Chers camarades !

Je me replonge dans la saga Hunger Games avec un texte écrit lors de la 109ème nuit du FOF dont le thème était "Plainte".

Bonne lecture !


Il y a quelques jours encore il n'était qu'un gamin ordinaire. Il avait quinze ans, des amis et une famille. Il y a quelques jours encore il se tenait sur la grande place du district Six, tremblant de peur à l'idée que l'hôte ne tire son prénom de ce vase de verre et c'est ce qui est arrivé. Il a du dire adieu à sa vie, à son district, aux bruits de ferraille et à l'odeur de l'essence qui imbibent son quotidien. Au lieu de ça il est projeté dans une arène grandeur nature, marécageuse, dans laquelle il tente de survivre tant bien que mal. Qu'il soit encore en vie tient du miracle. Il ne sait pas comment il fait pour tenir, pour survivre dans cet environnement hostile où chacun de ses pas peut être le dernier.

Il n'a qu'avec lui un sac avec des biscuits et de l'eau, ainsi qu'un petit canif qu'il a réussi à récupérer dans la mêlée sanglante qui a suivi le gong annonçant le début des Jeux. Il a réussi à éviter les puissants bras du garçon du Un, prêts à tordre des cous et les pièges sadiques des juges, comme ces arbres aux branches fragiles et abritant sous leurs feuilles des nids de guêpes tueuses qui ont eu raison de plusieurs tributs.

Il est encore en vie et il ne sait pas comment il a fait. Tout ce qu'il sait à présent c'est qu'il a oublié de compter les jours et les nuits, que son pantalon est sale et déchiré, qu'il a perdu une chaussure et qu'il a faim, terriblement faim et soif aussi, mais il vient de terminer les dernières gouttes d'eau de sa gourde et il sait très bien qu'il ne doit pas s'approcher des marécages, de cette eau maudite où grouille des tas de mutations génétiques prêtes à bondir sur lui.

Il se traîne péniblement alors qu'il entends un cri déchirant. Il aimerait l'ignorer mais les cris se font de plus en plus fort et alors qu'il essaye de se boucher les oreilles pour ignorer les hurlements, son corps se lève tout seul et le conduit à la source du bruit. Et ce qu'il voit le frappe et le clou sur place. Le garçon du Un, si massif, si costaud et effrayant n'est maintenant plus qu'un gamin apeuré comme lui, qui hurle et pleure de douleur tandis qu'une mutation reptilienne referme sa puissante mâchoire sur ses jambes et qu'il tente tant bien que mal, d'attraper la lance qui lui sert d'arme depuis le début des Jeux. Il devrait l'ignorer, ce sont les Jeux, après tout, il ne doit y avoir qu'un seul gagnant mais entendre ses cris, cette plainte déchirante et ses pleurs de gamin lui serrent le cœur et avant même qu'il ne s'en rende compte, il s'élance et attrape la lance et l'enfonce profondément dans le cœur du garçon qui le regarde surpris. Il veut ouvrir la bouche mais seul un gargouillis et un flot de sang s'échappent de ses lèvres, mais ses yeux parlent pour lui. Merci. Puis il se met à courir pour ne pas terminer comme le garçon du Un. Il a juste assez de bon sens pour attraper le sac à dos du garçon qui menace de s'enfoncer dans la vase, avant même qu'une autre mutation ne pointe le bout de son nez. Le canon sonne. Il ne sait même plus combien de tributs sont encore en vie.

Des années après, il n'arrive pas oublier. Il n'arrive pas à oublier ses cris, la vision de jambes déchiquetées et les gémissements de douleur. L'alcool et la drogue ne suffisent pas à lui faire oublier ces jours terribles , les yeux jaune des mutations, ni même ce sang qui tâche encore ses mains, après toutes ses années.

Il est sortit de l'arène mais il n'a pas gagné. Il a perdu, tout. Sa famille, ses amis. Sa vie. Son humanité. Il n'y a pas de vainqueurs aux Hunger Games, juste des tributs.