un air de défi brillait dans ses yeux. Harm adorait la voir comme ça.
- Non, non, jamais, Madame!
Elle éclata de rire. À ce moment précis, on aurait dit que tout était comme avant ce matin d'il y a deux jours, quand elle lui avait annoncé qu'elle allait se marier. Mais Harm revint vite sur terre lorsqu'elle ajouta :
- Et puis, il faut bien que je fasse quelques changements, je commence une nouvelle vie après tout! Et planter des fleurs sera la première étape!
Elle le dit sur le ton de la plaisanterie et de la bonne humeur, mais ceci rappela à Harm qu'elle allait épouser un homme… un homme qui n'était pas lui. Un homme qui de surcroît était Webb!
Mais Mac ne remarqua pas le changement dans le regard de Harm et sorti de la voiture pour aller chercher son dossier.
N° 310 Blackbird StreetQuelques minutes plus tard…
Dans la voiture, Harm commençait à s'impatienter se demandant ce que Mac pouvait bien fabriquer. A bout de patience, il décida d'aller voir par lui même ce qui se tramait. Il remonta d'un pas décidé l'allée en pierre et ouvrit prudemment la porte d'entrée.
- Mac ? Appela-t-il.
N'obtenant pas de réponse, il entreprit de faire le tour du propriétaire. En se promenant de pièce en pièce, il constata qu'il n'y avait encore aucun meuble dans la maison. Bien qu'il n'y ait aucune raison valable à cela, il s'en réjouit, parce qu'il eut la pensée insensée que tant qu'il n'y avait pas de meubles, ceci n'était pas définitif.
Elle n'était ni dans la cuisine, ni dans la salle à manger, pas plus que dans le salon. Il dut donc se résoudre à monter à l'étage, là où se situait les chambres… S'il y avait un endroit au monde où il n'avait pas du tout envie d'aller, c'était bien dans la future chambre conjugale de Mr et Mme Webb.
Il jeta un rapide coup d'œil à la première chambre à droite ; visiblement pas celle là, elle était trop petite et surtout, peinte en rose délavé. « J'espère que la prochaine chose qu'elle va m'annoncer ne sera pas qu'elle est enceinte d'une fille… » pensa t-il ironiquement avant de continuer son chemin.
Il la trouva finalement au milieu d'une pièce plus grande, deux murs peints en vert forêt, les deux autres en blanc; cette fois, la peinture était fraîche. Mac était debout, le regard pensif dirigé vers la fenêtre. Elle ne se rendit compte que Harm était dans l'embrasure de la porte que lorsqu'il répéta :
- Mac…?
Elle sembla soudain se réveiller et se tourna lentement vers lui.
- Harm. Désolée, j'étais perdue dans mes pensées, je vous ai oubli
- J'ai vu ça.
Ses joues prirent une teinte rosée. Il mit nonchalamment ses mains dans ses poches et lui sourit.
- Jolie maison, vous aviez raison. Admit-il.
- Merci. On a pas encore fini de tout repeindre.
- J'ai vu ça aussi. Charmant le rose de la chambre d'amis.
Elle rit légèrement.
- Oui très!
- Étrange… Je pensais que compte tenu de la situation de Webb, vous auriez fait faire les travaux. J'imagine difficilement Webb avec un pinceau à la main !
Mac lui jeta un regard noir.
- On veut construire quelque chose ensemble. C'est un bon moyen de commencer.
A la réflexion de Mac, Harm se raidit. Elle venait de lui répondre, ce qu'il ne voulait surtout pas entendre. L'entendre parler d'avenir avec Webb était la dernière chose qu'il souhaitait. Un lourd silence s'installa et pour le briser, Harm tenta un brin d'humour.
- Vous savez, Mac, j'adore bricoler !
Mac croisa les bras sur sa poitrine et leva vers lui un regard interrogateur. Harm enchaîna en bafouillant un peu :
- Enfin…euh…je veux dire, j'aurais pu vous aider.
Harm la regarda tout penaud en tentant de lui faire avaler ce qu'il venait de dire, bien qu'il n'en pensait pas un traître mot. Mac, dubitative, décrocha son regard du sien et s'agenouilla pour rassembler les documents dont elle avait besoin et qui étaient étalés sur le sol, de façon à s'extirper de l'atmosphère particulière qui avait subitement envahi la pièce.
Harm notant que sa partenaire n'avait pas totalement cru son mensonge, profita de l'opportunité pour lui poser la question qui lui brûlait les lèvres.
- Mac ? Tout va bien ? Vous m'aviez l'air un peu pensive quand je suis entré.
- Oui…
- Et ? Insista Harm.
- Et quoi ? Répondit-elle en voulant éviter d'avoir à révéler le fond de sa pensée.
- À quoi pensiez-vous ? A l'affaire ? Demanda-t-il innocemment.
Elle croisa à nouveau son regard et prit conscience qu'elle devait peut-être la vérité à son meilleur ami.
- Ce n'est rien… Je… Je pensais juste à la vie que je m'apprête à vivre ici… Avec Clay.
- Je vois…
Elle prit une grande inspiration avant de poursuivre :
- Je ne sais pas… C'est juste que…
- Que vous n'êtes pas sûre que c'est ce que vous voulez vraiment ?
Elle ajouta précipitamment :
- Non, non, ce n'est pas ça. C'est juste que… Ça va être un grand changement pour nous.
- Nous qui ?
Elle hésita un moment avant de lui répondre presque timidement :
- Nous trois ?
Les deux avocats restèrent un instant à se dévisager et Harm sentant une brèche dans laquelle se faufiler insista :
- La maison dans une banlieue tranquille, le mari, le chien, les charmants voisins… La vie rêvée de toute américaine, c'est vraiment ce que vous voulez ?
- Oui.
- Avec Webb… ?
- …
Harm n'ajouta rien et franchit simplement, sûr de lui, les quelques pas qui les séparaient et sans hésitation se pencha vers elle pour l'embrasser. Mac, surprise, resta immobile et se contenta de fermer les yeux au doux contact de ses lèvres sur les siennes. Harm éloigna son visage du sien et la perte de chaleur fit ouvrir les yeux à Mac. Voyant le consentement dans ses yeux, il reprit possession de ses lèvres.
Cette fois-ci, Mac réagit en passant les bras autour de son cou et le baiser prit vie de lui-même. Ils étaient accrochés l'un à l'autre, Harm ne voulant pas la laisser partir vers un autre et elle ne sachant pas vraiment si elle voulait y aller.
Ils commencèrent à tanguer au milieu de la pièce tandis que Harm approfondissait le baiser. Mac se laissait totalement guider par son partenaire et bientôt, elle se retrouva plaquée contre le mur. Il quitta alors ses lèvres pour s'attaquer à son cou et elle inclina sa tête sur le côté afin de lui laisser libre accès. Au fond de son esprit, elle entendait la voix de sa conscience lui murmurer que tout ça ne devrait pas être mais elle la rejeta pour l'instant, submergée par les sensations que Harm provoquait en elle. Encouragé par les mains de Mac qui couraient dans son dos, il s'enhardit et remonta ses lèvres vers son oreille pour en mordiller le lobe. Un gémissement s'échappa de la bouche de Mac et Harm l'étouffa en capturant de nouveau ses lèvres. Elle laissa glisser ses mains sous sa veste et il n'en fallut pas plus à Harm pour faire de même sous sa jupe. Au contact de ses doigts sur sa cuisse, un semblant de lucidité assaillit Mac qui prit conscience qu'elle se trouvait encore dans la chambre où elle passerait sa vie avec un autre homme. Un autre homme qu'elle était en train de trahir…
- Harm… Dit-elle dans un souffle.
Mais Harm ne sentant pas la détresse dans sa voix, continua ses caresses.
- Harm… Stop ! Supplia-t-elle en mettant sa main sur celle qui montait toujours plus haut sous sa jupe.
Harm la regarda surpris.
- Je croyais que c'est ce que vous vouliez, Sarah ?
- Harm… non… pas ici.
Harm la lâcha d'un seul coup et s'éloigna brusquement d'elle. Essayant de reprendre la maîtrise de son corps, il l'observa un instant cherchant à comprendre ce qu'elle venait de lui dire. Devant la myriade d'émotions qui traversait le visage de Mac, il décida de jouer son tout pour le tout. Il s'avança vers elle qui se trouvait toujours contre le mur et plaça une main de part et d'autre de sa tête. Il se pencha vers elle et lui murmura à l'oreille.
- Ce soir, chez moi, 20h. J'attendrai.
Il planta son regard dans le sien avant de s'éloigner. Il attrapa sa casquette qu'il avait accrochée à la poignée de la porte et ajouta en sortant :
- Je vous attends dans la voiture. On est en retard.
Il la laissa là complètement abasourdie et ce n'est que le claquement de la porte d'entrée qui la ramena sur terre. Elle glissa contre le mur et se prit la tête dans les mains, tentant d'analyser ce qui venait de se passer et surtout ce qui allait peut-être se passer.
En sortant de la maison, Harm fut interpellé par un voisin :
- Hey !
Harm se retourna vers la voix qui appartenait au stéréotype du parfait voisin : la cinquantaine, bedonnante, un sourire sympathique accroché aux lèvres. Harm lui lança un vague signe de la main et un sourire forcé avant de repartir vers la voiture. Mais le voisin insista et vint à sa rencontre.
- Bonjour, je voulais juste vous dire que je me suis permis de tailler un peu la haie de votre côté.
- Merci. Se contenta de marmonner Harm.
Le voisin voulant visiblement engager la conversation ajouta :
- J'ai rencontré votre charmante épouse il y a quelques jours.
- Ce n'est pas ma femme. C'est juste ma collègue.
- Oh. Désolé. Euh, vous lui direz alors ?
- Lui dire quoi ? Demanda Harm qui n'avait pas prêté attention à ce qu'avait dit l'homme.
- Pour la haie.
- Ah, oui. Bien sûr. Pour la haie. Veuillez m'excuser.
Et Harm le planta au milieu de l'allée et s'engouffra dans la voiture pour y attendre Mac.
Bibliothèque du Jag
Le même jour, plus tard...
L'interrogatoire du témoin qu'elle avait mené avec Harm avait été rapide et avant l'heure du déjeuner, ils étaient de retour au Jag. A aucun moment, Harm ne fit d'allusion à ce qui s'était passé dans la maison et Mac tentait de savoir à quoi il jouait. Très direct avec elle comme il ne l'avait jamais été et quelques minutes plus tard, il redevenait l'ami qu'elle avait toujours connu. Elle se demandait s'il avait senti ses hésitations et ses doutes quant à son avenir avec Clay. Hier encore, tout lui semblait évident et un appel téléphonique et quelques heures en compagnie de Harm plus tard, elle se retrouvait entraînée dans la danse qu'elle connaissait si bien puisqu'elle la pratiquait maintenant depuis 8 ans... Il n'y avait rien à faire. Elle ne parvenait pas à se concentrer ne cessant de regarder l'horloge de la salle qui inlassablement s'approchait de l'heure fatidique du rendez-vous que Harm lui avait fixé. Elle savait ce qu'elle avait à faire, ne pas y aller, elle était fiancée à un homme qui ne méritait pas d'être trahi. Mais savait-elle ce qu'elle voulait faire ? « Bien sûr ! » ricana-t-elle pour elle-même. « Bien sûr que tu sais ce que tu veux. Tu n'as qu'une envie, aller le retrouver et terminer ce que vous avez commencé ce matin.» Mais, et Clay dans tout ça ? Non, elle ne pouvait pas lui faire ça. Sa chance avec Harm était passée depuis bien longtemps et rien ne pourrait changer cela. Son avenir avec Clay ne méritait pas d'être mis en danger par quelques heures volées de bonheur dans les bras de Harm. Elle poussa un long soupir et referma en le claquant, le lourd manuel de droit qu'elle était sensée être en train de consulter.
- Un problème, Mac ? Demanda Sturgis en levant à peine le nez de son dossier pour la regarder.
- Non... Pourquoi ?
- Vous me semblez...préoccupée. Quelque chose dont vous avez envie de parler ? - Pas vraiment, non. - Laissez-moi deviner. Insista-t-il en croisant les bras sur sa poitrine et en se laissant aller contre le dossier de son fauteuil. C'est Harm ? Demanda-t-il un sourire ironique aux lèvres. - Ne faites pas ça, Sturgis ! Le gronda Mac. - Faire quoi ? Demanda innocemment son collègue. - Me forcer à parler... Vous savez bien que vous arrivez toujours à me faire dire des choses que je ne devrais pas... L'implora presque Mac se rappelant une conversation qui remontait à deux ans déjà. - Comme vous voulez. Je croyais que les choses s'étaient arrangées entre vous. C'est tout. - Mais ça va bien entre nous. Enfin je crois. C'est juste que…je ne sais pas... Je ne sais plus... Tout allait bien encore dans ma vie jusqu'à hier, je savais vraiment où j'allais... Et encore une fois, Harm vient remettre en cause mes décisions. - Vous savez, Mac. J'ai toujours pensé que ce qui vous manquait à vous deux était une bonne discussion, entre quatre yeux... - On a déjà essayé, Sturgis. L'interrompit Mac. - Vous voulez parler de LA conversation du ferry ou bien du fiasco du Paraguay ?Mac le regarda in instant interdite se demandant ce qu'il savait vraiment à ce sujet. Mais il mit fin au suspens.
- Vous savez, Mac, Harm est mon meilleur ami. Je sais beaucoup plus de choses que vous ne pouvez penser. Et honnêtement, après ce que vous m'aviez avoué dans votre bureau, je ne l'ai tout d'abord pas cru quand il m'a reporté votre conversation devant le taxi. - Si vous voulez tout savoir, j'ai encore moi-même du mal à le croire. Déclara timidement Mac. - Alors quoi ? D'un seul coup vous ne l'aimez plus ! - Écoutez Sturgis. Harm m'ignore pendant des années et d'un seul coup, il débarque comme ça pour me sauver et me balance ses sentiments en plein visage ! Vous pensez que j'étais vraiment en état de les recevoir après ce que je venais de traverser ? Et encore, il ne m'a réellement rien dit. Je ne fais que supposer.. - Pourquoi ne pas avoir proposé d'en reparler à votre retour au lieu de déclarer quelque chose d'aussi définitif ?
Mac fit une pose avant de répondre, se rappelant que dans la chambre d'hôtel, c'est Harm qui avait proposé de remettre la conversation à plus tard...
- Il ne m'a pas contredite, Sturgis. Au lieu de ça, il a filé en douce et disparu de ma vie, de nos vies pendant plus de cinq mois...comme si tout ce qu'il avait vécu avant n'avait plus d'importance. Alors honnêtement, je ne suis pas sûre d'avoir fait le mauvais choix...Et en plus je pensais qu'une fois de retour, il reculerait à nouveau. - Mac, franchement, Webb... - Clay est un homme merveilleux. Il m'aime et n'a pas peur de me le faire savoir. Il veut construire sa vie avec moi.
Sturgis soupira de dépit.
- Qui essayez-vous de convaincre là, Mac. Moi ou vous ?
Mac ne répondit rien et Sturgis se leva après avoir rassemblé ses documents.
- Je peux vous poser une dernière question ? - Allez-y... Au point où on en est. - Vous l'aimez toujours ? - Oui. Répondit Mac dans un souffle sans presque aucune hésitation. - Alors vous devriez régler ça avec lui une bonne fois pour toute avant de peut-être commettre la plus grosse bêtise de votre vie.
Sur ce, Sturgis quitta la bibliothèque laissant Mac digérer la conversation qu'ils venaient d'avoir. Après quelques minutes, elle décida que Sturgis avait raison et elle rassembla ses affaires pour le suivre. Ce soir, serait le moment de vérité.
Le claquement de la porte résonna dans la pièce vide et, Harm s'autorisa enfin à respirer. Il était venu chercher un livre dont il avait besoin pour un plaidoyer et il avait trouvé beaucoup plus qu'il n'espérait. Ses deux collègues concentrés ne l'avaient pas entendu rentré et il n'avait pas osé manifester sa présence quand Sturgis avait commencé à interroger Mac. Il était resté là, derrière un des grand rayon, à écouter la déclaration de Mac. Non seulement maintenant il savait ce qu'elle lui reprochait mais en plus, il avait la certitude qu'elle l'aimait. Il avait toutes les cartes en main. A lui de ne pas tout gâcher ce soir, si jamais Mac venait le voir.
Appartement de Harm
Le soir même
19h59
Harm mettait la main aux derniers préparatifs. Il voulait que tout soit parfait au cas où Mac lui ferait le bonheur de venir. La table était mise, des bougies brûlaient ça et là donnant à la pièce une atmosphère intime, une douce musique se faisait entendre en fond et le repas finissait de cuire. Il ne savait pas ce que lui réservait cette soirée mais il savait avec certitude, qu'il abattait-là sa dernière carte. Mac affichait son bonheur devant tout le monde mais avec lui, elle ne pouvait pas tricher. Il avait été souvent assailli de doutes quant à sa relation avec Webb mais, ce matin, quand il l'avait senti frémir dans ses bras, il avait su...
Il avait su qu'il avait encore une toute petite chance de la faire changer d'avis.
Ce n'était pas dans son habitude d'agir comme ça mais il n'avait plus le choix. Il se sentait fébrile et ne cessait de regarder l'heure, priant le ciel de lui offrir cette dernière chance au bonheur. Mattie était prévenue qu'il recevait de la visite et ils ne risquaient donc pas d'être dérangés si jamais...
De l'autre côté de la porte, Mac était là depuis cinq bonnes minutes, se balançant d'un pied sur l'autre. Parfois esquissant quelques pas vers l'ascenseur pour partir, avant de revenir déterminée vers la porte. Sa discussion avec Sturgis avait fini de convaincre la dernière parcelle de son esprit qui la retenait encore cet après-midi de venir chez Harm. Elle savait au fond d'elle-même pourquoi elle était là. Elle était là pour savoir. Savoir ce qu'elle voulait. Savoir qui elle voulait. Elle devait être fixée pour pouvoir aller de l'avant avec sa vie. Mais tout était-il si simple ? Elle était actuellement partagée entre son désir pour Harm et ses sentiments pour Clay. Ou devait-elle plutôt dire son amour pour Harm et son affection pour Clay ? Elle ne savait plus et elle comptait bien obtenir une réponse ce soir.
Elle cogna finalement trois coups contre la porte qui s'ouvrit presque immédiatement sur Harm.
- Vous êtes venue. Murmura-t-il en la buvant littéralement du regard.
En apercevant le jean délavé et la chemise noire entrouverte, Mac déglutit péniblement. Elle se sentit fondre comme neige sous le regard brûlant de son collègue et réalisa douloureusement qu'à cet instant précis, il pouvait lui demander n'importe quoi. Il s'écarta finalement pour la laisser entrer et Mac, légèrement mal à l'aise, scruta la pièce en enlevant sa légère veste printanière.
- Vous étiez sûr que j'allais venir ? S'enquit-elle en relevant la table dressée et les bougies.
Mac le suivit du regard songeuse et alla le rejoindre. Elle prit place sur un des hauts tabouret du bar et commença à jouer nerveusement avec une serviette qui se trouvait sur le comptoir.
- Vous voulez boire quelque chose ? Demanda Harm en la regardant.
Mac fit « non» de la tête et concentra à nouveau toute son attention sur le morceau de tissu. Une question lui brûlait les lèvres mais elle n'était pas certaine d'avoir envie de la poser. Pourtant, cela lui permettrait peut-être de savoir enfin... De plus, elle ne savait pas exactement ce que Harm attendait de cette soirée compte tenu de l'étrange façon dont l'invitation avait été lancée. Voulait-il lui parler ? Voulait-il passer simplement un moment avec sa meilleure amie ? Voulait-il lui avouer ses sentiments ? Ou bien voulait-il simplement...? A cette dernière pensée, une sensation de chaleur envahie tout son corps et Mac se sentie involontairement rougir.
- Tout va bien ? S'inquiéta Harm en sortant son plat du four et en notant le changement qui s'était opéré en elle.
Mac laissa échapper un petit ricanement et repoussa de la main la serviette avec laquelle elle était en train de jouer. Comment pouvait-il même poser cette question ? Est-ce que tout va bien ? « Je suis une femme de 36 ans, avocate, militaire, j'ai des amis fantastiques, je suis sur le point d'épouser un homme adorable... Et je m'apprête peut-être à faire la plus grosse erreur de ma vie parce que... je suis là chez un homme de 40 ans, plus que séduisant, avocat et militaire comme moi, pilote à ses heures, célibataire...duquel je n'attends qu'une seule chose à cet instant je le sais maintenant...qu'il m'entraîne de l'autre côté de la pièce, en haut des trois marches, pour enfin connaître le bonheur d'être aimée par lui... même si ce n'est que pour quelques heures... Alors comment peut-il me demander si ça va ? »
Elle leva finalement les yeux vers lui et déclara d'une voix qu'elle voulait sans émotion.
- Pourquoi m'avez-vous demandé de venir ?
Harm détourna son regard un court instant. Il s'attendait à ce qu'elle lui pose cette question. Il savait ce qu'il devait y répondre. Mais encore une fois, il s'entendit utiliser son leitmotiv préféré :
- Je pense que vous savez pourquoi.
Le cœur de Mac se tordit une nouvelle fois de douleur. Il était toujours incapable de le lui dire. Elle ravala les larmes qui menaçaient de tomber, se leva précipitamment et se dirigea vers la porte, sans prendre le temps d'attraper sa veste au passage.
- Je...Je n'aurais pas du venir... Je me suis trompée.
Elle avait déjà la main sur la poignée quand Harm la rattrapa par le bras.
- Non, Sarah ! Restez. Je vous en prie.
Ils se jaugèrent un instant du regard. Mac était au bord des larmes mais résistait. Harm l'implorait du regard et desserra son étreinte de sur son bras. Il laissa glisser sa main jusqu'à celle de Mac et la caressa doucement.
- Je vous en prie. Murmura-t-il à nouveau. - Il me faut une meilleure raison, Harm. Déclara Mac d'une voix fatiguée.
Il l'attira alors à lui par la main et quand il senti son corps entrer en contact avec le sien, il prit son visage entre ses deux mains et déposa un doux baiser sur ses lèvres.
- Voilà ma raison. Murmura-t-il tout contre sa bouche.
Mac avait cessé de respirer, concentrée sur toute la tendresse qu'il avait mit dans ce geste. Elle savait qu'elle attendait plus que ça de lui. Elle voulait qu'il lui dise les trois mots magiques pour enfin se libérer. Mais quand Harm recommença à l'embrasser, le peu de lucidité qui lui restait s'évanouit.
Très vite, le baiser se fit plus passionné. Plus demandeur aussi. Harm avait lâché son visage maintenant et ses mains couraient le long du corps de Mac pour venir finalement s'arrêter sur sa taille. D'un léger mouvement, il l'attira encore plus près de lui en faisant glisser ses mains dans le creux de ses reins. Mac gémit au contact du désir évident que Harm avait d'elle et elle laissa ses mains vagabonder sous sa chemise, caressant et griffant le dos musclé de son collègue. Harm réagit également à cet assaut en approfondissant le baiser et en la plaquant contre la porte refermée. Il commença alors à s'attaquer aux boutons du petit top qu'elle portait. Il voulait enfin découvrir ce qui avait toujours suscité sa curiosité et qu'il n'avait pas été autorisé à voir sur les plages de Sydney. Il mit fin au baiser afin de reprendre son souffle mais aussi de pouvoir se concentrer sur la mission qu'il venait de se fixer. Débarrasser Mac de ce top qui lui cachait l'objet qu'il convoitait. Mac ne fit rien pour l'aider et continua simplement à embrasser son cou et son torse puisqu'elle était déjà parvenue à ouvrir sa chemise. Elle sourit doucement contre sa poitrine en se rappelant une réflexion de Kate qui ne l'avait pas du tout amusée à l'époque.
- Je croyais que vous étiez les doigts les plus rapides de la Marine, pilote ? Lui susurra Mac au creux de l'oreille avant d'en embrasser le lobe et de le titiller entre ses dents.
Harm arrêta un instant tout mouvement et se recula légèrement pour la regarder dans les yeux.
- Ce n'est pas gentil ça, Marine. Dit-il les yeux rieurs.
Mac lui retourna un sourire et ferma les yeux en sentant son top glisser le long de ses bras, Harm étant finalement parvenu à ses fins. Elle attendait le premier contact de ses doigts contre sa peau et elle ne put réprimer un frisson quand celui-ci arriva. Il caressa du bout des doigts le haut de sa poitrine mise en valeur par son soutien-gorge, comme s'il n'osait pas déballer ce cadeau qu'on venait de lui offrir. Cette simple caresse transporta Mac dans un autre monde et quand ses lèvres remplacèrent ses doigts elle gémit son nom. Elle s'agrippa aux pans de la chemise qu'il portait encore et tenta de la lui enlever mais les mains qu'il avait posé sur ses hanches se mettaient en travers de son chemin. Harm continuait à déposer de légers baisers tout autour du tissu et remontait maintenant vers les bretelles. Il lui mordilla un instant le cou et Mac, tout en murmurant à nouveau son prénom laissa glisser ses mains sur ses fesses et le pressa contre elle. Malgré les vêtements qui les séparaient encore, Harm reçu comme une décharge électrique qui le traversa pour finir sa course dans l'extrémité de son corps qui était maintenant pressée fermement contre le ventre de Mac. Cette dernière la ressentie également et leurs yeux se croisèrent. Ils purent y lire le désir et la passion qui était en train de les submerger. Mac tenta d'attirer à nouveau le visage de Harm vers le sien mais ce dernier eut un léger mouvement de recul. Il venait tout bêtement de prendre conscience d'avec qui il était et où il était. Il ne pouvait pas faire ça. Si cela devait être son seul moment avec Mac, il voulait que se soit parfait. Il ne voulait pas lui faire l'amour comme cela contre la porte impersonnelle de son appartement. Et c'est ce qui allait immanquablement arriver s'il ne changeait pas tout de suite d'endroit. Mac le regardait décontenancée mais surtout effrayée qu'il n'ait changé d'avis. Il lui lança un sourire rassurant et tendre et sans rien ajouter, passa un de ses bras sous ses genoux. Une fois qu'elle eut passé les bras autour de son coup, il déposa un léger baiser sur ses lèvres et monta les quelques marches qui menaient à sa chambre...
Appartement de Harm
Le lendemain matin...
Mac était déjà réveillée depuis un moment et elle attendait maintenant que le levé du jour ne la ramène dans la réalité. Elle voulait profiter encore quelques instants de la chaleur du corps qui était collé au sien avant de devoir affronter les conséquences de son acte. Elle avait été tentée un moment de quitter l'appartement avant le réveil de Harm mais l'éviter ne serait pas la solution. Elle pensait qu'après cette soirée et cette nuit elle aurait les réponses à toutes ses questions mais, bien au contraire, elle était encore plus désorientée qu'en arrivant hier.
Harm n'avait rien dit. Cette nuit était-elle pour lui aussi importante que pour elle ou bien n'avait-il fait qu'assouvir un désir et souhaitait-il maintenant passer à autre chose ? Tandis que la réalité de ce qu'elle venait de faire la frappait en pleine face avec les premiers rayons de soleil, elle ne put retenir ses larmes. Elle avait trahi un homme qui l'aimait et qui voulait faire d'elle sa femme. Mais quel genre d'épouse serait-elle si au premier sourire de Harm elle ne pouvait résister ? Méritait-elle Clay ? Sa vie était vraiment un désordre permanent. Pourquoi les choses ne pouvaient-elles pas être simples ?
Elle sentit Harm bouger légèrement contre elle et resserrer son étreinte. Sa main se mit à caresser légèrement son ventre et son souffle sa nuque. Elle sut qu'il était en train de se réveiller et fit de son mieux pour contrôler ses larmes et sa respiration. La main de Harm était maintenant remontée sur sa poitrine et elle fut tentée de se laisser aller aux sensations qu'il éveillait en elle. Elle le voulait, mais elle ne pouvait pas. Elle ne le devait pas.
- Bonjour. Lui murmura Harm à l'oreille.
Mac se tendit légèrement en essayant de s'éloigner du sexe de Harm qu'elle sentait pressé contre ses fesses. Il sentit sa réticence et relâcha légèrement son étreinte.
- Bien dormi ? Insista-t-il ?
Le silence s'installa entre les deux amants qui étaient maintenant séparés par un immense fossé. Mac finit par poser sa main sur celle de Harm qui s'était immobilisée sur sa poitrine et la repoussa doucement.
- Je devrais y aller. Dit-elle en se levant sans le regarder et en s'enroulant dans le drap pour cacher sa nudité. - Sarah, je t'en prie, parle-moi. Supplia Harm. Dis-moi ce qui ne va pas.
Mac eu un petit rire de gorge et fit volte face. Harm se retrouva alors confronté au visage ravagé par les larmes silencieuses de Mac ce qui le bouleversa.
- Sarah... Je... - Non, Harm. Ne commence pas à te sentir coupable. Tu n'y es pour rien, ok. Je suis la seule fautive là-dedans. - Il me semble pourtant qu'il faut être deux pour faire ce qu'on a fait... - Oui, mais toi tu ne t'apprêtes par à te marier...
Harm trouva subitement le matelas intéressant ne sachant quoi répondre. Il comprenait comment elle devait se sentir et honnêtement, il pensait qu'après la nuit qu'ils venaient de passer, elle n'aurait plus de doutes et laisserait tomber Clay. Même si ce dernier était son ami, il espérait qu'elle le choisirait lui. Mais la réaction de Mac commençait à le faire douter. Il finit par relever la tête vers elle et croisa son regard triste. Leurs yeux s'accrochèrent un instant. Harm essayait de lui faire comprendre ce qu'il ne parvenait pas à verbaliser pour quelque raison que ce soit. Mac détourna le regard en soupirant et elle contempla un instant en silence les emballages vides des préservatifs qui étaient la preuve de la nuit passionnée qu'ils venaient de partager.
- Le pire. Poursuivit-elle. C'est que Sadik avait raison.
Harm lui jeta un regard interrogateur et elle poursuivit, les larmes coulant à nouveau librement :
- Je ne suis qu'une traînée. - Sarah... Objecta Harm. - Non, il avait raison. Dit-elle en levant la main pour l'interrompre. Qui suis-je pour trahir l'homme qui m'aime ? Qui suis-je pour venir me rouler dans le lit d'un autre dès qu'il a le dos tourné ?
Mac était maintenant emportée par ses sanglots et elle se laissa tomber à genoux sur le lit face à Harm qui était resté silencieux ne sachant qu'elle attitude adopter.
- Qui suis-je pour accourir dès que tu claques des doigts ?
Harm posa délicatement sa main sur son épaule pour tenter de la calmer mais les sanglots de Mac redoublèrent et elle s'emporta.
- Je te déteste, Harm ! Je ne t'aime pas ! Cria-t-elle.
Elle se mit à lui tambouriner la poitrine avec ses poings en continuant de murmurer en pleurant.
- Je ne t'aime pas... Je ne t'aime pas.
Harm le cœur brisé la prit dans ses bras pour la bercer mais bientôt, leurs lèvres se trouvèrent et leur passion les submergea à nouveau tandis que Mac marmonnait toujours comme pour s'en convaincre :
- Je ne t'aime pas... Je ne t'aime pas...
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À suivre dans le prochain chapitre, déjà en ligne )
