Essoufflée, elle se mit à courir, elle observa derrière elle et les alentours. Elle ne savait où aller, où se réfugier, elle était cernée. Une boule au ventre. Les jambes dures. La tête vide. Elle se cacha dans une ruelle. Elle tomba sur la crasse, sur une flaque d'eau. Elle chercha son téléphone portable dans sa veste. Les mains tremblantes. Elle toucha l'écran tactile. Elle avait uniquement un seul numéro dans le répertoire. Elle l'appela.
Une sonnerie.
Deux…
« Décroche merde, décroche. Je ne peux pas attendre. » Natsuki implora à l'autre bout du fil. Elle était à observer, le moindre bruit, le moindre mouvement. Elle déglutit, la sueur roula dans sa nuque. Sa tête sifflait. Elle avait un point sur le côté. Du sang coulait. Son regard s'affaiblit.
Trois sonneries.
« Putain Shizuru ! Réponds ! Pitié ! » La peur remplaça la frustration.
« Allo ? Natsuki ? » Reprise de la respiration.
« Oui c'est moi. »
« Qu'est-ce qui se passe ? » Une voix inquiète. La peur grandissante. La vérité était abominable. Mais le temps pressait. Plus de retour en arrière. C'était trop tard. Elle avait merdé.
« J'ai fait une connerie Shizuru. J'ai fait une grosse connerie… je ne peux m'en sortir. »
« Natsuki ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce qui se passe ? Où es-tu ? Dis-moi ! » Le calme avait fait place à l'hystérie. Shizuru savait que c'était grave.
« Ecoute-moi ! »
« Je veux savoir où tu es ! »
« Je…je voulais te protéger… » C'était une excuse, minable mais une excuse.
« Qu'est-ce que tu veux dire ? »
« Je voulais que tu n'aies pas de problème, le carnaval…le third district…il y avait un survivant… »
« Quoi ? C'est impossible…j'ai cru…j'avais… » Bégaya l'interlocutrice. Leur univers s'était écroulé. Leur bonheur disparaissait.
« Je le pensais aussi. Je suis désolée…j'avais promis d'être là. Te ne pas te quitter. Mais je ne peux pas. Je t'ai menti. Je ne peux tenir ma promesse. J'ai fait du mal, je suis piégée, je ne peux pas vivre ainsi. » Confession. Dernières paroles. C'était un adieu. Shizuru le savait, elle n'allait pas l'accepter. Elle avait fait pire pour Natsuki. Elle avait tué. Beaucoup. Elle ne se pardonnerait jamais. La culpabilité. Les cauchemars. Mais Natsuki l'avait pardonnée, elle lui avait donné de l'amour. Une raison de survivre.
« Natsuki, je t'en prie dis-moi où tu es ! » Un cri. Des sanglots. Un soupir de douleur.
« J'aurai aimé te serrer une dernière fois dans mes bras, te dire que je t'aime, pardon, je ne te mérite pas. » Des bruits de pas. Une voix inconnue.
« Je t'ai retrouvée Natsuki Kuga, dis adieu à la vie. »
« NATSUKI ! »
Deux détonations d'une arme à feu et le silence endeuillé de pleure.
